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                              VENTZISLAV DIKOV : VOYAGE INITIATIQUE ENTRE L’ORDRE ET LE CHAOS

Du 03-09 au 26-09-21, l’ESPACE ART GALLERY (Rue de Laeken 83, 1000 Bruxelles) vous présente l’œuvre du peintre bulgare, Monsieur VENTZINSLAV DIKOV, intitulée : L’ORDRE ET LE CHAOS

Il y a chez VENTZISLAV DIKOV un besoin vital d’exprimer le sujet à travers une relation amoureuse et harmonieuse avec la forme. Dans le cas de cet artiste, la forme revêt surtout la figure humaine, essentiellement exprimée par la tête dont la particularité est de n’appartenir à aucun genre déterminé. Cette tête, séparée du corps, devient l’essentiel de la toile, en ce sens qu’elle occupe la totalité du cadre. Mise en relief par un monochromatisme spécifique constitué de couleurs tendres (voire volontairement ternes, précisément pour accentuer cette mise en relief), qu’elle soit campée de face ou de profil, la tête confère l’autonomie essentielle au sujet, en tant qu’identité de sa propre nature. Sa conception varie entre stylisation (visages ovales en élongation) et renflement du volume. Sont-ce encore des visages ou sommes-nous dans l’univers du masque, voire à certains moments, du totem? 

BE YOURSELF/RESTE COMME TU ES (120 x 100 cm-huile sur toile)

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Nous sommes face à une série de visages, apparemment disparates, puisqu’ils varient entre postures de face et postures de profil. La « direction » du visage est assurée par le regard, lequel fixe pour la plupart des cas, le visiteur. Ceux de profil, ont presque tous les yeux clos. Un prognathisme affirmé confère à l’œuvre l’identité voulue, soulignée par la linéarité du trait. Les expressions en profil, témoignent excellemment de l’efficacité du trait. Le visage, situé à l’extrême gauche, vers le bas, offre une conception se distinguant du reste par ses traits massifs que le nez fin, servant de ligne médiane, la petite bouche, les yeux et les sourcils, mettent en exergue. Des graffitis s’inscrivent sur un espace libre (en haut à droite) rappelant le « street art ». Remarquons qu’on les retrouve également sur le visage massif dont nous venons de parler.

NO ORDINARY LOVE/UN AMOUR EXCEPTIONNEL  (150 x 130 cm- huile sur toile)  

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Sont-ce encore des formes humaines? Ces deux visages antithétiques, de par leur dimension massive, semblent s’affronter au centre d’une arène monochromatique, laquelle diffère peu du chromatisme appliqué aux personnages (constitué de notes bleues, jaunes et gris-clair).  

Une fois encore, c’est la force du trait, discrètement souligné à restituer la matérialité aux deux figures formant le couple.

THE BIRTH OF CONSCIOUSNESS/LA NAISSANCE DE LA CONSCIENCE (100 x 100 cm-huile sur toile)

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Une fois n’est pas coutume, au lieu d’aborder, in primis, le sujet central de la toile, concentrons-nous sur l’arrière-plan. Il témoigne de l’ambivalence à évoluer simultanément sur le plan figuratif et abstrait, ressentie par l’artiste. Cet arrière-plan est construit sur des éléments filiformes, à la charnière entre la végétation luxuriante et la forme abstraite, totalement inconnue. Concernant le sujet central, la tête, de profil possède l’ensemble des signes inhérents aux autres profils : prognathisme affirmé, yeux clos et bouche fermée. L’ensemble est orchestré par un trait, à la fois fin et incisif. La couleur du visage est le blanc, agrémenté de touches bleues et jaune-clair, ne contrastant nullement avec le blanc initial, pour ne pas altérer la spécificité psychologique du sujet. Remarquons qu’une seule oreille du personnage n’est que vaguement esquissée.

A CHILD IN EVERYONE/L’ENFANT EN CHACUN DE NOUS (70 x 60 cm-huile sur toile)

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De tous les visages exposés, celui-ci demeure le plus fascinant car il laisse le visiteur pantois par tant de mystère discrètement suggéré. Mais avant tout, il est impossible de ne pas se poser une question : y a-t-il une volonté de « portrait » dans cette œuvre? Même symbolique ou simplement imaginaire, la notion de « portrait » se signale (bien avant toute ressemblance physique) par l’intensité du regard, lequel fixe pour ne pas dire « scrute » le visiteur. Il y a comme un aimant établissant la dynamique du contact. De plus, à la différence avec les figures humaines exposées, le visage du personnage est extrêmement soigné. Sa barbe est courte et fine ainsi que sa chevelure. Les sourcils sont tout autant fins et soignés. Pour assurer une parfaite stabilité spatiale à l‘intérieur de la toile, les oreilles du personnage (pour qu’elles ne débordent pas le cadre stricte du visage) sont à peine esquissées, dégageant ainsi le volume de la face dans toute son amplitude. Son cou, gracile, débute à partir de la base du tableau. Servant de socle, il permet au visage de s’affirmer en élongation. Ce dernier ne recouvre pas la totalité de l’espace. De couleur uniforme (un mélange de noir et de brun), il contraste avec la vivacité de la couleur des chairs, animant ainsi le portrait. Le visiteur est surpris par un autre élément, à savoir la dimension « iconique » du personnage, centrée à la fois sur la vivacité chromatique des chairs du visage ainsi que par l’intensité (presque magico-religieuse) du regard. L’artiste a commencé ce tableau sans penser précisément à un autoportrait, sans barbe.

Ensuite, il l’a ajoutée, ce qui créé une ressemblance physique avec l’artiste. A’ ses dires, le sujet est à la fois lui et un autre, surtout si l’on tient compte des chairs lumineuses du visage qui sont celles d’un enfant (cfr. Le titre). Il a débuté la composition par le visage (en tant que structure de l’édifice facial sur laquelle repose l’ensemble des attributs), pour enchaîner ensuite par le nez, les yeux et la bouche. Les animaux surplombant le crâne, sont des créatures largement hybrides, allant vers le chien, le zèbre-girafe ainsi que deux autres espèces totalement inconnues.  

 

CHAOS AND ORDER (116 x 81 cm-huile sur toile) 

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Cette œuvre est un hommage à René Magritte. Elle sanctionne également le passage entre deux états d’âme vécus par l’artiste : un état de désordre dû à une mauvaise expérience amoureuse qui l’a laissé dans un état de confusion et de questionnements humains et artistiques. Et un état d’ordre où il retrouve ses moyens. La pipe de Magritte se trouve dans l’ « ordre ». « Elle est clean » comme le dit l’artiste. Celle qu’il a conçue est de facture personnelle. Tout cela s’exprime par un passage allant du surréalisme magrittien qu’il aime moyennement, à l’état d’abstraction, concrétisé par l’arrière-plan dans lequel l’artiste se retrouve. Il exprime ainsi un certain malaise par rapport à Magritte dans les proportions de la pipe, lesquelles ne sont pas rigoureusement respectées, en y apportant de sérieuses modifications. Commençons par la couleur de la pipe chez Magritte : elle est brune sur toute la chambre et noire sur l’entière superficie du tuyau. Elle est séparée, en son milieu par le sempiternel raccord doré, séparant les deux parties de l’objet. Le chromatisme de l’arrière-plan diffère peu de celui de la pipe. Le haut de l’objet confine avec la partie haute de la toile. La pipe de VENTZISLAV DIKOV, elle, même si elle réside dans la sphère de l’image, demeure par son chromatisme jaune vif, « immatérielle », par comparaison à celle de Magritte. Spatialement, par rapport à la toile, la pipe de l’artiste est plus décentrée que celle du peintre surréaliste, laquelle demeure ancrée dans sa rectitude. A’ la différence de celle de l’artiste, la pipe de Magritte se termine par une lentille. L’arrière-plan de la composition de VENTZISLAV DIKOV, de par sa couleur bleu de fond, agrémenté par un mélange de tracés blancs filandreux, confinant vers une calligraphie inconnue, « vibre » autour de la pipe, l’entraînant dans une dimension carrément « transcendantale ». Ces mêmes tracés blancs filandreux peints en élongation devant la chambre de la pipe, rappellent néanmoins, l’idée de la fumée s’échappant de celle-ci, la ramenant (par l’anecdote) à son usage premier. Le titre de cette toile, oppose l’ordre au chaos. Nous sommes confrontés à la dialectique même de l’œuvre de l’artiste, en ce sens qu’elle traduit son intérêt premier pour le chamanisme. En associant la personne de l’artiste avec celle du chamane, il s’efforce à établir un équilibre entre le connu et l’inconnu, en assumant, à l’instar du chamane, le passage entre ces deux territoires sacrés. En passant d’une dimension à une autre, il cherche à trouver des réponses à ses territoires personnels. En associant le chamane au créateur, il renoue avec le rôle mythique du musagète, alliant sens et images dans une immédiate perception.     

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CECI N'EST PAS UNE PIPE (René Magritte - 1929)

LEMONS/CITRONS (81 x 65 cm-huile sur toile)

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Si, concernant la figure humaine, le visage n’exprimait que rarement son appartenance à un genre, cette œuvre, la dernière en date de l’artiste, aborde clairement la figure humaine sous les traits assurément féminins. Si, jusqu’à présent, la figure humaine se réduisait à des têtes, cette figure de femme se révèle être acéphale et ne se réduit qu’au corps. Avouons que le contraste est saisissant, en ce sens que, après nous avoir offert des visages épanouis aux chairs claires et vives, l’artiste décide de ne nous montrer qu’un corps filiforme et décharné. Notons, néanmoins, que pour la première fois dans cette exposition, la Femme (même lugubre et maladive) est mise à l’honneur. Son image alterne sur deux plans : un espace blanc à gauche, montrant un long corps féminin sans tête, conçu de face. Un espace noir, proposant la même femme décapitée, cette fois de profil, à droite.  

Mais, que diable me direz-vous, viennent faire les deux citrons, figurant en plein milieu de la toile? L’artiste les a peints de façon subconsciente. Ce n’est qu’après les avoir peints qu’il s’est aperçu de leur présence, d’où le titre du tableau. Dès lors, est-ce encore la femme le sujet central ou sont-ce les citrons? Si, comme l’admet l’artiste, celui-ci n’accorde qu’une importance toute relative aux titres, les citrons sont, par conséquent le sujet central de l’œuvre. Néanmoins, la femme est bel et bien présente et les citrons ne semblent qu’accessoires!

Cela n’est absolument pas étonnant, étant donné que pour le peintre, un titre à la complexité extrême limiterait la liberté du visiteur dans son ressenti. Mais, comme on n’aime généralement pas les œuvres sans titres, il se place un peu, selon ses dires, « entre les deux ». Il affirme, néanmoins, que mettre un titre, constitue d’emblée, une démarche déjà très intellectuelle, par conséquent, limitative.    

Cette exposition est le résultat d’une errance personnelle. L’ORDRE ET LE CHAOS est la conjonction entre l‘épidémie du Covid-19 avec le chaos sentimental personnel qui déchirait l’artiste, tout en lui imposant une réflexion sur la place de la Femme, à la fois, dans le Monde et dans sa vie. Cela a exacerbé en lui le sentiment d’appartenance, en tant qu’artiste, dans le Monde ainsi que sa responsabilité face à son œuvre.

Sa vision mystique du chamanisme, lui a permis d’entrer en phase avec  son subconscient dans la conception de sa peinture. Son amour pour le visage humain lui est venu après qu’il se soit confronté au bestiaire (il est également un excellent peintre animalier). Il considère d’ailleurs le visage humain comme une fenêtre ouverte sur le Monde. Et cette fenêtre s’avère être l’état de désinhibition succédant à celui d’introversion, se rapportant à son propre chaos. L’importance qu’il accorde au  trait est due au fait qu’il a beaucoup dessiné dès son enfance, à un point tel qu’il exécute des esquisses avant de s’attaquer à la toile. Il en a d’ailleurs des carnets, cultivant derechef, la troisième dimension. A’ la question : « où vous situez-vous entre l’écriture abstraite et figurative? », l’artiste répond : « entre les deux ». Il précise, à ce propos, qu’il n’y a pas selon lui,  d’art « figuratif » car ce qui importe, ce sont les couleurs et les formes.

VENTZISLAV DIKOV, qui est guitariste classique de formation, s’avère être parfaitement autodidacte en matière de peinture. Comme nous l’avons indiqué plus haut, il pratique également la sculpture. Sa technique est basée sur l’huile. Il travaille la peinture comme un dessin. Il se sert également du couteau, des spatules et des brosses pour lisser parfaitement la matière.

Ses influences sont, pour le moins, inattendues, en ce sens que la lecture d’un ouvrage tel que DIALOGUE AVEC GIOCOMETTI de Yanaihara Isaku (1955) sur le processus de création chez Alberto Giacometti, peintre et non plus éternellement sculpteur, comme on l’a désormais décrété, ont accéléré son évolution en tant qu’artiste. Une autre source d’influence est constituée par les musées qu’il a visités au cours de ses voyages.

VENTZISLAV DIKOV nous raconte son imaginaire à travers un long livre de fables qui se perdent dans la nuit de l’Inconscient, à l’intérieur duquel, le visiteur-chamane traverse les régions sacrées de ses propres rêves.

François L. Speranza.

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Signature de l'artiste. Collection "Belles signatures" © 2021 Robert Paul

 

N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis. 

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir:

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste VENTZISLAV DIKOV et François L. Speranza : interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

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Photos de l'exposition de VENTZISLAV DIKOV à l'ESPACE ART GALLERY

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Commentaires

  • ADMINISTRATEUR GENERAL

    L’artiste bulgare Ventzislav Dikov a exposé ses œuvres dans la galerie en 2021. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza sera publié dans le « Recueil n° 10 de 2021 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2022. 

    Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :

    https://youtu.be/XGY0NAoA1bc

    9565855091?profile=RESIZE_710x

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