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administrateur théâtres

Autant en emporte l'argent (théâtre Royal du Parc)

18 Novembre 2010 >> 18 Décembre 2010 « AUTANT EN EMPORTE L'ARGENT»

Comédie de Ron Hutchinson
Mise en scène : Jean-Claude IDÉE.
Décor et costumes : Serge DAEMS.
Avec: Patricia HOUYOUX (La secrétaire ) ; Jean-Claude FRISON (Ben Hecht ) ;Jean-Marie PÉTINIOT (Selznick)
Michel PONCELET (Fleming)

1939. Après de folles supplications et une offre financière plantureuse, Ben Hecht se voit forcé d’accepter de vivre 8 jours dans l’enfer de la création et d’écrire sous la contrainte, un scénario d’un bouquin de 1000 pages qu’il n’a jamais lu! Une histoire vraie et une légende dans les élégants bureaux du plus grand producteur de cinéma : David O. Slelznik. C’est le récit épique de ces huit fabuleuses journées qui mirent au monde le film mythique entre tous : « Autant en emporte le vent. »

Nous débarquons dans un huis clos. Défense de déjeuner, on y vit de bananes et cacahuètes - c’est bon pour les méninges- pas le temps de dormir, à peine celui de s’éclipser à la salle de bain. Le maître après Dieu, le producteur David O. Selznik (Jean-Marie PÉTINIOT ) diffuse un charisme et une désespérance palpables. Il vient de virer de leurs postes le scénariste et le metteur en scène du film, il est au bord de la faillite. On n’imagine pas à notre époque que le tournage d l’incendie d’Atlanta était à lui seul un désastre financier : il fallait brûler les vrais décors. La pression est à son comble, le pari est immense : la gloire ou la débâcle. Les trois prisonniers du défi financier sont assaillis de coups de téléphone : la femme délaissée de David O.Selznik, Irene , le beau-père, Louis B. Mayer, le patron du studio, alarmé par les rumeurs d’arrêt de production, l’actrice ombrageuse Miss Vivian Lee. L’immaculée secrétaire, Miss Poppenguhl (Patricia HOUYOUX) déploie diplomatie et patience d’ange. Quel contraste avec le bouillonnement désespéré de désir de création de la trinité masculine ! Vic Flemming (Michel PONCELET), le nouvel élu metteur en scène, et Selznik s’escriment à jouer par le menu tous les personnages et les épisodes mouvementés du livre de Margaret Mitchell pour Ben Hecht le scénariste. Comédiens très contrastés, nous sommes en pleine farce comique. L’effet est cocasse mais Ben refuse d’y croire. C'est qui Reth …? Rétif plutôt! Et caustique. Il se rebelle à tout instant contre cette histoire à l’eau de rose, aux vaines poursuites. Moonlight and magnolia is Over! Quel est l’intérêt de ressasser cette guerre civile américaine d’un autre temps, où un héros ne meurt pas héroïquement, mais de rougeole! Scarlett est risible. Son âme de journaliste n’a cure du Sud conservateur, il veut faire passer sa vision du monde moderne, dénoncer l’antisémitisme croissant et la menace de la guerre.

C’est une lutte ouverte, chacun veut faire triompher sa vérité. L’écoute étant exclue, comment s’entendre! Le jeu du corps a la parole. Au fur et à mesure, la sage et jolie robe plissée de Miss Poppenguhl se transforme en robe du Sud et en boucles folles de Scarlett O’hara. Choc des vérités : David O’ devient de plus en plus pressant, les cacahuètes volent, les manipulations, marchés et pressions en tout genre se terminent par une discussion passionnée sur le sens de la nationalité américaine. Selznik et Ben Hecht sont tous deux juifs: place à l’humour et à l’autodérision. Les voilà qui téléphonent à tout Hollywood pour décider: Selznik, américain ou juif ? Gagnant, Ben empochera un chèque pour l’entr’aide des réfugiés juifs. C’est enfin le délire : vissé de force à sa machine à écrire, Ben Hecht transforme sans s’en douter toute la violence chaotique de la genèse dont il est acteur et témoin, en or massif. L’Oscar sera au rendez-vous.

Ben Hecht, (Jean-Claude FRISON ) a des airs de Clark Gable, il est brillant, fin, intelligent, ses réparties claquent avec la rapidité de l’éclair, ses frustrations et son exaspération croissante, résonnent d’une vérité plus que théâtrale. Le combat passionné du trio échevelé, débraillé et à bout de forces, contre le monstre de l’argent, est superbe. Au passage, l’ode à l’amour du cinéma est ardent: « le seul lieu où les morts continuent de marcher! » La mise en scène est dynamique et forte, le huis clos déborde de tensions, jusqu’à l’apothéose du générique du film.

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