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Publications de Gérard BRETON (32)

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Espace bleu ciel

  • Les mots sont innombrables pour décrire la souffrance

    qui envahie mon cœur quand je suis loin de toi.

    Ineffable bonheur de vivre d'espérance

    Pour te sourire enfin, ne renaître qu'en toi.

     

  • Et pour fuir le soleil dans l'ombre de tes bras,

    Comme un cheval fourbu d'une trop longue course

    Je vais pleurer d'amour en étouffant ma joie,

    Me poser sur ton cœur pour reprendre mon souffle.

     

  • Quand les draps blancs froissés sont à bas de ta couche,

    Je sens battre ton cœur sous ton sein tressaillant.

    Quand le calme revient dans ton cœur, dans ta bouche,

    Je regarde tes yeux briller d'un vert argent.

     

  • Et ton bonheur inonde ma bouche inassouvie.

    Ton corps d'amante exulte et je me fais cruel,

    A prolonger ta joie, ho ! suprême plaisir,

    Pour te rejoindre enfin dans un espace bleu ciel.

     

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L'Ile Creuse

En 1992, pour le journal ou j'occupais le poste de correspondant de presse,, j'avais « osé » le titrer du nom du ministre en poste à l'époque des faits, suivi de.... Père et fils, import / export.. Le père (ministre dans les années 60) ayant « importé » des enfants noirs de l'île de la Réunion et le fils 30 après proposant l'inverse pour je ne sais plus quelle fumeuse raison. Bref mon titre n'a pas plu, et mon papier est passé aux oubliettes. Le voici, 26 ans après sa rédaction par votre serviteur.

Ces témoignages recueillis sur les lieux d'un tournage en Creuse, et cette page de notre histoire ont fait l'objet de plusieurs films à la télévision.

...

L’île Creuse.

Jeu de mots sur le titre – Travelling arrière sur l’île de la Réunion, et travelling avant sur la Creuse, département français, qui est devenu un jour d’août 1965, leur nouveau pays.

Au départ de « l’aventure » je dirais plutôt « enlèvement », un problème démographique existait en l’île de la Réunion jugée surpeuplée, et le département de la Creuse, où, peut-être s’amorçait déjà une fuite de la population cherchant vers d’autres cieux l’illusion d’un avenir meilleur. La solution était d’une simplicité élémentaire (sur les papiers, pas dans les cœurs.) il suffisait d’accréditer la thèse des vases communicants.

Seulement voilà, en 1965, l'homme, les politiques, n’ont pas joué avec des chiffres ou des haricots, mais avec des enfants qui avaient les yeux grands ouverts pour voir s’éloigner la terre de leur enfance. Des mômes avec un cœur qui battait la chamade dont une moitié déchirée voulait rester avec les frères, les sœurs et les parents, sur l’île…. leur île ; et l’autre moitié qui voulait espérer que cette France, cette Creuse, dont on leur avait tant et tant parlé en leur faisant miroiter la magnificence, leur apporte les cent pour cent de bonheur auquel ils avaient droit, c'était promis, juré.

Ces enfants, petits et ados, étaient classés, pour certains « enfants à problèmes » car venant souvent de la DDASS. Comment, par cette appellation arbitraire, a t-on pu sans aucune déontologie mais en alignant une colonne de chiffre, décider pour autrui ce qui serait le bien et le mal ?

En un peu moins de cinq ans, deux cent jeunes Réunionnais et Réunionnaises (1600 en 1981) vont être transférés, déracinés de leurs attaches familiales pour satisfaire une idéologie au-dessus de tout soupçon, puisque soi-disant bénéfique à ces jeunes, « malades » de la déstabilisation du monde des adultes vivant dans l’île de la Réunion.

Stop ! Le bateau aborde le quai bétonné d’un port français - Plus loin, la gare, on embarque rapidement car en France on essaie de respecter les horaires. Le train roule maintenant entraînant Alain dans le staccato…staccato lancinant des rails sur les traverses. Alain qui nous parle maintenant et qui vingt cinq après (en 1992) ne comprend toujours pas… !

Alain : « C’était dur au début, très dur. Monsieur H…, chez qui j’avais été placé, était gentil. C’est vrai que j’avais une famille mais ce n’était pas la mienne ; c’est vrai que le ciel était toujours au-dessus de ma tête mais le bleu était différent ; et puis, en Creuse, en comparaison de mon Île, bonjour le froid ! J’avais l’impression d’avoir été abandonné par la terre entière. Au pays, le père et la mère entourés de la grand-mère, des frères et sœurs, continuaient de vivre, et moi j’étais seul. Bien certes, mais seul…avec ma peau noire. Ce que je ne savais pas, c’est que mes frères et sœurs seraient déracinés à leur tour. »

Vingt cinq après (en 1992) Alain est creusois et fier de l’être, mais une partie de son cœur est malgré tout restée dans son île, celle qui l’a vu naître. Il ne comprend toujours pas qui a pu signer en bas d’une page officielle la décision de placement dans une famille française, à des milliers de kilomètres de là ! Ce n’est ni son père, ni sa mère et encore moins sa grand-mère, alors qui ? Aujourd’hui il n’en veut à personne mais il aimerait bien comprendre et pouvoir expliquer à ses enfants qui sont nés sur la terre de France, en Creuse, qu’un jour pour « son bien » l’homme cultivé ou se réclamant comme tel, l’a arraché à ses racines, sans autre forme de procès.

A notre table, il y avait aussi Jean-Pierre, qui lui, constate les méfaits de cette décision moyenâgeuse.

Jean-Pierre : « Que reste t-il aujourd’hui des quelque deux cents Réunionnais arrivés en France entre 1965 et 1969 ? Beaucoup sont repartis au pays après quelques années, d’autres se sont suicidés parce qu’ils n’ont pas eu la possibilité de s’adapter à leur nouvelle vie. Je connais même des filles qui ont terminé sur les trottoirs de Pigalle, et, si dix pour cent d’entre-nous ont réussi à se faire une situation honorable et à s’intégrer complètement à notre nouvelle île, la Creuse, c’est bien le maximum ! Mais ici aujourd’hui on y est bien, on fait partie des meubles. Nous sommes Creusois car nous sommes restés dans ce pays qui nous a accueilli. Il n’en reste pas moins que quatre vingt dix pour cent d’échec c’est énorme, mais c’était prévisible, trop de différences nous séparaient…

Alain, Jean-Pierre et d’autres nous ont parlé, ou simplement souri, parfois prononçant des phrases simples, courtes, mais empreintes de nostalgie et de…prudence. Et pour cause, moi le petit «écrivain», je suis blanc, Français, né en France, et peut-être que je ne fais qu’écouter sans chercher à comprendre. Peut-être que je suis raciste et que je ne vais pas les défendre dans mon « papier » en écrivant l’erreur impardonnable commise à leur encontre. Peut-être que je ne vois pas au fond de leurs yeux ce que le cœur me crie ? Peut-être que les mômes qui chahutent autour de nous, nous sont indifférents parce que nous n'avons pas la même couleur de peau ? Et peut-être aussi, qu’après tout, nous sommes là pour faire un film, écrire sur journal, et qu'on s'en fout !

Et bien non ! Depuis quelques années ce scandale à été filmé plusieurs fois, et aujourd’hui Alain, Jean-Pierre et les autres vont pouvoir le lire. Il reste de cette pitoyable histoire, qu'en cette fin de vingtième siècle, quelques hommes ont décidé du destin de leurs semblables sans chercher à introduire les mots: amour, fierté, honneur et racines dans leur démarche. Ceci a inévitablement conduit ce projet à un échec total, sauf pour les quelques exceptions qui sont restées et qui aujourd’hui sont profondément attachées à la Creuse.

Lise Deramont a réalisé un film en 1992 sur ce sujet, son titre à lui seul suffit à la fin de cet article…IMAGINE, ON A SURVECU.

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UTOPIA

Qu'on soit petit, ou qu'on soit grand,

Quand on n'a pas vingt balles en poche,

On se sent seul, c'est pas marrant,

D'avoir du vent dans ses valoches.

Alors on fait comme les oiseaux

Qui planent l'aile sous le vent,

Comme le poisson dessous la roche

Qui laisse glisser le courant.

Je rêve d'un monde sans monnaie

Ou le Dollar deviendrait rose

Lilas, pensée ou bien bleuet.

Un monde en fleur, pas en Euro.

L'amour ne serait plus payant

Car c'est lui même qui jaillirait,

Des sources pures, des torrents,

C'est vrai, on peut toujours rêver.

Et quand les hommes vivront de paix,

Que la bête aura disparu,

Quand tous les voiles seront tombés, 

Que les fusils se seront tus,

C'est que les hommes sauront comment

Être des sages, pas des prophètes,

En glissant l'aile sous le vent,

Comme l'oiseau dans la tempête.

...

Écrit en août 1999, presque 20 ans et pas une ride.

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L'ange gardien.

L'ange gardien.

Antoine avait le nez en l'air côté passager. La montagne défilait sur sa droite laissant son regard glisser sur une crête, et puis sur un brusque à pic suivi d'une pente verte plus douce où broutaient des moutons. Les deux frangines discutaient dans la voiture, mais Antoine n'écoutait que d'une oreille distraite, préférant en prendre plein les yeux, pour peut-être plus tard poser ces souvenirs sur une toile ou sur du papier.

Ce qui attira la sensibilité d'Antoine, c'est une petite phrase de Jeannette, la conductrice.

  • Dans le village où nous arriverons dans cinq minutes, il y a une petite chapelle. Chaque fois que nous y sommes passé avec Pierre, nous avons toujours trouvé porte close, peut-être pour protéger les fresques qu'ils ont découvert sous le plâtre ; elles sont, parait-il, splendides et dateraient de l’extrême fin du moyen-âge au XVe siècle je crois... mais voilà c'était toujours fermé.

Antoine laissa glisser quelques secondes, entra dans la conversation et demanda à la conductrice d'arrêter la voiture à proximité de l'église.

  • Elle est ouverte aujourd'hui, arrête-toi !

  • Pourquoi veux-tu qu'elle soit ouverte, cela fait des années que nous nous arrêtons et c'est toujours fermé à clé ?

  • Pas aujourd'hui !

Après tout, ça nous fera une petite halte dans ce village de montagne, pensa t-elle. Quelques minutes plus tard, la voiture sagement rangée sur la petite place, Antoine et les deux sœurs se dirigèrent vers la petite chapelle. Certaine de trouver la porte fermée, Jeannette avançait doucement sous le soleil, sans se préoccuper d'Antoine qui attendait déjà devant le portillon en fer forgé fermant l'accès au jardinet devant la chapelle. Un petit sourire au coin des yeux, sa sœur regardait Antoine d'un œil complice semblant dire... nous verrons bien !

  • Alors les filles, on rentre ?

  • Oui dans le jardin tu peux, le portail n'est jamais fermé, dit Jeannette à Antoine.

Ce dernier se rapprocha de la porte de la chapelle, posa sa main sur la grosse poignée et levant les yeux demanda :

  • Il y a quelques minutes je t'ai demandé de nous ouvrir la porte, pouvons-nous entrer ?

  • N'importe quoi ! tu attends quoi, un miracle ? Dit Jeannette en riant.

Antoine se retourna, lui sourit et tourna la poignée ; la porte s'ouvrit doucement.... Il laissa les filles médusées sur les marches de la chapelle et entra. Il faisait frais comme dans toutes les églises. Ça sentait un peu l'humidité mais, il est vrai que sans aération, ces gros murs en pierre sont souvent humides car mal protégés au niveau des fondations. Les fresques étaient splendides et effectivement semblaient être en cours de restauration ou de maintenance. A moins que les ans passés à l'abri des regards et découvertes à nouveau, soit la conséquence de cette sensation de « chantier en cours » !!!

Redécouvertes en 1873, les peintures murales sont restées près de deux siècles durant cachées d'un épais badigeon qui les recouvrait entièrement.

Quand il entrait dans une église, Antoine avait l'habitude d'avoir une pensée pour un proche, ou pour rien de bien précis, comme la paix sur terre peut-être... et d'allumer une petite flamme. L'époque où les bougies longues et blanches étaient à disposition des fidèles étant révolue, les cierges ont bien souvent cédé leurs places à ces drôles de petites boites en aluminium emplies de cire blanche. Elles étaient bien là, posées sur un présentoir en fer forgé, prêtent à briller dans la chapelle, mais hélas, pas de briquet ni d'allumettes. Qu'importe, Antoine sortie sa pièce de 2 Euros posa une bougie sur la tablette et... la porte de la chapelle s'ouvrit à nouveau. Un couple d'une soixantaine d'année entra, et le nez en l'air pour admirer les vestiges des fresques, commencèrent le tour de la chapelle. Antoine d'instinct se dirigea vers eux et demanda ;

  • Pardonnez- moi mais il n'y a pas de feu pour allumer les bougies, en auriez-vous s'il vous plaît ?

  • Alors ça, c'est très curieux, lui répondit l'homme ; je ne fume pas et je n'ai jamais de feu sur moi mais en partant ce matin, je ne sais pas pourquoi, j'ai mis un briquet dans ma poche !

  • C'était sans doute pour moi, dit Antoine en souriant.

Il prit le briquet, s'en retourna allumer la bougie, eut une pensée pour celui ou celle à qui elle était destinée, et rendit le briquet au couple qui quitta l'église. Jeannette intriguée, et sa sœur se regardaient ! Antoine lui savait, ou en était convaincu, il murmura... Merci !

Ils quittèrent la chapelle. Antoine tira la porte et en levant les yeux dit :

  • Merci, mon ange gardien, tu peux refermer la porte, si tu le souhaites.

Ce texte pourrait être une petite nouvelle, une brève comme l'on dit de nos jours, mais non, c'est une histoire vraie. Vraie dans le sens du déroulement de l'histoire.

-  La discussion entre Jeannette et ses passagers sur la porte toujours fermée de la chapelle, suivie de la demande d'Antoine d'arrêter la voiture, puis la surprise de la porte ouverte, sans oublier l'absence d'allumettes, et enfin l'arrivée du couple avec le briquet dans la poche du mari... tout ça est vrai !

A ce moment du récit, je pourrais jouer sur plusieurs registres ; le divin, la philosophie, l'interrogatif, voir, le bon prêcheur mais non, je préfère rester sur la petite phrase qui suit !

… Pour le fond de l'histoire ?   Chacun, chacune de vous l'imaginera à sa façon.

Août 2017 - Chapelle Sainte-Anne de Sceaux-de-Salomon, dans la Haute Garonne.

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Le chien couleur de feu

Le chien couleur de feu.

Derrière la vitre à moitié recouverte de buée, Jeannot leva sa petite main et tirant sur la manche de son vieux pull, essuya un rond de buée pour mieux voir à l'extérieur de la maison de pierres et de bois. Il faisait à peu près bon maintenant. Il avait ajouté quelques buches qu'il avait trouvé dans la petite remise à côté de la cuisine. Il n'en restait plus beaucoup et Jeannot se demandait comment il allait faire pour chauffer la maison et l'eau de la soupe maigre si maman ne se réveillait pas. Comment sortir dehors avec toute cette neige qui lui arrivait au nombril et puis, comment ramener du bois sec maintenant que la neige avait envahi l'abri à bois par la porte arrachée à cause de la tempête ?

La neige ne tombait plus, ou presque. Les quelques rares flocons ressemblaient plus à des plumes qu'à cette montagne de neige qui avait recouvert le jardin, le chemin, l'abri à bois et la petite cabane où le père rangeait ses outils. Le père de Jeannot était parti à la fin de l'automne pour aller travailler en ville, qu'il avait dit.... qu'il avait criait plutôt, et Jeannot avait eu un peu peur de ce père en colère qu'il n'avait jamais vu de cette façon. Comme maman pleurait en le regardant préparer son sac de randonnée taillé dans une vieille veste en cuir, Jeannot avait un doute sur ce travail loin de la maison. Il y avait maintenant deux pages entières du calendrier rempli de croix pour rayer chaque journée qui passait à attendre, à ramasser quelques maigres pommes mais aussi des grosses châtaignes bien à l'abri dans une niche qui piquait les doigts. Dans le gros saloir en terre cuite, il restait quelques morceaux de cochons et une demi douzaine de tranches de lard, mais c'était tout. Jeannot avait faim mais comment manger le lard ? Comment faire cuire les châtaignes sans l'eau du puit ?

Jeannot retourna dans la petite chambre où dormait sa maman et lui caressa la joue. Il faisait froid dans ce coin de la maison car la cheminée ne suffisait pas à chauffer cette pièce et la grande cuisine.

