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Ancien Testament: Livre de Job

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C'est le premier des livres didactiques de l' Ancien Testament": il soulève le problème de la douleur infligée à un homme juste. Il comporte un prologue narratif en prose, indispensable à la compréhension du poème proprement dit; celui-ci consiste en un certain nombre de dialogues et de monologues, dans lesquels Job joue un rôle de premier plan; il se termine par un épilogue également en prose de style narratif, qui donne à l'histoire de ce juste une conclusion heureuse. "Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu et se détournait du mal" (I, 1). Le Très Haut l'avait fait possesseur d'immenses richesses et père d'une nombreuse progéniture, et il jouissait d'une santé florissante et des plus grands honneurs. C'était donc l'homme le plus heureux de la terre et il servait le Seigneur dans la joie et la sérénité. L'adversaire du genre humain, qui s'était montré sous la forme d'un serpent dans le jardin d' Eden, jaloux de Job, voulut le discréditer devant le Très-Haut; aussi, lorsque l'Eternel demanda à Satan s'il avait vu Job, son serviteur fidèle, Satan répondit qu'il l'avait vu et avait constaté qu'il observait fort scrupuleusement les préceptes de l'Eternel; mais le faisait-il par amour de Dieu, ou bien plutôt par intérêt, à cause des bienfaits que Dieu avait fait pleuvoir sur lui? "Etends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face". (I, 11). Dieu décide, alors, de tenter Job et, à partir de ce moment, les malheurs se déversent sans interruption sur sa tête: ses fils meurent, ses richesses disparaissent, chaque nouveau jour apporte de nouveaux malheurs, tant et si bien que Job finit par s'exclamer, en se prosternant devant la volonté divine: "Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Eternel a donné, et l'Eternel a ôté; que le nom de l'Eternel soit béni!" (I, 21). L'adversaire ne se considérant pas encore vaincu, propose à Dieu de tenter une autre épreuve: si la pauvreté ne suffit pas, il faut y ajouter le tourment de la chair. Aussi, avec permission de Dieu, voilà que Job est frappé d'une maladie qui fait de son corps une plaie béante; il devient un objet de dégoût même pour sa femme, qui l'incite stupidement à maudire le Seigneur pour être délivré par la mort. Mais l'homme de Dieu resta ferme et "ne pêcha point par ses lèvres" (II, 10). Quatre amis de Job viennent alors à son chevet et le veillent sept jours et sept nuits sans lui adresser la parole, jusqu'à ce que le pauvre malade, torturé de douleur, ne retienne plus ses gémissements. Trois de ses amis entreprennent de lui prouver que la cause de ses tourments doit être recherchée dans ses péchés. Ces discours réitérés augmentent son amertume, Job riposte avec véhémence; mais le voici qui tombe épuisé, en proie à la douleur la plus profonde, sans en comprendre la raison. Il ne maudit pas Dieu certes, mais en a peur, le considérant comme un être inexorable. Ses amis continuent à l'attaquer, et lui à se défendre: nouvelle suites d'invectives, mais toujours le même impénétrable mystère. C'est alors que le quatrième interlocuteur, appelé Elihu, plus humain que les autres et qui avait gardé le silence jusqu'alors, propose cette explication: Dieu met les hommes à l' épreuve au moyen des douleurs et des peines; il ne faut donc pas s'insurger contre ces maux providentiels, comme le fait Job, -même s'il est innocent; il faut, au contraire, supplier Dieu, reconnaître Sa puissance, Sa miséricorde, Sa justice, et confesser notre ignorance. Mais voici que Dieu, tant de fois, invoqué et pris à témoin, intervient pour résoudre le débat et donner à chacun ce qui lui revient. Il se manifeste dans Sa puissance, maître suprême de la création: qu'il s'agisse du firmament infini, des astres ou de la fleur minuscule humide de rosée, tout obéit à Son signe; de l'insecte le plus imperceptible jusqu'au terrible Léviathan, il n'y a aucun être vivant qui puisse s'opposer à Sa volonté! L'homme n'est vraiment rien par rapport à lui: comment peut-il oser demander au Très-Haut raison de ses actions? L'Eternel reproche aux amis de Job leur façon de Le juger et laisse entendre qu'Il considère Job comme innocent. Ce dernier, à son tour, a compris quelle fut sa présomption et, en conséquence, se soumet totalement à la volonté de Dieu. La solution du problème apparaît alors comme particulièrement sublime et claire. Dieu ne commet aucune injustice en affligeant les hommes, car Il sait qu'en agissant ainsi, il permet à l'homme juste d'atteindre à une plus grande perfection. L'épreuve étant terminée, Job recouvre la santé: toutes ses richesses, et même davantage, lui sont rendues: et avec la prospérité, voici revenue la joie de se sentir aimé par ses anciens amis.

La langue du "Livre de Job" est l' hébreu le plus limpide, le plus précis, le plus classique que l'on puisse trouver dans la littérature de l' Ancien Testament. "Dans "Job", nous possédons un des chefs-d'oeuvre hébraïque, le suprême élan poétique d'un peuple", dit Reuss. La puissance du discours est telle qu'elle domine jusqu'à la structure même du langage. Les idées philosophiques les plus profondes, les déductions logiques les plus rigoureuses perdent ici toute aridité, pour former un ensemble de la plus haute poésie. Le thème des objurations des trois amis reste toujours le même, mais un souffle poétique le soutient, en lui permettant de se développer dans un "crescendo", jusqu'à la manifestation sublime et inattendue de l'Eternel, dont les paroles dépassent toutes les autres par la magnificence du style, la richesse des métaphores et de la couleur.

Le livre sacré entend apporter à l'humanité souffrante une explication du mystère de la douleur, bien qu'il ne semble pas que l'intention de l'auteur soit de faire oeuvre didactique. Ce livre possède d'autre part une puisssance dramatique indéniable. Les personnages, intervenant l'un après l'autre dans le récit, s'animent et discutent: il leur manque, à vrai dire, que l'action extérieure d'un poème proprement dramatique, mais cette action s'élabore puissamment dans l'âme même de Job: amertume, déception, découragement, conviction véhémente de sa propre innocence. L'existence réelle de Job semble ne pas pouvoir être mise en doute, le texte du livre, nous fournissant certaines données sur sa patrie, sa famille et sa position sociale. Les autres livres sacrés parlent de Job comme d'une personne qui a réellement existé (voir par exemple dans "Ezéchiel", XIV, 20). Le livre a été attribué le plus souvent, à Job lui-même; quelquefois à Bildad ou à Elihu. Mais la pureté et le caractère classique du style nous permettent de placer l'oeuvre dans la période d'or de la littérature hébraïque, qui s'étend de l'époque de Salomon (1000 av. JC.) jusque vers 700 av. JC.

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