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Ce sont des recueils d'extraits, augmentés d'un florilège de sentences, d'Epicure (342-270 avant J.C), qui nous ont été transmis par des écrivains anciens. De tous, le plus important est le manuscrit des "83 Sentences vaticanes", lequel fut découvert par Wotke dans un Codex Vaticanus grec du XIVe siècle qui porte le n° 1950. Dans ce manuscrit l'on trouve une compilation faite par un copiste éclectique de l'époque impériale, qui aurait choisi les sentences les plus propres à susciter la sympathie des non-épicuriens: des sentences "pleines d'herbes et de fruits sauvages, et de joie de l' abstention" (saint Jérôme).

C'est, en fait, un témoignage de l'admiration suscitée dans le monde classique par l'ardent culte du bonheur que préconisait Epicure, et de l'attrait exercé par ses "remèdes de l' âme" ainsi que par le caractère intime de son enseignement, ressortissant plutôt du domaine de la direction des consciences.

En voici quelques témoignages, cueillis dans ce qu'on appelle aujourd'hui les "Paroles" d'Epicure: "Il ne faut pas forcer la nature, mais la persuader" (21); "Nous n'avons pas tant besoin des services de nos amis, que d'êtres assurés qu'ils seraient prêts à nous servir" (34); "...les plaisirs de l' amour ne nous ont jamais servi, et il faut s'estimer heureux s'ils ne nous nuisent pas" (51); "Dans la discussion en commun, celui qui est vaincu obtient le plus grand profit, parce qu'il apprend ce qu'il ne savait pas encore" (74); "Quand on se suffit à soi-même, on arrive à posséder ce bien inestimable qu'est la liberté" (77). Un autre groupe de "Fragments" provient de quelques-unes de ses oeuvres perdues, cités par différents écrivains de l' antiquité, mais qui ne rendent que très imparfaitement l'enseignement de ce philosophe, parce qu'il s'agit soit d'un choix fait par des disciples que leur admiration aveuglait, soit par des adversaires qui, parmi les phrases écrites par Epicure, ont choisi avec soin celles qui pouvaient susciter le moins de sympathie. Plus importants sont les fragments de lettres adressées à Pythoclès, à Mécénée, à Hérodote, à Colotès et à des disciples inconnus: "Si tu vis conformément à la nature, tu ne seras jamais pauvre; si conformément à l' opinion, tu ne seras jamais riche"; "C'est un grand bien, à notre sens, de savoir se suffire à soi-même, non pas qu'il faille toujours vivre de peu, mais, afin que, si nous ne possédons pas beaucoup, nous sachions nous contenter de peu, bien convaincus que ceux-là jouissent le plus de l'opulence, qui ont le moins besoin d'elle"; "Tout plaisir, est, de par sa nature propre, un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché; pareillement, toute douleur est un mal, mais toute douleur ne doit pas être évitée à tout prix".

Enfin, il faut mentionner les "Fragments d'origine incertaine", dans lesquels on peut trouver des affirmations de ce genre: "Si Dieu voulait écouter les voeux des hommes, il y a longtemps que tous auraient péri, étant donné qu'ils demandent sans cesse beaucoup de choses qui sont nuisibles à leurs semblables"; "Le prinicpe et la racine de tout bien, c'est le plaisir du ventre"; "Les grandes souffrances te font périr en peu de temps et les souffrances qui durent ne sont pas grandes"; Il est ridicule de courir à la mort par dégoût pour la vie, surtout lorsque la mort est devenue nécessaire de par le genre de vie que l'on mène"; Il appartient au sage de distinguer entre l' opinion et l' évidence"; "Vis caché". De ces "Fragments", de toute l'oeuvre d'Epicure, se dégage une tendance vers un bonheur serein et austère, qui ne manque pas de points de contact, ni avec l' ascèse chrétienne, ni avec les enseignements bouddhistes, points de contact nés d'une foi profonde quant aux possibilités sous-jacentes du domaine souverain de la volonté et à une correspondance analogique entre la nature et l'âme humaine. Quant à ses doctrines hédonistes, l'opinion du vulgaire qui représente les doctrines d'Epicure autant d'incitations à un plaisir effréné et incessant (d'où la naissance du mot "épicurien"), elle est mal fondée: le plus haut plaisir se trouve, d'après notre philosophe, dans l'équilibre complet de l' âme, condition sine qua non pour acquérir la sérénité. C'est une savante synthèse de joie et de tristesse que cette "voluptas dolendi", par exemple, que nous retrouvons dans le sentiment inspiré à Epicure par le souvenir des dernières paroles de son frère mourant: "Je me sentis envahi par cette intense langueur de joie, que ne peuvent donner que les larmes".

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Commentaires

  • N'est pas là, tout simplement, l'expression (ou les termes) d'une certaine sagesse salvatrice?

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