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La Mer du Nord !

La Mer du Nord, c’est marée basse avec ses immenses plages de sable fin à perte de vue, les coquillages qui font mal aux pieds, le vent qui vous fouette le visage, c’est marée haute avec les vagues agressives et sauvages qui se brisent sur les jetées.

C’est tôt le matin, les pêcheurs de crevettes avec leurs chevaux tirant de grands filets, des bateaux au loin. C’est aussi des petits enfants qui ont le jeu et l’aube dans le regard,  des cerfs-volants qui se battent dans le ciel.

Ce sont les vacances si longtemps désirées et enfin arrivées.

 

Dans les petits villages côtiers, les maisons font l’objet de location, ainsi que toutes les annexes, garages, caves, tout est transformé en studio pour accueillir les vacanciers.

Les rues sont animées, décorées de grandes vasques de fleurs multicolores, la vie est gaie, les gens se promènent, les enfants jouent à vélo, au ballon, d’autres sont assis aux terrasses des cafés et se reposent.

 

Une petite famille s’est installée pour un mois de vacances, ce n’est pas le luxe, c’est correct. Le père amène la mère et les enfants et repart chez lui jusqu’au prochain week-end.

Avec eux, un garçonnet de 9 ans accompagne sa tante, confié à celle-ci par sa mère pour profiter de la mer et du bon air. Dans la petite location, la famille est néanmoins à l’étroit.

 

Commence l’histoire d’un petit garçon blond qui n’a rien compris, qui n’a pas saisi que les adultes ne sont pas tous gentils, qu’ils sont parfois investis de sentiments que la moral réprouve et de gestes pressants et dissimulés qui deviennent vite insupportable.

 

Comment un enfant innocent s’est fait piégé par une personne en qui il avait placé toute sa confiance, un parent, un être vil, où un moment d’innocence a basculé dans l’horreur.

 

Les jeux et les sorties à la plage font parties des joies des vacances et pourtant le drame se déroule à l’insu de tous. La semaine se passe dans l’angoisse et le week-end arrivant, l’enfant frémit.

 

Le monde s’écroule, devient laid pour l’enfant blond, l’incompréhension, des questions sans cesse répétées, des « pourquoi », des « comment », la honte.

 

Et l’engrenage…Que tout le monde dit connaître…

 

Vie d’enfants difficiles. Instabilité à l’école, perte de confiance en soi, incompréhension des parents, révolte. Une adolescence perturbée, un père absent, une mère dépassée. Une jeunesse laissée à l’abandon avec parfois la lueur d’une étoile qui brille dans cette nuit.

 

Pourquoi ce garçonnet a souffert et porté « cette faute » sur ses petites épaules envers et contre tous.

Pourquoi personne n’a rien vu de la tragédie qui s’est déroulée. Pour le chérubin, ce moment reste très vivace dans sa mémoire, il n’a jamais dévoilé ou du moins très peu abordé cette histoire au cours de sa vie d’adulte.

 

Poursuivi par ce mal rongeur et impossible à effacer, même si aujourd’hui, l’adulte devenu a pardonné à l’enfant en souffrance comprenant qu’il n’y était pour rien. Qui donc connaît le fond des choses ?

Pardon obtenu après bien des tourments et qui n’est pas un oubli, qui reste une blessure.

 

Que de conséquences pour un geste adulte irresponsable, un malade  en puissance, qui pour s’assouvir à provoquer  un déchirement sanglant chez un enfant.  Que de larmes arrachées pour survivre.

 

Le silence !

Ce silence qui est le moyen de garder  « l’horrible secret » alors qu’il aurait dû se débattre, hurler, crier, fuir…dénoncer. Accuser et punir.

 

A neuf ans…. Que savons-nous ?

 

Le silence qui rend coupable, complice de cette infamie.

Le silence qui efface aux yeux de l’enfant l’instant par un déni qui s’installe et qui suit toute la vie.

Le silence que les adultes n’entendent pas, ne voient pas.

Le silence qui est plus profond que le vide dans lequel se retrouve un enfant sali, profané…

Le silence qui reste à jamais écrit en lettres de sang.

Le silence qui s’arrache jour après jour pour une reconnaissance de soi et pour en sortir.

Le silence qui demandait juste un petit geste de compréhension des parents, de quelqu’un, un regard, juste un baiser qui aurait apaisé cette souffrance..

 

Parents qui ne comprennent pas le changement, l’échec et qui ne cherchent pas à savoir. Parents qui n’ont pas protégé ce garçonnet, ce désespéré.

Comment pouvaient-ils savoir ?

