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ADIEU 1

Adieu 1

PB est seul dans sa chambre et travaille dans le plus grand des silences possibles comme tous les matins





Il déposa son revolver devant lui et en caressa la crosse



Il n’est pas réellement angoissé ni franchement déprimé. Il se pose la question du « Pourquoi vieillir ? « Pas du « Pourquoi mourir ? » Mais du « Pourquoi vieillir ? » Il lui paraissait tellement évident que plutôt que de supputer le moment, l’heure, le jour de sa mort Il serait infiniment plus sage plus serein et pour tout dire plus logique de Prévoir » Tout est là. « Déterminer » sa mort. « Choisir » le moment du suicide. Mot tabou, défendu : « Suicide » mot étrange, à l’oreille il est vrai mais,, plus encore à écrire Lui, au contraire, le calligraphiait « suicide, » Délivrance, acte ultime d’autonomie. Echapper à la « Terreur des Blouses blanches » , à la chosification, aux numéros matricules qui jonchent notre vie. Depuis l’heure de notre naissance jusqu’à celle de notre suicide enregistré face à un numéro. Suicide : Evasion devant les hospices et autres joyeusetés pour « petits vieux », en attente de cessation de vie. Suicide : Appel au secours disent les « Psychoses » qui savent toujours tout, sur tout. Oui vous avez raison, oui, voyez comme la vieillesse m’a bonifié Je suis tout ouï…. oui, oui,
La possibilité du suicide lui rend la vie tolérable.

Le temps des larmes s’assèche quelque peu, Vient, à présent, le Temps du vide, de l’inoccupé, de la vacance non voulue.
Il ferme les yeux et se souvient Le coin de la rue où, tous les vendredis, il refaisait le monde avec son ami Bob Encore un qui sait laisser mourir plutôt que de supporter l’imbécillité du monde des soignants Bob qui a refusé sans rien dire ! ! ! ! D’être infantilisé bêtifié à plaisir
Il s’est levé sous l’emprise d’une émotion soudaine Il sifflote dans sa chambre, fait celui qui ne sent rien tandis que ses pensées, clandestines, frappent à la vitre du souvenir, passent à l’assaut des «convenances » se déversent en grandes coulées chaudes sur ses joues, Il se fait un Musée, se remémorant, engrangeant son passé au plus vite de crainte que les contours de l’être aimé ne se difforme. Il comble, à la hâte, les blancs, au-dedans, pour avoir une histoire, son histoire à raconter « chantefable » qu’il répète à satiété
Depuis des mois, depuis des jours, peu à peu, il entre dans la zone
» Détachement » Il donne ses affaires, ses vêtements, ses jeux, ses livres, pour faire de la place, dit-il ; On applaudit à cette initiative car … Quel boulot pour la famille quand un vieux meurt Quel fatras ! Pourquoi garder toutes ces vieilleries ? Quel capharnaüm ! Des tas. Comme vous faites bien d’être prévoyant, lui assure son Aide familiale ! Il prévoit son testament de vie. Prévoit le don de son corps à l’ULB COMPRENDS QUE LE MORT c’est lui. Il se dit adieu, se dépouille peu à peu de tout ce qui lui semblait important il y a encore peu Il s’en va au-dedans, à l’insu de tous, il part sans crainte ou si peu. Il est disponible, toujours présent. s’écoute sans fin…sans faille se blottit dans ses « couplets » dans ses « refrains » Je faisais, je disais, j’ai pensé, je, je, je. Il se laisse aller dans l’eau du Styx où, invulnérable à la morsure du souvenir il glisse. Il s’imagine la pièce entre les lèvres pour le Grand Voyage Il prit son manuscrit
« Apollon, dieu de la musique, de la poésie, de la connaissance Apollon méconnu, dieu de la divination guide mes pas ;
Mène--moi à la lumière du Parnasse. Vois la pièce entre mes lèvres. Offre-moi, oui, offre--moi le Fil d’Ariane pour le voyage initiatique et laisse-moi m’asseoir dans l’Olympe. Poebus, fils de Zeus, n’ai-je pas payé tribu ? Reçois-moi ; l’AUSPICE en est favorable. »
Il referma son livre ; déposa son revolver devant lui et en caressa la crosse
« Questions pour un champion » battait son plein. La TV faisait son « ronron »
Il songea à son Lancelot du Lac, messager dépositaire de ses amours clandestines Chloroformé à la souffrance, le voici dans un brouillard épais, dans une indifférence bienheureuse. Il écrit ces lignes, les dernières ; il le sait, il s’en est fixé lui-même le nombre 500 pages, cinq cents pages bien torchées. Et pfft…
Il nota Les psy ne supportent pas d’être remis en question Il sourit avec cynisme Depuis le temps qu’il s’en fout. Il paie pour qu’elle fasse semblant d’écouter, de l’écouter et, c’est ce qu’elle fait. Il nota encore Les psy se présentent comme des courroies de transmission entre le monde onirique et le monde réel Psys Télescopes avides d’images, ils prennent, voient, regardent, écoutent, plus encore imaginent… Déduisent avec hardiesse ce qu’on ne leur dit pas. Le non-dit l’éloquence du « non-dit » Ils Savent ! Ils sont Freudiens, Lacaniens Ils sont Nostradamus de notre avenir. Il nous faut être, étoiles bien rangées dans la galaxie, le système ! ! « Rangé » tel est le mot clef Nous voici ; ankylosés de l’analyse, le fantassin de l’explication tous azimuts qu’on nous dispense à gogo car, ils expliquent, argumentent nous poussant, gentiment, vers la chronicité. Nous sommes d’un bon rendement allez. ! Nous représentons le montant de la Maison de demain, les études des enfants, de leurs enfants bien évidemment
Depuis une bonne demi-heure « Neurone » lui parle plutôt lui récite les Romantiques, le Parnasse, les Symbolistes. « Neurone », encore un qui se prend pour un intellllectuellll…. Il écoute à peine ce merdique, ce buveur d’encre ce « Neurone » Il dit : « Oui » bien civilement Il est « ailleurs d’ailleurs » habité d’un grand tapage intérieur ; ramdam de réflexions ; Il note à la hâte
« Tout gueule en moi. « Je ne suis que cela, « une Plume une machine à produire du texte » Je suis un bogue de programmation une erreur, un hiatus. Je suis tout sauf, moi. On veut tout de moi. Je peux, je dois écrire sur tout, surtout, sauf, sur moi. « Et, sans rien dire, toujours souriant, joyeux, plein d’entrain, Je lève le FOC pour le sublime et chimérique dialogue. Voyage fantasmagorique
« Sens interdit, sans interdit » J’échouerai au rivage de l’impossible, de l’incohérence Je ne me recrée plus. Aide-moi, Zeus, j’ai mal à mon âme El était mon ellipse. El était spirale, volute, méandres
El était dangereuse ! Pour qui ? Dangereuse pour quoi ? C’est défendu ! Par qui ? Pourquoi ?
Il se regarde souffrir, il se souvient d’avoir eu si mal, d’avoir été
« Très mal » , comme on dit. Il s’étend, se raconte, se prolonge comme une ombre. Il, s’écoute, s’observe dans le creuset du jadis Il songe, s’étale comme un fruit trop mûr
Il la revoit. Il sourit C’est loin, très loin ! Le Temps passe rythmé par le balancier de la peur Il reprend son revolver, le guidon n’est pas droit remarque-t-il, contrarié.



