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12272758680?profile=original"Mon amie Nane" est un roman de Paul-Jean Toulet (1867-1920), publié à Paris par livraisons sous la signature de "Maxy" dans l'hebdomadaire la Vie parisienne en 1900, 1902, 1903 et 1904, et en volume au Mercure de France en 1905. L'édition de 1922 au Divan intercala un douzième chapitre inédit, "Nane pense mourir".

 

 

En treize chapitres précédés d'une Dédicace et d'une Introduction qui, purs morceaux de style, disent d'emblée la prééminence ici de l'écriture sur la narration, Mon amie Nane trace autour du personnage - une demi-mondaine délicieuse - les arabesques d'un style dandy, ironique et précieux. Les séquences s'y juxtaposent en toute liberté, sans souci de construction d'une fable, mais comme autant de "contes" décoratifs où tout est support à jeux de mots et de langue. S'achevant avec "les Noces de Nane" (chap. 13), le livre crée cependant sur sa fin un effet de cadre qui peut porter un embryon de narrativité, depuis les amours de la demi-mondaine jusqu'à son "établissement" social.

 

 

Dans sa légèreté un peu ostentatoire pour être honnête, son goût de l'esprit ou le croustillement permanent du scabreux, Mon amie Nane porte la marque de la mondanité Rive droite et du salon des Willy. On se souvient alors que le poète des Contrerimes fut aussi l'un des auteurs de Lélie, fumeuse d'opium ou du Bréviaire des courtisanes, toutes brochures dont les titres suffisent à indiquer clairement les ambitions. Malgré sa publication dans une Vie parisienne plutôt décolletée, Mon amie Nane dépasse cependant de beaucoup bons mots ou polissonneries: et cela, par une grâce d'écriture qui fait du livre un exercice de haute voltige littéraire, à la fois amusant et délicat. Décrite dans l'Introduction comme "un signe écrit sur la muraille, l'hiéroglyphe même de la vie", Nane, par-delà une permanente ironie, peut finalement apparaître en tant que métaphore d'un réel enchanteur autant que morose, dénué de toute profondeur, délectable - tel le roman - parce que superficiel. Travail de grand artiste évoquant l'atmosphère et les lumières tremblées d'un Caillebotte, Mon amie Nane dessine, sous sa misogynie de boulevard et son humour agaçant, l'aveu de la sensibilité toujours bridée, et masquée d'un rictus, de Paul-Jean Toulet, pour qui l'essentiel de la vie se résume à un doux et dérisoire froissement de soieries: un "presque rien" compris par Jankélévitch à propos - et ce n'est pas un hasard - d'un ami du poète, Debussy, avec lequel il échangea une importante correspondance.

 

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Jean d'Ormesson lit un extrait de Mon Amie Nane de Paul-Jean Toulet.
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