C'est sans doute pour ça que maman avait la joue froide, pensa-t-il.

  • Maman j'ai faim, dit-il doucement dans son oreille.

Mais elle ne répondit toujours pas. Cela faisait deux croix que Jeannot avait dessiné sur le calendrier, et maman dormait toujours. Il posa ses fesses sur le coussin rouge posé sur le plancher de bois, ramena ses genoux sous son menton et pleura doucement. Pourquoi maman dort-elle si longtemps, et pourquoi papa est-il parti travailler si loin ? Autant de questions sans réponse et autant de raison d'avoir froid sans comprendre ce qui arrivait entre les murs en pierre de cette maison perdue dans la montagne.

Jeannot s'endormi.

Une douce chaleur envahi son cou, Jeannot ouvrit les yeux et cria de surprise. A qui était ce gros chien de la même couleur que les écureuils qui sautaient de branche en branche pendant l'été ?

Le chien s'assit devant lui et grogna doucement. Il s'approcha et lécha la figure du gamin, puis se dirigea vers sa mère et ouvrant grand sa gueule lui attrapa le bras. Jeannot hurla mais le gros chien continua à tirer sur le bras et doucement sa mère glissa par terre. Avec force mais délicatesse, comme la chatte attrapant ses petits, le chien couleur de feu tira le corps devant la cheminée. Puis, il prit une buche de la remise dans sa gueule et la laissa tomber dans le feu, parcourant la maison plusieurs fois. Après ce pénible travail, le chien se coucha devant la table en regardant la porte.

Dehors le jour était levé et un soleil timide commençait à pointer ses rayons sur la cîme des douglas qui entouraient la maison. De la neige, encore de la neige, tout était blanc, blanc et triste.... Même si la neige est belle, quand on a faim et presque froid, rien ne semble beau. Jeannot tira son pull sur sa petite main et essuya un peu de buée qui avait commencé à givrer sur la vitre de la cuisine. Le chien grogna doucement puis se leva et posa ses fesses sur le plancher. Les oreilles dressées, il avait entendu ce que les humains n'entendent pas, ou plutôt, ne savent plus entendre.

    • Qu'as tu à rouspéter ? lui demanda Jeannot.

Le chien continua à grogner doucement sans prêter attention au gamin qui essayait de comprendre ce que l'animal voulait dire.

Tout ce blanc, pensa Jeannot en regardant à nouveau par la fenêtre, ça fait mal aux yeux.... Sauf ce point bleu à l'emplacement où devait-être le chemin. Un point bleu ? Un point bleu qui bouge comme si … Puis un autre point bleu, puis un marron et vert... enfin peut-être, ils sont si loin.... Plus le gamin regardait et plus les points devenaient gros, jusqu'à ce qu'il comprit que c'était des enfants mais plus grands que lui ! A moins que ce ne soit... des hommes ? On dirait bien, pensa t-il ! Le chien se leva et aboya mais sans essayer d'ouvrir la porte. Cela aurait pourtant était facile, il lui suffisait de poser son museau sur la poignée à bascule et le tour était joué ; il avait bien réussi à descendre sa mère devant la cheminée et à ramener des bûches.

Il aboya encore une fois - Oua ! Puis deux fois - Oua, oua ! Jeannot, qui regardait les points bleus et marrons, vit la première silhouette lever un bras, puis la deuxième porta un objet à sa bouche et souffla. Le son d'une corne de chasse emplit la forêt..... Curieusement, tout redevenait plus joyeux, cette musique semblait redonner vie aux arbres, à l'abri, à la cabane ! Maintenant, les hommes étaient tout près et Jeannot reconnu le père Antoine, l'éleveur de brebis de la vallée, puis un autre homme qu'il ne connaissait pas et enfin un barbu dans sa veste marron et verte. Ce dernier leva un bras, puis l'autre et se mit à les croiser en criant :

  • Jeannot ! Jeannot !

  • Papa !

C'était bien lui, enfin, mais pourquoi les deux autres hommes ? Et pourquoi le chien aux poils couleur de feu ? Les trois hommes entrèrent dans la petite maison de pierre.

Maintenant, de grandes flammes jaunes et rouges montaient dans la cheminée. Une douce odeur de soupe envahissait la pièce et Jeannot laissa couler une larme, cette bonne odeur lui rappelait des temps heureux. Un des deux hommes en habits bleus frottait sa mère avec un liquide jaune qui sentait bon les fleurs du jardin, peut-être même un peu plus fort.... C'était presque trop fort comme odeur, mais cette friction avait redonné du rose aux joues de sa mère ! Il s'approcha, posa sa main sur son front, il était moins froid. Le feu et l'eau des fleurs, pensa jeannot. Son père s'approcha doucement et, le prenant par la main, l'amena vers le chien.

    • Viens Jeannot, je vais te présenter Apache ! C'est lui qui est venu nous cherchez dans la vallée. Quand il est rentré dans la maison, tu dormais les coudes sur la table. Il a compris que quelque chose n'allait pas. Alors il est resorti par le soupirail de la cave et il est descendu au village. Antoine connait bien son chien ! Il a compris qu'il se passait quelque chose d'anormal dans la montagne. Moi, j'étais sur le chemin du retour quand il est arrivé chez son maître. Il m'a attrapé par la manche et m'a tiré vers le chemin de crête. C'est là que nous avons compris qu'il s'agissait de notre maison, de notre famille.... Alors nous sommes allés chercher le guérisseur, au cas où, et nous avons pris le chemin vers le sommet.

    • Et maman, qu'est-ce qu'elle a eu ? Pourquoi a-t-elle dormi pendant deux jours en me laissant tout seul ? Pourquoi tu es parti si longtemps ? Pourquoi tu es revenu ?

Que de questions ! Comment un adulte pouvait-il faire comprendre à un enfant de cinq ans que souvent, presque toujours, quand il n'y a plus assez d'argent dans une famille, personne ne t'aide en ce début du vingtième siècle. Les aides, le chômage, tout ça n'existait pas encore, alors il fallait bien que l'un des deux se dévoua pour partir travailler ailleurs et ramener des sous (comme disait les anciens) afin de continuer à acheter le cochon, le sel, la farine, les habits et les petits soldats en plâtre que son père avait rapporté dans son gros sac en cuir. Sa mère avait eu, lui a t'on dit, une maladie dûe au manque de nourriture et le froid de la chambre avait fait le reste. Seulement voilà, en bas dans le village alors que les cloches sonnaient les douze coups de minuit du 24 décembre, le chien Apache avait compris que là haut, un petit bonhomme et sa maman avaient besoin de lui.

Aujourd'hui, cette maison de pierres existe toujours, mais plus personne ne l'habite, elle sert de refuge aux promeneurs, pendant les grands vents, et aux écureuils couleur de feu, comme Apache, le brave chien de la vallée.

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Monsieur le Préfet

Après la lecture d'un roman, ma foi fort bien écrit et digne d'intérêt pour le lecteur à la mémoire sélective que je me complais d'être, je relevais au gré des pages le court chapitre que je vous recopie ci-dessous. Il m'entraîna vers une obligatoire comparaison de deux époques : celle de ce roman que je viens de lire, et qui se déroule au tout début du XXe siècle, et la nôtre que nous subissons un siècle plus tard, en cet an de mauvaise grâce 2017 ; an 2017, sous le règne de l'Europe des techno/burocrates, mais aussi de la planète terre dans sa globalité, au devenir non pas d'incertitude nous n'en sommes plus là, mais d'auto-destruction.

D'aucuns diront qu'il faut rester dans une attitude positive et faire confiance à l'humain. Mais à titre strictement personnel, je ne vois et n'entends dans les journaux, ou dans la boite à images et à mensonges appelée T.V, que des guerres, des violences, des arnaqueurs, des voyous et des tricheurs. Des punissables impunis, des condamnés en liberté et des victimes insatisfaites. Je me dis que pour remettre un peu d'ordre dans ce marigot glauque que devient la planète bleue, il nous faudrait la venue d'un nouveau prophète qui stériliserait l'humanité pour le siècle à venir.

Voici donc une partie du roman qui se déroule en l'an 1910 :

.../...

Monsieur le Préfet se leva et tendit la main à l'aubergiste. « Chère madame, je n'oublierai jamais ce déjeuner et je comprends à présent que l'on ait désigné la vigne comme l’arbre de vie par excellence. »

  • Oui monsieur le Préfet, dans nos petites communes nous avons une tradition de viticulteurs certes, mais aussi de bouilleurs de cru, et nous avons toujours eu à cœur de ne pas laisser perdre les énormes quantités de fruits récoltés en automne comme les pommes ou les poires, mais aussi les cerises et les prunes au printemps.

Le préfet reboutonna sa veste, et ajusta sa cravate en se dirigeant vers la porte. Déjà le chauffeur qui avait mangé seul à une table au fond de la petite salle se précipitait pour ouvrir la portière.

En ce début d'après-midi, le village bruissait de tous les métiers qui le faisaient vivre depuis des temps immémoriaux. Le tonnelier tapait sur ses douves, on entendait le bruit sec du hachoir du boucher dans son arrière-boutique, des éclats de voix provenaient du fournil de la boulangerie dont la porte était restée ouverte et, plus loin, le forgeron, habillé de son tablier de cuir, confectionnait une volute de fer chauffée au rouge, qui serait assemblée sur une rampe d'escalier destinée à la maison du meunier. Dans la cour de l'école, à quelques centaines de mètres de la mairie, des enfants jouaient à la marelle, en riant et en dansant joyeusement. Et au-dessus de cette vie dense et joyeuse, quelques oiseaux, blottis dans un des très vieux tilleul de la place datant de quelques dizaines d'années après la Révolution, pépiaient comme pris de timidité.

Puis un siècle passa, et l'arrière petit fils de l'écrivain revint dans le même village et décrivit la même scène.

.../...

AN 2017.

Monsieur le Préfet se leva et regarda discrètement le patron du food-truck installé sur la place vide. N'ayant pas eu le temps ni le courage de chercher un restaurant dans cette campagne paumée, une pizza très certainement congelée avait fait l'affaire.

- Merci cher monsieur, ce fut frugal, mais correct. Par contre vous devriez proposer quelques bouteilles de vins, j'avoue qu'un verre de rosé bien frais m'aurait fait plaisir !

Le garde du corps se dirigea vers la voiture, jetant des regards suspicieux sur cette foutue place vidée de sa substance, mais soucieux et aux aguets, intrigué par tous ces volets fermés pouvant cacher l'intrus, l'indésirable. Le patron du food-truck interpella l'homme public et lui dit :

- Vos lois m'interdisent de vendre du vin, que voulez-vous, je ne fais qu'obéir à la législation. Et oui, Monsieur le Préfet, dans nos petites communes, nous avions une tradition de viticulteurs certes, mais aussi de bouilleurs de cru et nous avions toujours eu à cœur de ne pas laisser perdre les énormes quantités de fruits récoltés en automne comme les pommes ou les poires, mais aussi les cerises et les prunes au printemps. De nos jours, tout le monde s'en fout ; les campagnes sont désertées de toutes vies et tous les fruits restent pourrir par terre à cause des hommes politiques et autres biens-pensants comme vous. Vous êtes assis derrière vos bureaux, vous créez des lois et instaurez des interdits sans connaître la vie du peuple qui fait vivre et respirer notre nation jadis belle et prospère. Nos traditions se meurent, nos savoirs-faire disparaissent car non transmis, et notre civilisation s'effondrera d'elle-même comme fond le beurre au soleil !

Le garde du corps claqua la portière et contourna le véhicule en jetant un regard noir sur le patron du food-truck, ravi de sa sortie.

En ce début d'après-midi le village était d'un silence inquiétant, plus de tonneliers, puisque plus de bouilleurs de cru, plus de boucher puisque la mode était aux Végans et aux cinq fruits et légumes par jour ! Des fruits bien calibrés, bien traités aux insecticides et peints à la cire pour bien briller. Les deux petites rivières traversant la commune, autrefois riches en truites, en vairons et autres goujons, ne charriaient plus rien sauf quelques écrevisses américaines qui avaient fini de détruire ce que le glyphosate des laboratoires chimiques n'avait pas empoisonné. Le fournil du boulanger était éteint depuis de longues années déjà, et la camionnette de la boulange du village d'à côté ne passait plus qu'une fois par semaine. Encore fallait-il se déplacer pour aller chercher son pain pour la semaine, car elle stationnait pendant 15 minutes sous le plus vieux tilleul et reprenait son chemin. Le forgeron ! n'en parlons même pas...... Tous les balcons se vendaient désormais dans la grande surface en zone sud de la grande ville située à 35 bornes. Et ce n'était plus le forgeron qui adaptait les mesures à la construction, car tout était normalisé, tout était identique et adaptable partout.

Reste l'école : depuis belle lurette elle avait été transformée en gîtes et s'ouvrait deux ou trois mois par an, pour quelques touristes de passage désireux de respirer l'odeur de la campagne, enfin ce qu'il en restait puisque la moitié des terrains étaient en jachère et broutés par quelques brebis égarées. Les autres étant réservés à la culture du maïs pour le fermier de la Rue Haute qui nourrissait quelques dizaines de vaches sans corne avec l’ensilage de ses cultures chimiquement traitées. Un drone passa à quelques centaines de mètres ; sans doute pour relever les points GPS nécessaires au repérage des voies, à moins que ce ne soit un appareil des services fiscaux repérant les agrandissements non déclarés comme par exemple une terrasse couverte, ou un abri de jardin de plus de 9 m2

Une feuille tomba en spirales du tilleul derrière la chariotte en tôle du sous-préfet qui s'éloignait doucement. Une feuille morte qui remplace un corbillard, pensa le patron du camion-bouffe. Une voiture arriva de la route des Combrailles ; certainement des usagers de l'autoroute qui avaient pris ce chemin pour pisser tranquillement sur les rares fleurs sauvages existant encore. Le véhicule se rapprocha doucement du food-truck et pour narguer le type qui vendait sa mal-bouffe, un passager jeta par la fenêtre un sac en papier contenant quelques frites, des gobelets et des boites en polystyrène achetés au drive de la station de l'autoroute.

  • Pauvres cons ! cria le « chef ».

Il avait raison ! Les « marchent debout » méritant de porter ce qualificatif sont légions. Les occupants de la voiture certes, mais aussi lui même ce brave chauffeur de saucisses et de steack congelé..... Mais ne nous oublions pas dans cette catégorie : nous, qui avons laissé faire, qui avons laissé perdre, laissé détruire nos richesses, nos savoirs-faire, notre patrimoine dilapidé aux plus offrants ; qu'ils soient : Russe, Asiatiques ou des pays ensablés et riches de leur or noir. Nous, qui avons fait confiance aux hommes politiques de tous bords à de rares exceptions près, aux industriels et aux soi-disant progrès qui en définitive nous ont conduit tout droit vers notre propre perte.

Mais chut.... Il ne faut rien dire..... Taisons nos états d'âmes.... Le CAC 40 serait en danger potentiel, ce genre de propos est inaceptable dans une société vouée à la stérilisation des idées et à l'obsolescence programmée des objets et des humains qui la composent.

Pour des fêtes de fin d'année, on peut faire plus gai ! Mais ce serait se mettre la tête dans le sable, emberlificotés dans des images subbliminales très généreusement distribuées par les médias et les dirigeants planétaires.

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Réflexions sur notre «double »

nos croyances (ou pas),

notre inconscient ou nos intuitions.

Commençons ce court billet par citer un grand bonhomme, cela permettra de positionner le sujet sur un socle en granit, moins friable que le calcaire.

Pasteur a déclaré un jour :

«Le hasard n'aide que les esprits préparés» C'est en effet à cette rencontre du hasard

et d'un esprit préparé consciemment ou inconsciemment, et tendu vers un but donné

que l'on doit de petites ou grandes inventions.

Difficile de mettre en doute la pensée de cet esprit brillant. De là à penser que certaines de nos pensées se détournent du présent, pour imaginer un futur afin de recréer un nouveau présent modifié, il n'y a qu'un pas.

En un seul mot, l'intuition; cette dernière n'est pas le fruit d'un imaginaire utopique ou surréaliste, bien que ce dernier soit très souvent inspiré par des pensées, des gestes ou des actes dépassant la volonté immédiate, dans le temps présent, de son auteur. Comme l'écriture automatique, la peinture automatique existe, et dans ces deux cas de figure, ce n'est plus la main du temps instantané qui écrit ou peint, mais le mental qui se trouve projeté de quelques millièmes de secondes en « avant » du geste. Il ne s'agit donc plus de création pure dans le temps présent, mais d'intuition créatrice impossible à réaliser dans des conditions dites normales. Le mental et la projection de ce dernier dans un futur créatif, permet donc de réaliser des écrits ou des œuvres différentes, qui ne seront pas obligatoirement comprises dans le temps contemporain de la création.

