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12272710285?profile=original« Du dandysme et de George Brummell » est d’un essai de Barbey d'Aurevilly (1808-1889), publié à quelques exemplaires par son ami Trébutien à Caen chez Mancel en 1845, et à Paris chez Poulet-Malassis en 1861. La Sylphide, journal de modes, avait reproduit de larges extraits de l'ouvrage en août et septembre 1845.

 

Réflexion théorique à laquelle se mêle la biographie du célèbre dandy George Brummell (1778-1840) - que Barbey avait aperçu à Caen où il termina ses jours -, cet essai porte sur un sujet qui fut cher au jeune écrivain et qui inspira ses premières oeuvres romanesques.

 

Après une analyse de la vanité (chap. 1), trait de caractère dominant et ostentatoire du dandy (2), l'auteur propose une définition du dandysme et démontre qu'il s'agit d'un phénomène typiquement anglais, "conséquence d'un certain état de société" (3-8). Puis il conte la vie de George Brummell, tout en poursuivant sa réflexion générale: l'amitié de George IV hissa le jeune homme au faîte de la société dont il fut l'arbitre - incontesté et redouté - des élégances de 1796 à 1816 (9-10). Vinrent ensuite la disgrâce et la ruine: le dandy dut s'exiler, d'abord à Calais, puis à Caen où il mourut après avoir sombré dans la folie (11). Brummell et la société dont il fut le produit ont disparu mais le dandysme est éternel "comme le caprice" (12).

 

A la fois philosophique, historique et anecdotique, cet essai mêle avec habileté la dissertation au récit, la méditation à l'exemple; outre Brummell, on y rencontre notamment le maréchal de Richelieu, Byron, Orsay et bien d'autres. A l'image de son personnage principal, Barbey se doit d'être brillant et original tout en demeurant sobre - car le dandysme, qui "se joue de la règle et pourtant la respecte encore" (chap. 5), n'a rien à voir avec l'excentricité. Il y parvient grâce à une écriture qui varie les registres, mais sans excès: la sérieuse neutralité de l'historien côtoie la verve aiguisée du penseur et la rêverie du poète, friand de détails étranges et rares.

 

L'écriture se met également au diapason de son modèle dans la mesure où ses partis pris demeurent impénétrables. Conservant toujours l'impassibilité caractéristique du dandy - "le calme du dandysme est la pose d'un esprit qui doit avoir fait le tour de beaucoup d'idées et qui est trop dégoûté pour s'animer" (chap. 8) -, l'auteur affecte, à l'égard de Brummell, une neutralité quelque peu ambiguë. Ainsi, froid et ironique - ce sont, là encore, deux traits typiques du dandysme -, Barbey peut être railleur à l'égard du dandy tout comme il peut ailleurs en faire l'éloge: "Il était un grand artiste" (chap. 10). Au fond, la figure qui caractérise le mieux le dandy est celle de l'antithèse qui allie la grandeur au dérisoire: "dieux au petit pied" (chap. 8), "magnifique absurdité" (lettre à Trébutien, 6 juin 1843), ce type d'homme régit un empire de néant. Ce genre de personnage fait encore fureur sur nos écrans.

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