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Sans m’éventer, je pense avoir trouvé un sujet rafraîchissant pour cet été…

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Et nul besoin pour cela de prendre un ton ombrageux, quand tout ne devrait être que zéphyr.

Mais... qu’est-ce là, qui volète devant vos yeux si doux, faisant écran, certes  affriolant, entre nous ?

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L’éventail, puisque c’est bien là notre sujet, aurait été inventé en Chine,

12273181070?profile=originalFengbo, comte du Vent.
Chine (province du Fujian, fin XIXe)

Musée des Confluences, Lyon.

mais c’est du Japon que les Portugais l’ont rapporté en 1549.

12273182061?profile=originalEventail (bambou et papier)
Japon (époque d'Edo, XIXe siècle)

Musée des Confluences, Lyon.

En France, on dit qu’il arriva dans les bagages de Marie de Médicis (1575-1642), reine de France de 1600 à 1610, régente jusqu’en 1614.


Hé, c’est qu’en Italie nous avons de toutes ces choses-là dans nos coffres.

Claude-Ignace Brugière de Barante (1745-1814)

12273182677?profile=originalDanseuse tenant un flabellum
Figurine de terre cuite, Athènes ou Béotie (région de Grèce centrale),
4e siècle av. Jésus-Christ (musée de Laon)

Pourtant en Europe, l’éventail trouve son origine dans le flabellum, ce grand éventail monté sur une hampe, fait de plumes d’autruche, de larges feuilles palmées ou de plumes de paon, qui déjà servait à aérer pharaon. Que l’on retrouvera encore, agité par un suisse, pour éventer le pontife.

12273183257?profile=original Eventail écran proche de l'antique flabellum

(plumes de paon, Inde)


« Si l’empire appartenait à la beauté et non à la force,
le paon serait sans contredit, le roi des animaux »

Buffon (1707-1788)


Quoi de plus troublant que ces ocelles qui oscillent devant les yeux d’une belle en une valse à mille vents ?

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     Toutefois, en France, l’éventail ne  se répandit qu'au XVIIe siècle, avant d’être l’accessoire indispensable à toute coquette au siècle suivant.
Henriette Louise de Waldner de Freundstein (1754-1802), dans ses Mémoires de la baronne d’Oberkirch, évoque un certain Méré, « éventailliste merveilleux », au faubourg Saint-Jacques, qui jadis fut la « voie sublime des couvents ». Cet artiste « loge dans un taudis ; il peint des sujets à la gouache de telle façon que certainement ni Boucher, ni Watteau n’ont rien fait de semblable. Sa manie est de n’y jamais mettre son nom. »


     Selon le temps, le lieu et l’usage, l’éventail servit à attiser le feu, à affrioler, comme arme de défense (taiji shan en Chine, gunsen et tessen au Japon) ou de séduction massive, chasse-mouche ou missive. L’éventail est un langage.
Et « un langage tout muet qu’il est, est d’autant plus dangereux qu’il n’est entendu que par l’esprit, et que l’esprit se plaît à l’entendre. », Jacques Boileau (1635-1716).
Langage codé, à l’instar de celui des mouches (cf. https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/une-journ-e-particuli-re-la-roche-guyon), qui évolua au fil du temps comme le verlan aujourd’hui.

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Bon coche, je m’en vais vous guider. Ainsi, au XVIIIe siècle, en toute galanterie :


Cacher, de son éventail fermé, l’œil droit pour demander :
Quand vous verrai-je ?
Puis le porter, toujours fermé, à l’oreille gauche pour signifier :
Gardez notre secret
Les choses avançant, enhardie par tant d’audace,
dissimuler ses yeux derrière ce « paravent de la pudeur » pour dire :
Je t’aime
Voire le porter au cœur :
Je suis à toi…
Ne pas tarder car, ainsi cachée, bailler ostensiblement montrera à l’étourdi trop peu entreprenant qu’il peut s’éclipser :
Vous m’ennuyez !
Ce qu’on appelle maintenant se prendre un vent !
Vous qui auriez juré que la cause de son tourment était de vivre sans amant.

12273120296?profile=originalEventail de la première moitié du XVIIIe siècle.

Gorge d'ivoire, nacre et argent, feuille de parchemin peint à la gouache

(réserves du musée national de la Renaissance, Ecouen)

Il me reste à souhaiter que vous réserverez à ce billet meilleur accueil. Que vous y trouverez :

« Des bons mots, des saillies, quelques étincelles

(l’esprit à sa mousse comme le champagne),

mais plus encore de joie ».

«  Et que le goût du plaisir brille dans tous les yeux.

… Que toutes les voluptés viennent tour à tour,

 tantôt amuser, tantôt enchanter nos âmes.»,

 Julien Offroy de La Mettrie (1709-1751)

 

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Bise à toutes, bon vent à tous !

Michel Lansardière (texte et photos)

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Commentaires

  • Merci à toi Sonia d'être repassée par là.

  • Merci pour ce petit mot bien sympathique Céline. Les cinq billets consacrés à l'éventail sont maintenant terminés et présents sur A&L avec 40 phots d'éventails de toutes époques et pays, avec des évocations poétiques et littéraires, et la présentation du travails des artistes et artisans, éventaillistes et tabletiers.

    Au plaisir de vous retrouver.

    Amitiés,

    Michel

  • Merci ! c'est magnifique. Moi qui  adore les éventails, je suis comblée. Je n'en  avais pas encore vu d'aussi beaux!

    L'idée de faire  des photos  sur  ce  thème e st excellente et originale.La recherche qu'elle a exigée a du être  exigeante et passionnante! J'attendrai  vos prochaines présentations avec impatience!

  • Merci Bernard, Jean-Yves, Albertine pour vos appréciations et commentaires.

  • un grand pan d'histoire sur un si petit  éventail . Une bien belle promenade sur un coup de vent.

    Bernard

  • Merci d'avoir remis ce billet en exclusivité, après quelques ajouts.

  • Je n'oublie pas Joelle, Corinne, Lisette, Rose-Marie, Michel, ce sont vos encouragements et appréciations qui me stimulent et me poussent à poursuivre.

  • Merci Martine. Je ne collectionne pas les éventails, mais ai trouvé le sujet suffisamment original pour être développé et présenté sur A&L.

    Une exposition "Eventails, matières d'excellence" se tient actuellement à Méru dans l'Oise, qui se termine le 31 août. Une idée de sortie pour tous, d'autant que le "Musée de la nacre et de la tabletterie" qui la présente est fort intéressant.

  • merci Michel. j'ai une petite collection d'éventails (que j'utilise vraiment!) mais moins jolis que les vôtres..:)

  • Des lignes réconfortantes et amicales. C'est toujours un plaisir de te lire Nicole et des partager des émotions artistiques. J'espère te retrouver avec les prochains billets, toujours consacrés à l'éventail.

    Bien amicalement,

    Michel

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