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Il s'agit d'un recueil poétique de Victor Hugo (1802-1885), publié à Paris chez Renduel en 1835.

 

Composées entre août 1830 et octobre 1835, les trente-neuf pièces (précédées d'un "Prélude"), sans atteindre aux prouesses des Orientales, présentent une grande variété formelle. Si l'alexandrin domine, trois poèmes, dont "Puisque nos heures", choisissent l'octosyllabe, "L'aurore s'allume" opte pour le pentasyllabe et "Envoi des feuilles d'automne" pour le décasyllabe. L'hétérométrie est fréquente, ainsi que l'alternance strophique et métrique, en particulier dans les pièces épico-historiques. Odes et élégies composent pour l'essentiel ce recueil lyrique, sans exclure chansons ("Nouvelle Chanson" chante l'amour en vers impairs, 7 et 5, "Autre Chanson" en vers pairs, 8 et 4) ni "Hymne" («Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie»). Pourtant, la manière de Hugo privilégie la rhétorique, avec ces «quand» et «puisque» souvent placés en anaphore. S'expriment ainsi les tendances profondes du recueil.

 

Livre du doute, placé sous le signe de l'ambiguïté («De quel nom te nommer, heure trouble où nous sommes?», "Prélude"), jouant dans la "Préface" sur le double sens de «crépuscule» (soir ou matin), ces Chants traduisent une attente incertaine ("Conseil"). Hantée par la perte de la foi que tente de conjurer l'"Espoir en Dieu", par les bouleversements politiques ("Dicté après juillet 1830"), et par le souvenir de la légende napoléonienne ("A la Colonne", "Napoléon II", "Le grand homme vaincu peut perdre en un instant"), l'époque n'offre au poète d'autre certitude que sa passion pour Juliette Drouet. Durant les séjours chez les Bertin, Hugo se partage entre l'épouse mère de ses enfants, glorifiée dans "Les autres en tous sens laissent aller leur vie", "Toi! sois bénie à jamais!", "Date lilia", et la maîtresse chantée dans bien des poèmes, avec "Hier, la nuit d'été qui nous prêtait ses voiles", ou encore "Oh! pour remplir de moi ta rêveuse pensée", "A Mademoiselle J.", "La pauvre fleur disait" et surtout "Dans l'église de ***"). La célébration de l'amour ("Au bord de la mer") éclaire ainsi tout le recueil sans en effacer les couleurs sombres.

 

La veine humanitaire mêle dénonciation des abus (les allégories de "Noces et Festins"), philhellénisme retrouvé (les deux "A Canaris"), pitié pour la Pologne ("Seule au pied de la tour") ou pour les détresses diverses ("Sur le bal de l'Hôtel de Ville", "Oh! n'insultez jamais une femme qui tombe"), s'indignant surtout devant la bassesse humaine ("A l'homme qui a livré une femme"). Mais le poète prône aussi la plate réconciliation ("O Dieu, si vous avez la France sous vos ailes"), et réclame la sollicitude des puissants envers les petits ("A M. le D. d'O"), au nom d'un pragmatisme moral très en deçà des élans généreux et prophétiques déjà exprimés ou à venir. La vertu l'emporte ("Il n'avait pas vingt ans") et accentue l'antivoltairianisme de Hugo ("A Alphonse Rabbe"). Pourtant, dans "A Louis B.", le poète retrouve des accents moins bourgeois en exaltant l'«hymne de la nature et de l'humanité», comme pour mieux illustrer l'ambivalence de ce recueil voué à la célébration des contraires.

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Commentaires

  • "C'est cet étrange état crépusculaire de l'âme et de la société dans le siècle où nous vivons"

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