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Tout a changé avec l’industrialisation

Quand je prenais le bus pour rentrer chez moi, je demandais « le charbonnage ».

Mon quartier avait pour joli nom : le charbonnage. Germinal était passé par là bien avant moi

Ma grand-mère racontait la mine, le temps des « fosses » avec la famille de mon grand-père (mort à 49 ans)

La famille de ma mère aussi était de la fosse, je n’ai connu personne, tous morts à ma naissance, tous des mineurs de fond.

Une photo de ma grand-mère maternelle Hélène, près d’un autel, au fond dans la fosse montre les femmes aux visages émincés, creusés et tristes, la souffrance sur leurs visages.

 

Quand j’étais petite (5 ou 6 ans) et un peu casse-cou, j’allais dans la cour du charbonnage. Celui-ci était entouré d’un mur très haut avec des caissons de bouteille par-dessus.  La grande entrée avait de hautes grilles fermées. A différent endroit, l’enceinte était ouverte soit en bas, juste pour qu’un homme puisse entrer ou en haut, les tas de briques étaient enlevés et faisait tomber la hauteur du mur.

 J’y allais avec un cousin de mon âge. J’entrais par ce trou dans le mur et je visitais. J’étais directement dans la cour du charbonnage, pleins de wagonnets sur de petits rails, des tas de bois, de la ferraille partout. Tout était à l’abandon.

 La « fosse » était devant moi, immense, comme une tour Eiffel en bois, cadenassée, toute noire. Bien qu’arrêtée depuis longtemps, le noir du charbon était encore présent sur tout.

Une allée de gros pavés, de chaque côté des bâtiments hauts et vides, conduisait dans la cour d’une jolie chapelle, bâtiment plus bas, en brique, avec la maison du sacristain. La chapelle avait une entrée sur la grand-route pour les jours d’affluence.

C’est là que j’ai fait la connaissance d’un jeune vicaire qui pratiquait là. La chapelle St Georges me paraissait grande, les vitraux filtraient la lumière. A cette époque, beaucoup des statuts et de peintures au mur, l’’atmosphère était feutrée et chaude, il faisait sombre. Seuls les cierges et les bougies illuminaient l’entrée. Le prêtre devait officier tous les jours à cette époque.

Petite, je voyageais sans faire de bruit dans cet endroit sacré.

En face du charbonnage, une cité ouvrière habitée par des travailleurs italiens. On l’appelait «  le petit Paris » elle a toujours ce nom aujourd’hui. Il était interdit d’aller jouer dans cette cité, et même de jouer avec ces « étrangers ». On racontait des histoires épouvantables sur eux.

A cette époque, chaque quartier avait son école communale ou catholique. C’est là que je retrouvais ces « étranges enfants venus d’ Italie »  qui ne parlaient pas français. Tous ces italiens sont vite devenus des copains et copines. J’en rencontre  encore qq uns aujourd’hui.

Mon père était faïencier, il avait une entreprise juste à coté de la maison de ma grand’mère. Ma mère et mes tantes étaient aussi dans la faïence. 

Je me souviens des rangées de poteries et d’assiettes sur les étagères où encore une fois, je n’avais pas le droit d’aller. Au fond du bâtiment, un four professionnel au mazout où l’on cuisait la faïence. Un travail de pro.

Avec la crise du canal de Suez, mon père a arrêté son activité pour partir dans la police.

 C’est à cette époque que les grosses usines sont venues s’installer dans le « zoning» dans la banlieue et dans les champs de coquelicots.

Beaucoup de petites entreprises ont fermé pour laisser place à des usines modernes et propres pour la santé. C’était inespéré pour beaucoup de personnes.

La famille de ma grand-mère paternelle venait de la campagne, ils étaient fermiers. Mes oncles avaient tous une petite ferme avec vaches, poules et des qq terres. C’est là que j’allais jouer aussi.

Ma grand-mère était fleuriste, elle faisait des bouquets magnifiques, des couronnes pour les mariages, les enterrements. Elle était toujours dans son jardin avec ses fleurs. Quand je suis née, elle avait 68 ans, elle était née en 1885.

Ma tante, une personne qui a beaucoup compté pour moi. J’ai vécu ma plus tendre enfance avec elle, c’était qq un d’aimant, de généreux, de tendre, de prévenant et  à l’écoute. C’était vers elle que je courrais me faire consoler quand je faisais des bêtises. J’étais toujours en sa compagnie. Elle aimait la musique, la poésie.  Les histoires qu’elle racontait avec tant de plaisir que l’on y entrait tout de go. Elle chantait souvent. Elle était gaie comme un pinson et un peu gaffeuse …un peu distraite, rêveuse peut-être.

Elle avait un cœur si grand que l’on pouvait y entrer et si perdre. Que de souvenirs restés vivants.

La vie leurs a donnés beaucoup de tristesse et de chagrin aussi. Des vies comme les autres, trop vite passées, trop courtes pour certains.

Au final, qq photos montrant simplement leurs visages sans savoir ce qu’ils ont réellement vécu et les qq souvenirs qu’il me reste.

On est peu de choses sur cette terre…On ne se souvient parfois que de l’amour que l’on a reçu ou donné, le reste n’est que du vent…

 

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