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Publications de LOUHAL Nourreddine (53)

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Chat échaudé craint l'eau froide.

12273369866?profile=originalBonjour mes ami(e)s ! Je vous espère bien ! Ce matin, après l’averse de la veille, j’ai trouvé «La chatte sur mon capot de voiture brûlant. » J’ai tout de suite reconnue la femelle de « Félix le chat » qui m’a rappelée au souvenir d’un classique du cinéma. Alors, « Est-ce que j’ai réussi à dessiner un sourire sur votre visage ? Si c’est oui ! Eh bien, j’ai fait des heureux et je suis content nom d’un chat! Bonne journée et prenez soin de vous et des vôtres. Alger, Louhal Nourreddine, le 15 avril 2021.

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Bonjour mes ami(e)s ! Je  vous espère bien vous et  vos proches ! En ce  8 mars 2021, qu’est la journée internationale des droits des femmes, je fais le vœu qu’il n’y aura plus d’inégalités Femmes/Hommes et que cesse la brutalité ainsi que la violence contre nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles. A ce propos, je dédie cette citation d’Ono Yoko «Un rêve que l'on rêve seul n'est qu'un rêve. Un rêve que l'on rêve ensemble, c'est la réalité ». Donc, c’est la main dans la main que l’avancera vers demain avec vous Mesdames. Ceci  dit, je vous souhaite donc une excellente journée exceptionnelle qui  soit pareille aux jours ordinaires, où la femme est ce qu’elle est : Belle, altière et surtout Résistante où qu’elle soit. Alger, Louhal Nourreddine, le 8 mars 2021.

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Louhal Nourreddine raconte Yennayer à la Casbah

Yennayer, ou le nouvel an amazigh se célèbre depuis des lustres dans toutes les régions d’Algérie. Yennayer est également en lien direct avec le calendrier agraire. De ce fait, il est un symbole de prospérité et d‘abondance. A la Casbah d’Alger, Yennayer est aussi une tradition ancestrale que les Casbadji célèbrent avec faste et dévouement. Louhal Nourredine est tout d’abord un enfant de la Casbah, mais également une plume dédiée à la cite de Sidi Abderrahmane Ethâalibi. Journaliste et écrivain il a consacré plusieurs ouvrages à la Casbah mais aussi au patrimoine culturel algérien qu’il dépoussière et remet au goût du jour. Des ouvrages qui se veulent aussi une sonnette d’alarme contre l’oubli et l’abandon d’un héritage inestimable. Dans cet entretien, Louhal Nourreddine nous dévoile la célébration de Yennayer dans les douirate de la Casbah.

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Horizon :Que représente Yennayer pour Louhal Noureddine et comment le fêtez-vous ?

Louhal Nourreddine : Yennayer frappe à nos portes comme chaque année à pareille période et à nous d’être-là à l’accueil du nouvel an berbère. Donc, que chacun de nous fait le vœu qu’il soit porteur de paix mais aussi d’une source d’où ruissèle  l’abondance de vivres et de douceurs, sources de santé. Seulement, et pour qu’il y ait cette prodigalité à laquelle chacun de nous appelle et espère de tout ses vœux, on se doit de tendre la main à l’autre qui pourrait être le proche ou le voisin dans le légendaire élan de solidarité qu’est le nôtre. Et puisqu’on y est dans l’agraire, l’idéal est d’ensemencer dans les sillons de la terre d’Algérie, un grain de son temps, et à faire don d’une pincée de ce qu’on a dans le garde-manger  mais surtout de son écoute à l’égard d’autrui…  A ce propos, Yennayer est l’idéale escale où se moissonne l’entente qui  gomme les fâcheries. A cet égard,  le mieux est d’y adhérer à la citation de l’écrivain québécois Eugène Cloutier (1921-1975) « Pour connaître la valeur de la générosité, il faut avoir souffert de la froide indifférence des autres... » D’où qu’il est requis d’évacuer la rancœur hors de nos chaumières et d’avoir un tant soit peu le cœur sur la main pour celles et ceux que l’on tient en estime. C’est dire qu’à l’instar de l’an chrétien, de l’Hégire et chinois, Yennayer est aussi l’instant d’éloges mais aussi pour se donner l’accolade selon la formule consacrée «Assegas Amagaz[1]». Pour ce qu’est de la façon de le fêter, Sachez que Yennayer est l’idéal réunion familiale autour de l’« Imensi » (dîner) de partage, où tous nos heurts et contentieux s’oublient dans la succulence de plats traditionnels à base de pâte et de viande, tel que le couscous au blé dur, berkoukès roulé à la main, la reine de la maïda (table) qu’est la Tchekhtchoukha et l’inévitable met Tikourbabine.12273362659?profile=original

Vous qui êtes un amoureux de la Casbah, comment se fêtait Yennayer au sein de cette cité séculaire ?

«Ras El Âam[2] » ou Yennayer à la Casbah exigeait du temps, eu égard à la « m’qetfa » (vermicelle) pétrie maison par les fées de logis qui se préparent ainsi à offrir l’hospitalité à l’« Âadjouza » dit ainsi dans le jargon algérois. De ce point de vue légendaire, le culte de l’ «Âadjouza » se veut l’hommage à la vieille qui a osée une bravade contre  le froid pour que le soleil fasse étinceler les murs chaulés de la Casbah, disaient nos anciennes. Quoi qu’il en fut, les « z’niqat » (venelles) de la Basse-Casbah s’éclairent aux couleurs de la confiserie mielleuse qui s’amalgame aux fruits secs du « Treize » qui signifie que le nouvel an amazigh se décale de treize jours par rapport à l’an chrétien. Alors, et dans l’optique de faire la fête, les « khiama » (cuisines) des « douerate » (bâtisses traditionnelles) de bled Sidi-Abderrahmane Ethâalibi s’embaument de la chorba « m’qetfa », El Ham Lahlou et m’touwam. Seulement, on n’entendra plus le chant du coq du s’tah (terrasse), car c’est le maître de la basse-cour qui est passé au tadjine. Dans cet ordre d’idées, la fête s’égrène ainsi à la dégustation de « l’khefaf » (beignets) et « baghrir » (crêpes) ainsi que le treize ce mélange de bonbons et de fruits secs qui fait la joie des enfants.  12273362692?profile=original

Yennayer est reconnu comme fête nationale depuis 2018. Que représente pour vous cette reconnaissance ?

De nos jours, Yennayer est en conformité avec la loi du 26 juillet 1963 fixant la liste des fêtes légales chômées et payées. Un couronnement que l’on doit à celles et ceux qui ne sont plus de ce monde pour apprécier la joie autour de l’«Imensi n umenzu n yennayer » (le dîner du 1er jour de janvier). Pour atteindre ce résultat, il a fallu de la lutte et de la revendication ponctuée d’énormes sacrifices mais aussi d’utiles écrits pédagogiques sur la question.  Mais laissons la chronologie des faits aux historiens qui se chargent d’écrire l’intarissable feuilleton qui narre l’épopée héroïque de celles et ceux qui ont fait Yennayer. Bonne année Amazigh 2971 aseggas ameggaz.

Entretien recueillis par Hakim Metref.

Journal Horizon du 11 janvier 2021.

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[1] Bonne et heureuse année en tamazight

 

[2] Début de l’année.

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Bonne et Heureuse Année 2021.

12273361075?profile=originalBonjour à vous mes ami(e)s du réseau « Arts & Lettres » ! Je vous espère bien ! Nous étions hier à l’orée de la nouvelle année qu’aucun de nous ne pensait qu’elle serait porteuse d’un mal qui a stupéfait le monde. Aujourd’hui qu’il est à son ultime journée, l’an 2020 fait ses valises ou plutôt cloue ses cercueils où gisent d’anonymes citoyens lambda mais aussi des êtres chers partis pour certains à la fleur de l’âge. Il s’en va donc l’an 2020 et aucun de nous ne le pleure ni ne le regrette, car on s’était  crus en guerre alors qu’aucun coup de feu n’a été tiré ici et là. Si tant, que nos rues ont été désertées de leur ambiance qu’il n y’avait plus dans les endroits conviviaux, au motif qu’il y’a un virus qui rôde là où l’on ne l’attend pas mais qui a endeuillé des familles et jeté l’effroi dans les chaumières. Est-ce à dire que le mal de l’an 2020 est derrière-nous ? Peut-être bien que oui ! Peut-être bien que non, car il se dit des choses par les spécialistes de la question qui échappent à l’homme de la rue, qui n’a qu’un vœu ! « Vivre et pour le meilleur ! » comme le chante feu Johnny Halliday. Alors, ensemble faisons le vœu que l’an 2021 soit l’escale de l’apaisement mais aussi du désir de vivre ensemble et d’oublier vite ce qui s’est passé en 2020. Sur ce, j’ai le plaisir de vous faire-part à vous mes ami(e)s et aux membres du réseau « Arts et lettres », l’expression de mes meilleurs vœux de Paix, mais aussi de Santé et de Bonheur auprès de celles et de ceux qui vous sont chers ! Bonne et heureuse année 2021. Alger, Louhal Nourreddine, le 31 décembre 2020.

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Joyeux Noël

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Bonjour Bruxelles ! Mes cordiales salutations à mes ami(e)s des « Arts et des Lettres » auxquels il m’est plaisir de souhaiter un Joyeux Noël ! Paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté. Alger, Louhal Nourreddine, le 24 Décembre 2020.

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“HIER, J’AVAIS 20 ANS” L’émission d’une douce nostalgie

Les auditeurs exigent un temps d’antenne au jour le jour

https://www.youtube.com/watch?v=wgnJznHIZGE

Bonjour mes ami(e)s ! Je vous espère bien vous et vos proches.

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Nostalgique du temps qui passe, il avait fait sien le refrain d’«El Barrah[1]» de feu El Hachemi Guerouabi[2] (1938-2006) comme s’il voulait figer le temps à l’aide du poème d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) : « Ô temps suspend ton vol » sur l’autre ritournelle d’«Hier j’avais 20 ans ! » de Charles Aznavour (1924-2018). Si tant, qu’il en avait fait le jingle de son émission, où les premières notes auguraient de l’incontournable rendez-vous des nostalgiques des années 1960-1970. Sur ce point, « Can » ! Puisque c’est de lui qu’il s’agît, aurait crée le club des fans de « Salut les copains » (S.L.C) pour les intimes de l’époque bénie des sixties et où chaque jeune « croulant » y trouvait son « gusto » (plaisir) par la voix de son idole préférée. A cet égard,  l’animateur Ahmed Chellaoua ou plutôt le « Can » si célèbre par son logo d’animateur à la radio d’Alger Chaîne 3, avait eu l’idée lumineuse d’illuminer l’existence de celles et de ceux qui s’accrochaient aux souvenirs de leurs tendres 20 ans à l’aide des « voix éternelles et célèbres » qu’il a légué à la postérité.  Pour ma part, j’ai connu l’homme du temps où il dressait des portraits d’artistes dans l’émission « Qahwa Oulataï » (Café thé) aux côtés de Sid-Ali Driss. Mais maintenant qu’il n’est plus de ce monde, je garde de l’homme qu’il était, le souvenir d’un être accessible et amène à souhait. Qu’il repose en paix l’artiste des ondes qui, tout comme Michel Fugain,  n’a pas eu le temps qu’il voulait pour mener à bien ses projets. Et des projets, « Can » en avait à en revendre. A ce propos, voilà ce que j’ai écrit en hommage à « Can » du temps où il était au firmament des ondes.  Qu’il repose en paix et que Dieu apaise la douleur de son épouse, de ses enfants et de ses proches, dont la famille de la Radio. Alger, Louhal Nourreddine le 15 Novembre 2020. Bonne journée et excellente journée.

[1] « El Barah » qui signifie (Hier) est un texte et une composition musicale (1970) de Safar Bati Mohamed El Mahboub dit Mahboub Bati  (1919-2000).

 

[2] El Hachemi Guerouabi dit « le Rossignol » est un chanteur Châabi (Populaire) né le 6 janvier 1938 dans le quartier d'El Mouradia (ex-Le Golfe) et a grandi a « Diar El Babor » (maison en forme de bateau) au quartier de Belouizdad (ex Belcourt), et mort le 17 juillet 2006 à Zéralda.