Parmi les citations d'Einstein, j'aime bien celle-ci :



- Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé.

Chacun d'entre-nous n'a t-il pas entendu au moins une fois dans sa vie:

- Tu n'as pas de chance ces temps-ci !

Ton ange gardien t'aurait-il abandonné ?

Bien entendu cette phrase est prononcée avec beaucoup d'ironie par le plus grand nombre, tandis que d'autres vous parlerons de guide, qu'il soit spirituel ou pas, et certains plus cartésiens vous diront que des phénomènes inexpliqués ou inexplicables ne sont dus ni plus ni moins qu'au seul fruit du hasard. Pourtant, des physiciens et chercheurs de renom se sont penchés sur ces manifestations étranges, qui font partie intégrante de notre enveloppe charnelle et de notre mental, dissociés mais pourtant indissociables que sont : le phénomène du dédoublement, celui du sommeil paradoxale, ainsi que des études faites en imageries cliniques qui démontrent désormais de manière scientifique que dans certaines conditions pour une même expérience le temps écoulé est … différent ! Bien entendu, pour l'instant, silence radio sur ces découvertes, beaucoup trop d'enjeux écrits et actés seraient mis en première ligne, tant au point de vue spirituel que scientifique.

Les physiciens, Jean-Pierre et Lucile Garnier-Mallet, nous parlent de dédoublement de la personnalité ; un corps physique : le nôtre, et un corps éthérique : notre double. A ce point de la discussion je préfère vous recopier mot pour mot un passage de leur livre. Je précise bien que dans les lignes qui suivent et dans leurs deux livres, nous ne sommes pas dans une logique de croyances religieuses ou divinatoires mais dans le monde très... spécifique des physiciens. Malgré tout, à votre grande surprise, ils vont justement reprendre certains passages des livres sacrés toutes religions confondues, pour en tirer des enseignements et des similitudes extrémement troublantes et fascinantes.

Un passage d'un des deux livres de ces deux physiciens.

................................................

L'Ana-g-elos

Notre double (notre autre "moi") est bien un simple éclaireur ou « messager du septième temps » Ce qui se disait autrefois Agguelos en Grec, contraction de ana-g-elos ou angelos en latin et ange en français.

Il est dangereux d'utiliser un nom dont la connotation religieuse ou traditionnelle véhicule des erreurs très graves capables de construire des potentiels dangereux. Il est préférable de retrouver l'origine purement scientifique d'un mot que des siècles d'obscurantisme ont galvaudé.

En effet, le Grec a l'avantage d'être une langue qui a codifié la loi du dédoublement dans un formalisme très performant. En retrouvant son sens initial, nous lui redonnons vie.

La loi du dédoublement était déjà connue au début de notre ère puisque Saint jean en parle dans le début de son Apocalypse sans en faire un mystère : « C'est moi l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, Il est, Il était et Il viendra.»

Bien connue autrefois, cette idée de passé, présent, futur, demeure une définition parfaite du dédoublement des temps.

Comme Platon, les Égyptiens enseignaient aussi la division d'un Créateur Unique par dédoublement des temps : « Je suis l’Hier et je connais le Demain... » disaient-ils, ajoutant : « l'Hier m'a enfanté ; voici qu'Aujourd'hui, je crée les Demains... »

Le Livre des Morts Égyptiens fourmille d'exemples où la logique du dédoublement apparaît sans contestation possible : « Au moment où de l'autre rive, je verrai l'Autre Moi.»

................................................ Fin de citation

Une autre approche, entre autres, ou étude des «indices» laissés par

les 5 derniers millénaires.

Les chiffres 12 et 40 - Des similitudes sont retrouvées partout depuis des milliers d'années

Le chiffre 12.

* Nos jours sont divisés en 2 fois 12 heures.

* L'année à 12 mois.

* Les Apôtres de Jésus étaient au nombre de 12.

* Les signes du zodiac sont également 12.

* Les divinités de l'olympe étaient au nombre de 12.

* Le chiisme duodécimain reconnaît douze Imams.

La tradition Juive parle des douze tribus d'Israël.

Le chiffre 40.

* Certains malades étaient et sont mis en quarantaine.

* Le Carême (Contraction du chiffre quarante)

* Les 40 jours de prières des Musulmans sur la tombe des défunts.

* Dans les traditions juives, chrétiennes et musulmanes : la locution Quarante jours et quarante nuits décrit la période durant laquelle la pluie est tombée lors du déluge de Noé.

* Les 40 jours de momifications des Pharaons Egyptiens.

* Sans oublier l'expression s'en foutre comme de l'an 40, qui a plusieurs significations.

* Née durant la Révolution Française elle aurait été utilisée par les sans-culottes pour se moquer de la durée présupposée du règne de Louis XVI (40 ans )

* Ou, Il pourrait s’agir en fait d’une déformation d’« Alcoran », mot qui apparaît vers le XIVe siècle pour désigner le livre sacré des Musulmans, le Coran.

Toutes ces similitudes ne sont pas le fruit du hasard.

Le premier de ces livres n'est ni trop scientifique ni très compliqué à « ingurgiter ». Il vous mettra en face de vous-même en mélangeant sans complexe des érudits comme Einstein, et des rapports de données scientifiquement reconnus depuis peu. Le tout saupoudré de certains passages de textes anciens qu'ils soient tirés de la Bible, du Coran, ou autres écritures Sumériennes, Grecques, ou Celtiques. Ceci donne un mélange étrangement constructif tout en étant destructeur de certaines de nos certitudes. Actuellement à la lecture, un livre sur le Druidisme, et il est curieux de retrouver des similitudes ahurissantes avec certains textes religieux, notamment de la Bible, dont certains passages sont identiques (sur le fond) au Coran, puisque Chrétiens et Musulmans ont un Dieu (apparemment le même) et des Saints communs.

Deux livres passionnants : « Changez votre futur » et « Le double...comment ça marche ? (Version plus ludique) de Jean-Pierre et Lucile Garnier-Mallet aux éditions Le Temps Présent. Mais à mon avis l'un ne va pas sans l'autre !

A dévorer absolument - Bonne lecture, ou plutôt... Bonnes lectures !

Gérard BRETON

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Le MOMENT Présent.

LE MOMENT PRESENT.

VOTRE TEMPS présent est celui qui fait avancer vos pas, un par un, sur un chemin de montagne donc avec des creux, des bosses et des rochers affleurants. Votre mental est donc entièrement consacré à l'adaptation de votre marche en fonction de ce qui va se trouver sous votre pied gauche puis sous votre pied droit. C'est le seul moyen d'éviter la chute ou la blessure. Mais si vous voulez profiter de ce temps présent en admirant le paysage, une PENSEE va vous obliger à lever le nez et à regarder la colline suivante ou l'aigle royale planant au dessus de la vallée en contre-bas. Votre mental enregistrant ainsi deux situations différentes va donc vous faire perdre la réalité de VOTRE TEMPS PRESENT... la marche sur un chemin cabossé, et éventuellement vous faire avancer un pied vers une racine qui peut provoquer un déséquilibre voir une chute. Vous devez donc, mais ça c'est complexe, éloigner cette pensée qui vous oblige malgré vous à faire deux choses à la fois. Arrêtez-vous et admirer la montagne et ses habitants à plumes. Votre pensée voyant que vous ne l'avez pas écouté, vous laissera profiter du paysage vous permettant ainsi de perdre la notion d'un temps présent soumis à deux contraintes, qui sera vécu ainsi de manière positive.

Les PENSEES du Passé sont encore pires. Vous êtes devant votre clavier, votre feuille de dessin ou d'écriture, ou devant la lampe de chevet à réparer, et vous œuvrez dans votre TEMPS PRESENT. Votre main droite s'active à écrire ou à travailler, et une PENSEE du passé vient soudain cohabiter votre mental. A cet instant précis vous n'êtes plus maître de votre vie présente, car une PENSEE antérieure au temps présent, vient se mélanger à vos gestes, qui deviendront moins précis, voir contraire à la décision initiale de votre « moi » profond qui dictait vos gestes ou votre esprit.

Un exemple : J'écris sur mon clavier ce présent texte, et soudain je pense qu'hier (donc le passé) j'avais regardé la météo qui annonçait de la pluie pour la journée. Mon mental va donc mélanger les deux ; taper mon texte sur le clavier et penser à quel moment de la journée je vais pouvoir tondre la pelouse. Pire, je vais arrêter d'écrire pour allez consulter le site météo du jour pour prévoir un futur proche afin de passer, ou pas, la tondeuse. Reprenant mon travail interrompu, et donc perturbé, il est certain que je n'écrirai pas la même chose, ayant quitté MON TEMPS PRESENT.

Les PENSEES de mon passé viennent donc de modifier mon temps présent, donc obligatoirement... mon futur. Cet exemple est simple car il ne s'agit que d'une page d'écriture et d'une heure de tondeuse, mais imaginez-vous dans une autre situation plus délicate !

Vous êtes en rendez-vous avec l'acheteur de votre maison, ses enfants sont venus seuls quelques jours auparavant et ont confirmé que c'était « LA maison pour papa ». Lui-même c'est sa deuxième visite, et il vient très certainement confirmer l'achat car c'est la maison de ses rêves, le terrain est idéal et l'éloignement des commerces plus que raisonnable. L'agence a même prévu le compromis de vente.

La contre-visite commence et bien entendu il vous parle dans VOTRE TEMPS PRESENT à tous les deux, puis soudain une image de son passé vient perturber son mental, et il vous parle d'un drame qui vient de vous affecter. Étrangement votre acheteur potentiel vous annonce qu'il a eu le même moment douloureux il y a quelques années, et subitement arrête de parler de votre maison, mais de sa femme disparue trop tôt. La discussion va tourner autour de ce sujet pendant plusieurs minutes, et vous n'arrêterez plus le processus mental engagé. Le PASSE a envahi son TEMPS PRESENT et va donc modifier vos futurs à tous les deux. La transaction ne se fera pas. Vous avez perdu un client, et lui a perdu ce qu'il recherchait depuis longtemps.

Nous pouvons donc conclure sur ces quelques mots, VIVEZ VOTRE TEMPS PRESENT, et si une pensée vient perturber ce moment primordial, qu'elle vienne du passé ou du futur, si elle n'est pas directement liée au TEMPS PRESENT, vous l'occulter. N'analyser pas cette pensée. Il y a de fortes probabilités qu'elle soit négative ou au mieux ne serve à rien dans CE temps présent.

- Et le vécu me direz-vous ! L'apprentissage réalisé dans le passé ! On l'oublie dans le temps présent ?

Non bien entendu, mais ce passé-là qu'il soit positif ou négatif est intimement mélangé à notre vie de l'instant présent, et mécaniquement notre mental analyse les deux situations et nous fait accomplir les bons gestes. Ce sont les PENSEES autres, n'ayant rien à voir avec notre occupation du moment qu’il faut apprendre à chasser afin de bien vivre notre temps présent. Seul ce dernier nous apportera la plénitude et l'harmonie nécessaire à bien vivre notre vie.

Ces deux pages sont un résumé de ce que nous devrions toutes et tous faire sur cette terre dans NOTRE VIE de tous les instants, mais c'est un exercice difficile à mettre en pratique,

sauf si la volonté de chasser son ego se manifeste enfin. Si je me réfère au Petit Larousse la définition du mot ego est la suivante :

Ego : Mot invariable : racine latine. Sujet conscient et pensant. Le « Moi » en psychanalyse

Bonne journée à vous et soleil dans votre vie.

Gérard BRETON

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Antoine ! Vous parlez trop !

Antoine, vous parlez trop !

Cette phrase raisonne encore comme un gong Tibétain, et se répercute en écho, mélangé à un effet boomerang qui fait revenir le son vers son envoyeur et repart en écho... à l'infini.

Cette courte phrase pourtant anodine, celui qui l'a prononcé est un « médecin de l'âme », l'effet papillon, comme dit la chanson. Il n'y a pas de hasard.

Antoine « sortait » d'un rude combat contre un géant, que l'on baptise en ce siècle des fausses lumières du nom pompeux de « multi-nationale ». Si David et Goliath n'avaient pas été écrit, l'occasion eu été trop belle pour ne pas nommer ainsi cette décision instinctive, qui avait monopolisé un moment la vie d'Antoine, vers ce combat perdu d'avance pour la multitude des sceptiques et des « y'a qu'a faut qu'on » qui peuple la planète. La suite leur donna tort car Goliath mis un genou en terre. Mais, n'est pas homme public médiatisé qui veut, et après la tension de ces quelques mois, Antoine se retrouva devant le « médecin de l'âme » pour l'aider à refaire surface, et c'est ce dernier qui prononça cette courte phrase ; Antoine vous parlez trop !

Alors, comme ce n'était pas le moment propice pour prononcer ces mots, et, comme une porte qui se ferme, Antoine se souda comme une huître et ne participa plus aux discussions lors des repas de famille ou entre amis ; Oh bien entendu il ne restait pas muet comme une carpe, mais distant, se contentant de faire quelques jeux de mots, ou racontant une blague à deux sous afin de marquer malgré tout son territoire. Mais de discussions engagées, peu importe le sujet, jamais, ou à dose homéopathique. Puis vint un autre jour. Un jour peut-être encore plus gris que celui du « médecin de l'âme. »

  • Antoine, tu écris trop !

Cette fois, ce n'est plus la parole qui était mis en cause, mais les écrits. Comme Antoine ne devait pas trop parler, il ne dit rien, avala la sentence et attendit en retrait la suite de la discussion. D'après le jugement qui s'effectuait autour de la table ronde (ou presque), Antoine écrivait trop, et parfois ça dérangeait. Alors que ceux qui le montraient du doigt, se vantaient de ne jamais faire de commentaires sur les "rézosocio" englués dans  le monde subtil dans lequel notre civilisation se meure doucement.

Et la discussion repris.

  • Moi je n'écris pas car j'ai peur sur internet, et j'ai raison, mais toi Antoine,  tu écris trop !

Il est vrai que si on repense aux Charlies, trop écrire ou trop dessiner peut parfois être néfaste, mais est-ce une raison suffisante, pour ne pas donner son avis, quitte à choquer les détracteurs ? Cette phrase ne sera pas appréciée,.. Antoine écrit trop !

Alors, par bravade, il continua à écrire.

Il sait qu'en face (chacun isolé devant son écran plat) il va obligatoirement y avoir deux camps, les uns pour, et les autres ! Mais n'est-ce pas le but de notre présence sur cette terre ? Engager une discussion qui ne plaise pas à tout le monde, mais qui permettrait à une multitude d'échanger des avis ? Ne serait-ce pas de ces avis contraires que jaillit bien souvent une solution intermédiaire ? Mais là, Antoine a perdu d'avance, il a retenu la leçon ce soir, il parle trop, donc il se tait.

A contrario, le manque d'écritures ne laisse t-il pas la place à celles et ceux qui veulent diriger NOS vies, et qui eux, écrivent, parlent, jacassent et nous gavent d'images . Antoine restait convaincu que le mot « Partagez » ne se résume pas à appuyer stupidement sur une touche.

Antoine s'il ne pouvait pas trop parler, pensa, j'écrirai demain !

  • Oyez oyez braves gens, écoutez et lisez la plaidoirie d'un scribe ordinaire !

    Vous êtes vous, et je suis moi.

    Avec en moins le petit bout d'Antoine que le « médecin de l'âme » a définitivement cassé, mais ça, c'est peut-être en définitive une bonne chose. Blocage psychique ou mémoire consciente/inconsciente, je ne sais pas ? En tous cas une volonté personnelle depuis bien des années, de ne plus participer à des discussions stériles devant une magnifique assiette de victuailles, artistiquement ou pas, présentées dans une assiette blanche, posée devant un vieux gobelet en étain, ou attend sagement le sang de la vigne.

    Mais ça... c'est une autre histoire. J'ai bien aimé Le Pape des escargot d'Henri Vincenot, je vous conseille cette lecture, elle est enrichissante pour qui sait lire entre les lignes.

In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, disait La Gazette, le Druide dans Le Pape des escargots.

Blasphème !  Un Druide prononçant des phrases de l'évangile en latin ! ! !

