Elles défilent sans cesse comme un carnaval devant la porte, tambourinent et pénètrent par la force. Elles s’installent à notre table, volent notre temps, prennent l’argent, envahissent placards et tiroirs  et nous empêchent de dormir. Derrière leur déguisement on devine bien qui elles sont. Elles sont publicité, crédit, dette, crise, manipulations politiques, religieuses, économiques, trahisons, chômage, drogues, crimes, attentats, terrorisme… ainsi que leur porte de sortie : médicaments, asile et parfois suicide !

Mais le pire de tout c’est qu’elles sont devenues nécessaires. Si elles venaient à manquer on en serait tout retourné. A quoi servirait-il de vivre si elles n’étaient plus notre refuge quotidien ? Vous l’aviez deviné, je vous parle des images. Elles alimentent  le flux perpétuel de notre pensée et nous contiennent dans leurs griffes. En sortir est très difficile car le monde est devenu très imaginaire aujourd’hui. Le réel s’inspire de l’imaginaire disséminé comme poudre au vent, perd toute consistance et se noie dans la multitude des babioles inutiles qu’il génère en vue du rêve qu’il se donne pour mission de répandre.

L’imaginaire est à la portée de tous aujourd’hui et forcément comme tous les produits de masse- ce qu’il est malheureusement devenu- il a perdu de sa valeur. Non seulement il  a perdu de sa valeur mais il peut être  dangereux  car il s’incruste dans notre cerveau de façon naturelle, celui-ci ayant la propriété d’emmagasiner tout ce qui passe sans distinction aucune. Si ce n’est de façon consciente, ça l’est de manière inconsciente.

Le monde est un vaste imaginaire qui superpose au fil du temps des  évènements, des découvertes, quantité de  créations quelquefois douteuses. Il est devenu nécessaire de clore sa porte au passage du “carnaval des pensées” et garder la plus pure possible notre conscience d’être.  Le bon sens populaire dirait : “remettre les pendules à l’heure “. C’est loin d’être gagné !


(peinture au couteau réalisée par Martine, mon épouse)