SHAKESPEARE s'empare de la mythologie grecque pour nous emmener d'emblée à Athènes où le Duc Thesée prépare ses noces, mais très vite, il nous plonge dans une forêt féerique et enchantée sortie tout droit de la mythologie celtique et nous donne à voir, au clair d'une lune toujours présente, une nature bien débridée. Le visible flirte avec l'invisible, le réel avec l'illusion, le rêve avec le cauchemar, la farce avec la gravité, l'été avec l'hiver, l'ordre avec le désordre, le désir avec l'amour. Dans ce monde surnaturel et chaotique, d'étranges mutations abondent: les jeunes Lysandre et Demetrius sont victimes des renversements de leurs sentiments pour Hermia et Helena; Bottom, le tisserand, se transforme en âne à l'insu de lui-même; Puck, le lutin, devient air ou brouillard; les artisans–acteurs se métamorphosent en Pyrame et Thisbé et tout cela, sous le regard d'Obéron, qui règne en maître sur cette nature féerique et désordonnée.
07.04 > 08.04.17
Vite! Il ne reste que deux jours pour apprécier cette pièce complètement débridée et pourtant totalement domptée par l'artiste responsable de la mise en scène!
Le Théâtre en Liberté présente "Le songe d'une nuit d'été" Avec:
Maxime Anselin (Snug), Chris Baltus (Snout), Alexandre Croissiaux (Toile d’Araignée), Toni D'Antonio (Quince), Isabelle De Beir (Philostrate), Lucie De Grom (Fleur des Pois), Claire Frament (Graine de Moutarde), Bernard Gahide (Puck), Jeremy Grynberg (Démétrius), Elsa Guénot (Hermia), Stéphane Ledune (Bottom), Julie Lenain (Helena), Éléonore Peltier (Phalène), Sylvie Perederejew (Hippolyta et Titania), Fabrice Rodriguez (Thésée et Obéron), Laurent Tisseyre Égée et Starveling), Benjamin Vanslembrouck(Flûte), Valentin Vanstechelman (Lysandre), en alternance: Jadyson Betebe, Akandima Itin, Clément Lekefack et Siya Tisseyre (L’enfant)
Voici les facéties de Cupidon moquées par le plus grand des dramaturges. Éloge de la folie, de l'amour aveugle, des amours contrariées, du grain de sable qui brise nos vies, de la comédie humaine, de la force du destin, de la folie des apprentis sorciers, des arbres et forêts mystérieuses, de la gloire antique et de la mythologie celtique. Grains de folie, cousus main dans un texte hilarant, qui dit sa foi dans l'oeuvre humaine par excellence: le théâtre. Il rassemble les sentiments, les tourments, les injustices, les coups du sort, les rêves épars et conjure les malédictions! Il se pique même d'autodérision! Le seigneur des théâtreux du monde entier, est un Prométhée qui a volé la sagesse divine et l'a partagée avec ses frères humains! Il est presque trop tard pour que vous alliez vous abreuver de mystère, de doutes et de farce dans cette belle comédie humaine, mais allez-y, sortez vos antennes de l'invisible, courrez-y ventre à terre! C'est une nuit où tout est permis! Dixit Le Grand William, farceur et iconoclaste! La lune elle-même se transforme en boule à facettes! Dans une mise en scène stupéfiante et éblouissante d'Hélène Theunissen qui a tout compris!
« Le songe d’une nuit d’été » est comme une boule à facettes qui offre des miroirs de perspectives et des niveaux de lectures à l’infini. Tout y est contraste. Tout y est possible. Tout y est mystère. Tout y est réel. Tout y est imaginaire.
Un spectacle dédié à la mémoire de l’exceptionnel comédien Jaoued Deggouj, décédé il y quelques mois.