Ça vous donne envie de le lire ?

Ha oui, c'est vrai, j'écris trop !

Tant pis c'est MON, partage ! C'est plus long que d'appuyer sur une touche !

Allez en paix, soleil au cœur. Oublions le langage « chacal » il n'est que critiques, noirceur et négatif. Parlons plutôt le langage de la girafe, il a le mérite (vu son long cou) de voir plus loin, de voir plus haut, ce qui lui permet, à la girafe, voyant les coups venir de s'écarter du troupeau.

Antoine, vous parlez trop !

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Les Voeux ? Sincères, ou pas ?

LES VOEUX ! Peut-on AIMER tout le monde ! Que prononcer... sans mentir, pour célébrer une nouvelle année ?

A quoi ont servi les vœux de bonheur que des millions de personnes ont souhaité le 1er janvier 1914 ? Les ont-ils redit puis regretté au 1er janvier 1915 / 1916 / 1917 et 1918 ?

Partant de ce négatif, (déjà décrié par beaucoup de lecteurs ou lectrices), je me pose la question suivante : Quant on souhaite ses vœux à des personnes que l'on n'aime pas obligatoirement, ou que l'on critique dès qu'elles ont le dos tourné, ça sert à quoi et à qui, de dire bonne année...smack bonne santé ...smack ? N'est-ce pas de la pure hypocrisie que de souhaiter le bonheur à un quidam, alors qu'en définitive on en a strictement rien à faire et que la dernière bise ayant claqué sur sa joue, en se reculant le subconscient (ou conscient) nous dit :

  • Il (ou elle) est toujours aussi benêt, les cons ne changeront jamais !

Et puis après, on continue le tour de salle et on bisouille à tout va en pensant :

- Vivement ce soir que je boive ma tisane. J'en ai embrassé 50 et seuls 2 le méritaient !

L'Amour, mes lecteurs assidus ! Seul l'Amour peut nous empêcher d'avoir ces mauvaises pensées ou cette hypocrisie récurrente. Mais où trouver ce trop plein d'amour à distribuer ? La méditation sur soi ? Le pardon pour les autres ? Me pardonnerez-vous d'écrire ces mots ? Certains, oui ! Mais pour d'autres j'en doute, car quand on dérange le « principe établi », quand on bouleverse « l'ordre établi », quand on pose une question ou qu'on ouvre un débat qui oblige à donner une réponse inavouable ou inavouée (car non conventionnelle et qui perturbe l'hypocrite que nous sommes toutes et tous), on veut arrêter de lire ces lignes et on pense : 

  • Quel con, d'écrire ça ! Il ne changera donc jamais !

Pourtant hier pendant 24h en bises directes, en SMS, par lettres électroniques groupées, sur les réseau anti-sociaux ou partiellement sociaux, nous nous sommes souhaités nos vœux de bonheur, de santé et bla bla bla!

Perso, pour me sortir du guêpier de cette hypocrisie générale (ou presque) il serait raisonnable d'écrire ou de dire à tout le monde :

- Que tous tes vœux de paix et d'amour se réalisent !

Ah ! Ca fait du bien de penser positif. Allez au suivant!

- Salut vieille branche, ça va depuis la dernière fois ? Que tous tes vœux de paix et d'amour se réalisent !

Allez en paix, braves gens !

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Science fiction?

Robot série A48 -

Antoine avance à grands pas dans l'avenue Jean Jaurès. Il fait beau ce matin et il a enfin le loisir de pouvoir faire ses courses préférées en plein centre ville de Lémovice, sa ville natale. S'il écoutait ses papilles, il s'arrêterait bien devant la vitrine alléchante du fabricant de chocolats et entrerait faire remplir un sachet de ces belles boules noires ou marrons remplissant les étagères et... embaumant le trottoir. Seulement voilà, à presque 70 piges, les petits plaisirs sont devenus rares car avant, comme ce mot est triste, avant ce n'était plus un petit plaisir qu'Antoine s'accordait mais l'assouvissement d'une gourmandise effrénée pour tous les gâteaux de chez Georges et autres chocolats bien de chez nous, gras et sucrés à souhait. Ah ! les polkas de chez Georges, grosses comme des boules de pétanque et garnies de crème bien jaune recouverte de caramel maison, bien entendu. Pas cet insipide caramel liquide et ces crèmes fadasses et sans goût que les normes industriels et politiques ont lentement mis en place, afin de rentabiliser une production censée apporter autre chose... alors qu'en définitive elles n'ont fait que détruire ce que l'homme a de plus grand, sa sincérité : sa sincérité avec lui-même et ses valeurs et sa sincérité envers le travail bien fait que nos anciens baptisaient noblement... « dans les règles de l'art ».

Antoine avance vers le magasin de maquettes, le dernier de la ville, certainement même du département entier. Là aussi, le « progrès » a éliminé les fabricants français, les grossistes, les magasins spécialisés et a remplacé tout ce maillage grouillant d'emplois et de machines, par des containers arrivant à pleins bateaux, déversant leurs produits dans des semi-remorques, qui eux mêmes les basculent dans des entrepôts pour être livrés dans des chaînes de magasins portant toutes des enseignes différentes, mais vendant toutes les mêmes produits.....

C'est en passant devant le distributeur de pain qu'il remarqua que le A48 qui le précédait venait d'émettre le sifflement strident signalant un danger immédiat. Il l'appela :

- A48, que dois-je faire ?

Instantanément le robot pivota sur son flux magnétique et ce qu'Antoine craignait le plus arriva.

  • Où allez-vous BLG ? Vous êtes Positif ! Répondez !

  • A 20 mètres devant toi chez Mini-models.

  • Suivez-moi, entrez chez votre contact et faites appliquer la procédure 3.

Antoine pâlit, la procédure 3 était synonyme de danger immédiat, le A48 avait repéré soit des éléments électroniques suspects, soit des explosifs, soit des mouvements de BLG Négatifs. Antoine n'avait jamais eu l'occasion d'avoir l'impression sournoise de se retrouver soudain en apesanteur. « Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, Suspendez votre cours ! avait écrit Lamartine. Mais qui s'en souvient aujourd'hui ? Wikipédia, sans doute, et quelques vieux profs de français ou autres collectionneurs de vieux bouquins qui sentent encore, peut-être, le papier d'imprimerie.

Le A48 me poussa doucement mais fermement dans la boutique, ferma la porte et je fis immédiatement appliquer la triste procédure 3. La boutique ferma ses volets roulants enfermant ainsi les clients à l'intérieur des locaux. Nous y sommes restés presque... 5 minutes, et ce que nous redoutions tous n'est pas arrivé. Le A48 avait détecté un porteur de mort, un kamikaze, disait-on dans un autre temps.

De nos jours, dans notre bonne ville de Lémovice, forte de ses 215000 habitants, presque un milliers de robot A48 surveillaient en permanence l'intégralité du territoire occupé par les citadins. Rien ne pouvait passer à travers les mailles de ce filet électronique qui détectait toute anomalie suspecte. Ce jour-là c'était malheureusement le cas, malgré tous les subterfuges de camouflage que pouvaient inventer les quelques irréductibles destructeurs de l'humanité, n'ayant plus aucune chance d'arriver à leurs fins. L'homme a dû, dans les années 2020, s'avouer incapable de juguler le terrorisme ; seule solution : créer des robots capables de détecter à distance l'intégralité des différents explosifs. Mailler comme une toile d'araignée l'intégralité des surfaces habitées par l'homme, y compris les villages, afin d'éradiquer définitivement les attentats qui avaient ensanglanté le début du 21ème siècle. Antoine se dit que si le A48 n'avait pas été présent sur son parcours, il n'aurait peut-être pas pu acheter cette boite de peinture qui lui faisait défaut pour finir une maquette en cours. Le robot avait détecté... le signal s'était automatiquement déclenché et moins de 8 secondes après, trois engins répulseurs étaient sur les lieux et noyaient leur cible sous des mètres cubes de mousse absorbante d'ondes de choc. Encore une invention pour protéger l'humanité ! Cette mousse se pulvérisait sur la cible, absorbait l'explosion et repoussait l'onde de choc en son centre... Un mot qui m'a toujours fait marrer, la force centrifuge entraîne vers l'extérieur du cercle et la force centripète vers l'intérieur ; « centripète », marrant, non ?

Après 5 minutes passées à discuter avec la marchande et les quelques clients présents lors de cet incident, Antoine sortit de la boutique. Rien n'avait changé, tout était calme, pas de sirène, pas d'ambulance, pas de vitres brisées ! Ah si....Là bas dans l'angle de la petite rue, une tâche sale, bleu/vert étalée au sol et sur une vitrine, que les B12 s'empressaient de laver.

Bienvenue dans le futur !

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Passé, mon présent t'efface !

Passé tu as vécu ! Mon présent t'efface !

En toute logique le passé est derrière nous, il ne nous poursuit pas ; il ne doit pas nous poursuivre, il est simplement présent dans notre mémoire inconsciente. Il a accumulé dans ses tiroirs toutes nos erreurs, nos débordements, nos bienfaits, nos coups de cœur ou de folies, nos amours, nos désamours, nos échecs, nos réussites, nos offrandes et nos vols, nos bonnes actions et nos méfaits, nos bonnes pensées et nos pensées négatives qui souvent sont dévastatrices car elles nous guident vers une mauvaise solution !

Mais ce passé n'est plus, puisque en toute évidence il est impossible de revenir en arrière, il n'existe que dans les moments ou en pensée consciente, nos souvenirs reviennent, et sortent des tiroirs. Et ce simple fait est souvent négatif, car l'humain est ainsi fait qu'il à souvent tendance à regretter certaines choses, plutôt que de se repasser en pleine conscience les bons moments. Ces bons moments du passé sont toujours présents en nous, ils sont notre source de joie ou de lumière, et nous font vivre au mieux le temps présent. A l'inverse les mauvaises pensées ou les regrets, influence notre temps immédiat.

Le passé dans sa globalité, n'existant plus, il nous faut vivre au mieux le temps présent. Si nous réussissons à l'améliorer en conscience et inconscience, nous améliorerons ainsi notre futur par simple acquis des expériences, échecs ou réussites qui sont sagement rangées dans les tiroirs de notre passé. Tiroirs qu'il faut savoir ouvrir et vider, car il ne sert à rien ne garder en soi, les mémoires grises qui empêchent nos mondes intérieurs de s'épanouir !

Tous les thérapeutes expliquent ces fameux tiroirs par trois mots simples : Faire le vide ! Ce ne sont que trois mots, certes, mais savoir faire le vide, c'est très long et difficile à programmer dans notre mental ; on vide un tiroir, et quelques temps après, il est à nouveau rempli. Alors il faut refaire le vide pour se sentir en paix. C'est une pensée mécanique que nous devrions toutes et tous apprendre à appliquer. Notre paix du temps immédiat ne dépend que de notre volonté à se servir des bases positives du passé, pour imaginer un futur construit sur des actions et pensées positives, offrant ainsi à notre présent la pleine conscience de nos mots, de nos gestes, et de nos maux, oubliés ainsi dans le délire des sens !

Enfin, ce que j'en dit aujourd'hui, 24 septembre 2016, c'est très certainement pour vider des tiroirs.   Voilà qui est fait !  

Gérard BRETON

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Mémoires d'enfance ! Tome 2

Marie-Claude

Marie-Claude habitait juste à côté de l’atelier. Plus âgée que le petit Georges, elle fut son guide, sa seule amie, son premier amour de môme et son premier chagrin.

Que de souvenirs communiés ensemble à jouer dans la cour ou dans le jardin. Au fond de ce dernier, il y avait un dépôt de bois appartenant à une menuiserie située un peu plus bas. Souvent Marie-Claude et Georges jouaient à cache-cache sur les piles de bois parfois très instables. Un jour, voyant que les planches, empilées les unes sur les autres et séparées par des petits bois, avaient une désagréable façon de bouger comme de la gélatine, Marie-Claude dit que c’était trop dangereux de venir jouer dans le dépôt. C’est vrai, dit Georges cette pile est bancale, il faut arranger ce problème. Et çà tombait bien puisque qu’il venait de finir un livre illustré sur les Gaulois et les Romains. Georges y avait vu comment ces derniers se servaient d’un morceau de bois pour faire levier (comme ils disaient) sur les blocs de pierre. Si on pouvait bouger un bloc de pierre gros comme dix fois la niche de la chienne Eida, ces quelques planches ne devraient pas poser de problème ! Les bois pour faire levier ne manquaient pas dans le vieux dépôt et Georges commença à réfléchir pour savoir quel était le meilleur endroit où

placer le chevron. C’est ici sûrement, à mi-chemin entre le haut de la pile et le bas. Il est vrai que le haut de la pile faisait deux fois la hauteur de Georges mais, en calculant bien, ça devrait le faire !

Il plaça le chevron entre deux planches et commença à faire levier. Mais le petit Georges était gros comme un haricot vert et donc pas assez lourd pour faire bouger la pile.

- Viens m’aider s’il te plaît ! c’est trop lourd !

- Pas question, c’est trop dangereux et ça va faire du bruit si ça s’écroule!

Bon, il va falloir se débrouiller tout seul, Georges calcula qu’il était trop près de la pile de planches, il se déplaça le plus loin possible pour arriver tout au bout du levier et, han ! Un coup en avant. Chouette, la pile bouge, encore un coup ! Cette fois, c’est la bonne, elle se balance, elle va chavirer mais…. du mauvais côté, celui de Georges ! Encore un coup se dit-il pour accentuer le mouvement sinon… et la pile comme un château de cartes s’écrasa du bon côté dans un bruit d’enfer !

- C’est gagné, Marie-Claude, c’est gagné !

Le petit Georges se retourna et, comprenant le regard angoissé de sa copine, se dit qu'un événement imprévu avait eu lieu pendant le jeu. Il se retourna et le vit, la-bas, sur le trottoir de l’autre côté du chantier. Un voisin, ou supposé tel, avait tout vu ! C’était la catastrophe s’il allait le dire aux parents, Georges ne verrait plus Marie-Claude, et çà, c’était impossible, insupportable… il fallait trouver une solution et vite. Georges n’en voyait qu’une seule, traverser le chantier et aller s’expliquer auprès du monsieur dans sa blouse bleue

.

- Je l’ai fait exprès monsieur, c’était trop dangereux ! Les planches nous seraient tombées dessus !

- T’inquiètes pas petit, je ne dirai rien, ils n’ont qu’à fermer leur chantier comme il faut, et avec toute la poussière et le bruit que font leurs foutues machines, ta bêtise me fait plaisir ! Mais ne recommences pas, tu as eu de la chance que la pile ne tombe pas de ton côté. C’est toi le fils Breton ?

- Oui monsieur !

- Tu es bien aussi casse-cou qu’était ta tante. Salut mon gars !

Georges n’avait jamais su qui était ce monsieur, mais ce dont il était certain, c’était que les parents n’en sauraient jamais rien. Quant aux menuisiers, ils n’avaient jamais compris comment cette pile avait pu tomber ; il était vrai que Gorges avait refermé le passage qui leur permettait de rentrer dans le stock de bois.

Comme ils ne pouvaient plus jouer à cet endroit intéressant parce qu’interdit, il leur restait la cour, avec les billes, les cyclistes en plastique ou en métal et les fléchettes. Fléchettes dont Marie se souviendrait longtemps, surtout celle que Georges lui avait planté dans le front. Quelle drôle idée aussi de passer devant la cible pendant le tir !

  • Ce n’est pas ta faute, gamin, avait dit la mère Bauchet, mais le jeu de fléchettes est confisqué pour l’instant.

Normal se disait Georges, si elle l’avait reçu dans un œil, elle aurait été très moche avec un bandeau comme les pirates ! Peut-être que dans trente ou quarante ans pensa Georges, pour la même bêtise les parents iraient trouver un homme en blouse noire dans la grande maison de pierres place d'Aisne à Limoges.

Les jeudis de pluie ou pendant les vacances d’hiver, c’était dans la chambre de Marie-Claude qu’ils passaient les après-midi. Il y avait un lit immense presque aussi haut que Georges et, sur ce lit, un édredon de plumes, rouge très foncé. Ah ! L’édredon de plumes, doux comme une caresse de maman ! Georges aimait se rouler dedans d’un bord à l’autre pendant que sa Marie-Claude écoutait en boucle sous le saphir vieillissant une chanson d’Elvis Presley.

