Les complies d'un amour
Morne est le temps ; poudré, délavé est le ciel.
Nuages se traînent, mus par le vent d'hiver,
Et l'escarcelle des feuilles mortes se perd
Dans la mousse bleuie des jours torrentiels.
Je me promène, loin du bruit, loin des colères,
Abandonnée du bras qui me porte. Ô ! inerte !
Je chemine d'un lourd plaid de brume offerte
Et la plainte des soupirs, enfin, m'indiffère.
Qu'ont-dit ses lèvres quand, rondes et pleines,
Elles me parlaient d'avenir à mon ventre rond,
Quand mon enfant ondulait en mon girond ?
Je ne sais plus. Le temps rend son haleine.
A-t-il ému mes jours que vole mon souvenir.
Des élans et des longs frissons j'oublie les complies.
Je ne rêve plus, je ne dors plus, affaiblie.
L'âge prend ma beauté. Ma ride me dit de bénir.
Que peut la communion quand s'éteint sa voix
Et que je marche seule à ses côtés sans pleurer ?
Ainsi s'use l'habitude en son silence alluré
Que la fugacité du temps éteint à demi-voix.
L'habitude allaite la nuit quand l'ennui la nourrit
Et rien d'une fleur n'attire plus son regard.
Il va, certain de ma vieillesse sans plus d'égard
Et sa pensée, parfois, ranime son amour évanoui.
Sanglotez quand le monde change sa couleur !
Implorez quand la passion déserte l'allégresse !
Riez quand je sanglote éteinte à sa paresse !
Taisez-vous quand le temps rit de ma douleur !
Béatrice Lukomski Joly
Commentaires
Amitiés.
Merci Jean-Daniel de relayer ce beau texte de Béatrice amitiés, Jacqueline
Merci Jean Daniel pour ce partage et Félicitations à Béatrice Joly.
Bonne journée.
Amitiés.
Adyne