A quoi penses-tu ?

[Gilbert Czuly-Msczanowski]

A quoi penses-tu au sein de ta grisaille,
A un jardin de couleurs hors de vilains murs ?
A côté, des gens pressés aux gestes obscurs
Fuient sous tes yeux ou gisent sous la mitraille.

Ami, vois-tu, c'est toujours  aussi cruel :
La foule bruyante qui veut une tête,
Une arène où des fauves sont des bêtes,
Puis un roi, haut perché, semblant tombé du ciel.

Etrange tumulte qui agite l'esprit.
Ne trouvant ici-bas ni la paix ni l'amour,
Crie : " C'est assez  ! " avec dans les mains un fusil.

Ami, qu'en penses-tu ? Pauvre monde dis-tu !
Beaux poèmes qui volent fiers à son secours,
Devenez de vraies armes qui ne tueront plus.

[Lansardière Michel]

Ambivalence de l'homme. A la porte de l'enfer le penseur n'est jamais loin de l'homme qui tombe. Puisse la poésie alléger ses souffrances et lui ouvrir les portes de la perception.