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Cet ancien pavillon de chasse a été édifié à la fin du XVe siècle sur des bases très anciennes remontant au IXe siècle. Dès la Renaissance, le vent de littérature souffle sur ces bords de Seine. Le château est alors fréquenté par Ronsard et les poètes de la "Pléiade". Trois siècles et demi plus tard, le site séduit et inspire le peintre Paul Cézanne. En 1924, Maurice Maeterlinck, Prix Nobel de littérature, en fait sa nouvelle demeure. Il y écrit La vie des Termites, L'Araignée de verre et y fait jouer L'Oiseau Bleu.
Laissé à l'abandon depuis la guerre, le château devient en 1966 le lieu d'impression du journal "Combat" jusqu'au célèbre "Silence, on coule!" du 30 août 1974.
Vendu aux enchères publiques en 1977, puis restauré durant onze années par ses actuels propriétaires, le château de Médan a retrouvé son allure du XVIe siècle.

 

 

Ronsard à Médan:

 

Pernelle PERDRIER - fille d'Henri PERDRIER qui fit reconstruire le manoir seigneurial de Médan en 1494 - apporte en mariage la terre de Médan à Jean BRINON, fils du seigneur de Villennes.

Leur fils Jean BRINON, deuxième du nom, descendant d'une double lignée d'hommes de robe et de financiers, recueillit de grands biens.

Formé aux belles lettres par son maître Louis Chesneau dit "QUERCULUS", Jean BRINON d'une générosité excessive avec ses amis les poètes de la Pléiade organisait pour eux fêtes et divertissements. Médan et Villennes étaient alors le cadre de parties de chasse où se retrouvaient RONSARD, JODELLE, DORAT, du BELLAY et beaucoup d'autres...

« .... et là, trouvant infinis arguments nouveaux y firent sonnets, odes et épigrammes grecs,

latins et françoys en la louange de celui qui les a conduits et de ses nymphes. »

(extrait de « l'Histoire de la nature des Oyseaux » de Pierre BELON publiée en 1555; le savant naturaliste

y fait une relation pittoresque d'un voyage à Médan et Villennes des poètes de ce temps)

Mais la chasse n'était souvent qu'un prétexte et au cours de ces premières « soirées de Médan » la licence prenait souvent le relais de la poésie...

RONSARD, à qui BRINON avait offert en témoignage de singulière amitié successivement, une verre de Venise, une statue de Bacchus, des armes et un magnifique chien, lui dédia en retour l’Elégie du verre, l’Hymne de Bacchus, un poème sur les armes, La chasse, ...

L'un de ceux-ci est particulièrement attachant car il a été écrit à Médan au cours de l'un des séjours du poète, " le Hous, à Jehan Brinon "

En 267 vers de sept pieds, RONSARD célèbre son hôte à travers l'allégorie de ce bel arbuste qui peuple naturellement encore aujourd'hui le coteau de Médan :

Mais oui sans plus je veux dire

En ces vers, d'un stile dous

Le nouveau blason d'un Hous

Non de ces hous solitaires

Battus des vents ordinaires

Mais bien d'un Hous domestique

Qui pare en toute saison

Le jardin et la maison

De Brinon, qui dès enfance

Mena les Muses en France,

Et les osant devancer

Premier les mena dancer

Mais en tout temps de rosée

Sois ta perruque arrosée,

Et de la manne du ciel

Et toujours la mousche à miel

Mesnage au creux de ta souche

Un fruit digne de la bouche

De ton maistre bien-heureux.

Jamais le temps rigoreux

Ne te livre à la vieillesse,

Mais hous, puisses-tu sans cesse

Vivre en autant de renom

Que ton possesseur Brinon

Les largesses de BRINON finirent par le ruiner. A peine âgé de trente six ans, il mourut en 1555 et ses amis les poètes escortèrent sa dépouille mortelle qu'il ornèrent de poèmes et épitaphes en vers grecs, latins et français, constituant un " tombeau littéraire ", conservé de nos jours à la bibliothèque Mazarine, à Paris.

Ne vois-tu pas hier Brinon

Parlant et faisant bonne chère

Lequel aujourd'hui n'est sinon

Qu'un peu de poudre en une bière

Qui de lui n'a rien que le nom ?

Pierre de RONSARD

 

 

Cézanne à Médan:

 

Ami d’enfance de ZOLA, Paul CEZANNE fait de nombreux séjours chez l’écrivain dès l’acquisition de sa maison à Médan.

Très tôt le matin, le peintre utilise la barque dénommée « Nana » pour traverser la Seine située au bout du jardin. Il plante alors son chevalet sur la rive opposée et, dès 1879, réalise sur le motif une aquarelle aujourd’hui conservée au Kuntzhaus Museum de Zurich.

