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12273004466?profile=originalProspectors returning to camp. 62 degrees below zero, Alaska (photo B. L. Singley, 1900).

"Le grand thème de la vie, c'est la lutte et aussi la souffrance. Instinctivement, toutes mes clowneries s'appuyaient là-dessus.",

Charles Chaplin.

12273004673?profile=originalLe dégel de la "boue payante" à l'eau chaude, Alaska  (photo Frank H. Nowell, 1903).

"Il fut si content, quand le film de Charlie Chaplin "La ruée vers l'or" fut tourné, de voir venir à lui les producteurs pour des photographies de cabanes en bois, de toute cette neige et cette glace, de congères et des gens, afin de pouvoir bâtir des décors authentiques.",

Dorothy Helling,

fille du grand photographe du Yukon et de l'Alaska Frank H. Nowell (1864-1950)*.

Car Chaplin, en perfectionniste qu'il était, tenait à ce que son film sonne vrai.

12273003684?profile=originalPorteurs dans l'ascension du col de Chilkoot (photo E. A. Hegg, 1898).

Les repérages à Truckee (Californie) eurent lieu du 20 au 24 février 1924 (Buster Keaton y avait déjà tourné "Malek l'esquimau" en 1922), puis le tournage lui-même avec plus de six cents figurants dans ce décor naturel, si semblable au col de Chilcoot, jusqu'au 26 avril 1924.

Le reste fut réalisé en studio avec notamment un cyclorama, une longue toile de fond sur roulettes pour simuler les scènes de tempêtes de neige, et la fameuse cabane, une maquette lorsqu'elle est suspendue dans le vide, et une autre, grandeur nature, actionnée par des câbles et des poulies. Et des effets spéciaux, une double exposition pour le poulet géant se substituant à Big Jim McKay (Mack Swain), le compagnon d'infortune de Charlot.

12273005296?profile=originalMort ou vif ? Prospecteur campant sur la piste de l'Alaska (photo Nowell & Rognon, ca 1900).

"... Rien que la neige et un idiot meurtri

Tranquille et endormi, il sera bientôt matin..."

Extrait de Lost  in Ballads of a Cheechako, Robert W. Service, 1909).

Les dernières prises eurent lieu les 14 et 15 mai 1925 avec la mort de Black Larsen (Tom Murray) sous une avalanche (la scène finale sur le bateau, celle de la version initiale, le fut elle en avril, sur "The Lark", un vrai navire).

Si l'on regarde le film image par image (ce que j'ai fait !), on peut lire sur une tombe "Here lies Jim Surdough", scène émouvante, rencontre spectrale dans le brouillard. Mais aussi jeu de mot. Le sourdough, littéralement "petit pain aigre", c'est le vétéran, le vieux de la vieille, le dur-à-cuire, capable de survivre dans le blizzard pour peu qu'il lui reste un bout de pain dans la poche. Il s'oppose au jeunot, au pied-tendre, au cheechako, un vrai charlot (ces deux termes sont spécifiques de l'argot des mineurs participant à la ruée du Klondike).

12273006084?profile=originalThe morgue, after the snowslide, april 3rd, 1898, Sheep camp, Alaska (photo B. L. Singley, 1898).

Dix-sept mois d'un tournage épique.

Une avant-première eut lieu au Forum Theatre le 28 mai 1925, suivie de la première mondiale le 26 juin au Grauman's  Egyptian Theatre à Hollywood.

Une sortie, un triomphe.

En 1942, Chaplin reprit le film, en changeant la fin. Dans la version d'origine, Charlot et Big Jim, fortune faite, retrouvent Georgia (Georgia Hale) sur le bateau et s'en retournent vers le monde civilisé et les lendemains qui chantent. Happy end.

La nouvelle version offre une fin plus équivoque avec les deux personnages qui s'éloignent...

Les sous-titres, trop datés, sont remplacés par une "voix off" et une musique composée par Chaplin. Le nouveau texte narré par Chaplin s'inspire de Robert W. Service (1875-1946), "le poète du Klondike" dont "La piste de 98" fut portée à l'écran en 1929 par Clarence Brown.

12273006668?profile=originalRobert W. Service devant sa cabane en rondins (1909).

