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 Entretien.

Bonjours mesdames et messieurs ! En date du 31 décembre 2019 et de passage à Bruxelles, j’ai fait don à la Bibliothèque Royale de Belgique (K.B.R) deux de  mes livres intitulés : « Alger la blanche » (Contes, légendes et Boqalat) publié aux éditions Tafat & Aframed (2016) et « Alger la mystique » (Ziyarat autour des fontaines) paru aux éditions Tafat & Aframed (2018) qu’il vous est loisible de consulter. A ce titre, j’ai plaisir à partager avec vous la teneur de mes modestes ouvrages par le biais de cet entretien que j’ai accordé au site « Algérie Littéraire » ce 29 juillet dernier. Agréable journée. Alger, le 4 aoûts 2020. Louhal Nourreddine

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Ecrivain, journaliste et ancien cadre, chargé d’études dans le secteur de l’hydraulique, Nourreddine Louhal a publié, en 2018 aux éditions Tafat et Aframed, Alger la mystique –Ziyarate autour des fontaines, un livre qui fait la jonction entre des années d’expériences et une passion, à chaque fois renouvelée, pour Alger et sa mémoire. Largement documenté, l’ouvrage recense les fontaines de la Casbah et de sa périphérie, évoque les métiers de l’eau, et surtout, nous propose une balade dans les souvenirs de l’enfance de l’auteur, né en 1955 à la Casbah. Dans ce long entretien, il revient sur sa passionnante « enquête », de deux ans, sur les traces des fontaines. Bonne ziyara[1] !

 -Vous êtes un passionné d’art et d’histoire, et surtout de l’histoire d’Alger et de la Casbah où vous êtes né, j’imagine donc que l’idée du livre Alger la mystique –Ziyarate autour des fontaines a longtemps germé en vous. Plus précisément, comment est né ce livre ? Qu’est ce qui vous a motivé à écrire sur ce sujet ?

Louhal Nourreddine : Le thème de nos fontaines s’est conçu au fil des dépêches que j’ai écrites dans les rubriques de l’information dite de proximité, à l’instar des « Bruits de la cité » ou « Alger H24 » du journal « L’Authentique », où je n’ai eu de cesse d’évoquer, depuis l’an 2001, l’enlaidissant sort de nos fontaines. Notamment la source « Echarchar[2] » du Hamma à Belouizdad[3] que j’ai intitulé : « Station de lavage en nocturne », au motif que des pollueurs qui ne sont jamais les payeurs, y liftaient leurs voitures à une période où la situation du pays était au sauve-qui-peut durant la décennie enveloppée du linceul rouge ou noir, c’est selon. A ce propos, la fontaine du Marabout n’a dû son salut qu’à l’installation du barrage permanent des agents de l’ordre public près du jardin d’Essai. C’était aussi le cas à « Aïn Ezzerqa[4] » sise à flanc de la salle omnisport Hacène-Harcha à la rue Mohamed-Zekkal (ex-chemin de la fontaine) où l’eau ruisselait pour un tout autre usage que celui auquel elle était destinée. L’acte de souillure était également récurrent à la fontaine sise au hameau dit de l’ancienne abbaye de la Trappe à Bouchaoui et en haut de la rampe du docteur Trolard[5], l’actuelle rue Mokhtar-Abdellatif, où le lifting mécanique s’opère au maraudage de l’eau. Donc, autant d’écœurants faits qui m’ont contraint à prendre ma baguette de sourcier et aller sur l’itinéraire du peu de sources qui nous reste.

-Votre livre recense les fontaines de la Casbah, et de l’Alger plus généralement, et s’intéresse également aux métiers de l’eau.12273340285?profile=original

