Ceux qui suivent nos chroniques, se souviendront peut-être que nous avions abordé le premier roman de Patricia Fontaine « Cape Verte » avec l’enthousiasme des découvertes intéressantes. C’était, pour un premier roman, une œuvre qui offrait la promesse d’une plume en devenir. Vous m’auriez demandé s’il fallait parier sur l’avenir de cette écrivaine Brançonne, j’aurais probablement refusé de répondre. Cette hésitation repose sur le fait que l’écriture d’un second roman est souvent plus difficile pour de multiples raisons.
En découvrant « Pile et Face » il ne m’a pas fallu longtemps pour entrer en résonnance avec un ouvrage que je n’hésiterai en aucune façon à souligner comme étant un « coup de cœur ».
Bien que les sujets abordés ne soient pas anodins, le lecteur aura beaucoup de peines à se détacher du récit.
L’écriture est fluide, intéressante, passionnante.
La première impression que nous offrent le début de lecture, c’est que l’humour semble nous porter vers une écriture à la « Legardinier ».
Accroche habilement construite pour nous entrainer progressivement vers le thème central. La gravité du sujet n’en est pas moins respectée, l’auteur surprendra le lecteur par une approche originale.
Nous voici plongés au cœur de l’histoire du Chili.
C’était un risque, celui de basculer dans le discours moralisateur d’un(e) Occidental(e) en recherche de sensationnalisme. Il n’en est rien, au contraire, la sensibilité de l’auteure ose poser les questions fondamentales sur l’orientation que prennent les destins quand ils sont confrontés à l’extrême.
« Clarisse » est contrainte de fuir au Chili. Elle y rencontre, manœuvrée par un personnage trouble appelé « La fouine brune », une dénommée Marta. Ensemble elles vont relire les pages brulantes de l’histoire façonnée par la dictature du Général Pinochet.
Si je vous ai parlé de "coup de cœur", c’est que je n’ai pu me détacher du roman. Intelligemment construit, il porte la marque des sensibilités à fleur de peau tout en basant le fil de l’intrigue sur les fondations d’une documentation fournie.
L’écrivain ne s’en cache pas. La préparation de cet ouvrage a débuté par la recherche de témoignages, de lectures et un séjour à Santiago et dans le désert d’Atacama.
Patricia Fontaine ne fait pas partie de ceux qui publient un ouvrage chaque année. Elle prend son temps, forge ses écrits et le résultat est à la hauteur de nos attentes. Comment ne pas souligner la qualité et le talent qui transpire de cet ouvrage ? Comment ne pas la remercier d’aborder un thème aussi grave en essaimant l’humour le temps que le lecteur reprenne sa respiration.
Si j’ai aimé « Cape Verte », bien que nous nous attendions et espérions une suite, « Pile et Face » ne ressemble en rien à son ainé. Ce dernier roman mérite d’être placé en première place dans les vitrines de nos bibliothèques. « Pile et Face » pourrait être abordé dans nos écoles, ouvrir les débats, être une référence peut-être ? Quoi qu’il en soit, Patricia Fontaine vient d’acquérir ses lettres de noblesse dans le monde difficile de la littérature.
Rappelons que Patricia Fontaine recevra en 2017, "le prix roman" au Salon International de Mazamet (Tarn - France).
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