De retour dans la petite cour du Charbonnage, sur les lieux même de mes jeux, je me rappelle des souvenirs que grand-mère me contait. Elle disait : aujourd’hui, nous passons par la grande porte, la mine est ouverte depuis qq heures et la haute grille de fer nous ouvre les bras.
5 heures du matin, la nuit est noire et profonde, on entend le bruit des sabots à la ronde, ils arrivent, approchent…
Dans le martellement des pavés se regroupent les hommes vêtus de bleus, du petit foulard noué autour du cou et de la lampe au carbure à la ceinture. Il fait froid ce matin comme chaque matin de leur vie. Ils se dirigent tous vers les hauts bâtiments pour y poser leurs affaires, passant encore à demi endormis devant la petite chapelle aux vitraux à peine éclairés.
Tous attendent et se retrouvent devant la fosse, ouverte et béante avec l’affreux bruit de chaine qui fait frissonner. Arrive le premier plateau où les hommes se glissent, se tassent, serrés les uns sur les autres, pour descendre au fond de la mine remettant leur âme à Dieu ou au diable. Ils descendent, tombent pour aller rejoindre l’immonde espace de leur poste de travail.
En surface, la cour s’anime, s’active, la rangée de bureaux face aux hauts bâtiments s’éclairent, employés et comptables s’installent. Les livreurs à chevaux sont déjà là et attendent de décharger leurs marchandises.
Au loin, on entend les wagonnets circuler sur les rails en fer, les hommes vont et viennent, tous à leur poste.
Au fond de la mine, les hommes ont chaud, couverts de sueur et de larmes, ils sont déjà tout noir de charbon. Leurs yeux éteints, flétris survivent dans l’atmosphère irrespirable de la fosse. L’air est impur et beaucoup déjà sont malades de cette poussière qui entre partout.
Les minutes passent, les heures passent, la vie passe….
Grand-père est un homme de grande stature, 1,90 m aux cheveux noirs, avec une large moustache recourbée dont il était très fier, ses yeux bleus adoucissent ce visage fatigué par le travail. Il aime sa famille, son fils et ses filles. Le dimanche matin, il s’amuse avec ses pigeons. Il affectionne le jeu de balle sur la place du village, la musique, l’harmonie et la petite fanfare qui lui ravit le cœur.
Sa vie est difficile, il va aussi au café avec ses frères et ses cousins, boit facilement pour étancher sa soif de vie qu’il sent partir un peu plus chaque jour.
Sortir vivant de la fosse vaut bien un petit verre.
Grand-mère raconte cette vie sans haine, ni regrets, c’est la vie de mineur pas plus pas moins et elle dit que tout compte fait, ils vivent bien par rapport à d’autres qui sont dans la misère.
Les frères de grand-père sont partis trop jeunes, lui a combattu et a perdu contre cette maladie. Il est parti aussi.
Il y a encore tellement de choses à raconter sur ces gens que la vie n’a pas gâtés et que la mort a suivi pas à pas impitoyable, inexorable sans leur laisser le moindre répit.
Vie de mineur, vie de malheur disait-on !!!
Au cimetière, grand-mère a rejoint grand-père bien longtemps après sa mort, elle a continué sa vie seule avec son souvenir. Toujours vêtue de noir pour que l’on n’oublie pas que le noir est la couleur du charbon.
Commentaires
Bonne chance pour la réparation de ton portable, Chère Claudine. J'avais envoyé un message à l'adresse courriel que tu m'avais donnée, mais je n'ai pas encore de réaction, ceci expliquant cela.
Bisous. Rolande.
Merci de ton passage et de ton commentaire. A bientôt sur le site. Je me suis aperçue de ton absence et attends ton retour.
Bonne soirée
Josette
Ces "gueules noires ont soufferts pendant et après leur vie de travail
Je n'oublierai jamais l'atmosphère angoissante qui régnait après la catastrophe du 8 août 1956 au bois du Cazier à Marcinelle où ma classe s'était rendue pour soutenir les familles.
Merci pour ce texte très imagé.
Bisous, Claudine.
PS mon portable est en réparation et je n'ai pas accès à ma messagerie depuis un certain temps, ce qui explique ( + diverses choses ) mon peu de présence.
Bisous et bonne soirée. Claudine.
Les racines sont celles que l'on porte fièrement.
Amicalement Sandra.
Josette
Bonjour Rolande.
Josette pas Yvette. Merci de ton partage. Le sujet a été beaucoup romancé et commenté, Dans nos régions, les mines ont fait vivre la population et l'arrêt de celles-ci a été un bienfait et une bénédiction pour les ouvriers. Des souffrances, il reste le souvenir que les enfants transportent pour rendre hommage à ces hommes courageux. Et la fierté d'avoir eu un grand-père exceptionnel d'une grande bonté.
Bonne soirée très agréable
Bis Josette
Merci Josette pour ce témoignage poignant.
Lorsque nous étions enfants, en classe, lors de la prière, nous priions pour ces mineurs courageux qui nous apportaient la chaleur aux rudes moments de l'hiver. Nous étions très attentifs à leurs souffrances, leur vie difficile et la chanson "Les Corons" résonne encore en nous.
Nous vivions dans une région dédiée au Textile et les hautes cheminées d'usine déversaient une pluie fine et charbonneuse : tout était noir de suie. Des enfants travaillaient dans des conditions épouvantables, les ouvriers aussi. Maxence Van der Meersch l'a très bien décrit dans ses livres - bien oubliés depuis- la vie des courées du Nord et, aussi le film Deans : remarquable.
Nous étions tous solidaires, nous les ouvriers. Et, surtout, courageux .... c'était quasi un mot d'ordre : COURAGE.
Yvette, tu écris vraiment super bien. L'atmosphère y est. On s'y croirait. Bravo et plein de bisous.
Merci pour ce "Noir" .....
Merci de ton passage Adyne.
Excellente journée très ensoleillée
Amitiés
Josettte
Merci Yvette de ton passage.
Chaque façon de partir a qq chose d’épouvantable et celle des mineurs aussi.
Amicalement
Josette
Merci Nicole de ta lecture
Bonne journée ensoleillée
Josette
Voilà bien un texte, une prière pour nos mineurs et que malheureusement je ne connais pas
Bonne journée Michel
Josette