Nouveaux effets, nouveau succès.

12273007100?profile=original"Il y a l'or, et il vous hante, vous hante,

Il me tourmente encor et encor ;

Encor n'est-ce pas tant l'or qui m'aimante

Que la découverte de l'or.

Les vastes horizons, au loin, tout là-bas,

Les forêts où le silence a droit de cité ;

La beauté qui m'emplit de ses appas,

La minéralité qui m'emplit de paix."

Robert W. Service

(traduction M. L., document ca 1910 avec de vraies paillettes d'or du Klondike).

"La ruée vers l'or", reste aujourd'hui encore une des plus belle pépite du cinéma mondial. Inoubliable.

A suivre...

Michel Lansardière (texte, photos et documents originaux).

* citation extraite de "Photographers of the Frontier West" de Ralph W. Andrews, 1965. Traduction L. M.

Note additionnelle:

12273002858?profile=originalCe billet, traduit en anglais (via google traduct, il s'agit donc d'une traduction machine)

Robert Paul

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Commentaires

  • Robert Service ne fut pas parmi les premiers venus au Klondike, c'était un chee-chako (un bleu, un pied-tendre) chez les sourdoughs (les anciens, ceux de 98, les durs à cuire) comme vos aïeux. Mais il a admirablement su saisir leur vérité dans sa poésie, jamais traduite en Français (ce texte est inédit, il ne se trouve pas dans ses recueils amis sur un vieille carte postale. Par contre son roman, La piste 98, a été traduit et porté à l'écran).

    Merci beaucoup Marcelle pour votre commentaire (si vos avez copie de leur correspondance sur leur expérience au Klondike ou en Alaska...).

  • Ce billet est très intéressant, merci pour le partage !

    Dans ma famille il y a deux frères qui sont partis en 1909 pour cette aventure prodigieuse.

    Je retiens cette phrase - Encor n'est-ce pas tant l'or qui m'aimante

                                            Que la découverte de l'or -

  • C'est gentil d'avoir remonté le temps en compagnie de Charlot le prospecteur solitaire. Merci Sandra.

  • Merci pour la traduction avec le lien pour nos amis anglophones.

    Il est grand temps que je poste la suite...

  • Merci Garance, j'ai rougi à vos compliment sur ma page ;)

  • Tout à fait Louis, le succès était tel, les rires tonitruants, qu'il fallait bien un rappel de certaines scènes.
    Il y a aussi cette anecdote : pour la fameuse scène de la dégustation des godillots dont Charlot se délecte, suçant chaque clou, enroulant les lacets comme d'appétissants spaghetti. Les clous étaient en sucre, les chaussures en réglisse... Il en fallut vingt paires ! Vingt-trois prises furent nécessaires... effet laxatif garanti ! et suspension du tournage tant les deux acteurs, Chaplin et Mark Swain, étaient indisposés !

    J'ai voulu quant à moi travailler sur les faits à l'origine de ce film marquant de l'histoire du cinéma. L'illustration, essentiellement des photos stéréos de l'époque, étant le type de vues qu'il avait lui-même visionnées. Un angle qui n'avait pas été traité.

    Merci encore Louis.

  • Sans oublier Rose-Marie, toujours attentive et bienveillante, merci.

  • Merci Claudine, Abdelkader, Chantal L., Jacqueline, Suzanne, Jean-Claude, Rolande, Chantal R., Sonia pour vos encouragements.

    Vous pouvez retrouver Charlot dans mes deux précédents articles :

    - Charlie et ses drôles de bobines : une rétrospective de son oeuvre par périodes ;

    - La ruée vers l'or (The gold rush), 1ère partie : genèse d'une oeuvre géniale (aux sources de son inspiration).
    En attendant la suite...

  • Sous le masque, derrière l'effet tarte-à-la crème (d'où le choix de ma première photo), c'est en effet la poèsie et l'humanité de Chaplin que j'ai essayé de mettre en relief. Merci Charles.

  • Un voyage que je me lasse pas de faire, tout livre est un voyage et ceux qui retracent la vie de ces gens sont de ceux qui m'émeuvent le plus. Merci Lisette.

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