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Mircea Eliade . Le mythe de l' éternel retour

12273091876?profile=originalIl s'agit d'un essai publié en 1949 par le sociologue roumain Mircea Eliade (1907-1986). Cet ouvrage propose en exemple la mentalité primitive, comme d'autres font de l'histoire de la Grèce ou de la Révolution française.

Eliade prend pour point de départ une description de la pensée de l'homme primitif. Il lui apparaît que l'essentiel de cette pensée archaïque réside dans un accord originel et une compréhension radicale qui permettent à l'homme d'habiter authentiquement dans le monde. La nature n'est pas laissée à l'insignifiance et à la violence du fait, elle reçoit une signification ontologique décisive. L'homme ne prend pas la position centrale que la tradition humaniste lui accorde: mais si sa dépendance lui interdit de se diviniser, elle lui donne beaucoup plus: une situation vraie dans le monde. Le sacré n'est pas, pour Eliade, une catégorie psychologique en voie de régression; l'homme est, dès sa naissance, placé dans le domaine du spirituel. Tout progrès technique sera pour lui l'occasion d'un épanouissement humain. Aussi sa conduite ignore-t-elle l'histoire dont le but lointain ne saurait valoir plus que ce qu'il possède. Tout son effort tendra à justifier ce qui, dans son comportement, peut être accidentel, en l'intégrant au renouvellement périodique du temps sacré. Le nouveau, qui est aussi l'irréparable et l'historique, sera complètement exclu de sa pensée qui méritera, hors de toute histoire, le retour des actes accomplis par les dieux.

Voyez, dit Eliade, ce que l'humanité a perdu en renonçant à cette culture. Quel enrichissement compenserait le désastre spirituel qui a coupé l'homme de son enracinement pour le donner en proie à l'histoire, catastrophe accélérée? En fait, il ne lui échappa pas que la philosophie de l'histoire a déjà rencontré des questions analogues, que le savoir absolu hégélien est très proche de l'authenticité archaïque. Mais il ne voit qu'un rêve incohérent. La prétention essentielle à une telle médiation, intégrer toute vérité pour parvenir à l'absolu, lui paraît injustifiée. Du même coup, la théorie de l' aliénation se trouve atteinte. Pour Eliade le rôle du sacré est de mettre tout existant en rapport avec son être propre. le rapport de l'objet consacré au divin qu'il manifeste n'est pas le rapport de l'existant à son essence; l'essence est ici aussi réelle que l'existant. Cette confirmation archaïque de l'objet le met tout entier dans l' imaginaire. Il n'y a plus de vérité de l'apparaître. Il n'y a pas pour les primitifs d'histoire de l'homme. Mais il y a une histoire des dieux: le réel le plus réel est soumis à la pire des dégradations. Comment en serait-il autrement dans un monde où l'essence de la stabilité est délibérément imaginaire?

 

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