Mon modeste livre est compartimenté en trois parties, où il y’a d’abord l’inventaire d’«Aïoune » (fontaines) de la Casbah. Dans cette optique, il m’est utile de préciser que notre séculaire médina d’Alger n’était pas une banale houma (quartier) avant l’heurt colonial du 14 juin 1830, mais représentait le siège de l’Etat d’El-Djazaïr du temps de la Régence turque avec sa citadinité et sa ruralité. Dans cette perspective, il y’a le répertoire des fontaines de La Casbah, auquel s’ajoute le recensement des sources qui ruisselaient aux alentours de la qaria (campagne) d’El-Kettar et au-delà de Bab-Edjedid[6] où il y’avait le cours d’eau de Sidi Yakoub aux environs de Fort l’Empereur et des Tagarins à la limite d’El-Biar. Toutefois, d’autres sources ruisselaient au-delà des «biban » (portes) d’Alger et sa campagne sur laquelle a été bâtie la ville dite européenne et élue ensuite au rang du Grand Alger. Dans ce cas, il y’a la fontaine du saint Sidi Ali Zouaoui à la rue Patrice-Lumumba et celle de Sidi-Abdelkader El Djilali à l’actuelle rue Asselah-Hocine. Dans cette investigation, j’ai usé mes souliers jusqu’aux anciens Djenayen (jardins) de « Ness El Fah’s » où les banlieusards de la paysannerie algéroise s’abreuvaient aux fontaines de Bir-Khadem (Fontaine de la servante) et celle du village kabyle de Tixeraïne. Reste, que la fontaine n’est pas l’apanage unique de la Casbah mais de toute la capitale avec son urbanité et son aspect bucolique. Particulièrement les hauteurs d’Alger à Ben Aknoun qui s’irriguaient des s’bâa Abar ou les sept fontaines. Et traduit de l’arabe vers le français, les joyaux perlés de s’bâa Abar sont devenues l’El-Biar contemporaine. S’agissant des métiers de l’eau, il me tenait à cœur de réhabiliter d’abord ce biskri[7] porteur d’eau et méconnu de nos jeunes à travers mon livre Chroniques algéroises La Casbah  (éd. ANEP, 2011). Dans cet ordre d’idée, n’était pas porteur d’eau qui voulait et l’option du biskri n’était pas fortuite, du fait que l’oasien avait dans ses mains le savoir-faire du captage des ressources hydriques et sa juste répartition dans l’oasis des Zâatcha. Mieux, le biskri était également habile dans la répartition de l’eau à l’aide du système dit des foggaras lorsqu’il puisait l’eau de la nappe phréatique au piedmont d’une montagne, et la Casbah est aussi un djebel. D’ailleurs, c’est à l’enfant de l’antique Vescera[8] à qui l’on doit le mérite de curer les puits et les djeb (réservoir) des douerat (bâtisses traditionnelles) de la Casbah selon un planning de maintenance. C’est dire l’utilité du biskri qui a quitté sa reine des Ziban, pour se réfugier des exactions qui ont suivies la bataille de Zâatcha[9]. Bien entendu, le mérite revient aussi à l’artiste-peintre Jean Raymond Hippolyte Lazerges (1817-1887), qui a immortalisé le biskri à travers sa toile qu’il est loisible d’admirer au musée national des Beaux-arts d’Alger.   

 

-Vous mentionnez dans votre livre que le « parc des fontaines d’El Djazaïr varie d’un auteur à l’autre. 100 à 150 ». Combien il en reste aujourd’hui ? Et dans quel état sont-elles ?

Selon l’historien-orientaliste Georges Alfred Marçais (1876-1962), il n’y aurait qu’une douzaine de fontaines à El Djazaïr, c’est ce qu’a écrit cet ancien professeur à l’université d’Alger dans son Manuel d’art musulman. Faux ! rétorque Albert Devoulx l’ancien conservateur des archives arabes de l’enregistrement et des domaines d’Alger, qui authentifie l’existence de 125 fontaines à Alger, dans son livre : Les édifices religieux de l’ancien Alger. Partant de ce constat, le nombre de fontaines qui ont été creusées à flanc de mosquées équivaut donc au nombre de ces temples de prières, eu égard au besoin en matière d’ablutions. D’où qu’il requit de consulter la mémoire du voisinage pour repérer nos fontaines, soit à l’aide d’un khandaq (regard d’évacuation d’eau usées et pluviales) ou d’un accessoire oublié-là, à proximité d’un mur lissé qui atteste qu’il y’avait là, le corps d’une fontaine. Pour ce qui est de l’évaluation de fontaines valides, celles-ci se comptent sur les doigts des deux mains : dont Aïn-Melha à l’eau salée à Bab-Edjedid, Aïoune Bir-Djebah, Bir-Chebana, M’zawqa (la fontaine peinte), Sidi-Abdellah, Ali-Medfâa à la Casbah, et Echarâa (fontaine de la route) récemment vandalisée à l’ancienne rue de Bab-El-Oued (porte du ruisseau) près de la Place des Martyrs. Quant aux mythiques Zoudj-Aïoune (les deux fontaines), il ne reste plus aucun signe de ce repère de Dzaïr q’dima (le vieil Alger).  

 

-Pourquoi les autres ont-elles disparues ? Pourquoi, d’après vous, ces lieux chargés d’histoire et de mémoire n’ont pas été sauvegardés ?