 

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Le sociologue et historien Abdelmadjid Merdaci s’en est allé rejoindre le « foundouq[1] » où l’avaient précédé ses « Compagnons de Sidi Guessouma » (éd, du champ libre) qu’il m’a narré ce 30 juillet 2019 à la librairie mediabook de l’Enag[2].12273347272?profile=original

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Intarissable telle une source d’où ruisselle les chants citadins qu’il avait à cœur de diffuser à nos jeunes, le défunt n’a eu de cesse d’évoquer les « noubat » du « Malouf[3] » algérien12273347494?profile=original

mais aussi du « Chaabi[4], » qu’il narrait telle une histoire algérienne. Curieux, l’auteur du livre « GPRA[5]. Un mandat historique. 19 septembre 1958-3 août 1962 » y prenait place là, où il y’avait le débat autour du livre.12273348875?profile=original Notamment, à la librairie baptisée au nom de Chaïb-Dzaïr[6] de l’Anep[7], où  le défunt narrait avec l’aisance du verbe qu’on lui connait, l’épopée musicale d’« Ezzine El Meqnine[8] » au lendemain de la mort d’Amar Ezzahi[9]. 12273349453?profile=original12273349292?profile=originalSi tant et bien qu’il m’a dit sur le ton de la confidence : « Peux-tu m’aider à trouver un ouvrage ? Je suis à la recherche d’un livre sur les fontaines d’Alger ! » Ce à quoi mon ami, le journaliste Abdelhakim Meziani lui a répondu sur un ton amusé: « T’as l’auteur en face de toi ! » Et c’est ainsi que je lui offert mon livre « Alger la mystique » (Ziyarat autour de nos fontaines) (éd, Tafat/Aframed 2018) dûment revêtu de ma dédicace. 12273349677?profile=originalEt depuis, je n’ai eu de cesse de rencontrer cet universitaire et d’apprendre davantage auprès de l’homme de lettres qu’il était. Particulièrement lors de cet après-midi du 8 mars 2020 lorsqu'il rendait  hommage à l’Algérienne à travers son livre qu’il m’avait dédicacé : «Tata une femme dans la ville » (éd, Champ libre) à la librairie du «  Tiers-monde » d’Alger12273350663?profile=original Maintenant qu’il est loin d’ici, ses interventions vont manquer à l’Algérien et à l’Algérie, car il part, alors qu’il avait encore si tant à donner à l’univers de la littérature. Qu’il repose en paix depuis ce vendredi 18 septembre 2020 au cimetière central de Constantine sa ville natale, où une foule immense l’a accompagné à sa dernière demeure. Pour le souvenir, le défunt était le papa de Meriem Merdaci, éditrice du « champ libre » et ancienne ministre de la Culture. Ceci dit,  J’émets le vœu que Dieu apaise la douleur de ses proches et de la famille littéraire. Alger, Louhal Nourreddine, le 18 septembre 2020.

 

[1] Hôtel.

[2] Entreprise Nationale des Arts Graphiques

[3] Désigne le répertoire de musique savante arabo-andalouse algérienne de l'école de Constantine et dont la tradition se rattache à la ville de Séville en Espagne musulmane.

[4] Le chaâbi est un genre musical né à Alger au début du XXe  siècle signifie « populaire ». C'est l'un des genres musicaux les plus populaires d'Algérie et il dérive de la musique arabo-andalouse.

[5] Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), est le bras politique et gouvernemental du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance de l’Algérie. Le GPRA a négocié les accords de paix (accords d'Évian) avec la France en 1962.

[6] D’Zaïr Chaïb est la première martyre de la guerre de Libération nationale, tombée sous les balles de la soldatesque coloniale le 19 novembre 1954 et ce  à l’âge seulement de 26 ans.  Fille de Dali Bennchouaf, caïd et propriétaire terrien, D’zaïr avait, semble-t-il, une vie toute tracée avant cette fatidique attaque  par l’armée coloniale de la ferme de son père située près de Medjez Sfa dans la wilaya de Guelma au pied des monts de Béni Salah.

[7] L'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep)

[8] Le beau chardonneret.

[9] Il s’agît du chanteur Amar Aït Zaï, Ezzahi dit de son nom de scène Amar Ezzahi (1941-2016) est un chanteur, compositeur et interprète de chaâbi algérien.

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S’bah El Kheir Âalikoum mes ami(e)s ( Bonjour) ! N’harkoum Mabrouk (Bonne journée)! Le bon vieux temps dit d’un autre « ton »! En l’occurrence celui de la tonicité du verbe qu’on a choisi de concert avec mon ami, le journaliste Amine Goutali du quotidien « Horizon » pour dire  toute la détresse des Casbadjis[1]. Et à y penser, à l’intonation de l’écho qui n’a reçu cependant aucun autre « écho » de la part de l’autorité en charge de la rénovation de ce site historique, j’ai plaisir à me remémorer cette  aventure humaine que j’ai vécue à battre le pavé à la Casbah avec mon ami Amine Goutali lors d’un reportage dans ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1992. Autant de délices que j’ai plaisir à vous convier à lire, histoire d’humaniser cette funeste période d’isolement (Confinement) qui  fera sans doute date dans la mémoire collective. Bonne lecture et excellente journée. Alger, Louhal Nourreddine, le 14 septembre 2020.

[1] Habitant de La Casbah

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Autre décision courageuse, outrepasser les lenteurs qu'engendrent les clauses du code des marchés publics, qui ont tendance à précipiter le monument dans la déliquescence. Réagissant à la décision du ministre de la Culture, de transférer le dossier de la réhabilitation de La Casbah à la wilaya[1] d'Alger, l'écrivain-romancier Louhal Nourreddine, digne fils de la vieille médina- à laquelle il a consacré toute une œuvre- estime que La Casbah requiert d'avoir un interlocuteur unique et de faire place nette de toute une pléiade d'opérateurs budgétivores.

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Horizon : Comment estimez-vous la décision du ministère de la Culture de rétrocéder l'épineux dossier de réhabilitation de la Casbah à la wilaya d'Alger ?

Louhal Nourreddine : Pour qu'elle soit judicieuse, la décision est d'autant pertinente, voire rationnelle ! D'ailleurs, ce n'est qu'un juste retour des choses qui progressaient si bien, du temps où la tâche de sauvegarde de La Casbah relevait des compétences de la cellule fonctionnelle de réhabilitation et de la gestion urbaine de La Casbah, qui a été créée le 3 janvier 2001 par un arrêté de la wilaya d'Alger. Pour ce qu'est du palmarès, la cellule s'enorgueillit de la mise en valeur de « Dar Essouf » (La maison des laines) qui abrite le siège de l'école nationale de conservation et de restauration des biens culturels, sis à la « z'niqa[2] »  des frères-Mohamed-Ahmed-Mechri (ex-Henri-Klein[3]), grâce à une poignée d'ingénieurs de l'école algérienne et au savoir-faire d'opérateurs locaux, dont l'Entreprise communale de Bab El Oued, qui s'était également illustrée à Dar Mustapha-Pacha en termes de prise en charge efficiente en matière de restauration et de confortement de l'actuel musée public national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie.12273344090?profile=original

Se voulant efficace, l'Entreprise communale de Bab El Oued, et de concert avec un staff technique restreint, avait satisfait à ses obligations contractuelles, notamment pour ce qui est des travaux préparatoires, de consolidation et la phase des tâches de restauration qui ont abouti à la livraison de ces monuments au mois de juin 2005. Outre cela, la cellule avait procédé à l'embellissement du mausolée du saint homme Sidi Abderrahmane Ethâalibi et des « Dahir[4] » de Sidi Ouali Dada et de Sidi Mansour, grâce à deux bureaux d'études qui supervisaient deux entreprises qui avaient fait leurs preuves dans la restauration du mausolée de Sidi Boumediene à Tlemcen. Seulement, l'œuvre de la cellule à laquelle l'ancien wali[5] délégué de Bab El Oued, avait apporté sa contribution, fut stoppée net dans son élan et le staff fut prié d'évacuer le siège qui était situé en face des vestiges du café des sports à Zoudj-Aïoune[6] dans la Basse-Casbah.12273344290?profile=original

 -La phase de réhabilitation s'est avérée tatillonne et le chantier n'a pas encore dépassé le stade des travaux d'urgence... Quelles sont les raisons de cette situation ?

De nos jours et depuis l'adoption en 2012 du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur, la vieille médina vit au rythme du cérémonial de sa Journée nationale, qui coïncide chaque année avec le 23 février. Et, au lieu qu'elle soit une rencontre « bilan », afin d'estimer ce qui a été fait ou se préoccuper sur le reste à réaliser, au contraire, la Journée de La Casbah prend l'aspect d'un rendez-vous... convivial. Sinon, qu'elle se folklorise pour faire le tour des « z'niqat » dépavées de la vieille médina. Du reste, la Journée de La Casbah n'est rien d'autre qu'une opportunité d'accolades entre d'anciens « ouled el houma[7] », qu'à l'ambition de mettre un terme à l'effarante phase d'écroulement de douerate[8]. C'est le cas de Djamâa El Barani (Mosquée de l'étranger) sis sous les fortifications de Dar Essoltane[9], sur l'avenue Taleb-Mohamed à Bab Djedid. Donc, La Casbah ne tient qu'aux « béquilles » qu'il va falloir suppléer à l'aide de travaux de confortement. Seulement, les modalités du choix de l'opérateur et de l'ouverture de chantiers obéissent à la lenteur des dispositions du code des marchés publics, en dépit de l'urgence et de la spécificité des travaux liés à un ouvrage digne de durer dans le temps. Au demeurant, l'urgence est à la restauration des « z'niqat » Malaïka-Benaïssa (ex-Caton), l'îlot de Sidi-Abdellah ainsi que la venelle Brahim-Fateh, qui sont perpendiculaires à la rue Amara-Ali dit Ali La Pointe et qui menacent ruine. Autant dire que le péril est au coin de toutes les z'niqat, notamment au « sabat » (voûtain) Abencerage, où l'écheveau d'étais augure du pire. Et comme si le lot d'éboulis ne suffisait pas au malheur des Casbadjis, voilà que la culture de l'oubli s'en mêle et efface la plaque commémorative rivée au fronton des vestiges de la douera 9, rue de Thèbes, en hommage aux victimes de l'abject attentat qu'avaient perpétré, toute honte bue, par les Ultras français d'Algérie en ce funeste soir du 10 août 1956 durant la guerre d'Algérie.12273344862?profile=original

 -Que faut-il faire justement pour sauver ce pan entier de notre identité des affres de l'oubli ?

Sachez qu'en guise de reconstruction à l'identique, le « darbouz », ou la rampe du « Foqani » (palier supérieur) en bois des douerate, a été remplacé par une hideuse murette en briques. Les cas sont d'autant réels à Bir Djebah[10] et sur la terrasse de la Gariba[11] de la rue Ouchfoun-Mustapha où les malfaçons témoignent de l'indigence d'un savoir-faire que nos maçons ne maîtrisent pas. D'où l'urgence d'intensifier les sessions de formation pour la promotion d'ouvriers spécialisés dans le confortement du vieux bâti et de sélectionner les entreprises performantes, titulaires d'authentiques références en matière de restauration de sites et de monuments historiques. Autre décision courageuse, outrepasser les lenteurs qu'engendrent les clauses du code des marchés publics, qui ont tendance à précipiter le monument dans la déliquescence. Tout bien considéré et eu égard à sa notoriété universelle, La Casbah requiert une volonté politique de sauvegarde de la dimension d'un plan « Marshall ». Pour y parvenir, le mieux est d'avoir un interlocuteur unique et de faire place nette de toute une pléiade d'opérateurs budgétivores, à l'instar de l'Ogbec et de l'Agence de sauvegarde qui s'emmêlent les outils sur le terrain de leurs prérogatives. Ce n'est qu'à cette condition que l'on sauvera ce qui reste à sauver d'une perle méditerranéenne, qui reste l'excellent alibi à l'accession d'un logement, car à l'usure du temps s'est ajoutée aussi la main de l'homme, qui détruit sciemment une douera[12] qui n'est pas la sienne, pour y être relogé.12273345468?profile=original

-Comment rendre son attrait touristique à la vieille médina ?

Jadis, La Casbah vivait de l'art de ses artisans, créateurs d'emploi et de richesse et mettaient ainsi de l'ambiance dans les venelles qui ne désemplissaient pas de visiteurs occasionnels et de touristes d'ici et d'ailleurs. Alors, et pour insuffler de la vie à La Casbah, le mieux est de tendre la main à la corporation d'artisans qui se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une main, eu égard à la cherté des matériaux et de l'impôt.