 

A l’heure actuelle, des professionnels sont parfois là pour trouver ce qui ne va pas, comprendre le mal de vivre d’un enfant. C’est une mission qui doit être prise au sérieux.

Parents qui se sont écartés de plus en plus de l’enfant qui ne partage pas sa souffrance, sa salissure et qui vit replié sur lui-même.

 

Un cercle infernal qui détruit tout sur son passage, et un travail de titan, de géant  pour reconquérir une paix qu’un geste assassin a arraché. 

 

Le monde est plein de prédateurs qui, sous le couvert du silence, de la honte, sévissent actuellement. Etre à l’écoute et dénoncer, encore et toujours, c’est la seule solution à adopter pour que ces choses cessent de détruire la vie d’enfants.

 

Au sein d’une famille respectable, au bord de la mer, une petite vie a basculé et  ce petit garçon a eu beaucoup de mal à se reconstruire.

On dira – «  C’est la vie. ». Non, ce n’est pas la vie…


Le retour à la maison s’est passé dans un silence confondu et avec l’obligation de fréquenter l’infâme avec cette fois, une attention toute nouvelle de défense. Un refus complet et un rejet total de cette personne que les membres de la famille n’ont pas compris.

L’enfant a été taxé de bizarre, d’enfant ayant mauvais caractère pour en arriver à une coupure dans les relations familiales avec les deux sœurs.

 

Jamais personne ne sut. On peut toujours croire que le père du garçonnet s’en soit rendu compte, ce n’est pas certain.

L’enfant n’aurait pas supporté de raconter qu’il s’était fait prendre à un jeu d’adulte. Qui dit que l’on ne l’aurait pas accusé.

 

Voilà un épisode peu glorieux de la race humaine ou la fable du plus fort s’applique avec une petite variante que la Fontaine peut défendre.

De cette leçon de vie, il reste que l’on ne doit plus « faire le silence autour de ces dérives », que l’on doit les dénoncer quoi qu’il arrive. Que la victime n’est pas coupable et ne doit pas se sentir salie…Que c’est bien l’agresseur qui doit payer…

 

Qu’un pardon n’est jamais un oubli et que ces faits sont de tous les jours.

Que peu importe le temps passé, la blessure est toujours là et saigne chaque jour.

On en a pour preuve les victimes que l’on voit à la télévision qui 30, 40 ans ou 50 ans  après sont toujours dans le vécu de leur histoire.

 

Que la majorité des personnes qui abusent un enfant sont des proches, amis, voisins. Et que le silence est toujours le plus fidèle compagnon de la victime et du bourreau.

 

Le vrai coupable est le « Silence » que la justice ne peut punir faute d’oreilles….

 

Le petit garçon s’en est bien sorti, c’est ce que l’on dit aussi.

Le temps a fini par remettre en ordre ce tas de nœuds de sa vie. Point d’oubli…Ce serait trop facile.

La révolte s’est estompée et à quel prix, la rancune a fini par disparaître.

 

Ce mignon petit garçon a empli son cœur d’amour pour oublier qu’il n’avait jamais eu d’aide de personne. Maintenant c’est un homme avec une blessure à l’âme, comme d’autres ont une blessure au cœur.

 

Parfois,  en souvenir de cet «  horrible silence » qui l’envahit toujours, il hurle comme les loups ou les chiens sa douleur d’enfant trahi, sali et abandonné.

Ces rêves n’ont plus jamais été d’une profonde douceur. Ce sentiment de culpabilité revient toujours, le jour, la nuit.

La honte revient aussi lui dire bonjour même si elle fait place à une certaine acceptation. Non, il n’est pas coupable.

 

Et le « Silence » veille toujours à ce que personne ne sache….

 

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Commentaires

  • Merci Josette pour ce témoignage important et complet.
    Pour la première fois et cette année, de par ma profession,
    j'ai eu à gérer deux rares cas très douloureux de la sorte :
    - l'un d'accusation destructrice infondée
    - l'autre cas, où les témoignages mêmes de l'enfant ne sont pas écoutés
    par les services sociaux français et ni ceux de sa mère pour le protéger.
    C'est tout ce que je peux dire mais que de dégâts.
     
  • Merci pour ce témoignage important et complet.

    De par ma profession, j'ai à gérer de rares cas très douloureux de la sorte.

  • Très beau texte, pour une horrible histoire Josette, trop souvent répétée. La vie commence souvent avec le soleil, se déchire avec l'automne et meurt avec l'hiver de l'existence.  Combien connaisse un réel été ? Amicalement,  Claudine

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