S’bah El Kheir Âalikoum (Bonjour) mes ami(e)s ! N’harkoum Mabrouk ! (Que ce jour soit béni) ! Alger ce n’est pas seulement que de la pierre, de l’asphalte et de trottoirs. Alger, c’est aussi cette muse qui a inspirée tant de poètes locaux ou de passage. C’est le cas de la poétesse Colette Grégoire (1931-1966) dite de son nom de plume Anna Gréki qui a écrit « Alger la blanche » extrait de son recueil « Algérie Capitale Alger ». Mais trêve de bavardage, je laisse le soin à Anna Gréki de vous présenter Alger ma ville à l’aide de ses vers. Bonne lecture et agréable journée à mes ami(e)s belges. Alger, Louhal Nourreddine, le 23 Novembre 2021.
Alger la blanche
« J’habite une ville si candide
Qu’on l’appelle Alger la blanche
Ses maisons chaulées sont suspendues
En cascade en pain de sucre
En coquilles d’œufs brisés
En lait de lumière solaire
En éblouissante lessive passée au bleu
En plein milieu
De tout le bleu
D’une pomme bleue
Je tourne sur moi-même
Et je bats ce sucre bleu du ciel
Et je bats cette neige bleue du ciel
Bâtis sur des îles battues qui furent mille
Ville audacieuse Ville démarrée
Ville au large rapide à l’aventure
On l’appelle El Djezaïr
Comme un navire
De la compagnie Charles le Borgne[1]. »
Il s’agit de la compagnie de navigation Charles Le Borgne qui a été fondée en Normandie (France) au XVIIIe siècle, soit en 1735 par Charles Jean Le Borgne (1735-1759).
Digest : Anna Gréki, de son vrai nom Colette Grégoire est une poétesse et militante algérienne née en 1931 à Menaa (Batna) dans les Aurès à l’Est d’Algérie. Fille d’un couple d’enseignants, la poétesse écrivait : « Tout ce que j'aime et ce que je fais à présent/A des racines là-bas/Au-delà du col du Guerza, à Menaâ. » Elle effectue ses études primaires à Collo, secondaires à Skikda (ex-Philippeville) et Annaba (ex-Bône), où elle a réussi au baccalauréat à 16 ans Engagé jeune à la Sorbonne (Paris) auprès des étudiants communistes et partisans de l’indépendance algérienne comme Sid Ahmed Inal, André Beckouche, Jean-Claude Melki… elle retourne en Algérie après le déclenchement de la guerre de libération aux côtés des militants du Parti communiste algérien (P.C.A) et des Combattants de la Libération. Arrêtée, torturée, elle continue d’écrire en prison jusqu’à son exil à Tunis où sera publié son premier recueil : Algérie, capitale Alger. A l’indépendance elle reprend ses études à Alger et s’engage dans la lutte pour une culture populaire et révolutionnaire et milite en faveur d’une littérature algérienne plurielle. Elle meurt soudainement en 1966. (Source : Terrasses éditions & Louhal Nourreddine)
[1] Il s’agit de la compagnie de navigation Charles Le Borgne qui a été fondée en Normandie (France) au XVIIIe siècle, soit en 1735 par Charles Jean Le Borgne (1735-1759).
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