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Il s’agit d’un recueil de contes du poète allemand Rainer Maria Rilke, publié en 1900. Ce sont treize histoires brèves, treize paraboles -comme l'indique le sous-titre de la première édition,- racontées à des grandes personnes qui n'ont pas oublié leur enfance, et qui en ont gardé une sensibilité inhabituelle, un peu maladive, susceptible de vibrer intensément. Le poète les composa après un long séjour en Russie où il avait eu avec Tolstoï d'interminables entretiens, et après quelques rencontres avec des paysans russes, ce dont il fut fort impressionné. "La Russie est aux portes de Dieu" affirmait-il, après avoir écrit à Ellen Key: "L' amour pour la vie et l' amour pour Dieu ne doivent pas se traiter en frères ennemis, et il faudrait qu'on ne leur élevât pas des temples à deux endroits différents"; "On ne peut adorer Dieu si l'on ne se donne pas complètement à la vie. Chaque jour que l'on consacre à Dieu s'en trouve ennobli; rechercher une harmonie entre les choses apparemment inanimées et Dieu, c'est créer Dieu. En d'autres termes, il importe à chacun de faire grandir en lui l'idée de Dieu, et non de bâtir sa vie sur une absence".

Quelques-unes de ces histoires ont racontées à un paralytique, Ewald, qui passe ses journées vides allongé près de sa fenêtre, au rez-de-chaussée. D'autres sont dites à l'intention de Ph. Baum, d'un maître pédant, d'une voisine ingénue, et la dernière s'adresse aux ténèbres. Chaque récit a deux sens: l'un est symbolique, confus, plein de sous-entendus: l'autre est celui que l'on donne à une fable, simple et clair, mais qui aiguise l'imagination. Quoi que l'on y découvre, Dieu est toujours présent à travers les choses; il s'approche de qui sait le sentir comme une flamme, au plus profond de son être. Dieu veille pour que ne se perde pas l'usage des chants populaires qui, dans les familles russes, se transmettent de père en fils. Ainsi dans la parabole intitulée: "Comment le vieux Timofei mourut en chantant", la vigilance de Dieu se fait sentir dans le fait que le jeune Yégor quitte sa femme et son fils, pour retourner dans la demeure paternelle et recueillir des lèvres du vieux Timofei mourant les mélodies qu'il chantera lui-même d'une voix désolée, en se rappelant son fils et son époque abandonnés. Aussi demeure-t-il fidèle à sa mission de chanteur. Dieu est l'inachevé: il est ce que nous devenons nous-mêmes peu à peu, ce que nous faisons naître de notre attente et de notre espoir, il est notre illusion. C'est ainsi que dans "une histoire racontée à l'obscurité", une femme a renoncé à tout pour unir son existence à celle de l'homme qu'elle aime; et elle attend, en compagnie de l'enfant qu'elle a eu de lui, qu'il veuille bien revenir. Ce retour est incertain, mais l'attente de cette femme est baignée d'un bonheur mystique dû à l'espérance qu'elle garde profondément enracinée dans son coeur, en dépit des remontrances que peut lui faire sa raison. Les "Histoires du bon Dieu" représentent une sorte de halte sereine dans cette continuelle recherche de Dieu à laquelle s'était voué Rilke; et plus que dans une conception intellectuelle de Dieu, c'est dans l'idée d'une présence sensible que Rilke trouve un apaisement.

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