En effet, la gérance d'une ébénisterie d'art, ou d'une dinanderie, nécessite de coûteux frais divers de gestion, puisqu'en plus de l'onéreux coût du bois, il y a aussi l'impôt annuel forfaitaire fixé auparavant à 5.000 DA et qui a été revu à la hausse, soit à 10.000 DA, eu égard aux dernières mesures d'austérité. Donc, cela s'en ressent sur la capacité de ces artisans à subvenir aux charges de leur couverture sociale. Il y a eu en 1979 l'abrogation de la carte d'artisan intitulée « Rasma El Aslia ». C'est dire la nécessité qu'il y a à rendre l'investissement attractif afin d'encourager l'artisan à aller de l'avant et à assurer une relève à même d'insuffler de la vie à la Casbah. Qu'on se le dise.

Propos recueillis par Amine  Goutali et Publié dans le quotidien national « Horizons » du 13 septembre 2016.

[1] Équivalent de préfecture

[2] Rue.

[3] L’instituteur français Henri Klein (1864-1939) est le fondateur du « Comité du vieil Alger ». Soucieux de la préservation des sites, monuments et vestiges du passé d’Alger, il avait crée aussi la revue intitulée « Feuillets d’El-Djazaïr » en 1905 afin de contribuer à « la recherche de tous les éléments de nature à éclairer l'histoire d'Alger et la défense de sa richesse patrimoniale.» C’était là sa stratégie pour dénoncer les mutilations que l'administration coloniale assénait à l’esthétique architectural d'Alger.

[4] Mausolée

[5] Sous-préfet

[6] Les deux fontaines, disparues de nos jours.

[7] Les anciens de quartiers.

[8] Bâtisses traditionnelles.

[9] Le palais royal

[10] Puits de l’apiculteur

[11] L’étrangère

[12] Douera est le singulier de douerat (pluriel).

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IL A IMMORTALISÉ LES MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961 Disparition du photographe Georges Azenstarck

Bonjour mes ami(e)s ! Connaissons-nous réellement nos ami(e)s, nous les algériens ? Notamment, celles et ceux qui ont été le porte-voix de notre révolution ! Pas aussi sûr que ça, suis-je tenté de répondre, du fait que la disparition le 2 septembre dernier du journaliste-photographe Georges Azenstarck est passée inaperçue ! N’est-ce pas là, l’irréfutable preuve que l’on ne sait rien des femmes et des hommes d’obédience française voire chrétienne qui s’étaient rangés derrière l’étendard de la cause algérienne ? Rompu aux luttes ouvrière qu’il était de son vivant, le journaliste-photographe Georges Azenstarck a été de ceux qui avaient dévoilé la tuerie de Paris, perpétrée toute honte bue lors d’une nuit noire du 17 octobre 1961 par la flicaille parisienne suite aux ordres du préfet Maurice Papon. Et rien que pour ça,  Georges Azenstarck mérite bien plus qu’un hommage mais une stèle érigée en Algérie et à la mémoire de ces inconnu(e)s qui ont donné de leur sueur et de leur sang pour que vive l’Algérie libre. Je cite à cet effet le cas de Lucie Hadj Ali née Larribère et dite Lucette (1920-2014) qui n’était autre que l’épouse du militant-poète Hadj-Ali Bachir et qui était aussi secrétaire général du Parti communiste algérien (PCA). En voici cette modeste dépêche pour faire connaissance avec le personnage. Bonne lecture et excellente journée. Alger, Louhal Nourreddine, le  12 septembre 2020.12273342454?profile=original

 

Georges Azenstarck (1934-2020) s’en est allé le 2 septembre à l’âge de 85 ans et avec lui s’est fermé l’œilleton de son appareil-photo sur les affreusetés d’ici-bas qu’il a immortalisées de son vivant. Inconnu de nos jeunes, Georges Azenstarck était ce journaliste de la presse syndicale La Nouvelle Vie ouvrière qui avait immortalisé, à l’aide de l’image qu’il capturait du haut du balcon du siège du journal L’Humanité, la tuerie de nos aïeux qu’avait ordonnée le préfet de Paris, Maurice Papon (1910-2007) lors de la nuit meurtrière du 17 octobre 1961 à Paris.12273342099?profile=original

À Paris en octobre 1961, ce journaliste fut l’un des rares photographes à couvrir les ratonnades avec Elie Kagan (1928-1999) et Jean-Pierre Texier (1941-2010) qui serait, d’après le journal le Matin d’Algérie, l’auteur du cliché symbole intitulé : « Ici, on noie les Algériens ». À cet égard, beaucoup d’Algériens ont été jetés dans la Seine pour avoir bravé lors d’une manifestation pacifique l’unilatéral couvre-feu imposé aux Maghrébins.12273343080?profile=original

 « Je persiste et signe. En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de l’ordre agissant sous les ordres de Maurice Papon », avait écrit l’historien Jean-Luc Einaudi (1951-2014) dans le journal Le Monde du 20 mai 1998. Et en guise de représailles pour ce que Georges Azenstarck a osé dévoiler et dit, la caste de « Nostalgériens » n’a pas cessé de mettre à l’index ce défenseur de l’opprimé en l’indexant du sobriquet : « Azenstarck le menteur » ou « Azenstarck le communiste ».

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C’est qu’il ne se suffisait pas que d’images mais aussi des mots tels que « sauvagerie » et « déchaînement » lorsqu’il avait témoigné en faveur de Jean-Luc Einaudi au procès du 26 mars 1999 qu’avait intenté Maurice Papon à l’historien. Mais auparavant, Georges Azenstarck avait levé le voile sur d’inavouables conditions de vie d’une main-d’œuvre étrangère issue de l’Afrique du Nord et qui vivait dans l’insalubrité des bicoques érigées à la rue des Prés, soit à la lisière de Paris, dont le bidonville de Nanterre dit également le baraquement de la « folie ».

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« Il était une célébrité à Paris, où il venait d’aménager son atelier de travail dans une chambre de bonne à proximité du Beaubourg », s’en souvient le photographe Stephan Zaubitzer. C’est qu’il a plus d’un cliché dans sa chambre noire, puisque « Moustache » était encore là le 1er  février 1965 pour perpétuer le douloureux souvenir de l’enterrement de 21 mineurs marocains tués dans un coup de grisou dans une mine de la Compagnie des mines de Liévin dans le Pas-de-Calais, a écrit Chloé Leprince dans France Culture.

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Ce reporter-photographe au quotidien L'Humanité faisait œuvre utile de son appareil photo qu’il brandissait lors des luttes ouvrières. Maintenant qu’il n’est plus de ce monde, Georges Azenstarck lègue à l’histoire de l’Algérie sa version du 17 octobre 1961 en noir et blanc qu’il est utile d’avoir à l’école mais aussi sa Mémoire du 17 Octobre 1961 ou Les Engraîneurs (2002) de Bernard Richard et de Faïza Guène (https://les-engraineurs.org/memoire). Repose en paix l’artiste.

Par Louhal Nourreddine

Extrait du journal Liberté, du 12 septembre 2020

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Fadhma n Sumer.

Bonjour mes ami(e)s ! Peu ou prou ou été écrit sur notre héroïne Lla Fadhma n Sumer, l’héroïne du Djurdjura, à l’instar de feu Tahar Oussedik (1913-1994) et  Lalla Ouerdja la révoltée (éd, Médias-Index, 2019) de Saadoune Slimane pour ne citer que ce duo d’écrivains. Mais entre-temps, il y’a aussi l’odyssée de l’auteur-éditeur Omar Kerdja d’aller à son tour sur les pas de l’héroïne du Djurdjura, histoire d’en savoir un peu plus sur cette Dame qui passionne de par son courage et qui fascine par sa personnalité « mystère » : « En faisant ma récolte, je me suis imaginé cette abeille qui en toute circonstance, doit butiner, en  visitant chaque fleur pour le nectar à lui soutirer. Et ma récolte a duré près quasiment quatre décennies. Qui aurait cru ! » m’a dit mon ami Omar Kerdja. Mais en guise d’avant-propos, je vous invite à lire l’entretien que j’ai eu avec l’auteur, qui est un avant-goût du livre. Bonne lecture et excellente journée. Alger, Louhal Nourreddine, le 5 septembre 2020.

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Omar Kerdja est auteur et éditeur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la culture ancestrale, dont Petit lexique des sciences de la nature  (français-tamazight, 2006), ou encore Lexipsos de la culture amazighe (2018). Le chercheur en anthropologie du patrimoine immatériel algérien prépare pour cette année la sortie de Fadma n Sumer, la légendaire femme-combats. À ce sujet, notre interlocuteur a bien voulu s’ouvrir à nos lecteurs autour de la personnalité de cette résistante.

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Liberté : Comment Fadma n Sumer a pu, dans une société patriarcale et de surcroît conservatrice, se hisser au rang de l’icône du patriotisme, voire le chantre de la résistance que nous connaissons ?

Omar Kerdja : Avant tout, comme vous dites, la société kabyle, à l’instar des sociétés musulmanes, est patriarcale, certes. Mais parfois le côté matriarcal refait surface. Pour ce qui est du conservatisme, il était propre aux familles qui se réclamaient maraboutes[1]. Il faut savoir que Lalla[2] Fadma n Sumer est issue d’une famille pas aussi conservatrice que l’étaient d’autres familles. D’abord, il y a une grande tolérance, et les At Sid Ahmed, notamment Sidi Taïeb et Sidi Tahar, respectivement père et frère de Fadma, avaient l’esprit très ouvert et n’ont jamais manqué de manifester leur amour pour la fille, la sœur Fadma, attitude et élan qui n’étaient pas communs et jamais avoués chez les autres, pour l’époque, y compris chez les non-marabouts, autrement les laïcs. Un autre atout qui fit que Fadma n Sumer put émerger du lot. C’est la chance qu’elle avait – ce que les autres filles de son âge ou de son patelin n’avaient pas – d’ouvrir les yeux dans un environnement animé par nombre de visiteurs lettrés qui venaient voir et solliciter son père. Depuis son enfance, elle entendait parler d’un envahisseur venu de loin pour prendre possession du territoire. Elle se mettait au fait des événements qui se déroulaient à ce moment loin de sa montagne. Cela dit, même si elle n’assistait pas aux réunions que faisait son père avec les éminentes personnalités qui lui rendaient visite, comme ce fut du temps d’Ahmed u Meziane, le grand-père fondateur de la zaouïa (Lycée) d’Ouerdja[3], Fadma n Sumer qui se mettait à l’écart était à l’écoute.

Elle le faisait, non pas par curiosité, mais par amour de la patrie menacée, comme elle le faisait quand elle écoutait les talebs[4] réciter les versets du Coran, les apprenant par soif du savoir et qu’il fallait happer tout ce qui instruit et donne apprentissage sur le monde extérieur.

Son père, dit-on, la chouchoutait. Malgré les demandes pressantes de nombreux prétendants qui venaient solliciter sa main pour le mariage au vu de la renommée qu’elle avait, puisqu’on la disait belle comme la lune. Bien sûr, elle a refusé toutes les demandes. Son père la soutenait, par contre sa mère et son frère aîné étaient inquiets pour l’avenir de Fadma n Sumer. Mais la préoccupation majeure de Fadma n Sumer, c’était de se consacrer à la noble cause des siens, celle de participer à la défense du territoire de plus en plus menacé, surtout qu’elle entendait beaucoup de choses abominables que Bugeaud[5] pratiquait sur des populations inoffensives. Un mois passé sous le toit de son époux, sans pour autant qu’elle le laissa s’approcher d’elle, elle revient dans sa famille de son propre chef. Ce qui s’appelait à l’époque tamnafeqt, l’insurgée. Yahia, son mari, a juré de ne jamais la répudier pour ne pas lui donner la liberté de se remarier. Chose qui arrangeait aisément Fadma pour ne plus être importunée par cette question de remariage et ainsi se consacrer pleinement à cet autre combat : celui de défendre l’honneur et la liberté des siens.

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-Nos archives sont-elles parlantes autour de la résistante Fadma n Sumer ? Dans le cas contraire, l’oralité de nos aïeux et les manuscrits de nos zaouïas vous ont-ils aidé dans vos investigations ?

