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Sortilèges de Michel de Gheldderode

12273001687?profile=originalLes "Sortilèges" sont des contes de l'écrivain belge d'expression française Michel de Ghelderode (pseudonyme de Michel Martens, 1898 - 1962), publiés d'abord en 1941, puis en édition définitive en 1947 (préface de Franz Hellens). Le recueil comprend douze contes : " L'écrivain public ", " Le diable à Londres ", " Le jardin malade ", " L'amateur de reliques ", " Rhotomago ", " Sortilèges ", " Voler la mort ", " Nuestra Senora de la Soledad ", " Brouillard ", " Un crépuscule ", " Tu fus pendu ", " L'odeur de sapin ".

L'inavouable joie de la mort vécue ; l'intolérable volupté du cri et de l'amour se consumant lui-même au seuil de la prostitution, du mal, de l'horreur ; l'évocation des fantômes ressuscitant des plus effroyables ténèbres un spectacle universel, un théâtre spectral ; l'imperfection des sens et leur dépassement ; la joie presque mystique du non-respect des interdits ; la défense dans son obscénité " violette ", de la solitude ; tels sont quelques-uns des thèmes majeurs obsessionnels- de ces contes. Il y a lieu d'insister sur le rôle prédominant qu'a joué l'odeur dans l'imagerie de Ghelderode. En effet, l' odeur semble le médiateur entre l'homme et la mort. L'auteur n'hésite pas à l'écrire dans le conte intitulé " Sortilèges " : " J'eus la vision qu'au commencement, le monde, avant de surgir de l'informe, avait dû être une mer puissamment odorante " -et dans la première édition, l'auteur écrivait même : " avait été une odeur, rien d'autre ".

Dans l'un des contes les plus représentatifs de la manière de cet ouvrage, " Le jardin malade ", la Mort, pour exercer ses maléfices , prend les traits d'un effroyable chat appelé Tétanos, " à la tête plate presque d'un serpent, trouée de prunelles sanguinolentes par instant dilatées, puis s'éteignant dans une sanie blanche ". Avec son chien Milord, le conteur s'installe dans un vieil hôtel de maître, immense, arrivé à totale déchéance et promis à la démolition, flanqué d'un jardin inculte et indéchiffrable qu'habitent de mystérieuses bêtes maléfiques. Il y découvrira l'existence d'une petite fille, Ode ou Oda, créature effroyable, et d'une dame, la dame en gris, qui paraît être la garde-malade de l'enfant disgraciée. Puis, le drame prend corps. La petite fille descend dans le jardin malade et se lie avec le chien. Sous le regard de Tétanos qui les espionne, tous deux s'égarent dans le jardin maudit, menaçant, parcouru des signes de la mort et des prunelles du cauchemar. Dans un combat démoniaque, Milord sauve la fillette du chat en lui brisant les reins. C'est alors une plainte démente dans le silence nocturne : elle vient de plus bas que soi, de plus loin que le monde. Tétanos est revenu agoniser dans quelque coin de l'hôtel pour tourmenter ses hôtes. Puis, le démon poussant un râle interminable qui s'achèvera avec la mort de Milord, le silence retombe sépulcral.

Michel de Ghelderode demeure le spectateur  inquiet " aux dents serrées et portant l'interrogation inscrite dans la peau de son front ". Ces contes sont réels, et leur puissance d'envoûtement  tient plus à un certain art de ne pas dire ou de ne pas tout dire, qu'à celui de narrer méticuleusement avec le souci d'une vérité constante, un événement banal -un fait divers- se déroulant dans un lieu, un décor extraordinaire.

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