Tandis que beaucoup de nos fontaines ont été détruites à l’ignominieux pic du génie militaire du corps expéditionnaire de l’armée d’Afrique que commandait le maréchal de France, Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont, (1773-1846), ce qu’il reste ou plutôt les « rescapées » de ce patrimoine hydrique, autant utile que séculaire a disparu sous les actes d’incivilités. Ceci en dépit du fait, qu’il n’y a plus cet élan citoyen de veiller à la pérennité de la fontaine comme du temps, où la protection de cette richesse était placée sous l’aile protectrice du voisinage, comme il est recommandé jusqu’à ce jour au fronton de aïn Sidi-M’hamed Chérif par le Comité du vieil Alger qu’avait fondé, en 1905, Henri Klein (1864-1939). En règle générale, la consigne de protection a été de tout temps respectée par les Casbadji[10], mais ça c’était avant… A l’opposé, beaucoup de nos fontaines, dont aïn Lâatache (fontaine de la soif) à la rue de Staoueli,  ont été ensevelies sous le goudron… Sur ce point, l’exemple est d’autant criant au 13, rue Rabah-Riah (ex-rue Porte-neuve) dans La Basse-Casbah, où la fontaine a été murée et les canalisations ont été enfouies sous prétexte des travaux d’aménagement de la voie publique. Autrement dit, j’ai relevé l’innommable lors de mon périple, où les vasques de la fontaine du Vieux palais Malakoff et celle de l’ancienne rue du Soudan ont été obstruées au ciment. Et en ce qui a trait à la détérioration s’illustre d’affreuse image au quartier de Fontaine-Fraîche, où la fontaine de proximité à été murée au motif de mettre fin au charivari d’enfants qui venaient y puiser de l’eau en temps de coupures. D’un autre côté, il y’a le lot de fontaines taries, à l’instar de Houanet Boulabah (boutiques de Boulabah) et celle qui a disparue sous les fondations d’une boutique à l’avenue Abderrahmane-Arbadji (ex-Marengo) au quartier populaire de Djamâa Lihoud (Marché de la Synagogue d’Alger). Bien entendu, l’inventaire que j’énumère dans mon livre n’est pas exhaustif. Une consolation toutefois, Aïn Lâariche, qui était tarie en haut de la rampe Ahmed-Benganif sise à Soustara (Le mur de la pudeur) a été réparée par les soins du voisinage.

-Alger la mystique est « un inventaire de toutes les fontaines de la Casbah et sa périphérie ». C’est le premier du genre. Y a-t-il, selon vous, une nécessité, une urgence, de sauver les fontaines qui restent, et de les valoriser ?

Effectivement, mon livre est une première dans le genre, du fait que c’est d’abord une nomenclature d’identification de nos sources qui va aider à esquisser la carte hydraulique d’Alger et à repérer les nappes d’où s’alimentent nos fontaines. Et dans l’optique d’éloigner le stress hydrique, mon livre peut être ce guide-outil pour s’enquérir du schéma de l’hydraulique dans toute sa globalité et d’intégrer nos fontaines dans le réseau de l’alimentation en eau potable, lorsqu’il y’a pénurie d’eau. En ce sens, la direction de l’hydraulique de la wilaya d’Alger ne peut ignorer la réalité de ce patrimoine à même d’offrir sa quote-part d’équilibre dans l’usage rationnel de nos ressources hydrauliques. D’où la nécessité d’inclure et de prioriser ces perles d’eau dans l’application du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de La Casbah d’Alger (PPSMVSS).  

-Comment pourrait se faire, selon vous, le travail de valorisation ?

La mise en valeur de nos fontaines, doit-être l’atour ou la curiosité que notre capitale n’a malheureusement pas dans les dépliants de nos tour-operators. Ceci est d’autant incohérent, du fait que aïn Bir-Djebah ou le puits de l’apiculteur qui ruisselle dans la Haute-Casbah, n’est plus un lieu-dit anonyme mais un endroit de renom. S’il en est une preuve de célébrité, celle-ci est allée au-delà de nos frontière grâce au poème Soubhan Allah Yatif (Louanges à Dieu la bonté même) du poète, le regretté Mustapha Toumi (1937-2013), et interprété en qasida[11] par le chantre de la chanson châabi[12], El Hadj M’hamed El Anka. D’où qu’il est requis d’inviter la technicité de nos hydrauliciens et d’exiger aussi de nos élèves des beaux-arts d’enjoliver ce patrimoine qui s’effrite un peu plus chaque jour et dont mes dépêches s’en font l’écho. Modestement, mon livre recèle une mine d’informations qu’il serait judicieux d’exploiter pour connaître le réseau véritable de nos sources, notamment à l’heure où l’or bleu s’impose comme la bataille de demain. Alors, et pour atteindre ce résultat, il y a l’impératif que la conduite du chantier de valorisation doit obéir à une démarche pluridisciplinaire pour que les armoiries touristiques de Bled Sidi-Abderrahmane soient redorées.

-Le livre comporte beaucoup de références, d’archives et de photographies aussi, comment vous vous êtes documenté ? Et, quel genre de difficultés vous avez rencontré pour accéder à ces sources ?

Conséquemment à ce chantier mémoriel qui m’a valu deux années d’âpres recherches sur l’itinéraire de nos fontaines, j’avoue que l’inventaire de nos sources est d’abord gravé, voire archivé dans ma mémoire d’enfant grâce à l’inestimable filon de l’oralité de nos aïeuls, dont ma grand-mère feue Hadj-Ali Keltouma, aux côtés de laquelle je me suis abreuvé aux fontaines énumérées dans mon livre. En tout état de cause, mes souvenirs d’enfants se sont ajoutés également à l’atout mémoire de l’authentique casbadji qui m’a été d’un judicieux apport, en l’occurrence le regretté M’hamed Trari, éducateur de son état qui m’a guidé dans d’autres dédales de la Casbah que je ne connaissais pas. S’agissant des archives du siège de la Wilaya d’Alger, celles-ci restent malheureusement peu bavardes sur le thème, si ce n’est des indices de valeur collectés auprès d’auteurs coloniaux, parfois du terroir que j’ai côtoyé lors du colloque sur « La toponymie algérienne : du local au national », organisé par le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA à Jijel (2015). Autant de données qui octroient de la légitimité à ma modeste œuvre. Néanmoins, j’ai dû m’écarter de l’option d’un beau livre aux photos en couleurs et opté plutôt pour un livre de poche qui soit accessibles au grand public et à un coût modéré.

-Au-delà des précieuses informations dont il regorge, votre livre se lit aussi comme un récit, comme un voyage au cœur de la Casbah, d’un « Qasbadji » qui réactive sa mémoire et partage ses souvenirs avec nous, les lecteurs. Cette démarche et cette forme d’écriture étaient-elles choisies/voulues ?

D’une part, je n’ai eu de cesse de tendre ma main au lecteur pour le guider au fil de mon récit dans l’Alger d’antan, où ruisselait ce flot de bonheur de nos fontaines. Est-ce dû à la virée nocturne que j’ai relaté du temps où l’Alger s’éclairait aux enseignes de ses salles de cinéma ou peut-être pour avoir narré les Contes, légendes et boqalat d’Alger la blanche ? Quoi qu’il en soit, le narrateur que je suis s’en trouve impliqué dans le récit et c’en est ainsi de ma ligne éditoriale que j’ai cueilli dans le jardin des Jeux de notre enfance  ou dans mes chroniques en Instantanés sur une époque. D’autre part, l’aspect confessionnel, voire autobiographique, y est d’actualité dans mes écrits, du fait que je privilégie l’information afin d’instruire au mieux le lecteur autour d’une tasse d’eau fraîche mais pas celle que j’aurais aimé lui offrir ! Soit, l’eau de la fontaine de jouvence que je n’ai pas trouvée hélas ! Pour y parvenir au mieux de mon rôle de pédagogue, j’ai fait mien la recommandation d’Albert Camus : « Le journaliste est l’historien de l’instant », et à ce titre, j’envisage de léguer à l’historien, les matériaux utiles à l’écriture de l’histoire.

-Pourquoi la « mystique » du titre ?

Tant de captifs d’obédience chrétienne étaient assujetti de faire don d’une mosquée pour s’affranchir de l’avilissant statut d’esclave et pouvoir accédé ainsi au rang de raïs[13], comme ce fut le cas de Ali Bitchin, et le Caïd Safar Ben Abdallah qui avaient offert respectivement à El-Djazaïr, le Mesdjed (mosquée) du nom d’Ali-Betchine sis à la rue de Bab El Oued et djamâa Safir en l’an 941 de l’Hégire (1534) à la rue Sidi-M’hamed Chérif dans la Haute-Casbah. Or, ce n’était pas le cas pour l’édification du lot de fontaines, qui était un stratagème utile pour s’attirer la sympathie de la population. C’était le cas du souverain Baba-Ali dit Bou-Sebâa ou Baba Ali Neskis qui fut Dey d’Alger de 1754 à 1766, qui a permis aux algérois de se désaltérer. A noter que cela n’enlève rien au mérite de l’El Djazaïr des Béni-Mezghenna qui a eu ses fontaines bien avant l’avènement de la Régence turque et des sourciers venus de l’Andalousie. D’où la reconnaissance de l’usager qui burine ainsi au fronton de la fontaine, le « douâa » ou la prière en guise de reconnaissance au généreux fontainier que le professeur Gabriel Colin a traduit de l’arabe vers le français.    

-Ce livre, paru en 2018, fait également écho à d’autres ouvrages que vous avez consacrés à la Casbah et l’Alger plus généralement. C’est un travail de mémoire ?

Si je devais composer une musique pour ma ligne éditoriale, celle se fredonnera à l’air de «Donnez-moi la main[14] », je vous emmène avec moi à «Alger la blanche », histoire de prendre un bol d’air marin qui enveloppe le s’tah (terrasse) de la Casbah et de là nous irons boire une tasse d’eau à l’Aïoune (fontaines) de Dzaïr et s’offrir une soirée où nos contes, légendes et boqalat berceront nos soirées. L’excursion est d’autant agréable eu égard au charivari bon enfant des Jeux de notre enfance et à nos « salle de cinéma » qui s’engluent, malheureusement, dans la misère culturelle.  D’où qu’il est requis d’irriguer le patrimoine matériel et immatériel à l’encre de la pérennité pour qu’il ne s’emmaillote pas dans l’oubli. 

Alger continuera-t-il de vous inspirer ?

Oh que oui ! Considérant qu’Alger est nanti de lieux-dits mythiques, à l’exemple de Dar El Ghoula (La maison de l’ogresse) au quartier de Debbih-Chérif dit Si Mourad (1926-1957) (ex-Tournants-Rovigo près de Soustara), de Dar Raïba ou la maison en ruines sise à l’îlot de Houanet Sidi Abdellah[15] à la Casbah, de l’Oued-K’nis et de Djebel Koukou au Frais-Vallon, où chacun de nous a laissé un bout de sa  tendre enfance et même un pan de sa  jeunesse. Seulement, ces lieux risquent de s’effacer un jour ou l’autre de la mémoire collective. En effet, il suffit de l’extinction de la génération des séniors, pour qu’Alger soit orpheline de ces endroits qui ont concouru à faire sa notoriété. Donc et subséquemment au souci de sauvegarde d’un pan de l’histoire de bled Sidi Abderrahmane, il n’y a rien de plus beau que d’imager les histoires de notre enfance, dans le décor à la fois aventureux et sinistre de ces lieux, où vagabondait l’imagination de l’enfant que j’étais. Et rien que pour ça, je continuerai de tremper ma plume dans l’encre de l’authenticité.

Sara Kharfi

In Algérie Littéraire, le 29 juillet 2020.

 

« Alger la mystique – Ziyarate autour des fontaines » de Nourreddine Louhal, 204 pages. Coédition Tafat/Aframed, second semestre 2018. Prix : 600 DA.

[1] Visite.

[2] Cascade

[3] Nom du quartier Mohamed-Belouizdad, anciennement Belcourt.

[4] Fontaine bleue

[5] Il s’agit de Jean Baptiste Paulin Trolard né à Sedan (Ardennes) le 27 novembre 1842, mort à Alger le 13 avril 1910 est un anatomiste de l'École d'Alger reconnu pour son travail sur les veines anastomotiques de la circulation cérébrale (source : Wikipédia).

[6] Porte-neuve.

[7] Habitant de la ville de Biskra.

[8] Biskra  est situé au Nord-Est du Sahara (Algérie) et est le chef-lieu de la Wilaya (préfecture) de Biskra. Distante de  400 km d'Alger, la ville est d’une superficie de 127,70 km2 où l’on comptait 218 467 habitants en 2010 et se place donc au 10e  rang au niveau national. La ville est aussi appelée la porte du désert, eu égard à situation stratégique.  (Source : Wikipédia).

[9] Le siège de Zaatcha s'est déroulé du 16 juillet au 26 novembre 1849, à Zaatcha (Algérie), opposant les troupes françaises du général Émile Herbillon (1794- 1866), aux résistants arabes et berbères du Cheikh Bouziane. L'affrontement s'est achevé par la prise du fort ainsi que par le massacre des prisonniers par les Français. Il en est résulté environ 3 000 morts des deux camps.

[10] Habitant de la Casbah.

[11] Chanson.

[12] Genre musical algérois.

[13] Officier de la marine algérienne.

[14] Titre de la chanson «Donne moi la main » (Himalaya) de C. Jérôme, né Claude Dhôtel (1946- 2000),

[15] Les magasins de Si-Abdellah.

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