Il n’est pas aisé de parler de cette femme sans un travail de recherche en profondeur. Certes, il doit y avoir des archives intéressantes. Elles sont, soit sous scellés, chez des particuliers qui les détiennent sans les mettre à disposition ou à profit, soit dans les musées ou bibliothèques, mais ne sont pas exploitées. Et les archives françaises que l’on doit aller chercher mais qu’on ne peut atteindre sans autorisation spéciale des services concernés. Pour le sujet, j’ai compulsé une foison de livres et de comptes rendus militaires, du temps où les événements se déroulaient. La bibliographie jointe à l’œuvre renseigne bien de ce souci de trouver des éléments confortant ce qui a été collecté dans l’oralité. En ce qui me concerne, j’ai chevauché entre les deux : l’oralité à travers des anecdotes, des récits même effilochés par le temps, surtout la confusion qui est souvent faite entre deux événements majeurs pour l’époque. Je parle de l’invasion de 1857 et de l’insurrection de 1871 qui s’en est suivie. Il y a aussi de la poésie, des maximes et dictons… Et tout cela est un support à ne pas négliger.12273341254?profile=original

-Pourquoi Fadma n Sumer n’a-t-elle pas la place qu’est la sienne dans la mémoire algérienne d’abord et dans le gotha de figures emblématiques de femmes dans le monde qui avaient fait l’actualité dans leur temps, comme c’est le cas de Gabrielle Petit (1893-1916) en Belgique ?

Votre question peut être scindée en deux parties. Elle est d’ordre sociologique : vous savez bien que malgré le progrès auquel l’homme moderne de chez nous est arrivé, sur ce chapitre, la femme a beaucoup plus perdu de sa place et de sa notoriété qu’elle n’en avait autrefois. Je m’explique. S’agissant d’une femme qui s’est retrouvée, non pas par pur hasard, mais par son abnégation, son courage et son intelligence hors du commun, à commander des hommes dans une conjoncture des plus inextricables au vu des dissensions alimentées par les services de propagande ennemis, ce n’est nullement un mythe. On ne peut la classer que dans la catégorie des femmes rares qui ont marqué l’histoire, pas uniquement de la Kabylie ou du pays, mais celle de l’humanité, à l’instar de Dihya[6], de Chemsi[7] et d’autres femmes de grand renom ou pas. Car je parle de la femme amazighe, au moment où la femme sous d’autres cieux était regardée comme un sous-humain, dans notre société elle avait sa place grande. Dans chaque localité, on retrouve un sanctuaire, un lieudit au nom d’une femme. Ce qui dénote que la femme chez nous est sacrée. D’ordre politique : cela est du ressort des tenants du pouvoir politique de redonner sa place à cette héroïne dont il faut être fier. Car si sous d’autres cieux on a créé des mythes ; chez nous, on ne connaît ce style ou cette façon de se donner place qu’avec du concret sans fard… Fadma n Sumer mérite, à côté de tous ceux qui ont lutté pour défendre la patrie, la place qui lui revient de droit dans les manuels scolaires. Quand vous regardez dans le livre d’histoire de 4e année moyenne, le chapitre « Les Résistances populaires » sous forme d’un tableau, à mon sens, c’est un manque de considération pour ces héros. Il a été consacré une ligne à l’héroïne dont le nom est accolé à celui de Boubaghla[8] (L’homme à la mule), alors que les lieutenants de cette femme, aussi inflexibles, on ne trouve nulle trace d’eux.12273341267?profile=original

 

Propos recueillis par Louhal Nourreddine

Extrait du journal Liberté, du 5 septembre 2020

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[1] Saint

[2] Le titre de Lalla est typiquement nord africain, pour ne pas dire amazigh. Il signifie lady, madame ; un « titre » qui se donne à toute femme, même non maraboute, respectée pour son statut et son rôle au sein de la communauté.

[3] Village natal de Lalla Fatma n Soumer situé dans la commune de At Bu Yusef (Wilaya de Tizi-Ouzou). Wilaya est l’équivalent d’une préfecture.

[4] Réciteur du saint Coran.

[5] Thomas Robert Bugeaud, marquis de La Piconnerie, duc d'Isly, est un militaire français, maréchal de France, né à Limoges le 15 octobre 1784, et mort à Paris le 10 juin 1849. Gouverneur général de l'Algérie, il joua un rôle décisif dans la colonisation de celle-ci. (Source : Wikipédia).

 

[6] Dihya est aussi connue sous le nom de Kahina ou Kahena, est une guerrière berbère et reine des Aurès (Algérie) qui a combattue  les Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb au VIIe  siècle. Elle morte au combat, dans les Aurès, en 703.

 

[7] Autre combattante face à l’envahisseur qui était du village d’Adeni, de la confédération des At Irathen. Elle a pris le pouvoir et régné avec l’aide de ses dix fils et a vécu au XIIe-XIIIe siècle. Elle était contemporaine du sultan mérinide Abou el Hassen. (Source : Article de Slimane Saadoune publié sur le journal El Watan du 15 août 2018).

 

[8] Mohamed Lamjed Ben Abdelmalek ou Mohamed El-Amdjed Ben Abdelmalek dit Chérif Boubeghla, est un révolutionnaire Algérien né en 1820. Il est connu pour avoir été l'initiateur de la révolte populaire portant son surnom en août 1851, contre la colonisation française dans la région du Djurdjura (Grande Kabylie) qu’il étendit après l’adhésion de Lalla Fatma N’soumer. Il dirigea cette insurrection jusqu’à sa mort le 24 décembre 1854 où il mourut en martyr au sud des Bibans, dans les hauts plateaux en plein centre de la ville de Bordj Bou Arreridj. Le 5 juillet 2020, à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance, les restes mortuaires de Chérif Boubaghla font partie des 24 résistants algériens conservés depuis plus d'un siècle et demi au Musée d'histoire naturelle de Paris à être rapatriés et inhumés au Carré des Martyrs du Cimetière d'El Alia à Alger.

 

Evocation: Gabrielle Petit, née Gabrielle Aline Eugénie Marie Ghislaine Petit, le 20 février 1893 à Tournai et morte fusillée le 1er avril 1916 à Schaerbeek, est une infirmière et résistante belge qui a fait de l'espionnage pour le compte des Alliés au cours de la Première Guerre mondiale.

 

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La dernière icône de l’âge d’or du théâtre algérien

Figure populaire du théâtre algérien, Nouria n’était pas seulement actrice des planches et du cinéma. Elle avait joué un rôle concret dans la bataille d’Alger. C’est chez elle qu’ont cachait aussi des bombes. La défunte était proche de l’héroïne de la Révolution, Djamila Bouhired[1].

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Elle s'en va ainsi la doyenne des planches et du 7e  art après une vie consacrée à sa passion. Avec ses compagnons de route qu’étaient son époux Mustapha Kazderli, Ahmed Ayad ou encore Amar Maârrouf, elle a hissé au sommet le 4e art national.  Elle est partie l’inégalable Khadija Benaïda dite Nouria (1921-2020), cette étoile du 4e art ! L’icône de l’ancien opéra Mahieddine-Bachtarzi[2] a rejoint son époux Mustapha Bouhrir alias Mustapha Kazderli, mais aussi d’autres astres qui s’apprêtent à illuminer sa tombe de leurs esclaffes de rires et des non-dits de leurs bêtisiers sur les planches. Sur ce point, il doit y avoir du monde sur les quais de la vie de l’au-delà, à attendre l’enfant de Ammi Moussa (Relizane) qui donnait la réplique à Ahmed Ayad alias Rouiched (1921-1999) dans la mémorable pièce El-Bouaboune (1970) de Rouiched. Pour qui s’en souvient la pièce, Les Concierges est ce décor constellé d’étoiles du terroir que comptait le Théâtre national algérien depuis la glorieuse troupe artistique du FLN et jusqu’à l’époque bénie des seventies.

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En ce qui a trait au talent de Nouria, son art a éclaté au cours de l’acte où elle a incarné l’acariâtre Khalti Aïcha ou Aïchouche (diminutif du prénom Aïcha), qui était interpellée en ces termes par le duo de comédiens Amar Maârouf dit Âamimar (1942-2018) et Yahia Benmabrouk alias « l’apprenti » (1928-2004) : « Aïcha, Aïchouche ! Kech khobz yabes ? Nâatih leldjouadj ouel fakhd smine nahdihoulek lik » (Aïcha ! Y aurait-il du pain rassis ? Je l’échangerai chez le volailler contre un poulet, et la cuisse charnue sera pour toi). Toutefois, Nouria a été remplacée par la défunte Fatiha Berber[3] qui incarna à son tour la ronchonne Aïcha lors de la reprise des Concierges dans les années 1990. À ce propos, le comédien Mustapha Ayad s’en souvient et narre la réussite de son challenge qu’il doit à Nouria sur les planches lors de la reprise de la même pièce : « Nouria était là à mes côtés lorsque j’ai eu à diriger les répétitions de la pièce El-Bouaboune en 1995 aux côtés des regrettés Keltoum, Sissani, Sid-Ali Kouiret… Elle n’a pas cessé de m’encourager face à des bêtes de scène. »

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Et dans la haie d’honneur dressée dans l’au-delà pour Nouria, il y aura les retrouvailles avec son partenaire Ali Abdoune dans le film Eddi oula khelli (A prendre ou à laisser) de Djamel Bendedouche. Elle s'en va ainsi la doyenne des planches et du 7e art après avoir adressé l’ultime révérence à son public par le biais du feuilleton Samahni (pardonne-moi) de Sid-Ali Bensalem lors du dernier Ramadhan. Qu'elle repose en paix au Panthéon de l'art cette étoile qui manquera à la scène du croissant de Mustapha Badie[4] et de Mustapha Kazderli.

Par Louhal Nourreddine

Extrait du journal Liberté, du 11 août 2020

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[1] Djamila Bouhired née en juin 1935 à Alger, est une militante du Front de libération nationale (FLN), collaboratrice de Yacef Saadi chef de la Zone autonome d'Alger durant la guerre d'Algérie. Elle fait partie des six femmes « condamnées à mort pour des actes terroristes » pendant la guerre d'indépendance.

 

[2] Mahieddine Bachtarzi, est né le 15 décembre 1897 dans la Casbah à Alger et mort le 6 février 1986 à Alger. Il était l'un des principaux artisans du théâtre algérien. Il fut aussi chanteur d'opéra (ténor), acteur, auteur de théâtre et directeur du Théâtre national algérien (opéra d'Alger).

 

[3] Fatiha Berber, de son vrai nom Fatiha Blal, née le 11 février 1945 à la Casbah d'Alger et morte le 16 janvier 2015 à Paris en France, est une actrice algérienne de théâtre, cinéma et télévision.

 

[4] Arezki Berkouk, connu sous le pseudonyme Mustapha Badie, né le 19 janvier 1927 à Alger où il est mort le 27 juin 2001, est un réalisateur algérien.

 

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 Entretien.

Bonjours mesdames et messieurs ! En date du 31 décembre 2019 et de passage à Bruxelles, j’ai fait don à la Bibliothèque Royale de Belgique (K.B.R) deux de  mes livres intitulés : « Alger la blanche » (Contes, légendes et Boqalat) publié aux éditions Tafat & Aframed (2016) et « Alger la mystique » (Ziyarat autour des fontaines) paru aux éditions Tafat & Aframed (2018) qu’il vous est loisible de consulter. A ce titre, j’ai plaisir à partager avec vous la teneur de mes modestes ouvrages par le biais de cet entretien que j’ai accordé au site « Algérie Littéraire » ce 29 juillet dernier. Agréable journée. Alger, le 4 aoûts 2020. Louhal Nourreddine

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Ecrivain, journaliste et ancien cadre, chargé d’études dans le secteur de l’hydraulique, Nourreddine Louhal a publié, en 2018 aux éditions Tafat et Aframed, Alger la mystique –Ziyarate autour des fontaines, un livre qui fait la jonction entre des années d’expériences et une passion, à chaque fois renouvelée, pour Alger et sa mémoire. Largement documenté, l’ouvrage recense les fontaines de la Casbah et de sa périphérie, évoque les métiers de l’eau, et surtout, nous propose une balade dans les souvenirs de l’enfance de l’auteur, né en 1955 à la Casbah. Dans ce long entretien, il revient sur sa passionnante « enquête », de deux ans, sur les traces des fontaines. Bonne ziyara[1] !

 -Vous êtes un passionné d’art et d’histoire, et surtout de l’histoire d’Alger et de la Casbah où vous êtes né, j’imagine donc que l’idée du livre Alger la mystique –Ziyarate autour des fontaines a longtemps germé en vous. Plus précisément, comment est né ce livre ? Qu’est ce qui vous a motivé à écrire sur ce sujet ?

Louhal Nourreddine : Le thème de nos fontaines s’est conçu au fil des dépêches que j’ai écrites dans les rubriques de l’information dite de proximité, à l’instar des « Bruits de la cité » ou « Alger H24 » du journal « L’Authentique », où je n’ai eu de cesse d’évoquer, depuis l’an 2001, l’enlaidissant sort de nos fontaines. Notamment la source « Echarchar[2] » du Hamma à Belouizdad[3] que j’ai intitulé : « Station de lavage en nocturne », au motif que des pollueurs qui ne sont jamais les payeurs, y liftaient leurs voitures à une période où la situation du pays était au sauve-qui-peut durant la décennie enveloppée du linceul rouge ou noir, c’est selon. A ce propos, la fontaine du Marabout n’a dû son salut qu’à l’installation du barrage permanent des agents de l’ordre public près du jardin d’Essai. C’était aussi le cas à « Aïn Ezzerqa[4] » sise à flanc de la salle omnisport Hacène-Harcha à la rue Mohamed-Zekkal (ex-chemin de la fontaine) où l’eau ruisselait pour un tout autre usage que celui auquel elle était destinée. L’acte de souillure était également récurrent à la fontaine sise au hameau dit de l’ancienne abbaye de la Trappe à Bouchaoui et en haut de la rampe du docteur Trolard[5], l’actuelle rue Mokhtar-Abdellatif, où le lifting mécanique s’opère au maraudage de l’eau. Donc, autant d’écœurants faits qui m’ont contraint à prendre ma baguette de sourcier et aller sur l’itinéraire du peu de sources qui nous reste.

-Votre livre recense les fontaines de la Casbah, et de l’Alger plus généralement, et s’intéresse également aux métiers de l’eau.12273340285?profile=original

Mon modeste livre est compartimenté en trois parties, où il y’a d’abord l’inventaire d’«Aïoune » (fontaines) de la Casbah. Dans cette optique, il m’est utile de préciser que notre séculaire médina d’Alger n’était pas une banale houma (quartier) avant l’heurt colonial du 14 juin 1830, mais représentait le siège de l’Etat d’El-Djazaïr du temps de la Régence turque avec sa citadinité et sa ruralité. Dans cette perspective, il y’a le répertoire des fontaines de La Casbah, auquel s’ajoute le recensement des sources qui ruisselaient aux alentours de la qaria (campagne) d’El-Kettar et au-delà de Bab-Edjedid[6] où il y’avait le cours d’eau de Sidi Yakoub aux environs de Fort l’Empereur et des Tagarins à la limite d’El-Biar. Toutefois, d’autres sources ruisselaient au-delà des «biban » (portes) d’Alger et sa campagne sur laquelle a été bâtie la ville dite européenne et élue ensuite au rang du Grand Alger. Dans ce cas, il y’a la fontaine du saint Sidi Ali Zouaoui à la rue Patrice-Lumumba et celle de Sidi-Abdelkader El Djilali à l’actuelle rue Asselah-Hocine. Dans cette investigation, j’ai usé mes souliers jusqu’aux anciens Djenayen (jardins) de « Ness El Fah’s » où les banlieusards de la paysannerie algéroise s’abreuvaient aux fontaines de Bir-Khadem (Fontaine de la servante) et celle du village kabyle de Tixeraïne. Reste, que la fontaine n’est pas l’apanage unique de la Casbah mais de toute la capitale avec son urbanité et son aspect bucolique. Particulièrement les hauteurs d’Alger à Ben Aknoun qui s’irriguaient des s’bâa Abar ou les sept fontaines. Et traduit de l’arabe vers le français, les joyaux perlés de s’bâa Abar sont devenues l’El-Biar contemporaine. S’agissant des métiers de l’eau, il me tenait à cœur de réhabiliter d’abord ce biskri[7] porteur d’eau et méconnu de nos jeunes à travers mon livre Chroniques algéroises La Casbah  (éd. ANEP, 2011). Dans cet ordre d’idée, n’était pas porteur d’eau qui voulait et l’option du biskri n’était pas fortuite, du fait que l’oasien avait dans ses mains le savoir-faire du captage des ressources hydriques et sa juste répartition dans l’oasis des Zâatcha. Mieux, le biskri était également habile dans la répartition de l’eau à l’aide du système dit des foggaras lorsqu’il puisait l’eau de la nappe phréatique au piedmont d’une montagne, et la Casbah est aussi un djebel. D’ailleurs, c’est à l’enfant de l’antique Vescera[8] à qui l’on doit le mérite de curer les puits et les djeb (réservoir) des douerat (bâtisses traditionnelles) de la Casbah selon un planning de maintenance. C’est dire l’utilité du biskri qui a quitté sa reine des Ziban, pour se réfugier des exactions qui ont suivies la bataille de Zâatcha[9]. Bien entendu, le mérite revient aussi à l’artiste-peintre Jean Raymond Hippolyte Lazerges (1817-1887), qui a immortalisé le biskri à travers sa toile qu’il est loisible d’admirer au musée national des Beaux-arts d’Alger.   

 

-Vous mentionnez dans votre livre que le « parc des fontaines d’El Djazaïr varie d’un auteur à l’autre. 100 à 150 ». Combien il en reste aujourd’hui ? Et dans quel état sont-elles ?

Selon l’historien-orientaliste Georges Alfred Marçais (1876-1962), il n’y aurait qu’une douzaine de fontaines à El Djazaïr, c’est ce qu’a écrit cet ancien professeur à l’université d’Alger dans son Manuel d’art musulman. Faux ! rétorque Albert Devoulx l’ancien conservateur des archives arabes de l’enregistrement et des domaines d’Alger, qui authentifie l’existence de 125 fontaines à Alger, dans son livre : Les édifices religieux de l’ancien Alger. Partant de ce constat, le nombre de fontaines qui ont été creusées à flanc de mosquées équivaut donc au nombre de ces temples de prières, eu égard au besoin en matière d’ablutions. D’où qu’il requit de consulter la mémoire du voisinage pour repérer nos fontaines, soit à l’aide d’un khandaq (regard d’évacuation d’eau usées et pluviales) ou d’un accessoire oublié-là, à proximité d’un mur lissé qui atteste qu’il y’avait là, le corps d’une fontaine. Pour ce qui est de l’évaluation de fontaines valides, celles-ci se comptent sur les doigts des deux mains : dont Aïn-Melha à l’eau salée à Bab-Edjedid, Aïoune Bir-Djebah, Bir-Chebana, M’zawqa (la fontaine peinte), Sidi-Abdellah, Ali-Medfâa à la Casbah, et Echarâa (fontaine de la route) récemment vandalisée à l’ancienne rue de Bab-El-Oued (porte du ruisseau) près de la Place des Martyrs. Quant aux mythiques Zoudj-Aïoune (les deux fontaines), il ne reste plus aucun signe de ce repère de Dzaïr q’dima (le vieil Alger).  

 

-Pourquoi les autres ont-elles disparues ? Pourquoi, d’après vous, ces lieux chargés d’histoire et de mémoire n’ont pas été sauvegardés ?

Tandis que beaucoup de nos fontaines ont été détruites à l’ignominieux pic du génie militaire du corps expéditionnaire de l’armée d’Afrique que commandait le maréchal de France, Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont, (1773-1846), ce qu’il reste ou plutôt les « rescapées » de ce patrimoine hydrique, autant utile que séculaire a disparu sous les actes d’incivilités. Ceci en dépit du fait, qu’il n’y a plus cet élan citoyen de veiller à la pérennité de la fontaine comme du temps, où la protection de cette richesse était placée sous l’aile protectrice du voisinage, comme il est recommandé jusqu’à ce jour au fronton de aïn Sidi-M’hamed Chérif par le Comité du vieil Alger qu’avait fondé, en 1905, Henri Klein (1864-1939). En règle générale, la consigne de protection a été de tout temps respectée par les Casbadji[10], mais ça c’était avant… A l’opposé, beaucoup de nos fontaines, dont aïn Lâatache (fontaine de la soif) à la rue de Staoueli,  ont été ensevelies sous le goudron… Sur ce point, l’exemple est d’autant criant au 13, rue Rabah-Riah (ex-rue Porte-neuve) dans La Basse-Casbah, où la fontaine a été murée et les canalisations ont été enfouies sous prétexte des travaux d’aménagement de la voie publique. Autrement dit, j’ai relevé l’innommable lors de mon périple, où les vasques de la fontaine du Vieux palais Malakoff et celle de l’ancienne rue du Soudan ont été obstruées au ciment. Et en ce qui a trait à la détérioration s’illustre d’affreuse image au quartier de Fontaine-Fraîche, où la fontaine de proximité à été murée au motif de mettre fin au charivari d’enfants qui venaient y puiser de l’eau en temps de coupures. D’un autre côté, il y’a le lot de fontaines taries, à l’instar de Houanet Boulabah (boutiques de Boulabah) et celle qui a disparue sous les fondations d’une boutique à l’avenue Abderrahmane-Arbadji (ex-Marengo) au quartier populaire de Djamâa Lihoud (Marché de la Synagogue d’Alger). Bien entendu, l’inventaire que j’énumère dans mon livre n’est pas exhaustif. Une consolation toutefois, Aïn Lâariche, qui était tarie en haut de la rampe Ahmed-Benganif sise à Soustara (Le mur de la pudeur) a été réparée par les soins du voisinage.

-Alger la mystique est « un inventaire de toutes les fontaines de la Casbah et sa périphérie ». C’est le premier du genre. Y a-t-il, selon vous, une nécessité, une urgence, de sauver les fontaines qui restent, et de les valoriser ?

Effectivement, mon livre est une première dans le genre, du fait que c’est d’abord une nomenclature d’identification de nos sources qui va aider à esquisser la carte hydraulique d’Alger et à repérer les nappes d’où s’alimentent nos fontaines. Et dans l’optique d’éloigner le stress hydrique, mon livre peut être ce guide-outil pour s’enquérir du schéma de l’hydraulique dans toute sa globalité et d’intégrer nos fontaines dans le réseau de l’alimentation en eau potable, lorsqu’il y’a pénurie d’eau. En ce sens, la direction de l’hydraulique de la wilaya d’Alger ne peut ignorer la réalité de ce patrimoine à même d’offrir sa quote-part d’équilibre dans l’usage rationnel de nos ressources hydrauliques. D’où la nécessité d’inclure et de prioriser ces perles d’eau dans l’application du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de La Casbah d’Alger (PPSMVSS).  

-Comment pourrait se faire, selon vous, le travail de valorisation ?

La mise en valeur de nos fontaines, doit-être l’atour ou la curiosité que notre capitale n’a malheureusement pas dans les dépliants de nos tour-operators. Ceci est d’autant incohérent, du fait que aïn Bir-Djebah ou le puits de l’apiculteur qui ruisselle dans la Haute-Casbah, n’est plus un lieu-dit anonyme mais un endroit de renom. S’il en est une preuve de célébrité, celle-ci est allée au-delà de nos frontière grâce au poème Soubhan Allah Yatif (Louanges à Dieu la bonté même) du poète, le regretté Mustapha Toumi (1937-2013), et interprété en qasida[11] par le chantre de la chanson châabi[12], El Hadj M’hamed El Anka. D’où qu’il est requis d’inviter la technicité de nos hydrauliciens et d’exiger aussi de nos élèves des beaux-arts d’enjoliver ce patrimoine qui s’effrite un peu plus chaque jour et dont mes dépêches s’en font l’écho. Modestement, mon livre recèle une mine d’informations qu’il serait judicieux d’exploiter pour connaître le réseau véritable de nos sources, notamment à l’heure où l’or bleu s’impose comme la bataille de demain. Alors, et pour atteindre ce résultat, il y a l’impératif que la conduite du chantier de valorisation doit obéir à une démarche pluridisciplinaire pour que les armoiries touristiques de Bled Sidi-Abderrahmane soient redorées.

-Le livre comporte beaucoup de références, d’archives et de photographies aussi, comment vous vous êtes documenté ? Et, quel genre de difficultés vous avez rencontré pour accéder à ces sources ?

Conséquemment à ce chantier mémoriel qui m’a valu deux années d’âpres recherches sur l’itinéraire de nos fontaines, j’avoue que l’inventaire de nos sources est d’abord gravé, voire archivé dans ma mémoire d’enfant grâce à l’inestimable filon de l’oralité de nos aïeuls, dont ma grand-mère feue Hadj-Ali Keltouma, aux côtés de laquelle je me suis abreuvé aux fontaines énumérées dans mon livre. En tout état de cause, mes souvenirs d’enfants se sont ajoutés également à l’atout mémoire de l’authentique casbadji qui m’a été d’un judicieux apport, en l’occurrence le regretté M’hamed Trari, éducateur de son état qui m’a guidé dans d’autres dédales de la Casbah que je ne connaissais pas. S’agissant des archives du siège de la Wilaya d’Alger, celles-ci restent malheureusement peu bavardes sur le thème, si ce n’est des indices de valeur collectés auprès d’auteurs coloniaux, parfois du terroir que j’ai côtoyé lors du colloque sur « La toponymie algérienne : du local au national », organisé par le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA à Jijel (2015). Autant de données qui octroient de la légitimité à ma modeste œuvre. Néanmoins, j’ai dû m’écarter de l’option d’un beau livre aux photos en couleurs et opté plutôt pour un livre de poche qui soit accessibles au grand public et à un coût modéré.

-Au-delà des précieuses informations dont il regorge, votre livre se lit aussi comme un récit, comme un voyage au cœur de la Casbah, d’un « Qasbadji » qui réactive sa mémoire et partage ses souvenirs avec nous, les lecteurs. Cette démarche et cette forme d’écriture étaient-elles choisies/voulues ?

D’une part, je n’ai eu de cesse de tendre ma main au lecteur pour le guider au fil de mon récit dans l’Alger d’antan, où ruisselait ce flot de bonheur de nos fontaines. Est-ce dû à la virée nocturne que j’ai relaté du temps où l’Alger s’éclairait aux enseignes de ses salles de cinéma ou peut-être pour avoir narré les Contes, légendes et boqalat d’Alger la blanche ? Quoi qu’il en soit, le narrateur que je suis s’en trouve impliqué dans le récit et c’en est ainsi de ma ligne éditoriale que j’ai cueilli dans le jardin des Jeux de notre enfance  ou dans mes chroniques en Instantanés sur une époque. D’autre part, l’aspect confessionnel, voire autobiographique, y est d’actualité dans mes écrits, du fait que je privilégie l’information afin d’instruire au mieux le lecteur autour d’une tasse d’eau fraîche mais pas celle que j’aurais aimé lui offrir ! Soit, l’eau de la fontaine de jouvence que je n’ai pas trouvée hélas ! Pour y parvenir au mieux de mon rôle de pédagogue, j’ai fait mien la recommandation d’Albert Camus : « Le journaliste est l’historien de l’instant », et à ce titre, j’envisage de léguer à l’historien, les matériaux utiles à l’écriture de l’histoire.

-Pourquoi la « mystique » du titre ?

Tant de captifs d’obédience chrétienne étaient assujetti de faire don d’une mosquée pour s’affranchir de l’avilissant statut d’esclave et pouvoir accédé ainsi au rang de raïs[13], comme ce fut le cas de Ali Bitchin, et le Caïd Safar Ben Abdallah qui avaient offert respectivement à El-Djazaïr, le Mesdjed (mosquée) du nom d’Ali-Betchine sis à la rue de Bab El Oued et djamâa Safir en l’an 941 de l’Hégire (1534) à la rue Sidi-M’hamed Chérif dans la Haute-Casbah. Or, ce n’était pas le cas pour l’édification du lot de fontaines, qui était un stratagème utile pour s’attirer la sympathie de la population. C’était le cas du souverain Baba-Ali dit Bou-Sebâa ou Baba Ali Neskis qui fut Dey d’Alger de 1754 à 1766, qui a permis aux algérois de se désaltérer. A noter que cela n’enlève rien au mérite de l’El Djazaïr des Béni-Mezghenna qui a eu ses fontaines bien avant l’avènement de la Régence turque et des sourciers venus de l’Andalousie. D’où la reconnaissance de l’usager qui burine ainsi au fronton de la fontaine, le « douâa » ou la prière en guise de reconnaissance au généreux fontainier que le professeur Gabriel Colin a traduit de l’arabe vers le français.    

-Ce livre, paru en 2018, fait également écho à d’autres ouvrages que vous avez consacrés à la Casbah et l’Alger plus généralement. C’est un travail de mémoire ?

Si je devais composer une musique pour ma ligne éditoriale, celle se fredonnera à l’air de «Donnez-moi la main[14] », je vous emmène avec moi à «Alger la blanche », histoire de prendre un bol d’air marin qui enveloppe le s’tah (terrasse) de la Casbah et de là nous irons boire une tasse d’eau à l’Aïoune (fontaines) de Dzaïr et s’offrir une soirée où nos contes, légendes et boqalat berceront nos soirées. L’excursion est d’autant agréable eu égard au charivari bon enfant des Jeux de notre enfance et à nos « salle de cinéma » qui s’engluent, malheureusement, dans la misère culturelle.  D’où qu’il est requis d’irriguer le patrimoine matériel et immatériel à l’encre de la pérennité pour qu’il ne s’emmaillote pas dans l’oubli. 

Alger continuera-t-il de vous inspirer ?

Oh que oui ! Considérant qu’Alger est nanti de lieux-dits mythiques, à l’exemple de Dar El Ghoula (La maison de l’ogresse) au quartier de Debbih-Chérif dit Si Mourad (1926-1957) (ex-Tournants-Rovigo près de Soustara), de Dar Raïba ou la maison en ruines sise à l’îlot de Houanet Sidi Abdellah[15] à la Casbah, de l’Oued-K’nis et de Djebel Koukou au Frais-Vallon, où chacun de nous a laissé un bout de sa  tendre enfance et même un pan de sa  jeunesse. Seulement, ces lieux risquent de s’effacer un jour ou l’autre de la mémoire collective. En effet, il suffit de l’extinction de la génération des séniors, pour qu’Alger soit orpheline de ces endroits qui ont concouru à faire sa notoriété. Donc et subséquemment au souci de sauvegarde d’un pan de l’histoire de bled Sidi Abderrahmane, il n’y a rien de plus beau que d’imager les histoires de notre enfance, dans le décor à la fois aventureux et sinistre de ces lieux, où vagabondait l’imagination de l’enfant que j’étais. Et rien que pour ça, je continuerai de tremper ma plume dans l’encre de l’authenticité.

Sara Kharfi

In Algérie Littéraire, le 29 juillet 2020.

 

« Alger la mystique – Ziyarate autour des fontaines » de Nourreddine Louhal, 204 pages. Coédition Tafat/Aframed, second semestre 2018. Prix : 600 DA.

[1] Visite.

[2] Cascade

[3] Nom du quartier Mohamed-Belouizdad, anciennement Belcourt.

[4] Fontaine bleue

[5] Il s’agit de Jean Baptiste Paulin Trolard né à Sedan (Ardennes) le 27 novembre 1842, mort à Alger le 13 avril 1910 est un anatomiste de l'École d'Alger reconnu pour son travail sur les veines anastomotiques de la circulation cérébrale (source : Wikipédia).

[6] Porte-neuve.

[7] Habitant de la ville de Biskra.

[8] Biskra  est situé au Nord-Est du Sahara (Algérie) et est le chef-lieu de la Wilaya (préfecture) de Biskra. Distante de  400 km d'Alger, la ville est d’une superficie de 127,70 km2 où l’on comptait 218 467 habitants en 2010 et se place donc au 10e  rang au niveau national. La ville est aussi appelée la porte du désert, eu égard à situation stratégique.  (Source : Wikipédia).

[9] Le siège de Zaatcha s'est déroulé du 16 juillet au 26 novembre 1849, à Zaatcha (Algérie), opposant les troupes françaises du général Émile Herbillon (1794- 1866), aux résistants arabes et berbères du Cheikh Bouziane. L'affrontement s'est achevé par la prise du fort ainsi que par le massacre des prisonniers par les Français. Il en est résulté environ 3 000 morts des deux camps.

[10] Habitant de la Casbah.

[11] Chanson.

[12] Genre musical algérois.

[13] Officier de la marine algérienne.

[14] Titre de la chanson «Donne moi la main » (Himalaya) de C. Jérôme, né Claude Dhôtel (1946- 2000),

[15] Les magasins de Si-Abdellah.

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 Publication de « L’Éveil de Meursault » aux éditions TAFAT

Il y a du nouveau dans l’affaire de l’«Étranger[1] » qu’a fomentée en 1942 Albert Camus (1913-1960) dans l’assassinat d’un Arabe. Classée depuis dans le « cycle de l’absurde », l’enquête a été rouverte par le journaliste Kamel Daoud dans son rapport d’investigations intitulé « Meursault contre-enquête » (2014), où le frère de l’Arabe qui n’a pas de nom crie vengeance ! « Rendre justice à l’Arabe » que la littérature française a reniée.

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Et alors que l’on se dirigeait vers le classement du dossier, voilà que l’agrégé et docteur ès lettres, Michel Thouillot, s’en mêle et promet des révélations fracassantes sur L'éveil de Meursault qu’il vient de publier aux éditions Tafat (Algérie).

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Il va ainsi sur l’itinéraire du prix Nobel de littérature en 1961 pour reconstituer la scène du crime et réécrire à cœur ouvert L'Étranger. Mais qui de l’Arabe ou du « roumi[2] » pied-noir[3] était « l’Etranger » dans un pays enchaîné aux fers de l’apartheid ? Ce à quoi Michel Thouillot va trouver sans doute les indices dans un rivage de peuplement où bouillait la mutinerie en Algérie. Et c’est en liaison avec le contexte de l’époque que Meursault a obtenu les circonstances atténuantes du juré : « Sept ans de prison pour le meurtre d’un Arabe ou d’un Berbère[4] qui a cette fois-ci un nom, Mohand Meziani. » La clémence du verdict s’explique par le fait que le forfait a été perpétré en terre régentée au fouet du colon, ce seigneur vêtu du chapeau colonial. Et c’est ainsi que Meursault a échappé de justesse au couperet de la guillotine : « Peu importe que j’aie tué un Arabe. L’opinion est de mon côté et me prête le droit de m’être défendu contre mon agresseur comme je l’ai fait ce jour-là sur la plage. » Et du fond de sa cellule, Meursault s’enivre l’âme de l’image de sa mère mise en bière et à l’aide du recueil poétique La sagesse (1880) de Paul Verlaine (1844-1896), où il est question de liberté, d'évasion mais aussi de remords.

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C’est ce qu’il avait de mieux pour échapper aux hostiles prières de ses codétenus arabes: « Sept ans, Meursault, ce n’est pas assez cher payé. Un jour viendra la vraie justice, pas celle de la France, mais celle d’Allah le Très Haut. » De même qu’une voix « off » lui relate sa vie de dandy qu’il a vécue au gré d’ébats amoureux avec Marie ou la « Marlène » d’ici. Mieux, un bout de journal va renseigner Meursault qu’il y a ce boucan dehors qu’on appellera plus tard les « événements d’Algérie » : « À vrai dire, je ne peux mesurer avec précision ce qui est refusé aux musulmans en question. Le pays dans lequel j’ai vécu jusque-là est-il donc si divisé entre nous et eux ? »

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En conclusion de l’enquête, Michel Thouillot amène Meursault à faire son mea culpa, mais on n’en dira pas plus, si ce n’est de lire L’éveil de Meursault qui n’a pas fini de défrayer la chronique.

Par Louhal Nourreddine

Extrait du journal Liberté, du 25 Juillet 2020

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L’éveil de Meursault, de Michel Thouillot, éditions Tafat 2020, 149 pages, 500 DA.

 

[1] « L'Étranger » est le premier roman d’Albert Camus, paru en 1942 et qui a été adapté à l’écran en 1967 par Luchino Visconti (1906-1976). Le roman a été traduit en soixante-huit langues et est le troisième roman francophone le plus lu dans le monde, après « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) et « Vingt Mille Lieues sous les mers » de Jules Vernes (1828-1905).

 

[2] A l’origine pour désigner le Romain de l'antique Rome à l’époque où la Numidie était occupée, puis est utilisé pour désigner l’européen d’une manière générale.

[3] Français d’Algérie

[4] Habitant de la Numidie, de l’Afrique du Nord.

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Sur les traces de « Femmes ayant marqué l’histoire de l’Algérie » 

Dans cet ouvrage, l’auteur évoque de grandes personnalités féminines d’horizons et de secteurs d’activité divers, allant de Cléopâtre Séléné II jusqu’aux résistantes de la guerre de Libération nationale.

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Le livre Femmes ayant marqué l’histoire de l’Algérie du professeur Mostéfa Khiati est inspiré de l’acte intitulé « Le rôle des femmes algériennes pendant la guerre d’Algérie », qui lui a été demandé par l’université de Cheonan à Séoul, où il était l’invité des festivités du centième anniversaire du mouvement d’indépendance de la Corée du Sud. Assuré de la faisabilité de la chose, le médecin-chercheur a dû vite modérer ses prétentions, eu égard à l’ardue tâche qui souffre de l’indigence en matière d’archives.

En effet, s’il lui était aisé d’aller sur les traces de nos résistantes de la guerre de Libération nationale, en revanche, l’itinéraire des femmes de l’antique Tamazgha[1] s’en trouve ardu, car aride de toute trace de témoignages. « Les annales coloniales privilégient la femme d’obédience chrétienne, donc de statut romain, et déshéritent l’autochtone de son algérianité », peut-on lire. Autre escale de recherche, l’antique Cirta[2], où le culte de déesse et de prêtresse est buriné dans la stèle « Himilce et une grande prêtresse, Arisat ».

Autrement, le livre de l’universitaire Mostéfa Khiati est l’almanach où sont inventoriées les femmes célèbres de l’Antiquité, à l’instar de la mythique reine de Cherchell[3]Cléopâtre Séléné II ou Cléopâtre VIII et la légende de la belle Salsa de Tipasa. On en arrive à notre reine-prêtresse berbère, la Kahena, de son vrai nom Dihia, et tout ce que la guerrière charrie de polémiques. Outre la Kahena, l’auteur évoque également la princesse Tin-Hinan, l’ancêtre originel des Touareg nobles du Hoggar. « Cet ouvrage les évoque aujourd’hui, d’une part, pour refléter la richesse de notre pays en femmes éternelles et, d’autre part, pour perpétuer leur mémoire. »

De ce point de vue, l’auteur s’est aidé de l’identification qu’a repérée Mme Benseddik au sujet des femmes berbères que l’histoire a occultées mais « qui ont occupé des positions importantes dans la hiérarchie sociale de leur époque ». Certes, il y a le livre El Bostan, ou le jardin biographique des saints et savants de Tlemcen, de Ibn Maryem Ech-Cherif El-Melity, mais il reste muet au sujet de sa mère « Maryem » qui était pourtant une femme de science, note l’auteur dans son introduction. Pour ce qui est de l’épisode de la Régence d’El-Djazaïr (Alger), il n’y a rien à puiser dans l’occupation ou la cohabitation d’avec les Ottomans, si ce n’est l’histoire à l’eau de rose de « Zaphira » que le diplomate Jacques Philippe Laugier de Tassy a romancée dans son livre Histoire du royaume d’Alger : un diplomate français à Alger en 1724.

Autre révélation, les femmes du M’zab (Ghardaïa) et l’organisation féministe ibadite de l’État rostomide (776-909), où la femme fréquentait assidûment les cours qui se prodiguaient à la mosquée : « Six au moins des dirigeants de cet État se faisaient appeler par le nom de leur mère. » Reste que l’ouvrage de type répertoire du professeur Mostéfa Khiati doit intégrer au plus vite l’école pour guider nos enfants vers nos mères courage d’horizons divers et de secteurs d’activité diversifiés.

Par Nourreddine LOUHAL

Extrait du journal Liberté du 13 juillet 2020

 

[1] Ancienne appellation de l’Afrique du Nord.

 

[2] Actuellement Constantine qu’est la capitale de l’Est algérien.

[3] Cherchell, dite autrefois Césarée de Maurétanie ou Caesarea, est une commune de la wilaya (Préfecture) de Tipasa qui fut l'une des plus importantes cités du littoral de l'Afrique du Nord.

 

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Ennio Morricone est mort!

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L’auteur de la trilogie du billet vert, le « Dollar » le maestro Ennio Morricone (1928- 2020) s’est éteint à Rome où le chef d'orchestre italien repose désormais pour l’éternité dans la ville éternelle.  Il s’en va rejoindre son ami,  le défunt réalisateur et scénariste Sergio Leone (1929-1989), pour lequel Ennio Morricone a composé les musiques des films : « Pour une poignée de dollars » (1964), « Et pour quelques dollars de plus »  (1965) et « Le Bon, la Brute et le Truand » (1966) qui a mis en selle l’acteur Clint Eastwood.

Pour le souvenir, Sergio Léone a légué à la postérité le style « western spaghetti », qui faisaient trémousser les cinéphiles d’Alger à la sortie d’une projection cinématographique. Mieux, Ennio Morricone a rehaussé l’aura du film « La bataille d’Alger » (1966) de feu Gillo Pontecorvo (1919-2006) pour lequel il a composé la musique de ce chef d’œuvre «La Battaglia di Algeri, » qui a été primé du « Lion d’or » à  La Mostra de Venise en 1966. Ironie du sort ou est-ce le hasard d’un calendrier morbide, Ennio Morricone est mort au lendemain du 5 juillet 2020 soit durant ce 58e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 1962.

12273344881?profile=originalBien sur qu’il a d’autres œuvres au bout de sa baguette de chef d’orchestre, dont l’inégalable «Il était une fois la révolution » (1971) de Sergio Leone, puis la chanson « Here's to you » (1971) de Joan Baez qu’il a arrangé pour qu’elle soit la bande originale du film « Sacco et Vanzetti « de Giuliano Montaldo.  Adieu l’artiste ! Repose en paix sous ton étoile que tu as obtenue ce 26 février 2016 sur le Hollywood Walk of Fame (2 574e étoile). Qu’il gît aussi sur ses lauriers où il y’a également sa couronne de l’Oscar d'honneur pour son œuvre à l'art de la musique de film. Pour ma part et en guise d’un hommage prémonitoire ? J’ai consacré à l’artiste, un chapitre dans mon livre « Sauvons nos salles de cinéma Acte II » aux éditions Aframed 2019. Alger, Louhal Nourreddine, le 6 juillet 2020.

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Nota : le présent billet fait suite à la vidéo proposée et réalisée par Robert Paul et intitulé « Léonard de Vinci - De la beauté introspective mélancolique et énigmatique. »

Escale de Léonard De Vinci au Palais de la culture d’Alger

Cette exposition, qui se déroule jusqu’au 19 octobre au palais de la culture Moufdi-Zakaria, regroupe 17 tableaux de la Renaissance, et a été « élaborée par la télévision italienne pour le compte du ministère des Affaires étrangères  et de la Coopération internationale (Italie). »12273359678?profile=original

Pour l’évocation du 500e  anniversaire de la mort du peintre et sculpteur Leonardo di ser Piero da Vinci Leonardo, dit Leonardo da Vinci (1452-1519), la Mona Lisa a fait escale au palais de la culture Moufdi-Zakaria pour rendre hommage à son père spirituel, le musicien et poète florentin pour ajouter son sourire à l’exposition intitulée « Leonardo Opera Omnia ». C’est qu’elle n’est pas seule dans l’étape algéroise, puisque la Florentine Lisa Gherardini est auréolée de la bénédiction de Saint Jérôme Pénitent (1480-82) et est accompagnée de l’autre Madone à l’œillet dite la vierge à l’enfant (1473). C’est dire que rien n’aurait été possible s’il n’y avait pas la passerelle de l’interactivité qu’a posée son excellence l’ambassadeur d’Italie Pasquale Ferrara entre la cité éternelle de Romulus et l’antique Icosium (Alger) lors du vernissage de l’exposition qui s’est déroulé le 26 septembre.12273359894?profile=original

Conçue à l’aide de la doublure née de la culture numérique à haute définition et à l’authentique échelle des tableaux de l’architecte urbaniste, le chic de la Renaissance loge dans la toile de la Vierge Marie où l’on s’émerveille de l’esthétique du détail mineur qui se frise artistiquement dans les cheveux et dans le tissu de la Vierge Marie qu’«il a réalisé à l’époque où l’écrivain philosophe était l’élève apprenti de l’illustre peintre sculpteur florentin Andrea di Michele di Cione dit Le Verrocchio (1435-1488) », a-t-on su de Luca Gismondi, le commissaire de l’exposition. Et d’ajouter : « Le projet de l’exposition qui regroupe 17 tableaux de la Renaissance a été élaboré par la télévision italienne pour le compte du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (Italie). » Tout en concluant : « L’objectif de l’ambassade et de l’institut culturel italien d’Algérie est d’offrir au visiteur l’image du Cénacle (1498) ou de l’Adoration des mages (1481) qu’il lui est loisible d’admirer sans pour autant aller au musée du Louvre à Paris ou à la National Gallery de Londres. D’où la faisabilité de la chose que l’on doit à la technologie. À ce propos, la deuxième copie de l’exposition est exposée en simultané en Thaïlande après l’escale de l’Albanie ».

Magique, l’expo de Léonard De Vinci recèle également cet air de mysticité aux côtés de La Vierge, l’enfant Jésus et Sainte Anne (1513) qu’il est aisé d’imaginer sous le bleu azur du ciel de l’Italie. Autre moment d’émotion, la découverte du Cénacle de Léonard De Vinci ou le « dernier repas de Jésus-Christ » qu’il a partagé avec les douze apôtres au soir du jeudi saint et qui a coïncidé avec l’inauguration de ce jeudi.12273360491?profile=original

« L’expo que je qualifie d’un moment de lumière est le fruit d’une caravane itinérante de par le monde, et l’escale d’Alger est un privilège du fait que l’exposition illumine la vie culturelle d’Alger même si c’est du fac-similé qui recèle tout le génie de Léonard De Vinci. D’où qu’il est requis d’être nombreux à profiter de l’avantage d’avoir Léonard De Vinci dans la maison Algérie », a déclaré Azzedine Antri, directeur du palais de la culture Moufdi-Zakaria. Donc, le mieux est d’éduquer nos enfants à l’événement Léonard De Vinci dont le séjour s’étalera jusqu’au 18 octobre prochain.

Par Nourreddine LOUHAL

Extrait du journal Liberté du 29 septembre 2019

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Le temps de lire. 

Nourreddine Louhal continue de quêter le patrimoine immatériel du Vieil Alger, « Dzaïr laqdima ». Après nous avoir offert les jeux de l’enfance, ouvrage dans lequel il retrace avec beaucoup de nostalgie (n’est-ce pas que l’internet a cadenassé l’imaginaire de nos enfants !) les jeux, par saison, qui faisaient en son temps notre bonheur. Du jeu de l’osselet au jeu de cache-cache, Nourreddine Louhal nous prend par la main, comme pour une promenade mémorielle, nous montre, photos à l’appui, ces jeux, leurs règles, leurs techniques et la période idoine. Cette fois-ci, Nourreddine Louhal nous propose une virée dans Alger la Blanche, contes, légendes et bouqalate (Ed. Tafat, 2017) ; non pas comme un guide touristique, mais plutôt comme un retour vers ce temps béni (n’est-ce pas que la télévision a brisé les codes anciens, du temps où l’oralité tissait l’imaginaire de nos enfants !) du conte, pas loin du kanoun, la tête posée sur la jambe de la grand-mère (mani, jida, yaya, zaâzi, setti…), quand la projection appelle à une forme d’éducation. C’est alors M’quidech bou lahmoum, Loundja, Cheikh l’kanoun…, pour distiller à l’oreille des enfants, comme dans une partition musicale, nos mythes et légendes. Et pour dire la cosmogonie d’une société ! C’est en effet un «jus de mémoire à consommer sans modération» (Aïssa Bellache). J’aurais aimé savoir où en est Nourreddine Louhal avec l’almanach de La Casbah qu’il avait promis de faire. Je pense que ce quartier immémorial, en fait Dzaïr ssah, part en lambeaux ; il est grand temps de happer à l’injure du temps, par photos ou autres, ce qui peut être sauvegardé dans la mémoire collective.

Youcef Merahi          

Chronique du jour : Tendances

« Le temps de lire »

Extrait du journal « Le soir d’Algérie » du 24 juillet 2018.

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 Alger la Mystique.

Rencontré, mercredi après-midi, à l’espace culturel Bachir-Mentouri à Alger, dans le cadre du café littéraire «les Mercredi du verbe», de l’établissement Arts et culture de la wilaya d’Alger, Nourreddine Louhal nous accorde cet entretien pour parler de son dernier livre «Alger, la mystique»; une balade dans le vieil Alger, pour faire la découverte des dernières fontaines de la Casbah et celles d’autrefois.

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Quelles sont les grandes lignes de votre ouvrage ?

Dans mon livre «Alger la mystique», Ziyarat autour de nos fontaines, je parle des fontaines de la Casbah et du grand Alger. Il y a celles qui sont connues, notamment celle de Bir Djebah (puits de l'apiculteur) qui a aujourd’hui une notoriété universelle. ce n’est plus une fontaine locale, mais plutôt internationale pour avoir été chantée par El hadj M’hamed El Anka dans sa qçida (chanson) «Fi Bir Djebah Nahlaf» (Je jure à Bir-Djebah) d’après le poème de Mustapha Toumi, mais aussi de l’histoire d’autres comme celle de Bir Chebanna, de Sidi Abdellah , de la mosquée de Sidi Ramdhan. donc je suis allé à la rencontre de toutes ces fontaines que je présente à mes lecteurs.

Pourquoi cet intérêt si particulier pour les fontaines ?

J’ai tenu à partager ce livre parce qu’il y a de plus en plus le danger des disparitions de ces fontaines. Quand je suis parti à leurs recherches, j’ai trouvé quelques fontaines, mais j’ai vainement cherché d’autres alors qu’elles sont de nos jours sous les bâtisses et le goudron.

Mon livre représente une première dans l’Algérie indépendante, c’est un inventaire de toutes les fontaines de la Casbah et de sa périphérie, qu’on appelait autrefois le village de la Casbah, et aussi les fontaines d’Alger. c'est-à-dire que j’ai étendu mes recherches jusqu’à Bir Khadem (le puits de la servante) et jusqu’au village kabyle de Tixeraïne. Il est grand temps que l’autorité se penche sur ces fontaines pour les réhabiliter afin qu’elles soient aptes à recevoir le touriste étranger. c’est ça mon idée, et mon livre représente une carte des principales sources hydrauliques d’Alger. en toute modestie, mon livre est une mine d’informations en matière de sources, de fontaines, d'aqueducs et des personnalités.

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Ça vous a pris combien de temps pour achever l’ouvrage, et puis quelles étaient vos sources dans votre périple à la recherche de ces fontaines ?

C’est un travail qui m’a pris deux années de ma vie. je l’ai entamé il y a de cela bien longtemps, mais quand je me suis mis à travailler sérieusement sur la question, cela m’a pris de 2016 à 2018. Il faut dire que nos archives sont peu bavardes, il y en a peu à propos des  des fontaines. Etant enfant de la Casbah, je suis retourné vers les fontaines de mon enfance que j’ai retrouvées. pour celles que je n’ai pas trouvé et celles d’avant, c’est la mémoire des habitants de la Casbah qui m’ont orienté vers des indices menant à des fontaines ayant existé jadis.

Peut-on avoir des chiffres sur le nombre actuel des fontaines à la Casbah d’Alger, ainsi que le chiffre de celles qui ont existé autrefois ?

Il y a une quinzaine de fontaines qui existent toujours à la Casbah d’Alger, je parle de celles qui ruissellent et auprès desquelles le touriste peut se désaltérer. Autrefois, il y avait quand même une cinquantaine de fontaines.

Pourquoi avoir choisi le titre «d’Alger la mystique» ?

Oui, «Alger la mystique» c’est très important parce que la fontaine elle véhicule les Duaa (prières). les gens à l’époque construisaient les fontaines pour que leurs noms soient éternels. les gens quand ils passaient dans tel ou tel quartier, ils priaient pour la personne l’ayant creusée; le fontainier mais aussi le mauresque qui est venu de l’Andalousie, c’est lui qui assurait la décoration, les berbères ne maîtrisant pas autrefois la technique de la captation de l’eau.

Votre livre se lit comme un récit, un conte, un livre de voyage...

Mon livre, c’est vrai qu’il fait l’inventaire des fontaines d’Alger mais au même temps, c’est une nomenclature. Si demain vous cherchez une fontaine, il est certain que vous allez la trouver dans mon livre, à moins d’un incident de parcours. donc je prends le citoyen par la main et je lui fais visiter Alger, alors il verra la fontaine et le nom ancien et nouveau de la rue ainsi que les indications. Je le dis et je le répète, c’est une mine d’informations.12273329461?profile=original

Passionné du patrimoine du vieil Alger, pouvez-vous nous parler de votre bibliographie ?

J’ai écrit mon premier livre «chroniques algéroises La Casbah» aux éditions ANEP (2011), suivi d’un autre qui a fait date mais qui n’a pas été commercialisé. il a été offert généreusement aux gens de la culture, c’est «Sauvons nos salles de cinéma» (2013). j’ai écrit aussi «Les jeux de notre enfance» (2013), et celui-là vient après «Alger la blanche» (2016), (Contes, légendes et Bouqalat d’Alger».

Entretien réalisé par : Kader Bentounès

Extrait du Journal El-Moudjahid du 24 février 2019.

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Chanson Avava Inouva de Idir.

Alger, le 5 mai 2020.

A l’attention de Monsieur Robert Paul

Faisant suite à votre demande au sujet de la traduction de la chanson « Avava Inouva », j’ai le plaisir de vous convier à la lecture du conte d’où est tirée la dite chanson ainsi que sa traduction de la langue de tamazight (variante Kabyle) vers la langue française. Bonne lecture à vous et à nos ami(e)s. Agréable journée. Louhal Nourreddine. 

 

Conte de chez-nous

Il était une fois « Avava Inouva »

 

Ce conte date de l'époque où les animaux étaient doté du don de la parole et faisaient la causette aux hommes. En ce temps-là, l’étrange et le mystère cohabitaient dans une « taddart » (village) situé au piedmont du Djurdjura[1] où vivaient aussi cinq garçons qui faisaient la fierté de leur papa qui n’avait d’yeux que pour sa fille adorée prénommé Rova.

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Doté d’une force herculéenne, chacun des mâles inspirait aux villageois de l’estime mais aussi de la crainte mêlée de respect. Et pour cause, l’un comme l’autre de la fratrie pouvait fendre la terre d’un seul coup de massue ou de terrasser d'un seul coup de poing le plus fort des bœufs de labours. Si tant que nul « étalon » ou « coq » du village n’osait conter fleurette à la belle Rova, car il lui en cuira par un de ses frères.

 

Cajolée et aux petits soins par les siens, Rova avait tout pour être heureuse dans l’intérieur douillet de la chaumière parentale.

 

Et comme l’exige la tradition, les villageois se rencontraient tous les soirs que Dieu fait à l’agora de la place du village où se briefe l’actualité du village mais aussi le vote à main levée lorsqu’il s’agît d’arrêter d’importantes décisions qui engagent l’avenir des villageois. A ce propos, la « tadjmâat » est l’équivalent de l’hémicycle d’un parlement où les litiges nés des contentieux entre les villageois y trouvaient la solution au cas par cas.  

 

En ce sens, les décisions de la « tadjmâat » recueillaient l’adhésion des villageois eu égard à l’intégrité et à l’impartialité de ses membres. C’est dire que la « Tadjmâat » fait depuis la nuit des temps et jusqu’à nos jours, force de loi.

 

C’est dire que la vie au village se déroulait tel un fleuve tranquille et qu’aucun nuage ne vient assombrir le ciel des villageois.

 

Alors, et pour qu’il y’ait de l’ordre, la justice divine était prompt à sévir bien avant celle des hommes. Si tant qu’il ne faut pas faillir sous peine de provoquer l’ire céleste sur le champ. Alors, craignant d’être châtié, les villageois avaient intérêt à filer droit. Et c’est dans l’ambiance chaude bouillante de la prise de parole et du débat à bâtons-rompus que le père de l’exquise Rova a commis l’inconvenant  acte de flatuosité aux relents nauséabonds.

 

Honteux ! Et désireux de se soustraire vite aux regards de ses pairs, le papa s’est assis à même le sol où il s’est collé aussitôt pour l’éternité. Du reste, ni la force unie de ses enfants ni l’union de la force des villageois n’a pu l’arracher au sol. D’où la décision des villageois de bâtir autour du malheureux péteur un « axxam » (lire : Akham qui signifie maison en kabyle) afin qu’il soit à l’abri du froid et hors de portés des animaux errants, dont de féroces prédateurs. Notamment l’ogre « Ouaghzen » qui guette sa proie à l’instant même où dame-nuit étend son manteau noir sur le village. Seule dilemme, on cala la porte de la hutte pour empêcher d’éventuelle intrusion.

 

Séparé ainsi de ses enfants, c’est la douce Rova à qui incombe désormais la tâche de subvenir aux besoins alimentaires de son papa à midi et le soir pour le dîner. Rusé, le papa a eu cependant l’idée de dérouter les prédateurs. Pour se faire, il convient d’un mot de passe avec sa fille qui consiste à dire : « Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva » (Papa Inouva, ouvre-moi la porte, c'est moi ta fille Rova !) Au tour donc du père de lui répondre : «Čenčen tizebgatin-im a yelli ɣriba ah !»  (Fais tinter tes bracelets, Rova, ma fille !) S’en est ainsi jusqu’au jour où un ogre a eu vent de l’astuce.

 

Et le soir venu, l’hideuse créature tambourina à la porte et énonce le sésame convenu. Confiant, le papa poussa du pied la cale et vit l’horreur hirsute. Et avant qu’il n’ait le temps de crier que déjà les crocs de l’ogre se refermèrent sur lui.

 

Et en trouvant la hutte ouvert, Rova a eue un mauvais pressentiment et découvre horrifié ce qui restait de son papa. Criant et pleurant à chaudes larmes, Rova tenta de fuir à son bourreau. Mais en vain, l’ogre la captura et l’emmena sur son épaule comme un butin-dessert. Seulement, c’était compter sans les frères de Rova, qui ont entendu les cris de détresse de leur sœur. Aussitôt, ses frères sonnèrent l’hallali. N’est-elle pas l’enfant mascotte de la famille la Rova ? A ce titre, la battue s’est avérée fructueuse, par la victoire des quatre frères qui ont terrassé l’ogre et délivré la belle Rova. Victorieux, ils sont portés en héros par les villageois qui n’auront plus peur de l’ogre.

Louhal Nourreddine

Le 5 mai 2020.

 

 

« A Vava Inouva »,

Une chanson inspirée d'un conte Kabyle

 

La chanson «  A Vava Inouva » est inspirée d’un conte kabyle et qui se présente tel un dialogue entre un homme et une femme. Voici la traduction du tamazight vers la langue française :

 

Refrain :

- Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte

- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets

- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba

- O fille Ghriba je le crains aussi.

 

Le vieux enroulé dans son burnous

A l'écart se chauffe

Son fils soucieux de gagne pain

Passe en revue les jours du lendemain

La bru derrière le métier à tisser

Sans cesse remonte les tendeurs

Les enfants autour de la vieille

S'instruisent des choses d'antan

 

Refrain :

- Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte

- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets

- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba

- O fille Ghriba je le crains aussi

 

La neige s'est entassée contre la porte

L’« ihlulen » bout dans la marmite

La tajmaât rêve déjà au printemps

La lune et les étoiles demeurent claustrées

La bûche de chêne remplace les claies

La famille rassemblée

Prête l'oreille au conte

 

Refrain :

- Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte

- O fille Ghriba fais tinter tes bracelets

- Je crains l'ogre de la forêt père Inouba

- O fille Ghriba je le crains aussi 

 

Source : Music-Berbère.com

 

Paroles de Mohamed Ben Hamadouche dit Ben Mohamed et musique de Idir né Cheriet Hamid (1949-2020).

[1] Le Djurdjura (prononcez en berbère : Ǧerǧer), est un massif montagneux du nord de l'Algérie, sur la bordure méditerranéenne, constituant la plus longue chaîne montagneuse de la Kabylie. De forme lenticulaire, ses limites naturelles vont des environs de Bouzareah, à Alger jusqu’à au mont Yemma Gouraya à Béjaïa, s'étalant donc sur une longueur de près de 250 km. Il appartient à la chaîne de l'Atlas. (Source : Wikipédia).

 

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