* * *

La maman de Marie

Madame Bauchet rentrait vers 18 heures, c’était l’heure pour le petit Georges de réintégrer le domicile familial. C’était l’heure aussi où les ouvriers de l’atelier débauchaient. Il les croisait souvent sur le trottoir, les uns partant à vélo et les autres à pied.

« La mère Bauchet » comme l’appelait la grand-mère, retenait parfois le petit Georges d’une façon un peu autoritaire. Reste ici un instant mon garçon. Oh elle n’était pas méchante bien au contraire, mais elle était grande et « un peu enveloppée » dirait-on aujourd’hui, enfin, c’est du moins comme ça qu’elle lui apparaissait du haut de son mètre dix et de ses 25 kilos tout mouillés. Quant elle retenait Georges, généralement Marie-Claude était déjà assise à la table de la cuisine, le menton dans les mains et faisait semblant de regarder la nappe avec les décors de chasseurs recouvrant la table de la cuisine.

  • Assieds-toi et mets une serviette sous ton bec !

Georges obéissait de bon cœur sachant à l’avance ce qu’elle allait sortir du garde manger, sagement caché dans le placard. Il fermait les yeux et pariait sur la couleur du gâteau. Voyons nous sommes fin juin, il reste 3 jours pour être en vacances, les prunes jaunes sont encore sur les arbres, les cerises noires… ? Ben ça fait longtemps que les merles et le père Bauchet les a cueilli ! Sauf si elle a ouvert un bocal de conserve ? Mais non c’est impossible, elle garde toujours les bocaux pour l’hiver !

Les yeux fermés, Georges entendit le bruit de la faïence se poser sur la nappe et le tintement de la cuillère choquer le bord de l’assiette. Ca, c’est certain, ce n’est pas une odeur de mirabelles, ces beaux fruits jaunes qui faisaient craquer les branches dans le jardin de Marie. Indéfinissable cette odeur, curieux même…. Georges sentait une odeur forte, chaude aussi ; il avait déjà eu l’occasion de goûter ce fruit car, sans nul doute, devant lui dans son assiette, c’était un beau gâteau bien dodu et brillant comme savait si bien les faire madame Bauchet.

  • Alors, ce nez, il est en panne ! Demandait la maman de Marie. Respires et réfléchis, je suis certaine que tu en as déjà mangé, mais peut-être pas en gâteaux. Je vais t’en couper un bout, continue à fermer les yeux et ouvres la bouche !

Le morceau de gâteau se mettait à fondre dans la bouche du petit Georges, il descendait doucement et entrait... dans son esprit, il fallait absolument trouver, sinon Marie allait se moquer, et ça, ce n’était pas possible ! D’accord, elle était plus grande que lui, oh de presque rien, duex ou trois ans, mais ce n’était pas une raison pour toujours avoir le dernier mot…

Voyons, c’est sucré, c’est fort, plus fort que les cerises, mais moins acide que les prunes, quoi que…parfois un petit morceau éclatait sous sa langue et répandait un jus amère-sucré !

  • Du citron, c’est une tarte avec des citrons ! S'écria le petit Georges.

  • Ha quand même, tu y as mis le temps ! J’ai bien cru que tu ne trouverais pas !

Ouvrant les yeux, Georges vit Marie-Claude, les yeux au bord des larmes, se retenant de rire sur la blague de sa mère. Mais ce n’était pas un rire méchant, plutôt un rire complice.

  • Pourquoi as-tu fais un gâteau avec des citrons ? Maman n’en achète que pour Noël quand on mange des huîtres ! Tu es sure qu’on peut faire des gâteaux avec ?

  • Est-ce que c’est mauvais Georges ?

  • Oh non ! C’est très bon, mais heureusement qu’il y a beaucoup de sucre, sinon ça piquerait la langue.

  • Hé oui, le vinaigre c’est pour la salade, et le sucre c’est pour les gâteaux !

Georges compris plus tard que l’on pouvait associer cette phrase à beaucoup d’événements de la vie dans le monde souvent ignoble  des « marchent debout ». Les petites phrases vinaigrées à souhait pour appuyer là où ça fait mal, et la confiture bien sucré, pour te faire passer une vacherie que l'on vient de te faire ou qui est en cours.

Le goûter dura plus longtemps que prévu et les deux enfants montèrent dans la chambre écouter quelques disques sur le Teppaz de Marie. Des disques de ses parents ! Mais aussi quelques-uns uns qui venaient des Amériques.

  • Georges ! Tu as vu l’heure, le père Bauchet vient d’arriver, tu vas être en retard pour passer à table, dépêches-toi de descendre !

En effet Georges venait de reconnaître le lourd roulement de moteur du camion benne de Monsieur Bauchet. Le monstre d’acier bleu devait se garer le long du trottoir, ses grandes roues pleines de boue, et son tuyau d’échappement puant la vieille huile brûlée ; un peu comme celle dont se servait le grand-père René pour allumer le feu dans le grand jardin de la rue Armand Dutreix.

  • Marie, vite un bisou, je suis en retard !

Marie se retourna et fit, comme tous les jours, un bisou pigeon à Georges. C’est la mère Bauchet qui avait baptisé ainsi la façon qu’ils avaient de se dire au-revoir ; un bisou sur la bouche : un bisou pigeon. Pour la bise du bonjour, c’était sur la joue, une seule bise, une bise qui claque pour faire comprendre à l’autre qu’on était content de se retrouver pour quelques heures, mais la bise de l'au-revoir c'était le bisou pigeon, Marie-Claude et le petit Georges n'y voyaient aucun mal, et il n'y en avait pas... En 1956 !

  • Au revoir madame Bauchet et merci pour le gâteau au citr…

Georges fût freiné net par une barrière infranchissable. Le père Bauchet avait garé son camion plus vite que prévu et Georges venait d’enter en contact avec cet homme, gentil mais balourd, petit et carré, sentant toujours l’essence et le tabac. Il fumait sans arrêt des Gauloises et Georges avait mémorisé cette odeur de fumée bleue qui sortait de sa cigarette. C’était curieux car lorsque la fumée sortait de la cigarette, elle était bleue et quand elle quittait sa bouche, elle était grise. Pourquoi changeait-elle ainsi de couleur ? Il n’empêche que cette odeur mélangée à l’essence du gros camion, c’était, pour Georges, le parfum du père Bauchet, fragrance  qui restera à jamais associée à l’homme à la Gauloise et au gros camion bleu.

- Allez, passe donc petit, c'est l'heure de la soupe.

Et le père Bauchet d'un geste affectueux se contentait de tapoter la tête de Georges. Ce n'était rien ce simple geste, mais il voulait dire : - je t'aime bien toi ! Et ça c'est un petit bonheur à ramasser à la main et à conserver dans sa mémoire. Presque 60 ans après, je sens encore sa main, l'odeur du diésel et de la fumée de Gauloise, comme si j'étais sur les marches le la maison de marie-Claude ;

* * *

L’aube blanche

Ou... la fin d'un temps !

C’était un jour de grand soleil, un mercredi sans école. Après avoir fait les devoirs et rangé l’ardoise grise dans le cartable de cuir, Georges sortit dans la cour pour rejoindre l’atelier. Deux ouvriers coulaient le plâtre, blanc comme des œufs en neige, tournaient les moules, tandis que d’autres ébarbaient les coulures sur les statuettes de la veille, déjà sèches et prètes à partir à l’atelier de peinture.

Henriette était devant la hotte un pistolet à la main, et peignait en marron une pirogue dans laquelle une jeune femme déjà peinte en noir, pagayait le long d’une rivière imaginaire.

  • Alors mon petit Georges, c’est mercredi tu es tout seul et tu t’ennuies !

  • Non, je suis venu te faire un bisou, et après je vais voir Marie-Claude.

  • Marie-Claude ? Aujourd’hui tu ne la verras pas, elle est partie avec la mère Bauchet pour essayer son aube de communiante !

Son aube de communiante ! Georges se rappelait en effet que parfois Marie-Claude parlait de sa « petite «communion », de son apprentissage du catéchisme comme elle disait, et qu’après elle ferait sa communion solennelle. C’était certainement pour cette occasion qu’elle était partie en ville aujourd’hui.

Les semaines passèrent très vite après cette fin d’hiver de 1958. Le printemps, les fleurs roses sur les pommiers, les premières hirondelles qui passaient si bas qu’on pouvait voir leurs yeux – il va pleuvoir, les hirondelles volent bas – aurait dit la grand-mère. Puis les vacances de Pâques, suivies de la rentrée ; l’école, toujours l’école.... Heureusement, il y avait l’histoire et le calcul mental. Puis un jour du mois de mai…

  • Georges, demain je ne serai pas à la maison, il faudra que tu joues tout seul, je pars en car pour faire ma communion solennelle !

  • En car ? Et tu rentres quand ?

  • Le soir. Nous partons en car parce que nous sommes presque 30 communiants et communiantes. Tu viendras me voir ? Le car s’arrêtera devant la maison ?

  • Où veux-tu que je sois ! Bien sur que je serai là !

Georges passa une nuit agitée. En car et pourquoi en car ? Et puis pourquoi lui dire de ne pas oublier l’au revoir puisqu’elle revenait le soir même ?

Les premiers rayons du soleil filtrèrent au travers des persiennes en fer et se frottèrent sur les paupières de Georges. Il se leva aussitôt et se dirigea vers la cuisine.

  • Tu es déjà debout, il est à peine sept heures !

  • J’ai promis à Marie-Claude de lui dire au-revoir, elle fait sa communion aujourd’hui.

  • Ah oui c’est vrai, le car vient vers dix heures tu as le temps de faire ta toilette et de déjeuner.

Il est presque dix heures, Georges est dans la rue, assis sur le pas de la porte, les pieds posés sur une barre en fer qui sert à frotter la semelle des chaussures. Il fait beau ! Dommage qu’elle s’en aille, on aurait pu jouer aux fléchettes dans la cour, pensait le petit Georges.

Un grand car bleu descendait doucement la rue Mariette, ce devait être lui. Il s’arrêta devant une des maisons et un enfant que Georges connaissait peu car les parents disaient qu'il habitait trop loin du magasin, monta dans le car accompagné de plusieurs adultes. Etrange, il avait un manteau blanc ! Ha ! La chienne Eida aboie, Marie-Claude ne va pas tarder à sortir ! Georges écoutait tout et savait tout ce qui se passait. Les bruits des portes qui s’ouvrent ou se ferment, les semelles sur le sable ou les graviers, tous ces bruits lui permettaient en fermant les yeux d’imaginer le parcours de celui ou celle qui se déplaçait. Ecoutons ! Deux, non trois personnes sont sur les graviers de la cour, ça fait scrunch, scrunch… ils descendent l’allée de sable, ça fait criii, criii. Cling, ça c’est le bruit de l’ouverture du loquet du portail, dans trois secondes ils seront sur le trottoir, qu’est-ce que je suis malin, pensait Georges ! Je suis certain d'avoir encore gagné.... Oui, ils sont trois !

Il ouvrit grand les yeux pour confirmer qu’il avait gagné une fois de plus à ce petit jeu. Il les ouvrit et resta assis, impossible de se lever, de décrocher ses fesses de la marche de béton. Ce n’était pas possible, ce n’était pas sa Marie-Claude qui était là ? Non, ses yeux voyaient quelqu’un d’autre, une jeune fille dans une robe blanche avec un livre à la main, un livre qui avait les côtés qui brillaient comme de l’or sous les rayons du soleil. Marie-Claude quitta sa mère et se dirigea vers le petit Georges. Qu’elle était belle comme ça, toute blanche !

  • Et alors tu es collé à la marche ? Viens me faire un bisou, le car arrive.

  • Oui !

Etrangement, Marie-Claude lui fit un bisou pigeon devant l'air heureux de sa mère et de son père, habillés comme pour aller à un mariage. C'était la première fois que Georges voyait Monsieur Bauchet avec une chemise et une cravate, et surtout sans sa Gauloise allumée. Plus haut dans la rue, la Vedette tournait au ralenti, un peu comme Georges sur sa marche en béton, la vie semblait se ralentir, le temps s'arrêter... ou presque.

Le car bleu stoppa devant la maison, il était à moitié rempli d’enfants habillés de blanc comme elle. C’était donc ça les aubes ! Elle grimpa les marches, prit l’allée centrale et s’assit contre la vitre. La porte du car claqua, le moteur cracha une fumée bleue qui puait autant que le camion du père Bauchet, puis elle leva la main et Georges resta là, planté sur le bord du trottoir sans même pouvoir lever la main pour dire au-revoir. Georges n'avait pas vu sa mère arriver derrière lui, son père devait, comme d'habitude, être derrière ses factures ou dans l'atelier. Que Marie-Claude s'en aille habillée en mariée avec ses parents semblait peu lui importer.

  • Bon alors tu vas rester dans la rue jusqu’à demain ? Lui demanda sa mère.

  • Elle est partie !

  • Elle revient ce soir vers six heures !

  • Non, maman tu ne comprends pas, elle est partie, ce ne sera plus jamais pareil ! Hier, j’avais une copine et ce matin, dans sa robe blanche j’ai vu une mariée.... Elle a grandi maman, pas moi, tu vois bien qu’elle est partie !

Et Georges rentra en courant dans l'atelier, se réfugia dans les bras d'Henriette qui devait se douter de ce moment de solitude.

Le mois de mai, le car bleu, la robe blanche, les mains qui se lèvent, le car qui s’en va, diminue.... C’est fini, il a tourné le coin de la rue. De fait, cette journée fut le début d’autre chose, car Marie-Claude avait en un seul jour, quitté son enfance pour entrer dans l’adolescence et donc laisser Georges gérer seul ses sept ans. Ce fut son premier chagrin d’amour ! Mais c'est toujours celui-là qui reste à jamais gravé dans la mémoire d'un môme en culottes courtes.

Il s'était passé peu d'années entre l'orage à travers les clayettes et l'aube blanche, mais ce furent de très loin les plus belles ; après... Ce sera pour une prochaine histoire ! Mon histoire !

                                                                                 *  *  *  *  *

Appelez-moi Georges, comme mon oncle, ou Yves et René comme mes grands-pères, ou Antoine comme la plupart de mes ancêtres Bretons, j'aurai l'impression de les voir derrière mon épaule me regardant tapoter sur le clavier !

A suivre...

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Mémoires d'enfance ! Tome 1

Bonjour. Texte un peu long à lire. je vous conseille de l'enregistrer, voir de l'imprimer, pour en faciliter la lecture. Certains noms ont été modifiés.

                                                                                    *  *  *

Petite enfance - Moments de vie ou de non-vie - Les souvenirs sont là, encrés, et restent jusqu'au dernier jour pour certains (es) ou se dilueront dans un monde inconnu, ne laissant qu'une enveloppe vide pour d'autres!  Fragments de mémoires certes, mais pas une autobiographie, je n'en ai pas la prétention.


                                                                                   *   *   *

A travers les Clayettes

J’ai entendu une voix sourde, comme un roulement lointain, mais je ne sais pas analyser les bruits étouffés qui m’enveloppent ou m’emprisonnent. Autour de moi tout est doux, liquide, calme et rassurant. Je ne sais pas qui je suis encore, mais je sais que je ne suis pas vraiment moi et que je me laisse bercer et aimer lentement, au gré du corps qui m’abrite.

Je ne suis qu’un fœtus, gros comme un melon sans doute, enfin d’après ce que j’entends, mais je vais grandir très vite dans ce doux cocon, et dans quelques mois on dira de moi que je suis un bébé, un futur footballeur, un boxeur, ou que sais-je ou ne sais-je pas encore. Les autres, ceux qui sont de l’autre côté, ont semble-t-il beaucoup d’imagination pour donner des titres ou classer les « marchent debout » dans des tiroirs.

  • Alors il va bien ce bébé, il ne bouge pas encore ?

  • Non, mais bientôt je pense !

  • Mon premier c’était un vrai footballeur, il n’arrêtait pas de donner des coups de pieds, ho le cochon, il m’en a fait voir les deux derniers mois !

Les jours passent, les semaines, j’ai grandi je suis un peu à l’étroit dans ma bulle d’eau, et puis je donne des coups de pieds quand ceux qui sont dehors parlent trop fort. J’entends les bruits de la cour, le roulement des chariots avec leurs roues en fer, il y a parfois une odeur de fumée de bois qui semble dégoûter le corps qui m’abrite et me cache de l’extérieur. Je ne vois pas, je ne sais pas, je ne touche pas, je ne sens pas mais je sais quand l’amour est là. Je sais aussi quand la colère s’infiltre sournoisement dans mon espace-temps. Je sais quand la tristesse envahie l’univers qui me protège ; je ressens tout ça, je « sens » tout ça ! C’est étrange !

