Longtemps j'ai cheminé à l'ombre de moi-même,
de votre ensoleillement j'étais si loin,
les livres n'étaient pour moi, ni clarté, ni voix,
mais seulement me disait-on une possibilité d'instruction,
un apprentissage pour pallier,
à une déscolarisation prématurée,
bref, une activité solitaire, obligée ;
longtemps ils sont restés
près de moi, disponibles mais point ouverts !
Longtemps j'ai cheminé à l'ombre de moi-même,
de votre sentier bleu j'étais si loin,
les livres ne me disaient trop rien,
leurs mots je les voulais plus amples, plus lumineux,
très vivants !
J'ai continué pendant d'innombrables années
ma marche solitaire,
en me taisant, en écoutant le murmure de la terre,
en étant attentive, réceptive aux signes qu'elle m'adressait ;
la joliesse à mes pieds d'une rose solaire,
une neige bleutée sur mon jardin l'hiver,
une brume diamantée sur une plaine endormie,
le décolleté naissant d'une fleur en juillet,
l'insouciance d'un ciel à force d'être trop bleu
en plein mois de décembre.
La terre sur laquelle je marchais,
m'enseignait l'essentiel,
me donnait en quelque sorte
son lait, en même temps que ses mots,
qu'un jour je le savais je traduirais.
Elle fut longtemps ma mère, ma préceptrice,
jusqu'à mon envolée par le biais de l'écriture,
pour vous rejoindre un jour, vous atteindre,
mêler mon ensoleillement au vôtre,
me sentir femme et libre.
NINA
Commentaires
Merci infiniment Liliane et Michel ; très beau week end à vous. Amicalement. NINA
Eternelle leçon de choses.
C'est merveilleux ....