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LES MISERABLES par la compagnie KARYATIDES

Une épopée en version Emmaüs 

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Un fond de décor en toile peinte. Les façades populaires et grises de Paris 1815. Des étals avec des objets disparates : statuettes en bois, poupées, bouts de tissus, boîtes à biscuits anciennes rouillées, monuments historiques miniatures d’arrière-boutiques à souvenirs. Une table-plateau basculante et aimantée pour nous transposer d’un coin à l’autre de la France en un tour de manivelle. Deux comédiennes, tenues sobres, pour donner vie à des objets hétéroclites que rien ne destine à l’harmonie. Voilà de quoi susciter l’imaginaire et l’émotion des spectateurs pour 1H15 de voyage dans le roman-fleuve de Victor Hugo.  
 
Karine Birgé, Marie Delhaye, Julie Nathan, Naïma Triboulet (en alternance) prêtent leur voix à un récit poignant qui résume toutes les misères d’un peuple affamé dans la France du début du XIXème siècle. 
 
Jean Valjean, Fantine, Cosette, Marius, Gavroche, sont les héros de cette tragédie universelle alors que l’inspecteur Javert représente le pouvoir oppressif, infatigable, aveugle et démesuré. Il poursuivra Valjean à sa sortie de dix-neuf ans de bagne pour le vol d’un pain, persuadé qu’un voleur reste un voleur jusqu’à la révélation de la valeur de Valjean qui le poussera au suicide. 
 
Pas un murmure dans le public, on retient son souffle tant l’évocation est forte. Des gestes précis dépouillent ces statuettes des quelques chiffons qui leur tiennent lieu de vêtements : individualités volées, destins brisés, fusillades de la rue Saint Denis... Aujourd’hui encore l’actualité fait écho à la pensée de Victor Hugo : « Tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles ». 
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La compagnie des Karyatides s’est spécialisée dans l’adaptation des grands classiques de la littérature sous une forme théâtrale dépouillée mêlant marionnettes, objets de brocante, ombres, bruitages et bande son pour une esthétique “des petits riens” en jouant sur la nostalgie, les références, les clichés qui font mouche pour emporter le spectateur au cœur de la tragédie par le seul pouvoir de l’extrapolation et de la résonance des mots dans l’imaginaire collectif. 

Un savoir-faire acquis par des années de travail directement inspiré et soutenu par la reine du genre : Agnès Limbos. 

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Un spectacle à recommander vivement pour jeunes et moins jeunes qui, en fin de spectacle, devant l’insignifiance des bibelots, se demandent quel pouvoir magique les a si brutalement secoués. 
 

Palmina Di Meo 

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