Presque neuf mois se sont écoulés d’après ce que disent les voix que j’entends à l’extérieur de ma bulle, je grandis, je bouge de plus en plus, je deviens curieux et impatient, j’en ai assez de cette espace devenu trop petit. Qu’y a t-il de l’autre côté de cette prison d’amour ? Un désir que je ne m’explique pas me pousse à aller voir de l’autre côté, à quitter ce nid pourtant fait de tendresse. Il faut que je sorte…

  • Poussez ! Je le vois, il se décide enfin à venir, je commençais à désespérer, il se trouvait bien au chaud et il ne voulait pas voir sa maman ce galopin ! Allez Madame poussez encore ! Non ça ne va pas assez vite, on n’y arrivera pas… Forceps !

Et puis, j’ai mal ; quelque chose me fait mal, ça serre mon crâne, enfin je crois que c’est la partie de mon corps que les « autres » appellent ainsi.

« On » me serre la tête avec quelque chose de froid en parlant très fort. Je ne sens pas sa main mais un étau qui me tire vers l’extérieure de cette bulle chaude où je flottais avec plaisir, presque avec jouissance. Puis soudain, le froid, la lumière, le bruit, le frottement rugueux de quelque chose sur ma peau et une grande douleur dans la poitrine, un déchirement venant de l’intérieur ; c’est ça dehors ? Il faut souffrir ? Alors je souffre, j’entends une voix. Ma voix… Je crie, enfin je crois ! Puis « l’autre » parle à son tour :

  • c’est un garçon, il a tout ce qu’il faut, il est marrant avec sa tête en pain de sucre à cause des forceps! Et puis la bosse qu’il a derrière la tête, ça lui servira à mieux tenir son béret ! Mais non Madame je plaisante, ne vous inquiétez pas, cette déformation passera en quelques semaines. A cet âge, les os sont plus souples que du fromage, dans 3 mois son crâne sera redevenu beau comme celui d’un angelot !

Et puis plus rien ne s’enregistre, un espace vide sans aucun souvenir, rien.

Plus rien pendant trois ans,  peut-être… Les journées, les semaines, les mois ont passés comme passent les hirondelles, très vite, tellement vite qu’on n’a même pas le temps de voir leurs yeux ! Elles tournent autour de toi dans la rue, passent entre les fils électrique, grimpent, plongent, tournent à droite, à gauche, piquent au raz du sol, et toi tu n’as le temps que de voir passer un petit oiseau noir avec une tâche blanche.

  • Pourquoi vont-elles si vite, demanda Georges à son père ?

  • Elles chassent les mouches et les moustiques pour les manger, mais comme ils volent vite pour ne pas se faire attraper il faut qu’elles se dépêchent !

Ha bon, elles mangent des mouches ? Drôle d’idée pensa le petit Georges.

                                                                                 *  *  *

L’orage

Ma vie avait véritablement commencé ce jour-là, ce soir d’orage, avant rien ! Le néant ! Aucun détail ne venait agrandir l’album de souvenirs de ma petite enfance, comme si ces mois passés à marcher à quatre pattes, puis à deux pattes s’étaient effacés de ma mémoire, ou même, n’avaient pas existé.

C’était en 1952 je crois. A travers les clayettes des contrevents fermés, les éclairs illuminaient la chambre aux murs recouverts de papier à fleurs. Des fleurs rouges et roses avec des feuilles vertes sur le mur du côté des fenêtres qui regardaient l’avenue, et sur l’autre mur, en face, les couleurs semblaient avoir été lavées, les rouges étaient roses, et les feuilles étaient de la même couleur que le verre de la bouteille de vin du grand-père Yves. Georges avait peur, peur de ce bruit, peur de ces coups de tonnerre qui ne revenaient jamais tout à fait régulièrement. Peur de cette grande chambre dont le plafond semblait si haut que même l’armoire semblait ridiculement petite. Dehors, l’orage grondait et les gouttes d’eau tombant sur les volets faisaient autant de bruit que les martèlements des sabots de chevaux qui passaient parfois sur les pavés de l’avenue de Naugeat.

  • Viens petit, avait dit la grand-mère, nous allons regarder l’orage tous les deux. Tu n’as pas peur au moins ?

  • Si j’ai peur, ça fait du bruit, et la lumière fait mal aux yeux !

Des éclairs passaient au travers les clayettes des volets, et déformaient tout l’environnement dans la chambre, l’armoire voulait se mettre à bouger, le cadre avec la photo en noir et blanc sur le mur semblait surgir de nulle part, et disparaître aussitôt. Bien sûr que Georges avait peur, quelle question !

Ses parents étaient partis en voyage, et leur absence devait durer plusieurs jours avaient-ils dit avant de partir à la gare de Limoges. Ils avaient confié le petit à la grand-mère Marguerite. Quelques mois plus tôt, le grand-père Yves « était parti pour un long voyage » avait dit la famille ; un très long voyage, sans doute, car les semaines avaient passé et il n’était toujours pas revenu, alors ce soir, c’est avec la grand-mère et l’orage, que la soirée s’écoulait au gré des coups de tonnerre et des éclairs. Demain, il pleuvrait encore et la journée se passerait comme les autres, à tourner les pages d’un journal écrit pour les grands, et à regarder le chat dormir comme un idiot dans le cageot d’oranges posé sous la fenêtre donnant sur la cour.

La grand-mère ne parlait pas beaucoup, à Georges en tout cas. Aux autres, bien sûr, les discussions semblaient normales, voir parfois chaleureuses quand il était question de l’atelier de papa. Peut-être que le grand-père était trop long à revenir de son voyage et le regard aux yeux bleu clair, presque transparents de la grand-mère semblaient ordonner le silence, Georges se demandait pourquoi, mais du haut de ses quatre ans il n’avait pas de réponse à donner. Dehors les éclairs se succédaient les uns aux autres et les grondements de canons qui suivaient ne pouvaient pas rassurer le petit Georges.

  • Un, deux, trois, comptait la grand-mère, il se rapproche. Tout à l’heure, j’avais compté jusqu’à cinq !

Il se rapproche ! Que veut-elle dire par là ? L’orage pourrait-il entrer dans la chambre aux murs de fleurs ? La grand-mère prit Georges sur ses genoux, bien en face des volets de bois bien fermés qui donnaient sur l’avenue de Naugeat. A chaque déferlement de lumière, les éclairs passaient à travers les clayettes et se répandaient dans la pièce en couvrant tout d’un flash blanc. Les objets et les meubles semblaient danser au gré des éclairs et leurs ombres mouvantes alourdissaient les murs. Georges serra très fort le bras de la grand-mère mais elle resta sans réaction à cette manifestation de peur. Georges était seul, l’orage dura longtemps, la grand-mère s’endormit et Georges descendit de ses genoux pour aller se cacher sous le gros édredon rouge tout en haut du lit. Puis l’orage s’éloigna, le calme revint dans la grande pièce, et le gamin ferma les yeux, laissant la grand-mère dormir sur la chaise de la chambre. Ces longs moments de bruits et de violence blanche se mélangèrent intimement et sournoisement dans sa mémoire avec un sentiment de solitude, et d’abandon, au début avec tristesse et incompréhension, puis bien plus tard avec indifférence. Après tout ce n’était pas bien grave, on ne peut pas être aimé de tous le monde.

Indifférence, Georges en eu le sentiment toute sa vie et il ne compris jamais pourquoi, mais c’était ainsi il fallait vivre avec ce manque de tendresse et passer à autre chose, c’est ce qu’il fit avec une totale indifférence étrangement mélangée à un soupçon d’amertume.

                                                                                    *  *  *

L’atelier de plâtre

Une année passa, sans autres souvenirs que cette soirée d’orage derrière les clayettes. Des pages blanches sans rien écrit dessus, sans odeurs, sans bruits, comme si la mémoire de Georges n’avait retenue que : la douleur de l’accouchement, l’orage, et quelques bribes de souvenirs floues, des odeurs, des bruits de machines aussi, Georges s’en souvenait, mais des adultes, des « marchent-debout » rien ou pas grand-chose ne venait alimenter ses souvenirs, sauf son père et sa mère bien sûr, mais aussi un homme un peu rond, un Italien, le Rital comme disait papa, qui sentait bon le saucisson à l’ail ! C’est vrai que certaines odeurs restent à jamais gravées dans la mémoire et sont associées à un événement, un lieu, une personne ; la mémoire olfactive, encore un mot qu’il faudrait retenir plus tard à l’école avait dit maman. Mais pour l’heure il ne s’agissait pas de se rappeler d’un mot, mais de l’inverse, il fallait relier l’odeur du saucisson à l’ail à ce qui ne pouvait être que celle du Rital dans l’atelier de plâtre. Georges se rappelait un court moment de sa toute petite enfance comme s’il avait eu lieu hier, parfois certains souvenirs s’effacent comme des traces sur une plage, tandis que d’autres sont gravés aussi durablement que dans le marbre.

  • Assis-toi pétit ! Viens manger un bout !

  • Je viens de boire mon chocolat !

  • Et alors ? Si tou veux être come io, mangi un pezzo di salame !

  • Mangi, quoi ? Du salame ?

  • madre di dio, di sauci… ? du saucisson, dans mon pays on dit salame !

  • Ca sent bon tu me fais goûter s’il te plait !

Plus de cinquante ans après ce goûter imprévu juché sur une caisse en bois dans l’atelier de plâtre, le souvenir du saucisson à l’ail explosait dans la bouche de Georges. Ce bon pain qui croustille et cette tranche de saucisson rose, l’odeur un peu fade du plâtre mouillé d’eau, ce n’était plus des souvenirs, mais une tranche de vie qui défilait comme un nuage bleu dans un ciel blanc, ou l’inverse peu importait. Une année passa, peut-être moins, ce n’est pas facile de réfléchir au temps passé, au temps qui s’est enfui sans s’être inscrit sur une page blanche. Le souvenir d’un bruit, d’une odeur, d’un mot qui claque, ce ne sont que des morceaux de vie, des miettes de souvenirs. Alors un mois, six mois, un an peu importe, mais le souvenir du saucisson à l’ail était accroché à la mémoire du petit Georges, le Rital, le plâtre, l’odeur du plâtre mouillé, tout était là, bien blotti au creux de son enfance.

Puis ce fût la veille du grand jour, la grande aventure vers l’inconnu ! Tout le monde en parlait ; dans les ateliers, à la maison, chez les voisins, tous semblaient attendre quelque chose d’extraordinaire et, inlassablement, répétaient les mêmes phrases.

  • ça ne peut pas toujours durer, les vacances, avait dit Madame Bauchet la voisine. Et puis, ça va nous faire du bien de ne plus avoir la marmaille sans arrêt dans nos jambes ! Chacun son tour, maintenant, c’est les instituteurs qui vont s’en occuper. Ma Marie-Claude, c’est sa troisième année.

Et la « mère Bauchet », comme disait la grand-mère, regardant gentiment Georges, lui demanda :

  • Alors, Georges, c’est pour demain ? Tu n’as pas peur au moins ?

Encore la peur ! Mais peur de quoi ? Il paraît que demain c’est le jour de la rentrée des classes et que les enfants quittent la maison, c’est vrai que c’est triste mais ce n’est pas bien grave puisque maman a dit qu’elle viendrait à l’école.

Et puis pourquoi faire toutes ces histoires puisque maman m’a dit en me prenant dans ses bras et en me serrant très fort :

  • Je viendrai te chercher à onze heures et demie pour revenir manger à la maison. Tu vas voir, tu vas trouver plein d’enfants de ton âge dans l’école. Tu vas te faire plein d’amis et tu vas aussi apprendre à dessiner. Tu sais, la maternelle, c’est la première étape vers la grande école pour apprendre à lire et à compter.

Enfin, c’est ce qu’a dit maman ! Mais pourquoi me serrait-elle si fort ? En y réfléchissant, n’avait-elle pas ce regard étrange qu’on parfois les grands quand ils font un gros mensonge ?

Georges resta sur cette mauvaise intuition le restant de l’après-midi, naviguant entre les bacs de plâtre de l’atelier de moulage et l’atelier de peinture qui sentait si bon.

En passant près du père Jaccopucci qui tournait et retournait les gros moules de plâtre, il l’interpella avec cet accent italien si étrange pour les oreilles, mais si facile à aimer même si l’on ne comprenait pas tout. Régulièrement, il mélangeait les deux langues, le français et l’italien et, ce, sans aucun scrupule ; même papa ne comprenait pas toujours ce que le père Jacopucci voulait expliquer.

  • Té voilà lo bambino ! Démain qué l’écolo…. Termina l’amousémi, termina !

Mais qu’ont-ils tous ? Lui aussi rigole pour demain ! Ce n’est pourtant pas son habitude de se moquer de moi et, même avec son mauvais français, j’ai compris ce qu’il voulait dire ! « Tiens voilà le petit. Demain c’est l’école, fini de t’amuser, fini ! »

Georges décida de recommencer un tour de l’atelier. Dans une heure, les ouvriers partiraient et le silence se poserait sur les chiens, les biches et les marquises en plâtre : alors ce calme donnerait une autre dimension à l’ensemble. Toutes les choses prendraient une proportion différente et deviendraient un peu plus inquiétantes. En faisant le tour des ateliers Georges se mit à penser à cette fameuse nuit ou il avait eu si peur.

Un soir, Georges s’était promené dans l’atelier pendant que les parents dormaient. Seule, la lumière de la lune entrait par les grandes baies vitrées tout en haut des murs ; alors, tout était devenu différent : les dizaines de chiens loups blancs, sortis des moules et bien alignés sur les planches de sapin pour les faire sécher, semblaient aussi froids et tristes que le monsieur mort, sur la photo du journal que papa lisait à midi. Mais eux, les chiens loups, en plus ils étaient nombreux, prêts à bondir vers le plancher de béton pour rejoindre Georges. Très vite, il se faufila vers l’atelier de peinture. Là, au moins, il y avait des couleurs et peut-être que madame Henriette, la dame de la peinture, avait décoré les belles jeunes filles aux cygnes ? Qu’elles étaient belles ces statues ! La dame était allongée sur l’herbe et elle caressait le cou d’un cygne blanc ; elle avait un regard tellement gentil qu’on avait l’impression que le cygne était son amoureux !

Il y avait aussi les enfants au parapluie ! Ceux-là ils étaient marrants, ils se faisaient un bisou sur la bouche sous le parapluie jaune et rouge. Pourvu qu’Henriette ait peint ces modèles, pensait le petit Georges en approchant des box de peinture. Il approchait d’une des deux cabines quand soudain au détour d’un chariot, il le vît. Pétrifié d’effroi, il resta tétanisé devant cette ombre gigantesque tendant un bras vers lui comme pour l’attraper. Georges recula et s’enfuit de cet atelier, maudit dans le noir, et si attirant le jour ! Cette nuit-là, il fit pipi au lit et, bien entendu, tout le monde mit ça sur le compte de la future rentrée des classes… Quant au géant de l’échappée nocturne… le lendemain matin, à l’embauche, Eliot (le deuxième mouleur) l’attrapa de son cintre et l’enfila en secouant le plâtre blanc qui le recouvrait. Le vilain fantôme n’était qu’une salopette, déposée la veille à la débauche.

Que de souvenirs dans ces ateliers, l’odeur du plâtre gorgé d’eau qui séchait sur les étagères en sapin. Venant d’un ancien baraquement des Américains que papa avait acheté aux domaines. Et puis la peinture glycérophtalique avec son odeur forte, lourde, enivrante, mais qui reste gravée dans la mémoire…du nez. Le plâtre qui s’infiltrait partout quand on le battait. Tout môme Georges avait appris à imiter les grands. Quand les statuettes étaient sèches, les ouvriers grattaient les « barbes » de plâtre qui avaient coulé entre les deux coquilles du moule, puis les ouvriers ponçaient les statuettes pour rendre le plâtre bien lisse. Après le ponçage il fallait « battre » les sujets pour éliminer la poussière avant la peinture. Antoine, le père de Georges, avait fabriqué avec des morceaux de manches à balais, des sortes de fouets avec des lanières de vieux chiffons, et c’est avec ces fouets improvisés que l’on enlevait la poussière du ponçage. Elle volait partout, entrait dans les narines, sous les ongles, dans les oreilles, sur les cheveux, mais c’était formidable, Georges travaillait comme les grands, on lui avait même confié une spatule en métal pour racler les « barbes » de plâtre, quelle fierté pensait Georges.

