Passionné du patrimoine culturel algérien, le journaliste-écrivain Noureddine Louhal vient de publier aux éditions Aframed un livre intitulé «Sauvons nos salles de cinéma, Acte II», ouvrage dans lequel il reprend et enrichit son premier opus «Sauvons nos salles de cinéma», publié en 2013 dans le cadre du Festival national culturel du film amazigh. L’auteur explique le pourquoi de ce livre mais aussi livre ses impressions sur l’état déliquescent du patrimoine cinématographique national.
Horizon : Vous avez choisi de rééditer un livre que vous avez déjà publié sous le titre «Sauvons nos salles de cinéma». Pourquoi?
Ce n’est pas une réédition. J’aurais aimé qu’il soit réédité mais la manière dont il a été écrit la première fois, il ne se limitait qu’à Alger, Oran et Constantine. J’ai préféré le réécrire pour pourvoir intégrer les techniques qui envahissent chaque jour la scène artistique mais aussi pour parler des salles rouvertes à Alger et inclure les salles de banlieue en plus de Boufarik, des villes de la Kabylie comme Tadmaït et Draa Ben Khedda ainsi que Sétif et Tébessa. Ce nouvel ouvrage contient une foule d’informations qui peuvent servir au cinéphile ainsi que des dates importantes qui ont marqué le 7e art algérien.
De quel aspect parlez-vous dans ce nouvel ouvrage? Est-ce un constat ou simplement un inventaire des salles obscures algériennes?
Le titre est «Sauvons nos salles de cinéma, Acte II». Je dresse un constat mais aussi l’apologie de ses institutions qui ont égayé notre jeunesse. Le constat comme vous le savez est peu reluisant et ne prête pas à l’optimisme. Il y a des salles qui risquent de disparaître définitivement comme «Le Marivaux», «Le Lux». Au-delà du constat que tout le monde sait, mais dont on ne parle que très peu, je fais l’apologie et je pars en guerre contre ceux qui prétendent qu’aujourd’hui il ne sert à rien d’aller au cinéma du fait que tout est à portée de main sur les différents supports audiovisuels modernes. Un discours sciemment entretenu pour fermer ces salles et les consacrer à d’autres activités commerciales.
Votre ouvrage est également empreint d’une pointe de nostalgie...
Effectivement, je raconte les moments forts d’Alger, mais aussi Oran où la salle «L’Escurial» était la vitrine du cinéma arabe, où ont aussi défilé des stars de la chanson égyptienne. J’évoque aussi la cinémathèque, un haut lieu de débat autour du cinéma ainsi que les grands titres qui ont secoué la tranquillité d’Alger. Une époque révolue mais qui pourrait ressusciter avec de la volonté et du travail.
L’Algérie abrite annuellement quelques festivals du cinéma, mais les salles de cinéma restent fermées à ce nombre important de films projetés durant ces festivals. Qu’en pensez-vous ?
La contradiction est criante. A l’heure où l’on inaugure le festival du cinéma engagé, il n’y a aucune salle à Alger, en dehors des salles de Riadh El-Feth, pour abriter cet événement important. Pour reprendre Merzak Allouache, «A quoi sert de faire des films pour qu’ils finissent dans des cartons». Au-delà de l’avant-première, le film disparaît et est stocké dans une quelconque cave.
Qu’en est-il de la gestion des salles de cinéma?
Les salles pourraient retrouver la fréquentation du public si on les retire à ces pseudos gérants privés qui projettent des matchs de football de ligues étrangères. Les salles doivent être prises en charge par le ministère de la Culture qui a le pouvoir et l’argent et qui doit les confier à des gens de métier ou à des coopératives de gestion.
Entretien réalisé par Hakim Metref
In Journal Horizon du 12 novembre 2019.
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