Voici ce qu’en dit le catalogue raisonné des Musées de France :

« L’aquarelle « Le château de Médan » est l’une des rares oeuvres parfaitement abouties de Cézanne dans cette technique à pouvoir être associée d’aussi près à une toile, ce qui explique sans doute pourquoi elle a presque toujours été décrite comme une étude préparatoire pour le tableau de Glasgow qui porte le même titreCézanne travaillait donc presque toujours simultanément sur plusieurs niveaux et cherchait des techniques et des supports différents pour poursuivre ses explorations. Il se peut aussi que, dans cette aquarelle apparemment libre et spontanée, il y ait d’avantage de préméditation et de résolution complexes que l’on ne pourrait l’imaginer à première vue, et que, dans la toile, à l’inverse, il y ait beaucoup d’esprit ludique dans la réalisation. »

Un an plus tard, c’est l’huile sur toile que Cézanne peindra à partir du même site. Elle se trouve conservée au musée Art Gallery de Glasgow après avoir appartenu à Paul Gauguin qui l’aurait achetée au Père Tanguy, marchand de couleurs où s’approvisionnaient les deux peintres.

John Rewald rapporte l’anecdote contée par Gauguin qui... la tenait de Cézanne lui-même :

« Cézanne peint un rutillant paysage, fond d’outremer, verts pesants, ocres qui chatoient ; les arbres s’alignent, les branches s’entrelacent, laissant cependant voir la maison de son ami Zola (Il s’agit en fait du château de Médan, la maison de Zola était beaucoup plus à droite) aux volets vermillon qu’orangent les chromes qui scintillent sur la chaux des murs. Les véronèses qui pétardent signalent la verdure raffinée du jardin et en contraste le son grave des orties violacées, au premier plan, orchestre le simple poème. C’est à Médan.

Prétentieux, le passant épouvanté regarde ce qu’il pense être un pitoyable gâchis d’amateur et, souriant professeur, il dit à Cézanne :

- « Vous faites de la peinture.

- Assurément, mais si peu...

- Oh, je vois bien : Tenez, je suis un ancien élève de Corot et si vous voulez me permettre, avec quelques habiles touches, je vais vous remettre tout cela en place. Les valeurs, les valeurs, il n’y a que ça. »

Et le vandale impudemment étale sur la rutilante toile quelques sottises. Les gris sales couvrent les soieries orientales.

Cézanne s’écrie :

« Monsieur, vous avez de la chance, et faisant un portrait vous devez sans doute mettre les luisants sur le bout du nez, comme sur un bâton de chaise. »

Cézanne reprend sa palette, gratte avec le couteau toutes les saletés du Monsieur. »

Au cours de la visite du château, il est présenté les reproductions grandeur nature des 4 oeuvres impressionnistes peintes à Médan dont les originaux ont hélas quitté la France.

 

 

Maeterlinck à Médan:

 

Né le 29 août 1862 à Gand, d’une famille de juristes, il abandonne le barreau pour s’installer à Paris en 1886 : rencontre avec VILLIERS de L’ISLE-ADAM et les poètes symbolistes.

MAETERLINCK prit parti contre le Naturalisme qui prédominait à l’époque dans la littérature française (Emile ZOLA, qui l’avait précédé à Médan, en était le chantre).

Son théâtre le fit connaître du public (La Princesse Maleine, 1889, Pelleas et Melisande, 1892 - mis en musique par Claude DEBUSSY, L’Oiseau bleu, 1908) et lui valut son Prix Nobel de littérature en 1911.

De caractère mélancolique, hanté par la mort, il illustra l’esprit fin de siècle qui chantait les mystères de l’au-delà (La puissance des morts, 1926).

Les entomologistes le célébrèrent pour sa Vie des Abeilles, 1901, qui eut un succès considérable mais c’est à Médan qu’il écrivit la Vie des Fourmis en 1930 et l’Araignée de verre en 1932.

Pendant une vingtaine d’années, la comédienne et chanteuse lyrique Georgette LEBLANC vécut à ses côtés à Paris, Nice ou en Normandie et fut aussi sa muse.

Puis ce fut la rencontre avec Renée DAHON qu’il épouse en 1919.

En 1924, ils firent l’acquisition du château qu’ils ne quitteront qu’en 1939 pour s’exiler aux Etats-Unis pendant toute la période de la guerre. Le poète s’éteint à Nice le 5 mai 1949 dans son palais Orlamonde, après avoir été comblé d’honneurs : Il avait été anobli par le roi Albert 1er et avait été reçu membre associé de l’Académie Française.

Ce n’est qu’en 1962 que Mme MAETERLINCK fera donation du château à Henri SMADJA.

 

Château de Médan

78670 Médan


Comment visiter?

Le château de Médan est un lieu de mémoire chargé d’histoire, ouvert toute l’année, mais également une demeure privée et habitée.

 

Mail : chateaudemedan@gmail.com

 

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