  • Tu rêves encore? Lui dit grand-mère Marguerite avec ses yeux bleus gris !

  • Non ! Mais si je rêve, c’est pas bien ?

  • Heu ! Si !

Tiens, c’est curieux la grand-mère n’avait pas su quoi répondre pour une fois, pensait le petit Georges. Mais il est vrai que les grands eux, ils savent tout ! Mais là sur le coup la mamy n’avait pas su quoi dire, pensait Georges un petit sourire au coin des lèvres.

                                                                                              * * *

                                            Premier jour !

Huit heures ! La cuisine sent bon le chocolat, mélangé à l’odeur âcre du café chauffant sur le gaz. Du bon chocolat en poudre cuisant tout doucement dans du lait. Il fallait sans cesse le tourner pour ne pas le faire coller au fond de la casserole. Les vapeurs de chocolat se dispersaient dans la maison en descendant du bord de la casserole, pour se répandre comme une brume au soleil, et enfin arriver dans les narines. Cette odeur parmi tant d’autres que la mémoire grave à jamais dans nos sens. En écrivant ces quelques lignes, Georges semble entendre la cuillère de bois de sa mère tourner dans la casserole en porcelaine blanche, et sentir l’odeur du chocolat noir fondant doucement dans le lait chaud !

Maman a mis ses habits du dimanche ; elle est belle comme ça, elle a un grand sourire mais Georges devine dans ses yeux, qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pourquoi a t-elle fait tomber le bol vide en disant :

  • Décidément c’est la journée, il ne manquait plus que ça !

Maintenant que le grand jour était arrivé, comme ils disent, Georges a peur de quitter la maison, peur de ne plus y revenir. C’est quoi l’école ? Pourquoi tous ces mystères ? Il se regarde dans la glace du couloir, il a les yeux tristes, il ne veut plus y aller ! Puis, il repense à la trousse toute neuve qu’il doit avoir pour franchir les portes de la maternelle, cette inconnue qui fait rire les grands, mais qui semble poser comme une brume, sur les yeux de maman.

A ce moment, son père lui tend un paquet en disant :

  • Voilà de beaux outils tous neufs Gérard; à toi de bien t’en servir!

  • Elle sent bon !

La trousse est bien là, semblant prête à sauter dans un cartable en toile que maman a cousu avec du tissu donné par le grand-père René. Elle sent bon le vrai cuir la trousse, et les crayons de couleurs sentent le bois coupé et la peinture fraîche ! Encore une odeur qui reste en mémoire. Les chaussures aussi sont neuves, un peu dures mais maman et grand-mère ont dit qu’il fallait marcher pour les rendre douces et que le chemin de l’école servirait à cela.

De l’atelier de la rue Mariette à la maternelle de l’avenue de Naugeat, il ne fallait que cinq minutes pour y parvenir. Cinq courtes minutes pour passer devant toutes ces maisons que Georges semblait découvrir pour la première fois, les yeux grands ouverts sur les façades aux volets gris, sauf celle du docteur, une grande maison bourgeoise aux persiennes et fenêtres blanches. La dame du docteur, c’est comme ça que l’appelait grand-mère Marguerite, était toujours habillée dans des habits du dimanche et ses cheveux, même le matin, semblaient en permanence sortir des mains habiles du coiffeur. Des gens chics, disaient les voisins, pas causant du tout avec les autres gens de la rue. Pensez ! Un docteur ! Un spécialiste en plus, ça ne se mélange pas à tout le monde !

Juste en face, une grande maison, neuve celle-là, pas belle du tout, carrée comme les cubes de bois avec les dessins de Mickey collé dessus. En bas une porte d’entrée avec un carreau ou l’on ne voyait pas à travers, et une porte de garage. Au dessus deux fenêtres et encore deux autres fenêtres plus haut. Dans cette maison habitait deux enfants, un garçon et une fille. Pourquoi Georges n’allait jamais jouer chez eux et pourquoi ne venaient-ils jamais à la maison, c’était un mystère mais c’était comme ça. Des fonctionnaires paraît-il ! Grand-mère disait que la dame avait une petite bouche. Ce n’est pas grave ça, pensait Georges ! Petite bouche ou grande bouche, le principal c’est bien d’en avoir une, non ? C’était tellement évident dans la tête d’un petit garçon de six ans que Georges pensait que parfois, les grands parlaient vraiment pour ne pas dire grand chose.

La maison plus haut était une grande bâtisse, aussi grande que la maison du docteur. Dans cette grande demeure, un peu austère avec sa façade grise, elle aussi, mais avec des volets rouges foncés vivaient quatre familles. Dans le couloir deux ou trois enfants, peut-être plus, se chamaillaient régulièrement ! Les gens qui habitaient là allaient tous au travail le matin de bonne heure et ne rentraient que tard le soir… Georges savait que l’un d’entre eux travaillait comme conducteur de Trolleybus, il avait un fils qui allait à l’école lui aussi, mais il ne sortait jamais jouer dans la rue. Les parents de Georges disaient que derrière la maison, il y avait des jardins que les hommes cultivaient de légumes et peut-être aussi de fraises, de groseilles et de cassis, des cassis gros comme des yeux de lapins, bien noirs ! Des cassis qui tâchaient les doigts si on ne faisait pas attention en les cueillant….

Une fois chez le grand-père René, Georges avait sali son pantalon et sa chemise ! Hum les cassis étaient bons mais…pas la fessée qui a suivi. Certainement que dans ce jardin, les groseilles, les fraises et les cassis étaient aussi bons mais il était inutile de demander à y aller, Georges connaissait d’avance la réponse.

  • Non mon petit, tu vois bien qu’on n’a pas le temps, et puis, ces gens on le les connaît pas assez pour les embêter chez eux. On verra l’année prochaine.

Tous les ans, il y avait une année prochaine, et en grandissant, il avait l’impression que son territoire ne s’agrandissait pas beaucoup.

Georges tenait la main de maman, ils arrivaient au carrefour de la rue de Fontaubert, encore quelques pas et….. Ce fût la panique ! Un mur de pierre immense, aussi haut que les fenêtres de l’atelier de peinture ! Sur le dessus, il y avait des tuiles rouges comme sur un toit de maison. Au détour du mur, l’avenue de Naugeat, et là, des enfants et des mamans. En y regardant mieux, il y avait beaucoup plus d’enfants qu’au premier regard car, la plupart d’entre eux étaient tellement accrochés aux robes de leurs mères, qu’ils semblaient se fondre avec elles.

Que va-t-il m’arriver ? pensait le petit Georges. Pourquoi pleurent t-il ? Je suis sûr que l’on m’a menti et que maman ne reviendra pas me chercher pour manger à midi ! Même cette dame pleure... et celle-là aussi… et celle-là également ! Moi, je ne pleurerai pas, je vais attendre onze heures et demi et, si maman ne vient pas me chercher, je partirai à pied à la maison ; après ? On verra ! Ainsi passa sa première matinée à la maternelle de l’avenue de Naugeat.

Georges s’en souvenait comme si c’était hier. Une petite porte de bois peinte en gris clair pour entrer dans la cour, de grands bâtiments sur la gauche avec des marches en pierre qui arrivaient presque aux genoux ; devant les marches, des pavés biens ronds à force d’être usés par les sabots des enfants, et au milieu de la cour du sable jaune, bien dur, qui arrachait la peau quand on se cassait la figure. Les deux murs de côtés se rejoignaient pour former une pointe et, au milieu de celle-ci, trônait un arbre centenaire, l’écorce polie par les petites mains des élèves. Cet arbre allait devenir son plus fidèle compagnon, oh certes un peu isolé du reste de la cour, mais de là, il pouvait regarder les autres et choisir celles et ceux qui allaient devenir ses futurs copains.

Enfin c’est comme ça que Georges voyait la vie, la regarder de loin pour se faire une idée et prendre une décision. C’était sa perception des choses du haut de ses six ans. La suite lui prouva que le fond de la cour n’est pas toujours la meilleure place et c’est bien souvent que Georges fût obligé de monter en première ligne et de forcer le passage pour avoir le droit d’espérer et de rester droit dans ses bottes. Il écrira plus tard, cinquante ans après:

  • Droit dans ses bottes, c’est bien, à condition qu’elles soient à la bonne pointure !

                                                                            * * *

   Le verre de lait

Michèle avait l’air triste ce matin, pourtant, d’habitude, sa bouille toute ronde avec ses joues couleur de barbe à papa au goût framboise, respirait la gaieté et l’espièglerie. Que s’était-il passé pour que son visage soit si triste ? Georges se posait la question mais n’osait pas demander à Michelle la raison de cette tristesse. Elle le raconta aux autres enfants dans la cour ; une première petite fille s’approcha d’elle et lui parla, elle répondit quelque chose en pleurant. Alors une autre gamine s’approcha à son tour puis, le grand Alain se joignit au groupe, suivi bien entendu, par ses inséparables chiens de garde : Jean-Claude et André. La cloche sonna, les enfants se séparèrent et les rangs se formèrent devant les escaliers de granit gris. Georges se mit dans la file et brusquement une claque lui tomba sur le sommet du crane !

  • Alors le moustique, t’as peur de nous ? Tu crois qu’on t’a pas vu tourner autour de Michèle sans oser t’approcher ? Georges est une vraie nouille, Georges est une vraie nouille, Georges est une vraie nouille, se mit à crier le grand Alain.

  • Monsieur Rougerie, cria une surveillante, vous monterez tout à l’heure au tableau et vous dessinerez des nouilles et puis, vous recommencerez sur votre ardoise ! Ce qui est certain Rougerie, c’est que si vous estimez que Georges est une nouille, vous, vous n’êtes qu’un vilain roquet !

Après l’intervention de la dame dans sa blouse rose et blanche, Rougerie fut mon premier « ennemi ». Deux années passèrent dans cette grande école bien douce. Deux années de joie, de chutes sur les graviers de la cour, de rires et de verres de lait à quatre heures ; un lait blanc, lourd et chaleureux. Il n’avait pas tout à fait le même goût que celui des vaches de l’oncle Paul mais presque, ou alors, c’était sa température qui faisait penser qu’il n’était pas le même. Il est vrai qu’à la ferme de Saint-Junien, avoir le bonheur de boire le lait juste tiré des pis de la vache, c’était un délice que les enfants de la ville ne connaissaient pas, hélas ! Puis, un jour de printemps, juste après le verre de lait, la maîtresse nous dit que nous allions la quitter pour aller à la grande école.

La grande école ? C’est quoi encore ce changement, maman ne m’a rien dit, pourquoi une école plus grande ? Celle-ci est déjà immense avec ses murs de pierres aussi hautes que quatre petits Georges. Avec des salles tellement hautes que, parfois, le plafond faisait tourner la tête et se confondait avec le blanc du ciel.

Georges demanderait en rentrant le soir, il était certain que la maîtresse avait raconté une histoire de grand et que tout ceci n’était que plaisanterie.

  • Papa, la maîtresse n’a dit que bientôt j’allais aller à la grande école, c’est quoi ?

  • Va demander à maman, pour l’instant je n’ai pas le temps de t’expliquer, mais elle a raison !

Bon et bien voilà, il faillait encore aller demander à maman. Les grands ont quand même une drôle de vie : toujours à travailler, à bouger, à transpirer, et ils n’ont jamais le temps de parler…de parler aux enfants bien sur, car, entre grands, il n’y a jamais de problème !

  • Maman, c’est quoi la grande école ? La maîtresse m’a dit que bientôt j’allais y aller !

  • La grande école c’est la même chose que la maternelle mais, dans cette école là, on apprend à lire et à écrire. On fait des devoirs, on apprend toutes les choses de la vie qui nous entoure et aussi celle des autres. On apprend la géographie, l’histoire, la grammaire, le calcul et, plus tard, la physique, la chimie, mais çà c’est encore dans une autre école !

  • Une autre école ? Encore ! Mais on change tout le temps alors ! Pourquoi dit maman ?

  • Pour avoir un bon métier et un bon travail. C’est bien non ?

Un métier ? Un métier comme le père Jacopucci ! Remuer sans cesse d’énormes sacs de plâtres et tourner et retourner toute la journée des moules aussi lourds que le petit Georges ? Après tout pourquoi pas, il a l’air heureux de faire ce métier-là ce vieil homme ! Les ouvriers chantent souvent pendant leur travail et, au repas de midi, dans la « gamelle » comme ils disent, ils rient et semblent se raconter de belles histoires ; ils sont heureux de travailler ensemble à fabriquer les statuettes de plâtre ! Oh, parfois bien évidemment, ils se fâchent entre eux, mais d’après la grand-mère quand les hommes s’engueulent, comme elle dit, c’est toujours à cause de la politique ou des fesses ! Des fesses ? Se fâcher pour un derrière ! Il ne voyait pas du tout ce qu’elle voulait dire…. Mais la grand-mère avait sûrement raison, même si Georges n’en comprenait pas le sens.

Et puis, il y avait Henriette et les autres dames de la peinture. Cette bonne peinture qui sentait bon mais qui faisait mal à la tête si on restait trop longtemps le nez dans la hotte d’aspiration. Henriette aussi était certainement heureuse de faire ce métier, toujours le sourire aux lèvres sous ses grands cheveux bouclés. Quand Georges la voyait dessiner de l’herbe sur le socle des statuettes, c’était un instant magique. D’abord elle pulvérisait sur le socle une couche de peinture qui avait la couleur jaune de la terre sèche puis, quelques minutes plus tard, quand les étagères en bois étaient pleines, elle changeait la couleur dans le réservoir du pistolet et, après avoir posé la première statuette sur la tournette au milieu de la hotte, elle attrapait de la main gauche une boule de frise de bois, et « pistolait » la nouvelle couleur sur les fibres. Et là ! C’était là l’instant magique ! La peinture passait ou ne passait pas au travers et dessinait les brins d’herbes sur la première couleur. Pour Georges, c’était un moment de bonheur.

Mais l’instant où Henriette était la plus heureuse, c’est quand elle peignait les visages. Avec de minuscules pistolets à peinture, elle rougissait les lèvres des belles dames, des messieurs et des enfants au parapluie, puis soulignait, en gris et noir, le nez et les yeux, et là : c’était à nouveau la joie que l’on voyait dans les yeux d’Henriette. Au fur et à mesure que les traits du visage apparaissaient à la sortie de la buse du pistolet, ses yeux brillaient et semblaient rire. Ce qui parfois avait surpris le petit Georges, c’est quand Henriette arrivait triste le matin, avec parfois les yeux un peu plus rouges que d’habitude ; étrangement, les statuettes de la journée avaient le même regard triste. Curieux cette façon qu’ont les grands de transmettre leur tristesse ou leur colère par leurs mains ou par leur bouche !

Le petit Georges appris plus tard, bien plus tard, que la main ou les mots retranscrivent souvent ce que le « cœur » leur dit.

Et puis, il y avait aussi le métier de maman et papa… Métier qu’il comprenait mal. A quoi pouvait bien servir de fabriquer des caisses et des caisses de statues, si c’était pour les redonner aux messieurs, qui venaient les enlever à l’atelier ? Le petit Georges compris le sens de ces interrogations le jour où il vit un client emporter trois caisses et donner en échange des billets à maman qui à son tour lui donnait une feuille de papier. Il avait vu des billets identiques dans son porte monnaie et elle les échangeait à l’épicerie de Madame Barget contre des légumes, du jambon ou de la farine, et aussi de temps en temps, contre quelques bonbons. Le petit Georges se dit que s’il fallait aller à l’école pour apprendre à peindre ou à vendre des statuettes, pourquoi pas, on verra bien demain !

                                                                                   * * *

Le gros soulier

Christine habitait la grande maison en pierres taillées, presque en face de la maternelle. Cette immense bâtisse grise et froide me faisait penser aux tombes du cimetière où la famille se promenait en hiver. Il était beau et froid ce jardin plein de fleurs, froid mais sans tristesse car Georges avait remarqué que si les grands se promenaient entre les tombes en traînant le nez vers le sol, dès qu’ils avaient quitté cet endroit, ils parlaient de rentrer au chaud et de préparer le repas ou de passer chez le parrain boire le thé. Pourtant, le cimetière, c’est un endroit magique avec toutes ces petites maisons pleines de fleurs, avec toutes ces belles lettres en or gravées dans la pierre. Ce que Georges préférait, c’était le vieux cimetière, celui où était le Monsieur de la photo, le grand-père Yves. Les tombes étaient posées au sol dans tous les sens, certaines étaient à moitié enfouies d’un côté, pendant que d’autres n’avaient plus qu’une vieille croix en fer et quelques pierres dessus, comme si un plaisantin avait bousculé cette rangée de cubes. Mais çà, les grands ne le voit pas, trop peureux sans doute par la tristesse des lieux. Ils disent que cette journée de fleurs est nécessaire pour se souvenir de ceux qui sont morts, qu’il ne faut pas oublier, qu’il faut toujours entretenir les tombes et le souvenir des anciens. Mais ils disent aussi que c’est du vrai gaspillage, qu’on a pas besoin uniquement de venir au cimetière ce jour-là pour se souvenir de ces chers disparus !  Ils ne sont pas faciles à comprendre les grands, car lorsqu’ils parlent du grand-père Yves ou d’autres aussi, ils disent souvent des choses pas très gentilles !

