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Apollinaire, le guetteur mélancolique

12272938256?profile=originalIl s'agit d'un recueil poétique de Guillaume Apollinaire, pseudonyme de Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky (1880-1918), publié à Paris chez Gallimard en 1952.

 

Tout comme le recueil intitulé Il y a (Paris, Albert Messein, 1925), le Guetteur mélancolique est composé de poèmes soit inédits, soit éparpillés dans diverses revues. Dans sa Préface, André Salmon en explique ainsi le titre: «Les éditeurs ont adopté celui qui s'inspire d'un distique du temps de la guerre: le Guetteur mélancolique. [...] On estimera qu'un tel choix plairait au Mal-Aimé, au songeur de Landor Road, à celui qui guettait dimanche sur le pont Mirabeau, au fier garçon vêtu de bleu, [...] guettant au ciel de ces fusées dont les pauvres soldats transformeraient l'armature en belles et misérables bagues, si souvent gage de l'impossible espéré. Que ne guettait-il pas?»

 

Les éditeurs (Bernard Peissonnier et Robert Mallet) ont classé les poèmes en plusieurs groupes. Après un poème de trois vers contenant l'expression qui donne son titre au recueil, vient la première section, «Stavelot» (1899) qui comprend seize textes, essentiellement écrits pendant les trois mois d'été qu'Apollinaire passa dans les Ardennes belges. La plupart des neuf poèmes rassemblés dans la deuxième partie, «Rhénanes» (1901-1902), avaient été publiés en revue par l'auteur. Les «Poèmes à Yvonne» (1903) se composent de cinq pièces extraites du «Journal» que tenait à cette époque Apollinaire: elles sont adressées à une voisine de palier dont les charmes avaient séduit le poète et leurs accents rappellent parfois ceux des Poèmes à Lou. La dernière section, «Poèmes divers» (1900-1917) regroupe, sans souci de cohésion manifeste, quarante-trois poèmes.

 

Certes, la mélancolie est un trait dominant des poèmes, qu'il s'agisse de textes personnels _ «Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain / Sans pleurer j'ai vu fuir mes rêves en déroute» ("O mon coeur j'ai connu la triste et belle joie") _ ou de poèmes dont le lyrisme s'inscrit dans une atmosphère et une forme qui rappellent plutôt le conte ou la ballade ("la Clef"). Cette mélancolie, placée sous le signe du tragique _ «Comme un guetteur mélancolique / J'observe la nuit et la mort» ("Et toi mon coeur pourquoi bas-tu?") _, n'est toutefois ni monotone ni complaisante car le poète «guetteur», toujours en éveil, sait la tenir à distance et la transcender par les jeux et la magie poétiques.

 

Ainsi, l'expression d'une douleur peut être ludique, la tristesse se mêlant à l'humour, au sourire _ «Et je me deux / D'être tout seul» ("Il me revient quelquefois") _, la méditation grave et «lugubre» à la facétie et à la fantaisie graphique (voir le poème intitulé "69 6666... 6 9..."). Apollinaire n'hésite pas à dédramatiser et à désacraliser la littérature: «Mais en fait d'littérature / Il n'y en a pas plus qu'au / Congo que dans la nature / Qu'à la cascade de Coco» ("le Cercle «la fougère»").

 

Écrits sur une longue durée, les poèmes du Guetteur mélancolique reflètent moins une évolution que la richesse de la poésie d'Apollinaire. Originales et variées, son inspiration et sa facture sont toujours reconnaissables et pourtant toujours diverses.

 

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Commentaires

  • Reconnaissables et diverses les marques des grandes plumes...

    Merci de ce magnifique partage

    Amicalement

    Jacqueline

  • Ce "mal-aimé", amoureux des calligrammes, fascine encore aujourd'hui bon nombre de personnes.... dont moi.

    Merci d'avoir partagé, amicalement, Claudine.

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