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Le Grand Soleil Ocre

Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 J’'irai tout seul

 Anonyme

 De la terre dans mes poches et mes poches trouées

 J'aurai pour naître encore l'oiseau grivois de mes cendres

 Toutes ces nuits d'argile où je saurai attendre

 La lente procession des pluies

 La semence et graine de paradis poivrés

 Et mon cerveau demain sera le blé ardent le blé indien

 La plaine entière où mûrit la lumière

 Sous l'œil de juillet

 Sa torpeur de pierre

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 J’'aurai la parole sans voix pour distraire les mots

 J’'aurai mille ans pour rire enfin de ce grand corps tout froid

 Désacraliser l'immobile

 Perdre la mémoire de chaque douleur

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 J’'irai m'asseoir entre mes deux dates limitrophes

 Sur le trait d'union

A califourchon sur ma tombe frugale où viendront les oiseaux

 Et je croirai nouveaux ces poèmes prêtés jadis au silence

 Qu'il me rendra peut-être comme ultime sentence

 Pour mes nuits illégales mes jours sans foi

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 J’'annulerai toutes les lunes par la présente

 Et tu les recevras poste restante

 Je t'apprendrai aussi la solitude

 Et tu la sais déjà

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 Je déchirerai le ciel en deux

 Dénonçant l'escroquerie d'un cri d'oiseau perçant

 Je tordrai le cou des nuages pour qu'il pleuve de l'eau de vie

 Des larmes en couleur sur le fard de l'horizon

 Je jouerai seul à la marelle bondissant de chaque côté des frontières

 Maquillées à la craie blanche grandeur nature

 Et puis je retournerai dans le ventre initial de chaque femme

 Fœtus inverse et multiple parmi les soleils de sang déchirés

 Saisons des pluies et moussons de corail

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

 Je veux réinventer ton ventre littérature pour mes nuits analphabètes

 Et puis j'aurai l'enfance blonde et douloureuse comme un poème pour ma mère

 Le suicide des mots pour des secrets inutiles

 La survivance rebelle de tout mon orgueil

 Ecorché vif contre le mur vitré du temps et sa porte dérobée

 

 Pour le soir du grand soleil ocre de la mort

J'irai m'endormir seul dans une chambre toute proche de celle de l'éternité

 Pour nous rencontrer plus tard dans la nuit

Négocier au prix fort chacune de mes secondes gaspillée à vouloir comprendre

Pourquoi je vivais

 

 Et te rejoindre tout à l'heure

 Juste après le spectacle

 

© Patrick Chemin (1978)

 

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Commentaires

  • C'est poignant, et plus en l'écoutant! Félicitations.!

    Adyne

  • Merci pour cette parution Patrick.

    Je vous envoie un soleil ocre photographié en Toscane.

    2933859687?profile=RESIZE_1024x1024.Amitiés.

    Louis

  • Le grand dessein de la vie, tracé à la sanguine.

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