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La source JGobert

Sous un ciel débarrassé de nuages brille le soleil pâle d’un début de printemps. La douce lumière augmente et se répand sur la terre. La végétation s’éveille et de nombreuses fleurs font leur apparition dans cette nature renouvelée.

Au pied d’un arbre centenaire bouillonne une source naissante. De l’eau claire et pure jaillit de la terre et s’écoule doucement vers un chemin qu’elle a choisi. Sur quelques mètres, elle hésite à prendre la bonne voie et finit par s’engager vers cette pente douce qui la conduit dans le creux d’un petit vallon. Elle a trouvé son lit, minuscule au ras du sol. Toujours plus claire et limpide, elle scintille de mille éclats. La lumière du jour plonge dans cette pureté et brille comme au premier jour.

Son lit, couvert de petits cailloux, laisse place à la transparence. Un miroir de l’âme au sein de ce paradis.  Il n’est pas rare de voir quelques petits résidants se déplacer, avec grâce, entre les cailloux dans cet environnement enchanteur. Des végétaux eux aussi ont pris position et s’acclimatent  avec bonheur dans ce lieu extraordinaire.  Les petits roseaux aux pieds mouillés se balancent délicatement au gré du vent.

Au bout de quelques centaines de mètres, la source rencontre un obstacle de taille et s’en détourne. Elle tombe alors dans un petit ravin dans un bruissement incroyable, elle éclabousse cette nature, ce paysage.

Avec cette cascade, la minuscule rivière a pris de l’assurance et se lance maintenant dans les terres fertiles du comté. Elle traverse campagne et villages gaiement apportant avec elle la vie. Passant sous des ponts de fortune, elle agrémente avec bonheur le regard des passants. Elle gagne les moulins et travaille avec contentement pour les meuniers des environs.

Son parcours continue et rejoint une forêt qu’elle traverse sereinement. Les habitants de cet endroit l’apprécient et viennent boire à son eau. Quelques mares formées de sa vie abritent des batraciens épris de liberté et passionnés par cette eau fraiche.

Plus loin, elle se jette dans un petit lac où s’est installée une famille de castors.  Bruyants et joyeux, ils répandent la gaieté autour d’eux. 

Les oiseaux de passage s’arrêtent dans ce havre de paix et s’immobilisent un instant. Ils goutent un instant à cette vie sédentaire que d’autres ont choisi. Le lac bouillonne de vie et laisse s’infiltrer les rayons du soleil au plus profond de lui-même, atteignant ainsi les profondeurs obscures et froides de ses entrailles.

Notre amie continue son parcours, heureuse de quitter cet endroit, elle s’aventure vers la ville, voisine inconnue,  et tombe dans un fleuve où la pollution fait sa réalité. Elle étouffe de cette souillure qui l’envahit, de tous ces déchets qui l’entourent, de cette odeur de mazout qui l’incommode. Elle se bat, lutte pour ne pas disparaître, engloutie entièrement par cette saleté.

Après avoir accompagné ce fleuve quelques kilomètres et à bout d’oxygène, elle sent un petit courant la dévier et la tirer vers la rive. Une porte de sortie où elle s’engouffre rapidement. Dans cette direction,  elle se libère de cette emprise malsaine. Un passage, un chenal se dessine devant elle qui la dirige vers une nouvelle aventure qui la rassure.

Elle reprend vie et la douceur de ses berges la réconforte.  Elle est sortie de cette triste misère et en garde un profond et douloureux souvenir. Voilà des étendues planes où elle voyage légèrement aux pieds de saules accueillants.  Des pêcheurs, assis sur les bords de son passage, taquinent le poisson.  Ces hommes l’apprécient, l’aiment, la respectent. Ils sont ses amis. Tout le long de ce parcours qui dure des jours, elle traverse de nouvelles contrées, des terroirs ignorés, des régions inconnues.

Le temps a changé et laisse place à l’averse, la pluie, le vent. Son débit, renforcé par la tempête, est devenu tumultueux et agité. Elle n’en contrôle plus la vitesse et la force. Elle se tape contre les parois de son lit, passe par-dessus et inonde les terres. Elle s’embourbe, s’envase dans ce sol détrempé et affaibli. Elle est perdue.

Le ciel s’éclaircit et le soleil réapparait. La décrue annoncée est bien là. Elle se retire laissant une horrible boue à la surface. Au bout de quelques jours, elle s’écoule à nouveau et récupère son sillon. Elle continue sa route.

Au détour d’un lacet, elle se sent attirée par une force inconnue. Au loin, une étendue d’eau gigantesque l’appelle. C’est l’océan qui l’attend.

 

 

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Commentaires

  • Que de bons souvenirs au pied de ces petites rivières de notre enfance. Merci de votre passage.

    Amicalement

    Josette

  • Ce texte me rappelle également mon enfance au bord d'une petite rivières à truites dans la Meuse. J'ai le souvenir d'une loutre à quelques marches en contrebas au bord de l'eau. Nous habitions un ancien moulin. Souvenir inoubliable. 

  • Merci à vous de votre passage. Très beaux souvenirs également d'une rivière qui serpentait dans des prairies.

    Amitiés

  • Bonjour Nicole,


    Un parcours qui traverse la vie avec de beaux moments au bord d’une rivière. Très bons souvenirs.


    Amicalement


    Josette

  • Bonjour Gilbert,


    D’excellents souvenirs du Canada en effet  avec beaucoup d’images de chez nous. Le plat pays vaut le détour également. Ces petites rivières qui jalonnent nos beaux paysages et qui, l’été, nous donnent envie de voir la mer.


    Merci pour le commentaire


    Amitiés

  • Bonjour Josette,

    Idée originale et texte  bien mené !  On se prend rapidement au jeu du parcours de ta rivière , qui rejoint  les méandres du chemin de la Vie  ! 

    Merci de ton partage ! Cordialement, Nicole

  • Bonjour Josette,
    Comté et castors, ne serions nous pas au Canada ? C'est un merveilleux poème où l'on ressent le voyage de l'auteur de la source à l'Océan et le partage avec le lecteur est parfait. Il est embarqué à son insu dans une description se transformant petit à petit en aventure. Merci pour ce beau voyage et cette belle écriture.
    Amitiés
    gilbert

  • Merci Adyne pour le commentaire. 

    Excellente journée ensoleillée 
    Amitiés


    Josette

  • Voilà bien une chose qui est certaine dans ce monde.


    Merci de votre commentaire Michel

    Amicalement Josette

  • Bonjour Rolande,


    Merci aussi à toi de lire et commenter mes petits textes qui sont souvent le reflet de la vie.


    Excellente journée à Toi. Je t’embrasse . Josette

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