  • Ha ! ton grand-père Yves ! un sacré gaillard avec la vie qu’il a mené avec ses copains de marchés ! il l’a quand même un peu cherché non ? Donnes moi cette plante, petit, et passes moi la brosse que je nettoie cette fichue mousse !

La maison, où habitait Christine, avait, elle aussi, des pierres grises et des fenêtre de la même couleur. Une grande porte marron en haut de trois marches et, au milieu de la porte, une grande vitre avec des barreaux en fer. J’avais grandi maintenant, je pouvais aller à la grande école tout seul et je passais souvent la chercher. Christine me parlait toujours de l’école, de ce qu’elle avait appris la veille, de ce qu’elle apprenait le soir. Elle voulait toujours tout dire de sa journée et je n’arrivais pas souvent à placer une phrase pendant le trajet qui nous menait de sa maison à l’école, comme si elle voulait oublier quelque chose ou quelqu’un. Mais parfois, elle ne disait rien, pas un mot. Alors, je respectais son silence et je lui parlais de plein de choses : de l’atelier, des chiens en plâtre, du gros camion du père Boucher mais aussi des leçons de grammaire que Georges ne comprenait pas, de l’imparfait du subjonctif, du futur antérieur… Gentiment, elle lui expliquait, avec ses mots à elle, ce qu’il n’arrivait pas à comprendre avec l’instituteur et, curieusement, il faisait moins de fautes dans la dictée suivante.

Pendant le trajet, Georges l’aidait à marcher car elle avait une jambe aussi raide qu’un bout de bois. La polio, lui avait dit maman. Alors, ils mettaient un peu plus de temps pour aller à l’école, la grande car, cette année ils avaient changé d’école. Fini la maternelle avec son gros arbre centenaire, ils avaient grandi et gagné le droit de se servir de leurs trousses, pour apprendre à lire et à écrire, à l’école du Canadier pour les uns, ou de Jules Ferry pour les autres.

Christine marchait mal avec sa jambe droite comme un crayon et son gros soulier, mais ils étaient habitués à arriver juste pour le tintement de la cloche, enfin, la cloche de la cour des garçons car maintenant les filles étaient dans des bâtiments séparés. Le soir, la maman de Christine venait la chercher et Georges rentrait tout seul. Il les suivait à quelques mètres et il attendait avec impatience qu’elles s’arrêtent pour traverser la rue François Perrin et enfin pouvoir croiser le regard de Christine. Elle lui faisait toujours un sourire qui voulait dire : désolée, mais si je me retourne en marchant, je me casse la figure et, de toutes façons, je sais que tu es derrière nous, alors ça va !

Un jour, ce premier jour maudit qui le fit souvent souffrir dans sa vie de petit garçon, il lui a demandé :

  • Christine, c’est quoi la polio ?

Elle l’a regardé avec une telle tristesse dans les yeux que Georges s’est bêtement mis à pleurer. Maman lui avait expliqué que si Christine boitait, c’est qu’elle avait eu la polio quand elle était petite, en elle lui a fait comprendre qu’il était trop jeune pour comprendre ce qu’était ce mot étrange « poliomyélite ». Alors, pour savoir, ne valait-il pas mieux demander à Christine ? Depuis ce jour gris où il a sans doute posé la mauvaise question, elle n’a plus jamais accepté qu’il lui tienne la main pour aller à l’école. Puis, un matin, comme beaucoup d’autres, ils ont changé leur trajet. Ils avaient grandi sans doute, leurs vies avaient connu un court chemin identique et puis, quelque chose s’était bêtement cassé. Il n’a jamais revu Christine, ni sur le chemin de l’école, ni à l’école, comme si cette année de complicité devait être isolée du reste du temps, comme un rêve ou une légende.

                                                                                       * * *

                                                                   La poule naine

Les jeudis, ces journées où il n’y avait pas d’école, ces journées où j’allais chez le grand-père René et la grand-mère Marguerite, ces journées avaient une autre couleur, un autre goût, un autre ciel ! oh, j’aimais bien ma maison avec les parents et l’atelier, ma copine Marie-Claude et sa blouse de carreaux Vichy, mais, les jeudis, c’était les vacances ! Ces journées là….

Le feu brûlait dans la cuisinière et la grand-mère avait mis à sécher quelques serviettes sur le fil de la cuisine. C’était marrant de voir le grand-père tourner la manivelle d’une boite accrochée au mur et dérouler la ficelle qui servait à étendre les serviettes. Le chocolat chauffait doucement sur le coin du fourneau et des vapeurs lourdes emplissaient la pièce. A côté de l’école Jules Ferry, il y avait une usine de chocolat, les chocolats D’accord et quand ils faisaient cuire la pâte, tout le quartier ressemblait à un magasin de friandise… Les jeudis matin en avaient le goût mais avec en plus la grand-mère qui surveillait la casserole fumante.

  • Combien de tartines beurrées veux-tu mon petit ? Deux comme d'habitude ?

Bien sur que Georges voulait deux tartines ! Quelques fois, grand-mère Marguerite les garnissaient de beurre bien jaune et, parfois, elle posait une crème fraîche venait du lait qui avait bouilli sur le fourneau… Après la toilette, qui succédait au chocolat, Georges allait dans le jardin avec le grand-père, un grand jardin avec des rosiers jaunes, des marguerites, des œillets mauves mais aussi des légumes et ….. des poules et des pigeons. Quel plaisir de donner à manger aux poules, mais quelle fierté de s’occuper sous l’œil attentif de grand-père René, des pigeonneaux garnissant les nichoirs !

  • Allez, Georges, vient m’aider ! Tu vas me passer le maïs qui est à tes pieds.

Et une partie de la matinée se passait à changer la paille des nids, l’eau des abreuvoirs et parfois à repeindre à la chaux les lames de bois du pigeonnier. Il y avait là des Mondains et des Texans, de bons gros pigeons au vol lourd qui avait du mal à grimper jusqu’aux nichoirs. Certains autres, plus petits,

  • Ah, la rousse chante, elle a pondu un œuf ! Vas le chercher, Georges, et ne le casse pas s’il te plaît, elles pondent moins ces temps-ci !

Bien sur que j’allais faire attention, c’est fragile un œuf et puis, quand la grand-mère fait chauffer le jaune dans du lait avec un peu de sucre, c’est le bonheur assuré !

Un matin de printemps, grand-mère Marguerite revint du marché avec une petite boite en carton.

  • Georges, viens s’il te plaît ! J’ai une surprise pour toi !

Une surprise ? Un cadeau rien que pour Georges ? Ce n’était pas souvent que les enfants avaient des cadeaux en dehors des fêtes de Noël et des anniversaires ! Ce devait donc être une chose exceptionnelle ! Qu’avait fait Georges pour mériter un cadeau en plein mois d’avril ? Il était né en décembre et sa fête était en février. Georges ne comprenait pas mais courrait vers les deux anciens aux cheveux blancs qui souriaient devant la maison.

Le grand-père prit Georges sur ses genoux et la grand-mère lui tendit la boite en carton. A l’intérieur, ça bougeait, ça faisait un bruit comme ….les pigeonneaux ! Impossible pensa Georges, il leur faut une maman, ils ne peuvent pas rester dans une boite, sans eau et sans grain.

  • Alors, tu l’ouvres ce carton ?

Pas facile de tenter l’aventure, pas facile d’ouvrir la boite. Et si c’était un coq qui pique les mollets ? Georges ouvrit doucement, très doucement le couvercle et….découvrit une petite poule, la même que celles du grand-père mais beaucoup plus petite, avec des plumes blanches et noires.

  • C’est « ta » poule naine mon petit Georges, Pépé lui a coupé les plumes des ailes. Comme ça, tu pourras jouer avec elle dans le jardin et le soir on la rentrera avec les pigeons !

Que de jeudis ont passé à jouer avec la poule naine qui se cachait dans les rosiers pour avoir la paix. Un jour, elle a même réussi à s’envoler chez Madame et Monsieur Bonnet. Comme ce n’était pas le grand amour avec les grands-parents, c’est moi qui suis allé la chercher dans le jardin et j’en ai profité pour rester un moment avec mon copain Michel, le fils de marraine.

Puis je revins à la maison. La grand-mère avait arraché les fanes de haricot verts et avait fait un tas dans le jardin. Quel beau matelas, pensa Georges ! et hop, les fesses les premières sur le tas de branches vertes. Un bruit étrange arriva à ses oreilles… un bruit de porte qui grince, un bruit qui rend mal à l’aise… Georges écarta doucement les branches et aperçu la poule naine qui s’était caché dans le tas de fanes de haricots. La grand-mère avait vu la scène et ne dit rien car le chagrin, qui envahit Georges en soulevant le corps sans vie de son premier cadeau, suffisait sans doute à la punition. Casser un jouet, c’est grave mais …ôter la vie de la poule naine, c’était très certainement, pour lui, une vie entière de méchants souvenirs !

Oh bien sur ! le petit Georges en rentrant chez les parents retrouverait les poules de la mère Bauchet, mais elles étaient grosses, moches et méchantes avec leurs becs pointus qui vous piquaient les mollets. Sa fille, Marie-Claude, riait à gorge déployée quand le vieux coq gris piquait les fesses. Non, Georges n’oublierait pas la poule naine, jamais !

                                                                                    * * *

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Notre mission sur terre.

Notre mission sur terre.

Chacun de nous a t-il une mission à effectuer ? Un devoir de mémoire à maintenir ? Une épine à traîner sous le pied toute sa vie ? Un soleil à donner et/ou à partager avec les autres !

Et si en relisant ces quatre propositions, il y avait en définitive un assemblage à faire de ces questionnements ? Si notre vie sur cette terre (maudite parfois et merveilleuse en d'autres moments) se résumait en définitive à choisir de vivre en harmonie avec les autres, mais de façons différentes !

Si chacune (un) de nous (Comme c'est un mec qui écrit, cette inversion est faite pour emmerder les machos). Si chacune (un) de nous, dans sa vie de tous les jours apprend à transmettre ce qu'il a apprit des autres, si les petits bobos de tous les jours sont soignés en enlevant l'épine, et si nous partageons nos moments de bonheur sans jamais (ou en évitant de) transmettre le côté négatif de notre mental, alors, nous irons vers une autre société. Pourquoi ?

Que se passe t-il quand vous rencontrez quelqu'un dans la rue ? Vous commencez par lui demander de ses nouvelles mais plusieurs cas se présentent ;

* S'il a 20 ans, il va vous dire que tout va bien, que sa dernière copine est un canon et qu'il pense arrêter ses études pour bosser, quoi que, il va peut-être continuer encore un petit peu pour avoir un diplôme supplémentaire. Et puis chez papa / maman, les courses sont déjà dans le placard !

* Si vous rencontrez une copine ou un copain de 40 piges, les « nouvelles » vont glisser vers le boulot qui va mal, voir le chômage, ces abrutis de barbus qui se font sauter, et ce jardin ou décidément rien ne pousse cette année à cause du dérèglement climatique ! Et après il vous demandera de vos nouvelles.

Trop tard le débat est lancé, le train de la morosité ou du négatif est en marche et la discussion va en définitive n'avoir servi qu'à repasser en boucle ce que les médias nous font avaler à longueur d'antenne.

* Si vous rencontrez une copine (in) de 60 printemps (C'est plus gai), il y a fort à parier qu'en plus de la discussion ci-dessus, vienne se greffer une liste de médicaments et donc de maladies plus ou moins graves. Sans omettre qu'à cet âge là, bien souvent quelques anciens ont rejoint le grand Manitou, ajoutant ainsi une petite couche de gris sur le fond du tableau déjà mal éclairé.

Alors, comment faire pour que le soleil quitte cette barre de nuages obscurcissant le haut de nos crânes ? Ce matin j'ai la solution, mais elle ne vaut que pour cet unique temps présent. A moi de faire en sorte de chercher la lumière du soleil éclairant ainsi ma vie et celle de mon entourage, et de reproduire à l'envie ce petit moment de bonheur, à chaque nuage gris qui cachera mon soleil.

Comment faire ? … Écrire ! Écrire comme ça, pour rien, tout ce qui te passe par la tête, puis le relire et le faire partager … ou pas !

Puis en reconnaissant vraiment, je dis bien vraiment, que parler ou écouter des nouvelles grises déjà connues n'a strictement rien de constructif. En se bouchant les oreilles on a déjà fait un pas vers le soleil. Oser arrêter la conversation en cours basée sur la maladie, ou la mort de Jean Valjean, de De Gaulle, d'un vieux crooner ou d'un politicien en disant :

  • STOP ! Tu n'as pas quelque chose de plus gai ?

Changez radicalement de sujet pour lui montrer le côté clair de son monde, mais Il y a de forte chance pour que votre interlocuteur du moment, brisé sur sa lancée vous quitte à regret, ne pouvant finir de vider son sac de tristesse. Mais c'est tant mieux pour vous, ce sont quelques minutes de négatif en moins, et un temps de réflexion supplémentaire sur l'existence du soleil caché derrière les nuages !

Je pense qu'il faut partager nos émotions certes, mais un court instant, pour que ce soit les autres qui vous ouvrent les portes, et que l'essentiel de notre vie soit tournée vers le côté positif du négatif (ce qui l’annule ou l'affaiblit). A chacune (un) de savoir si c'est la bonne porte et si on peut la franchir. Mais ça, avec un peu de confiance en soi et surtout le plaisir d'écouter ou de lire ce que l'on voulait lire ou entendre, le soleil se lève à l'horizon !

C'était, en direct de mon clavier un petit moment de délire personnel que je partage avec vous !

Merci à Annie pour l'ouverture d'une bonne porte !

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Jésus Marie Joseph.

Il s'appelait Joseph

Elle se nommait Marie.

Ils étaient simples et doux,

Et semblaient très unis.

Dans leur maison de briques

Joseph, et Marie,

Abritaient leur amour,

Et leurs destins aussi.

Lui, était charpentier.

Et du soir au matin

Il rêvait du labeur

Qui l'attendait demain.

Il construisait en pin

Des tables et des lits,

Il s'appelait Joseph,

Elle se nommait Marie.

Ils s'aimèrent tendrement

dans le lit qu'il lui fit.

L'homme s'appelait Joseph,

et sa femme Marie.

Mais, dans cet amour là,

Par Dieu, je vous l'assure,

Un troisième était là,

C'est lui, qui fit Jésus !

Jésus, comme tout enfant

Grandis dans l'ignorance

Du destin enivrant

De cette mésalliance.

Et quand il fut barbu,

Amoureux et transis,

Il parla de son père, Dieu !

Que jamais il ne vit.

Les hommes l’écoutèrent,

Il était bon prêcheur,

Il avait dans les yeux...

je ne sais quelle lueur !

Et, tout autour de lui,

Naquit une légende,

Dont Marie, aujourd'hui,

Encore, et la servante !

De Joseph, mon ami,

Pour sauver l'apparence,

Les hommes en parle aussi,

Mais de moindre importance.

Car l'enfant qui naquit

Entre vaches et moutons,

Les hommes d'aujourd'hui

N'en tirent pas de leçons.

Car c'est bien le troisième,

Du moins ce que l'on dit,

Qui fabriqua Jésus

Dans le ventre à Marie.

Joseph ! Mon bon ami !

Ton histoire m'a ému.

Toi seul es dans l'oubli.

Les trois autres ont vaincus.

Ont vaincus par les livres.

Ont vaincus par les mots.

Car les écrits font vivre,

Parfois ce qui est faux.

Jésus fils de Dieu !

C'est bien une évidence,

Sinon fils de Joseph

Ou serait l'obédience ?

Joseph, Marie, Jésus.

Si Dieu est dans les trois,

Il reste Joseph, Marie Jésus !

Donc Dieu ?

C'est toi et moi !

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