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Le maître d'école

Nostalgie des écoles de village, assis à son vieux bureau de bois sur l’estrade, le maître d’école est là. Il regarde pour la dernière fois cette classe qu’il a tant aimée.

L’heure de la retraite a sonné et il faut partir. Abandonner cet endroit tant de fois regagné et animé par des petites têtes blondes aux sourires angéliques. Dans sa main, la clef qui ferme la porte, gestes mille fois répétés et geste qui sera aujourd’hui le dernier. Ses cartons sont faits, et déjà dans l’auto, il emporte avec lui les souvenirs d’une vie d’enseignant. Des objets qui ont, pour lui, le goût aimé de son passé et le bonheur de sa mémoire.

Accroché au mur, le vieux tableau noir en a vu des enfants défiler devant lui, toujours alignés par deux sur ces bancs d’un autre siècle. Il a vécu toutes les réformes, les modernités, les changements de rythmes mais n’a jamais bougé de ce mur. Par moment, il entend des petits bruits étouffés, c’est son maître qui pleure et se mouche, le cœur gros. Il a encore des petits trucs à faire avant de partir, des gestes spontanés de tendresse pour son vieux mobilier. La fenêtre qui bloque et qu’il faut manipuler avec délicatesse. Le tiroir qui grince et qui ne veut plus se fermer. Et toute cette craie qui reste là.

Les souvenirs se bousculent dans sa tête, les années ont suivi et lui rappellent tant de choses, tant d’événements heureux, attendrissants ou parfois dramatiques, émouvants. Les élèves n’ont pas changé sur toute cette période, du plus petit au plus grand, il connaît leur vie, leur bonheur, leur chagrin.

Que de mots mille fois prononcés, que de regards mille fois lancés, que de petits doigts mille fois embrassés et comme tout cela est douloureux à cette heure. Tout se grave dans son âme de peur que l’oubli s’ajoute à sa tristesse. Il ne sera plus jamais le même sans ses petits et le temps amputé de cette tendresse va lui paraître fade et insipide.

Un dernier coup d’œil à tout ce qui a fait sa vie et un dernier tour de clef dans cette porte en chêne. Le voilà libre, dégagé à jamais du poids de ses responsabilités et des soucis du devoir à accomplir.

Sur la porte, le nom de son remplaçant est déjà noté. Le changement est en marche, ordinateur et technologies nouvelles seront là à la rentrée. Tables et chaises neuves aussi ainsi qu’un nouveau tableau interactif.

Un dernier regard enfin. Il part sans regrets vers une autre vie et une retraite bien méritée.

JGobert

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Commentaires

  • Merci Raymond. C'est une vieille chanson mais tellement belle.

    Bonne journée

    Amicalement
    Josette

  • Grand merci Josette de nous avoir gratifié  d'un (  bon point )   Monsieur Bourvil .............

  • Merci Rolande pour ton beau commentaire. Ah  ces petits écoles de village qui ont tant apporté à beaucoup d'entre nous. Quand on voit maintenant les fourmilières d'enfants dans les villes Nous avons eu beaucoup de chance de vivre autre chose.

    Bonne Journée Rolande

    Amitiés

    Josette

  • Merci pour vos beaux commentaires. Merci Claudine, Raymond, Rolande

    Et cette jolie chanson pour vous

    http://youtu.be/0BL2Ltq4NlE

    Je vous souhaite une excellente journée

    Amitiés

    Josette

  • Moi aussi Raymond. .... Bref, nous avons eu la chance de vivre ces moments là.

  • Je hume encore  l'odeur de l'encaustique  ..............et de l'encre .....................

  • Ah l'enseignement ! Tout un programme de cohabitation entre enseignant (e) et élèves à apprivoiser. Passer une année ensemble avec, en finale, toujours un pincement au coeur lorsqu'il faut quitter ces enfants que nous avons appris à connaître et aimer. C'est, à chaque fin d'année, une petite larme au coin des yeux.

    Oubliés les moments difficiles, ne restent plus que ces regards où brille une étincelle de nostalgie. Ils grandissent ainsi, tout doucement et puis nous quittent en emportant dans leur coeur de multiples souvenirs, bons ou mauvais.

    C'est toujours un plaisir d'en rencontrer l'un ou l'autre aux hasards de la vie. Surtout lorsque le "courant" est passé entre nous. Ce n'est pas toujours le cas, il faut bien l'admettre.

    Je partage l'avis de Raymond concernant les grandes fourmilières .... Les regroupements n'ont pas toujours apporté la sérénité. Alors, oui, vive les petites écoles de village, même s'il était parfois difficile de concilier un enseignement s'adressant à plusieurs élèves d'âge différent, dans une seule classe !  ou deux....

    Il fallait jongler toute la journée .... mais que de beauté aussi dans ces classes où  tous les âges étaient représentés:  d'où la nécessité d'appliquer une forme de solidarité qu'aucun manuel n'apprendra jamais. Là, c'était sur le tas, dans le concret de tous les jours. Bref, la meilleur apprentissage du "vivre ensemble".

    Très belle nouvelle et un portrait magnifique d'un "vieux maître d'école" si cher à nos coeurs. Bravo Josette, tu es unique.

    Le preuve que les ordinateurs ne remplaceront jamais ces derniers ? Pendant trois jours, j'ai été en panne. Pourquoi ? Des remises à jour importantes et nécessaires pour des raisons de sécurité! Comme quoi ....

    Bonne soirée avec une pensée pour tous les enseignants dont la tâche n'est pas toujours de lait et de miel.

    Merci à Claudine pour la chanson d'Hugues Aufray.

  • Bonsoir Josette.

    Ton beau texte me rappelle cette merveilleuse chanson d'Hugues Aufray.

    http://youtu.be/cZPIKXBLk70

    Merci pour ton partage.  Amitiés,  Claudine.

  • Bonjour Gilbert,

    Que de souvenirs avec le livre d’Alain Fournier et que d’années écoulées depuis sa lecture. Il faut croire que les livres comme les gens laissent des traces indélébiles en nous et qu’inconsciemment  les mots ne s’effacent jamais. L’âme s’en imprègne et nous rend délicatement, avec parcimonie les mots  pour nous rendre la vie belle.  Le grand Meaulnes me replace instantanément dans mon univers.  Souvenirs aussi de maman qui m’accompagnait à l’école.

    Ext : - « Nous habitions les bâtiments du Cours supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen….

    Ma mère, que nous appelions Millie, et qui était bien la ménagère la plus méthodique que j'aie jamais connue….. »

    Merci de votre commentaire.

    Amicalement

    Josette

  • Merci Raymond pour votre beau commentaire.

    Tout a changé mais c’est le propre de l’homme de changer et de toujours apprendre. L’’homme est un roseau mais un roseau pensant qui s’adapte au fil du temps

    Amicalement

    Josette

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