Nourreddine Louhal continue de quêter le patrimoine immatériel du Vieil Alger, « Dzaïr laqdima ». Après nous avoir offert les jeux de l’enfance, ouvrage dans lequel il retrace avec beaucoup de nostalgie (n’est-ce pas que l’internet a cadenassé l’imaginaire de nos enfants !) les jeux, par saison, qui faisaient en son temps notre bonheur. Du jeu de l’osselet au jeu de cache-cache, Nourreddine Louhal nous prend par la main, comme pour une promenade mémorielle, nous montre, photos à l’appui, ces jeux, leurs règles, leurs techniques et la période idoine. Cette fois-ci, Nourreddine Louhal nous propose une virée dans Alger la Blanche, contes, légendes et bouqalate (Ed. Tafat, 2017) ; non pas comme un guide touristique, mais plutôt comme un retour vers ce temps béni (n’est-ce pas que la télévision a brisé les codes anciens, du temps où l’oralité tissait l’imaginaire de nos enfants !) du conte, pas loin du kanoun, la tête posée sur la jambe de la grand-mère (mani, jida, yaya, zaâzi, setti…), quand la projection appelle à une forme d’éducation. C’est alors M’quidech bou lahmoum, Loundja, Cheikh l’kanoun…, pour distiller à l’oreille des enfants, comme dans une partition musicale, nos mythes et légendes. Et pour dire la cosmogonie d’une société ! C’est en effet un «jus de mémoire à consommer sans modération» (Aïssa Bellache). J’aurais aimé savoir où en est Nourreddine Louhal avec l’almanach de La Casbah qu’il avait promis de faire. Je pense que ce quartier immémorial, en fait Dzaïr ssah, part en lambeaux ; il est grand temps de happer à l’injure du temps, par photos ou autres, ce qui peut être sauvegardé dans la mémoire collective.
Youcef Merahi
Chronique du jour : Tendances
« Le temps de lire »
Extrait du journal « Le soir d’Algérie » du 24 juillet 2018.
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