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Commentaires

  • Bonjour Madame Andrée,

     

    Vous avez décidé de traiter de l’importante question des fins de vie par un texte qui est une sorte d’empathie avec une personne qui entend décider de sa mort, comme seul bien qui lui reste imagé par tel paradoxe, la caresse sur un révolver.

    Telle démarche vous honore vraiment dans la mesure où vous n’évitez pas les vraies questions. Comme votre texte est utile sans simagrées, sans donner aux clichés, à essayer de comprendre tout comportement humain et de ne pas classer tout suicide de même sorte.

     

    Dans mon entourage, il y a eu nombre de suicides qui m’ont bouleversé au plus profond de ma personne. Il m’a fallu du temps pour dépasser mes peines, mon incompréhension, et même une part de culpabilité de n’avoir pas su discerner tel mal être, ou telle détresse. Je puis dire qu’on n’y arrive pas vraiment mais au moins on donne bien davantage au questionnement qu’au jugement définitif et impuissant.   

     

    Cette question du suicide est très complexe.

    D’un côté, je ne comprends tel acharnement de la société qui empêche des personnes de décider de partir quand leur vie est une vieillesse de terrible dépendance, et de non-sens ou un enfer de douleurs insupportables et incurables. Je ne comprends pas non plus l’hypocrisie sur la question de l’euthanasie. Quand on dit aimer la vie, ne faut-il pas tout examiner moins de dogmes que de sentiments profonds ? Tel ami atteint d’un cancer généralisé qui a mis fin à ses jours m’a tout laissé de son courage face à cette saleté. Seul le temps aurait pu peut être que tel acte n’existe pas, mais la science ne peut pas tout.  

    Mais dans le même temps, je ne supporte pas cette idée des suicides prématurés, que le suicide est chez nous la deuxième cause des décès parmi les jeunes. Il est paradoxal de constater que cela n’est pas dans les pays de misère mais dans les pays dits riches, là où en surface, on semble ne manquer de rien. Alors pourquoi tel mal être, telle détresse ? Telle jeune amie de 21 ans qui a mis fin à ses jours sans raison évidente m’a tout laissé de son désespoir à vouloir le comprendre.          

     

    En tout cas, merci de ce texte …      

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Superbe texte! Grand débat! Le droit d'en avoir assez sans être mal perçu par une société qui se protège de la peur par le politiquement correct...

    Bravo vraiment pour votre sincérité.

    Amicalement

    Jacqueline.

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