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Voyages JGobert

Thomas en a vu d’autres. Enfermé dans son bureau, la tête entre les mains, il somnole un instant dans le calme. La journée a été difficile, rude même. La sueur recouvre son corps et le rend poisseux. Sa chemise ouverte lui colle à la peau. Il est exténué.

Cette ville est étrange. A force de la parcourir, elle devient familière, parfois insolite mais toujours hostile. Depuis son arrivée, la chaleur ne le quitte pas.  Ses nuits sont tourmentées comme ses jours. Certains soirs, ne pouvant dormir, il quitte son immeuble pour déambuler dans les rues. Le peu de fraicheur qu’il trouve le rend heureux. Il marche parfois très tard avant de retrouver son équilibre, son énergie, sa détermination, ce pour quoi il est là.

Thomas est un gars brillant. Une route toute tracée a réjoui ses parents longtemps mais Thomas n’accepte pas les facilités, le don qu’il possède.  Il a besoin de prouver sa valeur. Pour ce faire, il a opté pour un autre chemin.

Thomas s’est engagé dans une organisation qui parcourt le monde. Des gens qui, comme lui, s’investissent dans l’humanitaire.  Soigner, aider, soulager d’autres personnes dans des pays lointains, souvent en guerre est devenu son quotidien, sa vie.

Egoïstement, Thomas a besoin de contact, de réalité pour se sentir vivant. Arrivé depuis peu dans ce coin de terre au long de la Méditerranée, il est face à l’exode. Une de plus qui engendre la misère, la mort. Des migrants par millier débarquent sur ces côtes parfois inhospitalières. Des groupes d’hommes désorientés, perdus dans leur dignité, à la merci d’autres hommes et qui s’échouent, au risque de leur vie,  épuisés de ce parcours, de ce départ.

Couchés à même le sol pour certains, c’est déjà l’eldorado mais le chemin qui reste à franchir est encore long.  Thomas le sait.

Aujourd’hui est un jour sombre. Une embarcation a chaviré et les corps de ces malheureux, repêchés, sont arrivés sans vie. Une liste macabre circule et Thomas est très affecté. Mais le temps lui manque comme à ses collègues pour s’émouvoir sur ces corps sans vie.  Les vivants demandent son attention. 

Rassembler, nourrir, soigner cette masse d’arrivants toujours renouvelée. Une tâche parfois difficile, pénible. Thomas s’active avec toute l’énergie de son être, il donne de la nourriture, de l’eau, un peu de réconfort pour ces migrants nés dans l’infortune. Un sourire, une petite poignée de main et Thomas leur transmet un peu d’humanité.

Devenu responsable et comptable de la survie momentanée de ces gens en partance pour un autre pays, Thomas vieille sur eux le temps d’obtenir un papier, un visa. Tel est le désir de chacun.

Les guerres jettent ainsi des milliers de gens sur les routes, sur la mer et sont assassines. Ces hommes en quête de vie pour leurs femmes et enfants se sauvent. Le peu de bien qu’ils possédaient a payé un passeur souvent sans scrupule. Drôle d’époque qui se répète.  Thomas pense à cette comète célèbre tant applaudie et à l’exploit de l’homme de déposer dessus un engin de sa fabrication.

Alors qu’ici règne en maître l’homme dans la désolation, la peine, la crainte, la mort. Le monde le blâmerait-il de vouloir sauver sa vie ? Thomas est certain d’être du bon côté de l’humanité même si elle n’est pas reluisante. Elle est vivante.

 

 

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Commentaires

  • Que faire Beatrice si ce n'est dénoncer. Mais dénoncer les puissants qui écrasent la vie d'innocents.

    Amicalement

    Josette

  • Bonjour Gilbert,

    Merci de votre passage . Amitiés

    Josette

  • Bonsoir Josette,
    Votre constat, au demeurant toujours bien écrit, est sans appel et d'actualité très brûlante.L'extrémisme engendre l'extrémisme, voilà où nous en sommes !
    Passez en dépit une bonne fête de la musique et une bonne fin de semaine,
    Amitiés
    gilbert

  • Chère Josette,

    Merci mais je parlais du dernier commentaire envoyé et qui n'est jamais arrivé.

    Tant pis ..... Une réflexion dans un journal à propos des commémorations :

    "Pourquoi ne pas commémorer plutôt la fin des conflits et le retour à la Paix !"

    Et de la joie et la liesse des foules plutôt que les vociférations des masses ...

    C'est aussi une expérience inoubliable et à jamais inscrite dans les mémoires collectives. 

    Seule la spiritualité pourrait nous tirer de là me semble-t-il ! C'est sans doute la raison pour laquelle les tombeaux des Saints de toutes aubédiences sont régulièrement détruits et saccagés.

    J'adore les vies des Saints : elles valent largement tous les romans d'imagination.

    Toujours ils ont "travaillé" pour la Paix ....Ah ! si tout le monde se donnait la main !!!

