Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Le tournant

                                                                       

Quand on prend de l'âge, comme le bon vin dit-on, ce n'est pas parce que l'on devient vieux mais plutôt plus sage. Franchir le seuil de cette sagesse fonctionnant à l'économie mesurée de ses actes, de ses paroles et même de ses souvenirs parfois trop lourds à porter n'est pas chose facile. La raison en est simple. C'est que nous voilà confrontés à ce que nous redoutions le plus : ce que nous ne pensions de réservé qu'aux autres ! Les accidents que nous avons subi au cours de la vie, les soucis quotidiens n'étaient rien, même graves en comparaison de ce seuil à franchir. Voilà que la fatigue que nous ressentions après le sport, une semaine chargée au travail, une fête en famille ou entre amis devient une fatigue liée à notre âge  qu'il ne faut surtout pas combattre car l'heure n'est plus à la performance, à l'oubli de soi, mais à l'économie tout simplement.

                                                                         Curieusement il y a comme un nouveau parallèle semblant tomber exprès avec cette économie individuelle qu'il nous faut utilement préserver , c'est la situation qui nous est dépeinte tous les jours de l'état des finances publiques et de l'économie générale. Nous aurions accumulé une dette gigantesque issue sans doute de nos exagérations, de nos gesticulations passées nous conduisant aujourd'hui à "ménager une monture " qui pourrait bientôt grâce à nos efforts re-courir toute fraîche comme avant ! Selon la formule populaire ; on ne peut être et avoir été, ce ne sera pas la même histoire pour le modeste cavalier que nous sommes.

                                                                         Autant l'économie générale repartira, certes lentement et différemment, après une phase de stagnation, autant nous, les sages parvenus, persévérerons dans cet état de retenue bienfaisante et agréable que nous procure l'âge avancé. Ainsi ceux qui nous provoqueront auront des sourires pour réponses. Leur provocation née de leur gesticulation du moment ne nous surprendra plus tant nous l'avons vécue qu'elle ne nous sera plus supportable et la fuirons à grands pas.. Ainsi les promesses d'un monde meilleur nous sembleront désormais mensongères car pour avoir désiré le mieux toujours,  il nous paraît, ce mieux-là, avoir été lésé malgré l'ensemble des efforts accomplis.Un sentiment amer d"à quoi cela a servi tout ce mal donné" s'est emparé de nous, nous conduisant à ranger au fond du tiroir le ticket d'un voyage devenu trop périlleux.

                                                                        Le travail, bien sûr, vient à l'esprit en premier.Toute cette débauche d'énergie physique, mentale, psychologique, pour s'entendre dire que cette valeur est un leurre et que nous avons été possédé à nous trouver constamment sur le mauvais chemin. Certes, heureusement, nous n'avons jamais douté être sur le bon, d'avoir agi normalement comme il se doit mais aujourd'hui, dites-moi : que faut-il faire ? Faut-il,  pour rattraper une liberté naturelle ensevelie, endosser un sac à dos, embarquer économies et médicaments puis partir à la découverte d'un monde troublé par des guerres, prendre ainsi peut-être une balle perdue, idiote, qui ne nous était pas destinée ? Cette découverte tardive aurait quel bénéfice mis à part films et photos bien vite oubliés ? Non, il n'est plus sage de bourlinguer d'hôtel en hôtel, d'avion en avion et jouer à l'aventurier du cocktail de bienvenue en clamant qu'il vaut mieux voyager que regarder la télé !

                                                                          Mais alors, s'il faut désormais économiser son énergie, son temps, son argent et ainsi se trouver en harmonie avec la destinée d'un monde déclinant, que faut-il faire de cette sagesse opportune, puisque faire a toujours été notre maître-mot ? Ma réponse est rien ! Rien qui nous cause des souffrances. Ces dernières n'ont nul besoin de notre action pour s'inviter à nous. Il n'est que de constater le mal qu'elles ont produit pour  les prier humblement de cesser et nous accorder un maigre droit à la paix. La voie de la sagesse serait-elle celle du vide, d'un vide d'où nous serions issus, vers lequel inexorablement nous nous dirigeons et qui en pleine conscience comme tout vide est exempt de souci ?


Pensées d'avec la neige
18/01/2013

 

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Bonjour Gilbert, Merci d'avoir apprécié ma vidéo" Leur pays c'est l'hiver" cela m'a donné l'occasion de lire un de vos billet Le tournant" félicitations, c'est un très beau développement sur cette période de la vie.

    Je reviendrai lire les autres.

    Bon dimanche.

    Adyne

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles