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On ne saurait le nier,  le titre résonne comme le feraient les "déboulements" des souvenirs étouffés.  Étouffés ?  Certes, le mot est fort, il n’en est pas moins choisi si l’on songe au nombre d’effacements de mémoire qui nous permettent de survivre malgré les marques que laissent certaines idéologies. 

Quelle écriture superbe nous offre Janine Phan, 12273245898?profile=originalune écrire si douce que l’on se demande comment elle réussit à conjuguer la beauté du verbe avec le mot terreur.  L’histoire se déroule au Cambodge il y a longtemps bien que ? Pas si longtemps que cela en fait.  Souvenez-vous de ce que l’on percevait à la télévision ou, de temps en temps, décrit dans vos journaux.  1979 les Vietnamiens viennent libérer le Cambodge du règne des Khmers Rouges.  On croyait pourtant que l’horreur avait atteint les sommets les plus extrêmes avec les camps de la mort découverts à la fin de la dernière guerre mondiale.  Mais non, l’humain trouvera imagination à dépasser l’impossible, l’inimaginable.

12273246284?profile=originalEn écrivant « CRI », Janine PHAN offre une leçon de regard.  C’est à l’aide d’une plume étonnamment paisible qu’elle nous plonge au cœur d’une fiction tout en jonglant avec les destins de femmes et d’hommes confrontés à l’histoire ; celle de la survie.  Étonnant de fréquenter des mots puisés à l’ombre de la poésie. C’est une plume trempée dans l’encrier des âmes sensibles sans pour autant tomber dans le piège de la guimauve à quatre sous. 

Jamais je n’aurais pu imaginer qu’il était possible de trouver une telle finesse verbale pour décrire l’une des périodes les plus infâmes de notre humanité.  Approcher l’horreur sans lui laisser le premier rôle, sans lui offrir l’occasion de briller.  Oser la décrire par des phrasés qui, pires qu’une condamnation, démontrent la crudité des faits et la confrontent à son propre regard.  L’auteur y parvient, sans toutefois porter de jugement.  Comment ne pas croire que la leçon offerte par ce roman provient du cœur et des tripes de l’auteur ?  Ne pas porter de jugement, n’est-ce pas justement mépriser par dédain ?  N’est-ce pas plonger le bourreau au cœur de l’oubli, celui qu’il aimerait ne jamais connaître ?  Qu’importe l’enfer, s’il surgit aux yeux de ceux qui le craignent encore par le sarcasme des cauchemars qui les accompagnent et les accompagneront jusqu’au jour où, la mort viendra les délivrer.  Alors oui, l’oubli peut devenir indispensable pour enterrer la mémoire du bourreau.

N’espérez-pas lire « CRI » sans la moindre respiration.  Certes, vous pourriez le faire, mais je crains que ce ne soit que perte de temps.  Ce livre se mérite, il se prépare, il se déguste même si, il faut vous y attendre, vous n’en sortirez pas indemne.

J’ose prétendre que par la sensibilité des mots, choisis par le tact omniprésent et les tableaux si joliment « pastélisés », j’ose croire qu’une fibre asiatique rythme le cœur de l’auteur pour le bonheur de ses lecteurs.

Non, vous ne lirez pas ce livre en quelques minutes distraitement volées à votre concentration.  Les pages se tournent, une à une, elles se découvrent avec finesse et vous enivrent à un point tel qu’il vous faudra faire une pause pour en digérer les mots.

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