Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

L’ essai « Dieu d’eau » de l' explorateur et ethnographe Marcel Griaule fut publié en 1948.

Dirigeant, avec Mme G. Dieterlen, une mission scientifique en Afrique occidentale, Marcel Griaule a, pendant plus de quinze ans, étudié les moeurs et la langue d'une tribu africaine considérée comme une des plus arriérées: les Dogons, population d'Afrique de l'Ouest dans la boucle du Niger. Lorsque la mission fut bien au courant des institutions, coutumes et rites de ce groupe, l'auteur reçut de la bouche de l'un des "anciens" de la tribu, le chasseur aveugle Ogotemmêli, la révélation de la cosmogonie et de la théogonie dogon, enseignement qui démontra que ces traditions sont extrêmement élaborées, qu'elles constituent une explication systématique du monde et de l'homme, et que, par conséquent, bien des notions européennes quant à la mentalité noire, dite primitive, sont à réviser entièrement. "Dieu d'eau" retrace les conversations de Griaule avec Ogotemmêli, conversations qui durèrent trente-trois jours et qui, en faisant surgir une métaphysique d'une très grande complexité, jettent une lumière nouvelle sur les cérémonies et les rites africains que l'on connaissait déjà, mais dont on ne soupçonnait pas la philosophie profonde. Déjà, le titre de chacune des trente-trois journées peut nous éclairer sur la nature des ntretiens: "La première parole et la jupe de fibres", "La seconde parole et le tissage", "La troisième parole et le grenier de terre pure", "La troisième parole et le vomissement du système du monde", "La troisième parole et les travaux de rédemption", "Invention de la mort". Pour entreprendre de décomposer le système du monde, Ogotemmêli sait commencer à "l'aurore des choses" et repousser les détails sans intérêt comme par exemple la formation des quatorze systèmes solaires dont parle le peuple, à terres plates et circulaires disposées en pile. C'est ainsi qu'il ne traite que du système solaire utile: le dieu Amma, dieu unique "avait créé le soleil et la lune selon une technique plus compliquée qui ne fut pas la première connue des hommes mais qui est la première attestée chez Dieu: la poterie. "Le dieu lança la glaise dans l'espace -elle s'étale, gagne au nord qui est le haut, s'alloge au sud qui est le bas, même si tout se passe à l'horizontale. La terre "s'étend à l'orient et à l'occident, séparant ses membres comme un foetus dans la matrice... Elle est un corps, c'est-à-dire une chose dont les membres se sont écartés d'une masse centrale." Ce corps est une femme, posé à plat, face au ciel. "Amma qui est seul et veut s'unir à cette créature, s'approche d'elle." Ce fut le premier désordre de l' univers. La force vitale de la terre est l' eau. Dieu a pétri la terre avec de l'eau. Même la pierre possède cette force, car l'humidité est dans tout, jusque dans la parole par la salive. Les entretiens de la deuxième journée nous expliquent le verbe à partir du métier à tisser: la peau sur laquelle file la femme est le soleil, car le premier cuir utilisé ainsi a été celui du soufflet de forge qui avait contenu le feu solaire; le tournoiement du fuseau est le mouvement de la spirale de cuivre qui propulse le soleil, spirale que figurent souvent les lignes blanches ornant l' équateur de la fusaïole; le fil descendant de la main de la fileuse est le fil de la Vierge, le long duquel est descendu le système du monde; "la parole est dans le bruit de la poulie et de la navette. Tout le monde entend la parole; elle s'intercale dans les fils, remplit les vides de l'étoffe. Elle appartient aux huit ancêtres; les sept premiers la possèdent, le septième en est le maître; et elle est le huitième." "Les

paroles des sept ancêtres remplissent les vides et forment le huitième. La parole étant eau, chemine selon la ligne chevronnée de la trame." Outre cet ouvrage remarquable sur les Dogons de Marcel Griaule, citons "Jeux Dogons" (1938), "Masques Dogons" (1938).

« […] après son accident, il avait appris davantage encore. Replié sur lui-même, sur ses autels et sur chaque parole entendue, il était devenu l’un des plus puissants esprits des Falaises […]

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Comme j'ai la plus grande admiration pour les travaux de Marcel Griaule, je complète par un document de France culture (07.08.2016) sur la mission ethnographique Dakar-Djibouti de Marcel Griaule (1931-1933).
    (Durée d'écoute du document: 49 minutes 08 sec.)

                                                                  

  • Merci Monsieur , de ce partage .

    L' Art du peuple Dogon fut un de mes cours préférés en Histoire de l' Art !

    Belle fin de journée à vous , cordialement , Nicole V.Duvivier

  • Catalogue d'exposition "Dogon" présentée au musée du quai Branly, Paris (5 avril - 24 juillet 2011).

    Par  Hélène Leloup

    Editions  Musée du Quai Branly / Somogy
    ISBN-EAN13 : 9782757204030
     2965923097?profile=original
     

    L’art des Dogon du Mali est l’un des plus connus parmi les oeuvres issues des cultures d’Afrique. L’exposition DOGON présente l’histoire de l’art et de la culture dogon, depuis le 10ème siècle jusqu’à nos jours, à travers plus de 330 oeuvres exceptionnelles issues de collections du monde entier et rassemblées pour la première fois en France.

    La conquête de Bandiagra en 1893 par les Occidentaux a fait naître en Europe une fascination pour l'art dogon qui n'aura eu cesse de croître jusqu'à nos jours. De cette culture, on connaît surtout les impressionnants masques ainsi que l'extraordinaire statuaire, alors que la création plastique dogon compte bon nombre d'autres types de pièces cultuelles ou même d'usage quotidien de grande qualité.

    Cet ouvrage, à la fois ouvrage de synthèse et catalogue raisonné, s'attache à nous faire découvrir dans toute sa complexité, sa diversité et sa richesse, l'histoire dogon et son corollaire, la culture artistique.

    Quelles furent les origines des Dogons et comment ont-ils vécu les contacts successifs avec les peuples déjà installés dans la région de Bandiagara ? Sous quelles formes et à travers quels styles leur art s'est-il manifesté ? Expressions métaphysiques ou esthétiques, continuum culturel ou grande variété, qu'exprimaient les Dogons ? Qui étaient-ils ?

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles