VARIATIONS
Le regard glacial du chapeau me frappe sans préambule
Surpris qu'il est de ma raide posture,
De mon étonnement soudain, tel l'éclat d'une bulle,
Son ricanement bref et strident lancé à ma figure
Surpris qu'il est, par tant de servitude,
Aux soumissions aux durs frimas du jour,
A la nuit noire, solitude d'un tiroir d'incertitudes.
* * *
Le bedon bedonnant du bedeau boudiné
S'élança vers l'autel d'un tragique hyménée,
Enivré du patchouli de l'encens volatile,
S'écrasa vaincu et meurtri du refus juvénile.
* *
Un, deux, trois, la nuit tombe sur Golgotha
Deux larrons et le Prince de l'éternité
Trébuchent des vicissitudes, soumis au blasphème,
Soupirant, hors d'eux mêmes, leurs âmes réclamées
Par le cruel et ultime supplice, dépourvus de haine.
* * *
Ecoute sans cesse, ô poète à l'ouïe acérée
L'hymne à la joie des claviers tempérés.
Ici, l'enflammé d'un vigoureux Vlaminck,
Là, l'oriental chatoyant de Matisse divin.
Ecoute la prenante mélodie du semeur de Van Gogh
Parcourant les sillons embaumés de la Crau,
Aux Saintes, mugir le fier taureau de Picasso.
Allonge-toi sur les verts subtils et reposants de Corot.
Allume au couchant le phare d'Alexandrie
Pour qu'il ressuscite de ses rais l'antique Psalmodi.*
Raymond MARTIN
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