ANGELA MAGNATTA : L’IMAGE POUR LE COMBAT
Du 05-09 au 23-09-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), une exposition intitulée FEMMES : COMBATS ET REVES.
Madame ANGELA MAGNATTA est une affichiste Italienne très intéressante qui a choisi comme thème de prédilection la Femme, prise à la fois comme sujet humain et réalité politique incontournable.
L’artiste nous a confié qu’elle voulait mettre en exergue l’attitude de « femmes exceptionnelles ». De quelle façon ANGELA MAGNATTA rend-elle ces femmes « exceptionnelles » ? Elle les singularise en faisant souvent sortir leur visage d’une zone noire pour l’emmener vers une aura lumineuse qui le révèle, l’affirme et lui confère son identité. Pour mieux soutenir l’œuvre dans son interprétation par le visiteur, l’artiste a conçu des textes courts placés en bas des affiches ayant une fonction explicative.
Sa démarche peut se diviser en deux initiatives : une approche strictement politique du fait social et une autre dans laquelle elle s’abandonne à l’imaginaire, conçu en tant que rêve vers une société meilleure.
Ce qui rend l’affiche « politique », c’est le mariage de l’image et du slogan.
Cela est flagrant en ce qui concerne RITA ATRIA (52 x 72,5 cm).
Emergeant d’une zone noire, symbolisant son vécu dramatique, le regard de la jeune femme est littéralement « barré » par une bande rouge-sang, comme pour souligner sa fin tragique. Rita Atria était la fille d’un mafieux qui, suite à l’assassinat de son frère, décida de rompre avec son passé criminel. A la mort tragique du juge Borsellino, elle se défénestra après avoir laissé une note que l’artiste place en exergue sur le haut de l’affiche : « Avant de combattre la Mafia, tu dois faire un examen de conscience. A la suite de quoi, après avoir vaincu le mal qui est en toi, tu peux affronter la Mafia qui sévit dans le giron de tes amis : la Mafia, c’est nous dans notre manière erronée de nous comporter ».
Concernant L’INSOUMISE (52,5 x 72 cm),
l’artiste confesse : « J’ai imaginé le contenu d’un magazine parlant des femmes d’une autre façon ». Ce rêve d’une société meilleure l’a conduite à expurger l’espace rédactionnel des magazines « people » dans lequel l’image de la Femme est réduite à un simple objet pour s’essayer à concevoir un autre espace dans lequel elle pourrait évoluer dans la dignité.
A cela, une initiative supplémentaire et insoupçonnée est explorée par ANGELA MAGNATTA, celle du cinéma en tant que ciment du discours politique.
SENZA TE (52 x 72 cm)
s’inspire d’un fait divers s’étant réellement passé dans Italie dans les années ’60, celui d’une artiste qui décida de rompre avec son milieu pour se faire nonne. Fait divers, à première vue sans grande importance, direz-vous. Possible. Néanmoins, le visage qui s’affiche dans le cadre n’est pas anodin puisque c’est celui de l’actrice SILVANA MANGANO. L’artiste profite de cette fabuleuse opportunité pour associer l’image de l’actrice extraite du film ANNA réalisé par le grand metteur en scène néoréaliste, ALBERTO LATTUADA en 1951, lequel propose une histoire similaire.
ANGELA MAGNATTA considère l’affiche comme un manifeste contenant un message de rassemblement. Même si elle adhère à la photo « engagée », elle estime que, somme toute, la photographie est par essence trop « contemplative » par rapport à l’affiche. Ne perdons pas de vue que ce qui caractérise l’affiche c’est son côté « accrocheur », comme pour NINA HAGEN (52 x 72 cm)
où le visage de la chanteuse est-allemande engagée dans le combat pour la liberté des femmes, apparaît sous une forme « expressionniste », presque diabolique aux yeux de ceux qui s’évertuaient à entraver son action.
L’affiche, le mur, le manifeste…répondent au même discours : donner à voir (à lire) une idée par un ensemble d’éléments didactiques limités dans l’espace, variant entre l’idéogramme et le pictogramme. Bien que de dimensions totalement différentes, les « murales » de DIEGO RIVERA renferment, dans un espace urbain une dialectique et une sémantique semblables à celles de l’affiche. De plus, l’affiche fait corps avec le mur qui la soutient. Elle circule dans l’espace urbain en diffusant son message.
Diplômée de l’Ecole Boulle, à la fois peintre et graphiste de formation, l’artiste soumet chaque dessin à l’impression numérique. Elle tire automatiquement dix tirages pour chaque dessin réalisé.
Les affiches d’ANGELA MAGNATTA portent en elles-mêmes la nature des tableaux par une picturalité qui les rend iconiques. Cette puissance évocatrice catalyse avec force l’humanisme de son discours.
François L. Speranza.
Une publication
Note de Robert Paul: Angela Magnatta vit et travaille à Paris.
Commentaires
L’artiste italienne Angela Magnatta a exposé ses œuvres dans la galerie en 2012. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza a été publié dans le « Recueil n° 1 de 2012 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2015.
Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :
https://youtu.be/nIflyBR4Rn8
Céline, je suis profondément touchée par vos mots, je pense que c'est aussi grâce à des femmes comme vous, que les plus beaux changements et les plus grands événements arrivent. René merci pour votre commentaire extrêmement flateur...Ouaaa, à vrai dire je ne sais pas quoi répondre, je suis émue que mon travail puisse être perçu de cette façon si sensible. Merci à vous de transmettre les émotions par la beauté de vos mots.
Je suis reconnaissante à François Speranza d'avoir piblé ces images nous faisant connaître l'Art de Angela Magnatta, cette femme, ceete artiste qui par son 'implication sociale en particulier pour la cause des femmes mérite tout mon respect!
Merci Patrick !
Merci également de m'avoir fait connaître cet artiste belge... superbe travail !!
Là où le message côtoie l'esthétique...
Vous apprécierez peut être les travaux de cet affichiste belge de renom : www.juliankey.com
Carine, merci, pour votre commentaire. Je suis d'accord avec vous. En vous souhaitant une bonne continuation!
Merci pour toutes ces magnifiques affiches artistiques qui m'ont donné l'envie de bouger car j'ai confondu sur l'une d'elle le mot "rouge" avec le mot "bouge". Les femmes ont encore du chemin à accomplir pour se sentir l'égal de l'homme dans notre socièté et je ne crois pas notre cause perdue. Le mot bouge plutôt que rouge ? Qu'en pensez-vous ?
Toutes les affiches d'Angela Magneta sont plus réussies les unes que les autres. Bravo !
Lettre-pour-Anna