ADAPTATION : Maxime Anselin
SCÉNOGRAPHIE Sabine Theunissen
PEINTURES Anaïs Thomas
CRÉATION DES COSTUMES Astrid Michaelis
RÉALISATION DES COSTUMES Astrid Michaelis & Anne Compère
MAQUILLAGES Djennifer Merdjan
COIFFURES Laetitia Doffagne
CRÉATION SONORE Daniel Dejean
CRÉATION LUMIÈRES Philippe Sireuil
Retrouvez ici le teaser du spectacle
THEATRE DES MARTYRS
Place des Martyrs 22 - 1000 Bruxelles
Infos Réservations : 02 223 32 08
http://theatre-martyrs.be/…/84AA7D3C-3655-9CCC-EC43-BCFCE3…/
Crédit PHOTOS: Isabelle Debeir
Commentaires
Pour faire simple: Deux jeunes filles, deux amoureux, tous quatre soumis aux jeux cruels de la rivalité et aux caprices du désir. Une potion aphrodisiaque qui complique tout. Le roi et la reine des fées qui se disputent un enfant. Une troupe d’artisans, comédiens amateurs, qui préparent une pièce pour le mariage d’un Duc. Voilà les ingrédients d’un étrange chassé‐croisé dans une forêt propice aux métamorphoses, le programme d’une nuit d’été et d’amour très agitée. http://arts-sceniques.be/rencontre/le-songe-dune-nuit-dete/
Ce que dit LE SOIR (Mis en ligne le 22/03/2017 à 14:02)
Par Michèle Friche
Ils sont 19 comédiens sur le plateau : le fait reste rare par les temps qui courent ! Et ils prennent à bras-le-corps Le Songe d’une nuit d’été , un Shakespeare foisonnant, magnifique machine à jouer qu’Hélène Theunissen a mis en scène pour Théâtre en Liberté.
Voilà plus d’un an que Daniel Scahaise, fondateur de la troupe, a largué les amarres. Ses ouailles se sont restructurées en collectif, se sont ouvertes à d’autres mentors, et les voici réunis une fois encore, intégrant de tout jeunes comédiens.
Deux heures de spectacle bien ficelées, qui filent à toute allure et qui, si elles ne nous entraînent pas dans des perspectives révolutionnaires, nous offrent la substantifique moelle du Songe , ses vertus d’humour, de magie, ses insondables rêves et cauchemars, ses multiples déclinaisons d’Eros… et celles d’une matière théâtrale qui se fabrique sous nos yeux. Théâtre dans le théâtre et entre scène et salle.
Le décor de Sabine Theunissen, fidèle collaboratrice de William Kentridge, est un atout du spectacle habilement structuré par les lumières de Philippe Sireuil, de la nuit lunaire au jour doré : dédale de rampes en bois clair, de haut en bas, de gauche à droite, une forêt, en quelque sorte, le lieu du conte, du songe, terre d’asile et de menaces, évocation des méandres du désir, des passions, des peurs… On s’y cache, on y dort, on y danse, on y court… on s’accouple. Très physique ce Shakespeare !
S’y ajoute un décor de papier grisé, avec ses motifs découpés en buissons imaginaires, en fleurs étranges qui peuvent devenir tête d’âne. Toutes les strates de l’humaine nature s’y croisent : des elfes et des fées, des magiciens (Obéron, Titiana, Puck le Lutin), des aristocrates (Thésée et Hippolyte), les amants en désordres de couples (Hermia, Demetrius, Hélène, Lysandre) et ces terriens savoureux (Bottom, l’artisan tisserand, le menuisier Etriqué…) qui s’ingénient à jouer la tragédie de Pyrame et Thisbé pour le mariage de Thésée !
L’environnement sonore (Daniel Dejean) participe à l’étrangeté, parfois menaçante (bruits de la forêt, cris d’animaux, nature sens-dessous-dessus…). Et l’on ne s’étonnera donc pas qu’il neige en été et que du suc d’une fleur sur l’œil naît le coup de foudre ! Ici, les repères du réel sont abolis.
Mais dans tous ces êtres vrais ou rêvés, les sentiments jouent à cache-cache, ils émeuvent, ils jouent de la manipulation, du sadisme, ils souffrent, ils aiment… Coup de chapeau à tous ces comédiens qui malaxent la langue de Shakespeare en partie adaptée ici par Maxime Anselin, en particulier à Fabrice Rodriguez, grandiose Obéron, d’une autorité implacable, à Bernard Gahide, Puck virevoltant et coquin, à Julie Lenain, Elsa Guénot, Toni d’Antonio, Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew