Le réseau des Arts et des Lettres en Belgique et dans la diaspora francophone
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
J’'irai tout seul
Anonyme
De la terre dans mes poches et mes poches trouées
J'aurai pour naître encore l'oiseau grivois de mes cendres
Toutes ces nuits d'argile où je saurai attendre
La lente procession des pluies
La semence et graine de paradis poivrés
Et mon cerveau demain sera le blé ardent le blé indien
La plaine entière où mûrit la lumière
Sous l'œil de juillet
Sa torpeur de pierre
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
J’'aurai la parole sans voix pour distraire les mots
J’'aurai mille ans pour rire enfin de ce grand corps tout froid
Désacraliser l'immobile
Perdre la mémoire de chaque douleur
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
J’'irai m'asseoir entre mes deux dates limitrophes
Sur le trait d'union
A califourchon sur ma tombe frugale où viendront les oiseaux
Et je croirai nouveaux ces poèmes prêtés jadis au silence
Qu'il me rendra peut-être comme ultime sentence
Pour mes nuits illégales mes jours sans foi
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
J’'annulerai toutes les lunes par la présente
Et tu les recevras poste restante
Je t'apprendrai aussi la solitude
Et tu la sais déjà
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
Je déchirerai le ciel en deux
Dénonçant l'escroquerie d'un cri d'oiseau perçant
Je tordrai le cou des nuages pour qu'il pleuve de l'eau de vie
Des larmes en couleur sur le fard de l'horizon
Je jouerai seul à la marelle bondissant de chaque côté des frontières
Maquillées à la craie blanche grandeur nature
Et puis je retournerai dans le ventre initial de chaque femme
Fœtus inverse et multiple parmi les soleils de sang déchirés
Saisons des pluies et moussons de corail
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
Je veux réinventer ton ventre littérature pour mes nuits analphabètes
Et puis j'aurai l'enfance blonde et douloureuse comme un poème pour ma mère
Le suicide des mots pour des secrets inutiles
La survivance rebelle de tout mon orgueil
Ecorché vif contre le mur vitré du temps et sa porte dérobée
Pour le soir du grand soleil ocre de la mort
J'irai m'endormir seul dans une chambre toute proche de celle de l'éternité
Pour nous rencontrer plus tard dans la nuit
Négocier au prix fort chacune de mes secondes gaspillée à vouloir comprendre
Pourquoi je vivais
Et te rejoindre tout à l'heure
Juste après le spectacle
© Patrick Chemin (1978)
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C'est poignant, et plus en l'écoutant! Félicitations.!
Adyne
Le grand dessein de la vie, tracé à la sanguine.
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