    Très bon dimanche sous le soleil - signe de Paix- et plein de bisous bisous. Rolande

  • Chère Rolande,

    Ton commentaire s'est bien affiché sur le blog. Parfois compliqué cet Internet mais ca finit toujours pas passer.

    Excellente journée.

    Bisous

    Josette

  • Merci Sandra pour ton commentaire. Excellente journée.

    Amicalement

    Josette

  • Mystère !! Celui-ci est passé .....

  • Chère Josette,

    Voilà trois fois que j'essaie de placer ma réponse et Internet refuse de fonctionner correctement.

    Je cesse et reprendrai demain car je me sens très fatiguée !

    Merci à vous deux .... et excellente soirée malgré trop de mauvaises nouvelles !

    Je vous embrasse toutes deux. Les flons flons de Waterloo frappent  très près de chez moi. .... Rien à faire, les gens seront toujours passionnés par ce genre de spectacle .....A demain en espérant que le message passera .... !

    Bisous ! ....

  • Bonjour Rolande,

    Les réactions sont parfois silencieuses et chacun doit avoir son idée. Je pense que tous ces gens se sauvent pour une bonne raison.  La guerre. Les massacres. Un filet aux informations et la conscience des gens s’apaise. Certains sont concernés, d’autres pas. La misère est toujours la même partout et toujours injuste.  Les nations ont assez de moyen pour arrêter cela mais ma question est : pourquoi ne le font-ils pas ?

    Merci chère Rolande pour ton commentaire toujours intéressant et réaliste. 

    Je t’embrasse. Amitiés.

    Josette

  • Bonjour Josette,

    Nous qui avons vécu guerre et aussi ré-volution sommes bien placés pour évaluer la pugnacité des humains et leurs réactions souvent dictées par divers motifs, qu'ils soient positifs ou négatifs, ces derniers l'emportant hélas bien souvent sur les premiers.

    Enfant, lors de ma première expérience de "gens jetés sur les routes", je revois les longues files de réfugiés quémandant un peu d'eau en ce mois de mai caniculaire. Lorsque notre tour est venu, ma grand-mère, déjà expérimentée par la "grande guerre", n'a pas voulu quitter sa maison pour emprunter un train en partance vers Dunkerque ! Et ce, malgré les pleurs et supplications de ma mère !! Sa phrase clef : "Je préfère mourir dans ma maison plutôt que sur les routes". .... Pratiquement tous les gens de notre rue avaient fui, sauf quelques "résistants". Nous avions, finalement, fait le bon choix .... et ce, malgré une dizaine de bombes larguées pour détruire une usine, dont une partie est tombée dans la rue voisine. Une longue histoire s'en est suivie .... mais il faudrait un livre. En  résumé, il y a eu beaucoup de décès, de blessés graves etc. parmi les partants ....

    Dans ces histoires, il y a toujours des éléments étranges en une espèce de choix dans le niveau d'un ordre dont on ne peut saisir l'origine et qui nous échappe totalement. La "chance" ou a "malchance" diront certains. A cette époque, nous ne pouvions rêver d'un eldorado qui nous attendait, avec l'espoir d'une vie meilleure et sans conflits.

    La deuxième expérience nous a obligés à fuir, contraints et forcés. Je me suis donc retrouvée dans une longue file de réfugiés avec deux enfants en bas âge : une petite fille de 5 mois environ et un gamin de 3 ans !! Fort heureusement, la frontière n'était pas loin mais nous ne savions ce qui nous attendait à l'arrivée en lieu sûr.

    Pendant ce temps, une gente dame avait agressé ma mère en ces termes : "C'est bien fait ce qui leur arrive, cela leur apprendra à exploiter les ....." Je vous laisse deviner la suite. Tout était écrit d'avance sur l'accueil qui nous serait réservé dans notre "pays de cocagne actuel". Bref, j'ai compris qu'il y avait deux sortes de "réfugiés". Alors que le problème est le même pour tous !! Je pense que rien n'a changé depuis !

    C'est pourquoi je reste très dubitative et circonspecte sur ce qui se passe actuellement ! A partir de cette dernière expérience, j'ai vécu, hélas, une forme de rejet et d'injustices diverses qui ont atteint jusqu'à mes enfants eux-mêmes ! Et cela je ne peux, hélas, pas le pardonner.

    Avant de battre les tambours, les "médias" feraient bien d'analyser leurs sources avant de lancer ces "n'importe quoi" dont se délectent les lecteurs.

    Apparemment, il n'y a pas encore eu beaucoup de réactions concernant ce billet.

    Bon courage Chère Josette ! Avec l'espoir que, jamais plus, nous en arrivions à devoir fuir nous aussi !! Mais pour aller où ????

    C'est pourquoi, la vigilance s'impose, mais nous ne savons tout prévoir, hélas.

    Je t'embrasse amicalement. Rolande. 

     

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