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La maison de mon enfance

J’arrive enfin, haletante, devant la maison de mon enfance où l’été, herbes folles et buissons en friches s’entremêlent. Le vent qui l’été d’un souffle chaud, balance les mêlées de fleurs, a tout cassé et couché. Il a laissé place à un brouillard froid, recouvrant tout. Ce capharnaüm si vivant sous le soleil est maintenant triste et sans vie, fané et bruni par le gel.

Dans cette cour fermée que j’aime tant, le froid s’engouffre. Le rosier orange a perdu ses jolies roses et c’est décharné qu’il m’apparaît, lui, si fier d’habitude. La haie n’abrite plus rien, elle est nue et laisse peu de place aux oiseaux transis. Le potager, à l’abandon, est dans un pauvre état et il n’est plus que l’ombre de son passé.

La maison avec ses volets clos est triste noyée dans ce brouillard givrant. Le lierre courant sur les murs est devenu pourpre et donne une touche couleur sang à cette cour pavée.

La clef est là, patiente et froide. La porte s’entrouvre dans cet espace aimé et laissé à l’abandon. J’ouvre les volets et la lumière se répand. Les objets sont à la même place, la table rustique, l’armoire, le vieux fauteuil, les étagères vides. Le thym et le laurier sec sont toujours pendus. Les fleurs séchées sont tombées.

Grand-père est là dans son cadre. Enfin je respire un peu le bonheur perdu de l’enfance.

Près de l’entrée, le panier d’osier avec son couvercle de fer forgé est toujours aussi imposant. Chaque visiteur avait la possibilité d’y déposer ses paquets, d’y mettre ses sacs et ses chagrins.

J’ai attendu longtemps que tu viennes y mettre les tiens et t’assoir près de moi, tu n’es jamais venu.

Les trois marches qui mènent à l’étage craquent sous mes pieds, le parquet si accueillant dans le passé crie sa douleur de toutes ses forces. Les deux immenses pièces sont là, intactes. La bibliothèque est poussiéreuse mais bien vivante, un peu de chaleur et tous ces livres d’une vie n’attendent qu’à être relus.

La porte de l’autre pièce s’entrebâille, c’est la chambre aux couleurs d’un temps révolu. Déserte et triste, elle a gardé son lit de palissandre retenant ainsi ses vieux trésors et ses secrets d’alcôve.

Ces pièces donnent par de grandes fenêtres sur le paysage automnal et assise sur le rebord de la fenêtre, j’attends et j’ai froid.

Le petit banc de bois est cassé, le temps a fait son œuvre. Le puits aussi a cédé et reste seul avec ses vieux seaux calcinés de rouille.

En réalité, je n’attends plus rien des chimères que je transporte depuis des lustres.

Dans cette chambre vide, la vie s’est arrêtée il y a bien longtemps. Il ne reste que le souvenir d’un temps accompli. Des heures chaudes s’envolaient les délicieux parfums, des heures froides s’échappent les plaintes des regrets et des remords.

Doucement la nuit tombe, le jardin disparaît peu à peu ne laissant que de grandes ombres. Au loin, déjà les lumières s’allument. La journée se termine froide comme elle a commencé. Je dois rentrer.

Tu ne viendras pas.

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Commentaires

  • merci  Adyne pour votre partage. bonne soirée Josette

  • Très bien écrit et nostalgique!! Bravo.

    Bonne soirée.

    Amicalement

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