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Un destin américain ( 18 ) : L'engrenage

Le travail de sape exercé par celui qui est fortement motivé à réaliser son projet à l’encontre de celui qui en détient la clef produit généralement ses fruits. Les personnes sans but, sans destin bien ancré sont des proies faciles pour ceux qui ont une vision. Bonne ou mauvaise d’ailleurs. On assiste souvent aux raz de marées que les enfants provoquent dans les vies de leurs parents vieillissants en quête d’une dernière tranquillité. En l’occurrence, ici, c’en était un sacré ! Faire gober l’idée qu’il fallait se loger, qu’il n’y avait pas de place et qu’il fallait en créer une , que l’on avait toute la compétence pour le faire, que cela coûterait moins cher et qu’au bout du compte l’on n’avait créé qu’un ramdam sans queue ni tête où cette compétence se révélait au fur et à mesure du temps une vaste fumisterie pour aboutir au désarroi de Marienka qui contemplait désormais, anéantie, le visage du sacrifice de toute sa vie devenu un champ de ruines. Ce bric-à-brac portait le sceau de Judith et Guillaume complices ou non, complices par la force des choses en tout cas. Pour Marienka, elle en devenait certaine, son entourage portait la marque d’un bric-à-brac maintenant insoluble à ses yeux. Allez savoir si c’était vraiment pour lui déplaire puisqu’il y avait un amateur pour acheter ce bidule enfantin ! Les secousses produites par les plus jeunes sur les habitudes stratifiées des plus vieux ne sont pas forcément négatives. Elles ont peut-être le mérite de provoquer un nouvel élan quand on pensait tout fini. Il n’y avait peut-être pas lieu de s’en faire. Avec la petite somme du prix de la maison et sa petite retraite sans oublier la détermination de sa fille et de son gendre tout pouvait repartir autrement. Le bonheur était peut-être celui-là et n’était-il pas venu à un moment qu’elle n’attendait plus au prix d’abandonner sa maison et sa rue ? Elle se vit convaincue par la force des évènements qui se déroulaient tels un livre d’images grand ouvert sur une vie nouvelle. Curieusement, comme saisie par la hantise du temps qui passe trop vite, elle voulait désormais ficher le camp d’ici, retrouver un lit pour rêver car son univers perdu la rendait honteuse aux yeux des autres, des voisins, de la rue ,confortablement lotis, honteuse de les effrayer aussi car les départs font toujours peur aux autres et se tourner sans se retourner vers cette promesse de bonheur que lui avaient faite les deux « aventuriers de l’Arche perdue « . Dehors, la valise à la main, sur le trottoir, comme après la guerre attendant son soldat, elle attendait le taxi.
Où allaient donc ces trois naufragés ? A l’aéroport, cela était sûr et après ? Oh, Guillaume et Judith s’étaient chargés de rendre la situation joyeuse. Et comment ne pouvait-elle pas l’être au fond ? Marienka voyait toute sa vie dans une valise, dans une boîte à biscuits et elle la sentait légère à présent en comparaison des derniers mois et même des dernières années passées à rêvasser sans qu’il se passe quelque chose. Elle n’avait plus de maison, de cave à stocker des charcuteries le week-end, plus d’histoires de famille comme il y en a dans toutes les familles le dimanche après-midi quand on ne travaille pas pour se reposer, des réparations de vieilles portes qui croulent sous les années. Une valise, c’est tout. Et sa fille, bien le plus précieux qui lui indiquait ce chemin tant convoité que l’on n’ose s’avouer, le chemin des îles enchantées où les oiseaux et les plantes multicolores nous apportent ce paradis qu’il nous faut tant de courage à construire, au prix de tant de souffrances, alors qu’un seul billet d’avion permet d’y accéder plus vite. Ce paradis là trottait maintenant dans son esprit à toute allure. Judith et Guillaume lui avaient bien résumé les prospectus des agences de tourisme dont ils étaient eux-mêmes complètement imprégnés !

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Commentaires

  • Le rêve d'une vie meilleure, quitter les souffrances donne la force d'escalader la montagne mais le paradis est souvent illusion de l'autre côté...    Jacqueline

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