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La documentation française:
Questions internationales n°42

Dossier : L’art dans la mondialisation

mars-avril 2010

 

Table des Matières

Editorial
Dossier : L’art dans la mondialisation
Ouverture – L'art au prisme de la mondialisation - Serge Sur
L'évolution du concept d'œuvre d'art- Jean Galard
L'extension des lieux de l'art de l'Europe au reste du monde- Thierry Laurent
Les grands musées, acteurs des relations internationales ?- Jean-Michel Tobelem
Entretien - La place de Paris dans le marché mondial de l'art et des enchères- François Curiel
Le marché de l'art : une mondialisation en trompe-l'œil- Alain Quemin
La structure et le fonctionnement du marché mondial de l'art- Muriel De Vrièse
Le trafic international des œuvres d'art- Pierre Tabel
Les enjeux internationaux liés à la restitution et au retour des œuvres d'art- Édouard Planche
Les principaux encadrés du dossier :
Le patrimoine : débat, projet et enjeu - Catherine Ballé
La création artistique dans la mondialisation : contrepoint rebelle - Jean-Pierre Colin
Le Louvre Abou Dabi et la «valorisation» du patrimoine en débat - Anna Rochacka-Cherner
Le rôle des grands collectionneurs dans la formation des valeurs artistiques - Nathalie Moureau et Jean-Yves Leroux
Mécénat en France : la tentation du modèle américain - Sabine Rozier
L'Union européenne et la fiscalité du marché de l'art - Marie-France Christophe Tchakaloff
La spoliation des biens juifs et la question des réparations en France, en Belgique et aux Pays-Bas : le cas des œuvres d'art - Jean-Pierre Bady
Le retour des marbres du Parthénon en débat - Anna Rochacka-Cherner

 

Editorial du Numéro 42:

L'art a toujours revêtu une dimension internationale. La circulation des artistes, l'influence des esthétiques, l'attraction des œuvres traversent par nature les frontières. Foyers de création, lieux de formation, marchés de diffusion se concentrent en des pôles multinationaux, ou se diffusent sans égard à la nationalité des créateurs, des amateurs ou des marchands. Les formes de l'art sont multiples, sa définition même évolutive. Le XXe siècle l'a vu sortir des académies, ateliers, conservatoires, salles de concert, théâtres, opéras… D'une entreprise aristocratique dans sa production comme dans sa consommation, il s'est transformé en art populaire, avec des pratiques diversifiées et éclatées – du moins celles-ci se sont ajoutées aux précédentes. Artistes et amateurs constituent une galaxie transnationale dans laquelle le singulier rejoint l'universel. L'art n'est cependant pas simplement transnational. Symbole du rayonnement de la civilisation d'un pays, composante de son patrimoine culturel, il attire un public varié et de plus en plus nombreux dans des musées ou expositions qui l'exaltent, tout en étant source de devises. À ce titre notamment, il intéresse les États. Il est devenu un registre de leurs relations internationales, par l'intérêt qu'ils portent au développement de son activité, à la préservation et à la mise en valeur des œuvres, au contrôle de leur exportation, à la lutte contre les trafics illicites, à l'influence culturelle qu'il leur permet d'exercer – et l'on observe que les foyers artistiques suivent de près l'évolution de la puissance. Ces relations sont normalement pacifiques et favorisent le dialogue des cultures comme le croisement de leurs expériences et innovations. L'art peut néanmoins, conformément à la logique générale des relations internationales, être source de différends entre États, de même qu'il est affecté par leurs conflits. Problèmes de restitutions de produits artistiques captés par des vainqueurs provisoires, volonté de reconstituer un patrimoine national dispersé, considéré comme un élément d'identité et de fierté collectives… Ce sont ces dimensions que le présent dossier s'efforce d'explorer, en se concentrant sur les arts plastiques, ceux qui créent des objets principalement mobiliers, suscitant admiration, désir, spéculation, compétition… Un marché international, soumis au commerce, aux enchères, que différents États souhaitent attirer ou conserver, et dont la régulation internationale est largement déficiente, même si elle est de plus en plus nécessaire. C'est encore de l'art qu'il s'agit dans les «Histoires de Questions internationales», puisque un article est consacré à ses relations avec la diplomatie durant l'âge classique de l'Europe, entre Renaissance et Révolution française, tandis que les «Documents de référence» illustrent la période des restitutions qui a suivi l'effondrement du Premier Empire et en partie vidé le Louvre, épisode douloureusement vécu par son pourvoyeur, Vivant Denon.

Pour le reste, les «Questions européennes» s'attachent à la diplomatie turque, qui doit précisément examiner des alternatives à l'intégration européenne. Les «Regards sur le monde» mettent quant à eux en question le mode d'élection du secrétaire général des Nations Unies, opaque et contesté, et s'interrogent sur la guerre économique qui tend à passer du concept à la réalité, dans une logique qui souligne là encore les limites et de la mondialisation et de sa gouvernance.

 


Résumés concernant l'art dans ce N° 42:

 


L’évolution du concept d’œuvre d’art-


Au cours du XXe siècle, la vie des arts plastiques a multiplié les actes de rupture, modifiant à la fois les objectifs des œuvres, leurs matériaux, leurs durées, leurs territoires. Puis sont arrivées les techniques informatiques, qui ont rendu possibles de nouveaux types d’œuvres et qui en ont accéléré la diffusion par-delà toutes les frontières. Malgré ces bouleversements, la notion traditionnelle d’œuvre d’art se perpétue et même se renforce en raison notamment de ses implications patrimoniales, voire identitaires. Ces évolutions complexes, en partie contradictoires, appellent l’élaboration d’une définition élargie de ce que l’on entend maintenant par œuvre d’art.


The Changing Concept of Art -


In the course of the 20th century, the plastic arts went through a series of ruptures that radically changed their aims, materials, duration and territories. The new information technologies brought an explosion of new types of works and permitted rapid distribution that effaced traditional borders. Despite these upheavals, the traditional notion of a work of art endures and is even strengthened by its involvement in heritage and identity. These complex and partly contradictory changes call for a broader definition of what we now understand by a work of art.

 

L’extension des lieux de l’art de l’Europe au reste du monde-


Les premiers lieux de l’art, qu’il s’agisse de création artistique ou d’un embryon de marché, ont d’abord été européens. Force est de constater que l’art se crée et se vend principalement dans les lieux qui connaissent une certaine forme de prospérité économique comme Florence ou Anvers à la Renaissance. Un divorce progressif s’installe cependant dès cette époque entre pays producteurs et pays importateurs d’art. Capitale incontestée des arts de l’époque moderne jusqu’au XXe siècle, Paris est détrônée par New York après la Seconde Guerre mondiale. La montée en puissance de nouveaux acteurs internationaux (Chine, Russie, Brésil) remet en question cette domination anglo-saxonne et témoigne de l’apparition d’un art désormais globalisé.

 

The Extension of Art Production and Markets from Europe to the Rest of the World -


The earliest centres of art production and embryonic art markets were located in Europe. We are forced to admit that art is created and sold mainly in places which enjoy a particular kind of economic prosperity, such as Florence or Antwerp during the Renaissance. Since then, however, a gradual separation has occurred between the countries that produce art and those that import it. Paris, the unchallenged capital of the arts of the modern period until the 20th century, was dethroned by New York after the Second World War. The rise of new international players (China, Russia, Brazil) challenges this Anglo-Saxon domination and signals the emergence of global art.

 

Les grands musées, acteurs des relations internationales ?-


La mondialisation des échanges a profondément modifié le rôle des grands musées. Qu’il s’agisse de la circulation des œuvres d’art, du cadre juridique et financier de leur action ou de leur politique de communication, la dimension internationale est désormais omniprésente dans la vie de ces institutions culturelles. Le développement à l’étranger de projets muséaux d’envergure devient un élément déterminant de leur rayonnement. La complexité des implications culturelles, financières – et souvent diplomatiques – de ces projets est néanmoins fréquemment soulignée. Elle appelle à une plus grande convergence de la stratégie des acteurs concernés.

 

The Role of Large Museums in International Relations -


Globalisation has radically changed the role played by the world’s great museums. All these cultural institutions have a significant international dimension, whether in the circulation of art works, their legal or financial framework or their communication policies. The development of major museum projects abroad is becoming a decisive element in their influence worldwide. The complexity of the cultural, financial, – and often diplomatic – implications of these projects is nonetheless often pointed out and demands greater convergence in the strategy of these players.

 

Entretien - La place de Paris dans le marché mondial de l’art et des enchères-


Paris in the World Art and Auction Market - Interview with

 

Le marché de l’art : une mondialisation en trompe-l’œil-


Le marché de l’art fait principalement référence à deux types de transactions, les ventes aux enchères et les ventes en galerie, et recouvre différents segments en fonction du type de bien vendu. Sa fragmentation et sa diversité ont été encore accrues par la mondialisation. Cependant, malgré la formidable intensification des échanges transnationaux depuis la seconde moitié du XXe siècle, il reste dominé et contrôlé par un nombre d’acteurs restreint. Au sein de ce marché, le segment spécifique de l’art contemporain et le rôle joué par les grandes foires internationales sont particulièrement révélateurs de nouvelles règles de fonctionnement.

 

The Art Market, a Semblance of Globalisation-


The "art market" refers mainly to two kinds of transactions, auctions and sales through art galleries, and covers various segments depending on the type of item sold. Globalisation has splintered and diversified this market. However despite the extraordinary intensification of transnational trade since the second half of the 20th century, it is still dominated and controlled by a handful of players. The specific contemporary art segment and the role played by the big international fairs are particularly revealing about the new rules of the game.

 

La structure et le fonctionnement du marché mondial de l’art-


À la fin des années 1960, cinq grandes foires et biennales internationales d’art contemporain existaient, principalement localisées en Europe. Aujourd’hui, plus d’une centaine de manifestations sont organisées partout dans le monde, de Cologne à Venise, en passant par New York, Paris, Johannesburg, Istanbul, La Havane, Dakar, Sydney, Dubaï ou Shanghai. La mondialisation du marché de l’art se traduit par des connexions de plus en plus fréquentes entre sa sphère marchande et sa sphère artistique en tout endroit de la planète.

 

The Structure and Functioning of the World Art Market-


At the end of the 1960s, there were five great international contemporary art fairs and biennials, mainly held in Europe. Today more than a hundred shows are organised throughout the world: in Cologne, Venice, New York, Paris, Johannesburg, Istanbul, Havana, Dakar, Sydney, Dubai, Shanghai and so on. The globalisation of the art market has led to more frequent connections between its mercantile and its artistic spheres all over the world.

 

Le trafic international des œuvres d’art-


Au cours des vingt dernières années, le trafic illicite d’œuvres d’art a prospéré grâce aux nouvelles opportunités ouvertes par la mondialisation. Ce trafic est aussi associé à des formes de criminalité plus traditionnelles, internationales ou non. Si la mobilisation internationale contre ce phénomène s’est récemment renforcée, grâce en particulier à l’action d’organismes internationaux comme Interpol ou l’Unesco, les États victimes de pillages et de vols n’ont pas toujours les moyens de protéger efficacement leur patrimoine et restent encore très démunis face à des trafiquants qui savent jouer des failles juridiques nationales ou internationales.

 

International Art Trafficking-


Illegal traffic in art has prospered over the last twenty years because of the new opportunities offered by globalisation. This traffic is also linked with more traditional forms of organised crime, international or otherwise. Despite concerted attempts to stem the phenomenon in recent years, particularly through international organisations such as Interpol or UNESCO, the states that are victims of systematic looting and theft do not always have the means to protect their heritage effectively and cannot do much against the traffickers, who cleverly exploit loopholes in national or international law.

 

Les enjeux internationaux liés à la restitution et au retour des œuvres d’art-


Depuis plusieurs décennies, des expériences réussies de coopération internationale, d’État à État, ou d’État à communautés, ou entre différents musées du monde, ont permis le retour de biens culturels dans leur pays d’origine. Ces morceaux du patrimoine déplacés au cours de l’histoire revêtent en général une signification culturelle essentielle pour l’identité nationale et l’histoire des communautés concernées. Tout en continuant à développer et à appliquer les outils juridiques et diplomatiques traditionnels pour répondre à ce défi, la communauté internationale, face aux nouveaux enjeux de la revendication des biens culturels, adopte dorénavant une vision qui englobe également les questions d’éthique et de légitimité. Les demandes s’appuient sur la diplomatie culturelle et la médiation, sur la prise en compte de l’intégrité des sites culturels et naturels, sur le rôle des musées et s’intéressent de manière croissante au contexte culturel des objets d’art.

 

The International Stakes of the Restitution and Return of Art Works-


Over the last two decades, experiments in international cooperation between states, states and communities, or museums have succeeded in returning many pieces of cultural property to their country of origin. These pieces of heritage displaced in the course of history usually have a cultural meaning that is bound up with the identity and the history of the communities involved. While continuing to develop and apply the traditional legal and diplomatic instruments to take up this challenge, the international community, faced with new stakes in the claim for the return of cultural property, now takes a broader view which also encompasses questions of ethics and legitimacy. The claims go through the channels of cultural diplomacy and mediation. They take the integrity of cultural and natural sites into account, raise questions about the museums’ role and are increasingly interested in the cultural context of art works.

Commander ce numéro (lien vers le site de "La Documentation française)


Extrait:

Le rôle des grands collectionneurs dans la formation des valeurs artistiques


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