« Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.»
Antoine de Saint Éxupéry
Permettez-moi de formuler un vœu pieux :
Puisse les humains cesser de se dévorer entre-eux non pas comme des loups, ce ne serait pas faire honneur au genre noble des Caninés, mais à la manière qui est propre à notre engeance d’êtres gratuitement cruels, fréquemment inhumains !
À l’heure d’Internet et des nouvelles technologies dont on ne saurait se passer àprésent que nous connaissons ces trouvailles admirables, il ne faut s’étonner,hélas, de rien : pensez donc, rien ne saurait nous arrêter, puisque l’on hésite même plus à signifier à son amoureux (euse) que l'on a décidé de le(la) quitter, par simple texto !
Il en va de paire à l’égal de nos « Amies les bêtes » chères à Colette,qui, du sans blason ou nanties de titres nobiliaires, su ô combien les respecter pour mieux les « apprivoiser » et les chérir à jamais !
Ainsi,toutes les créatures vivantes sont donc rendues à être considérées en tant qu'"objet usuel" et lorsque l'on a fini de les utiliser, qu’elles ont achevé de jouer auprès de nous un rôle de « séduction », passé le temps palpitant de la découverte, des premiers émois, à la moindre tracasserie,dérangement (prétexte d’allergie ou d’une naissance d’un bipède concernant les « quatrepattes » constamment donné en argument…) hop, on les jette, on s'en débarrasse, sans autre forme de procès !
Oublieux et ingrats nous sommes et nous resterons, du moins pour la majorité des « deux pattes » afin de pasticher la Faunesse de Saint Sauveur en Puisaye !Car là où certains prennent un malin plaisir à exercer quelques exécrables supplices d’innocentes victimes vulnérables, dans l’impossibilité de s’armer contre la main ennemie, d’aucuns mettent un soin extrême à tenter de réparer les dégâts causés par ces tyrans dépourvus de vergogne !
Que soient profondément remerciés ces valeureux reconnus ou anonymes, œuvrant heure après heure pour une cause qui leur tient à cœur, et gageons, que seul l’Amour,sentiment qui, indéniablement nous élève, aura raison un jour prochain, de toute cette pléthore de vilenies indigne de l’esprit et de l’âme de nos « Frères humains !!!
"S'il te plait…apprivoise-moi" dit le Renard du Petit Prince.
- Je veux bien, répondit le petit prince,mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître.Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur... Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un rite ? dit le petit prince.
-C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:
-Ah! dit le renard... Je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tuas voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n'y gagnes rien !
-J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta:
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses:
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient bien gênées.
-Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons).Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard:
-Adieu, dit-il...
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
- Je suis responsable de ma rose...répéta le petit prince, afin de se souvenir.
Le Petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry
Fin du chapitre XXI
NRF Gallimard 1940
Mosaïque d'un artiste non identifié ...
Commentaires
Le petit Prince ne quitte pas ma table de chevet... pour les soirs de doute, c'est un excellent remède!