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La dernière icône de l’âge d’or du théâtre algérien

Figure populaire du théâtre algérien, Nouria n’était pas seulement actrice des planches et du cinéma. Elle avait joué un rôle concret dans la bataille d’Alger. C’est chez elle qu’ont cachait aussi des bombes. La défunte était proche de l’héroïne de la Révolution, Djamila Bouhired[1].

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Elle s'en va ainsi la doyenne des planches et du 7e  art après une vie consacrée à sa passion. Avec ses compagnons de route qu’étaient son époux Mustapha Kazderli, Ahmed Ayad ou encore Amar Maârrouf, elle a hissé au sommet le 4e art national.  Elle est partie l’inégalable Khadija Benaïda dite Nouria (1921-2020), cette étoile du 4e art ! L’icône de l’ancien opéra Mahieddine-Bachtarzi[2] a rejoint son époux Mustapha Bouhrir alias Mustapha Kazderli, mais aussi d’autres astres qui s’apprêtent à illuminer sa tombe de leurs esclaffes de rires et des non-dits de leurs bêtisiers sur les planches. Sur ce point, il doit y avoir du monde sur les quais de la vie de l’au-delà, à attendre l’enfant de Ammi Moussa (Relizane) qui donnait la réplique à Ahmed Ayad alias Rouiched (1921-1999) dans la mémorable pièce El-Bouaboune (1970) de Rouiched. Pour qui s’en souvient la pièce, Les Concierges est ce décor constellé d’étoiles du terroir que comptait le Théâtre national algérien depuis la glorieuse troupe artistique du FLN et jusqu’à l’époque bénie des seventies.

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En ce qui a trait au talent de Nouria, son art a éclaté au cours de l’acte où elle a incarné l’acariâtre Khalti Aïcha ou Aïchouche (diminutif du prénom Aïcha), qui était interpellée en ces termes par le duo de comédiens Amar Maârouf dit Âamimar (1942-2018) et Yahia Benmabrouk alias « l’apprenti » (1928-2004) : « Aïcha, Aïchouche ! Kech khobz yabes ? Nâatih leldjouadj ouel fakhd smine nahdihoulek lik » (Aïcha ! Y aurait-il du pain rassis ? Je l’échangerai chez le volailler contre un poulet, et la cuisse charnue sera pour toi). Toutefois, Nouria a été remplacée par la défunte Fatiha Berber[3] qui incarna à son tour la ronchonne Aïcha lors de la reprise des Concierges dans les années 1990. À ce propos, le comédien Mustapha Ayad s’en souvient et narre la réussite de son challenge qu’il doit à Nouria sur les planches lors de la reprise de la même pièce : « Nouria était là à mes côtés lorsque j’ai eu à diriger les répétitions de la pièce El-Bouaboune en 1995 aux côtés des regrettés Keltoum, Sissani, Sid-Ali Kouiret… Elle n’a pas cessé de m’encourager face à des bêtes de scène. »

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Et dans la haie d’honneur dressée dans l’au-delà pour Nouria, il y aura les retrouvailles avec son partenaire Ali Abdoune dans le film Eddi oula khelli (A prendre ou à laisser) de Djamel Bendedouche. Elle s'en va ainsi la doyenne des planches et du 7e art après avoir adressé l’ultime révérence à son public par le biais du feuilleton Samahni (pardonne-moi) de Sid-Ali Bensalem lors du dernier Ramadhan. Qu'elle repose en paix au Panthéon de l'art cette étoile qui manquera à la scène du croissant de Mustapha Badie[4] et de Mustapha Kazderli.

Par Louhal Nourreddine

Extrait du journal Liberté, du 11 août 2020

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[1] Djamila Bouhired née en juin 1935 à Alger, est une militante du Front de libération nationale (FLN), collaboratrice de Yacef Saadi chef de la Zone autonome d'Alger durant la guerre d'Algérie. Elle fait partie des six femmes « condamnées à mort pour des actes terroristes » pendant la guerre d'indépendance.

 

[2] Mahieddine Bachtarzi, est né le 15 décembre 1897 dans la Casbah à Alger et mort le 6 février 1986 à Alger. Il était l'un des principaux artisans du théâtre algérien. Il fut aussi chanteur d'opéra (ténor), acteur, auteur de théâtre et directeur du Théâtre national algérien (opéra d'Alger).

 

[3] Fatiha Berber, de son vrai nom Fatiha Blal, née le 11 février 1945 à la Casbah d'Alger et morte le 16 janvier 2015 à Paris en France, est une actrice algérienne de théâtre, cinéma et télévision.

 

[4] Arezki Berkouk, connu sous le pseudonyme Mustapha Badie, né le 19 janvier 1927 à Alger où il est mort le 27 juin 2001, est un réalisateur algérien.

 

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