Voilà que nous y sommes. Ce n’est pas une découverte. A force de manger trop de chocolat, on attrape une crise de foie. Et, enfants que nous sommes, nous mangeons en cachette en pensant que de n’être pas vu on ne tombera pas malade !

A la radio, à la télé, dans les kiosques, les librairies, les spots publicitaires, c’est à celui qui parle de crise. Et surtout à celui qui avance ses idées pour faire passer la crise de foie et continuer à manger du chocolat. En fait, croire qu’il est possible par un coup de baguette magique de faire repartir un organisme malade et surtout le faire repartir à un rythme plus élevé  qu’avant sa maladie est pure illusion. Il faut se résoudre à accepter une nouvelle réalité. Des voix s’élèvent ici et là et elles vont toutes dans le même sens : les écologistes, longtemps considérés comme des hippies survivants, complètement à côté de la plaque deviennent de plus en plus audibles, des mouvements comme Greenpeace, des savants et chercheurs à qui l’on donne la parole avec plus d’écoute, de simples citoyens reprenant à bras le corps tout ce qui semble aujourd’hui de plus en plus essentiel : la réalité de la maladie, la crise de foie ou de foi comme on veut !

La crise économique, financière, sociale repose donc sur le manque de croissance, c’est-à-dire sur la capacité optimum d’absorption par les consommateurs. Ils sont saturés, les pauvres. Pourtant, ils se forcent à trouver du bonheur à acheter, s’endetter, travailler comme des fous. Et voilà qu’au stade de l’indigestion c’est la panne. Evidemment à ce stade là, la production marque le pas. Il n’est pas possible de la stocker indéfiniment en attendant la fin de l’indigestion. Un mois, une année passe encore mais dix ans ! Les placards regorgent de denrées qui deviennent progressivement périssables. Il arrive bien un moment où il faut cesser de stocker au risque de devoir jeter et ainsi tout perdre. Alors la solution est de ne plus acheter puisqu’après l’indigestion le stockage conduirait à la ruine. Patatras, le château s’effondre. Les producteurs arrêtent de produire pour rien, ils renvoient leurs ouvriers. Ces derniers sont donc contraints à une diète forcée qui va durer “un certain temps” comme le refroidissement du canon de Fernand Reynaud. Il va falloir se serrer la ceinture. D’ailleurs l’expression a fait son chemin et n’étonne plus personne. Surtout ceux qui sont touchés gravement. Quant à ceux qui ressentent un gargouillis, la peur va faire le reste !

Il y a des morts nombreuses dues aux particules fines du diesel. Ceux qui prennent le café aux terrasses, les enfants en landau, les ouvriers qui travaillent sur les routes… Pourtant l’inertie dans ce domaine est dénoncée mais sans résultats et sans prévision à long terme ( sauf pour les morts bien entendu ). Que ferions nous sans voiture ? Et c’est la panique. Mais quand elles n’existaient pas que faisions-nous ? Nous respirions pardi ! Fabriquons de jolies calèches pour aller au bureau. Mettons les voitures en vitrines pour que nos enfants voient ce passé comme les dinosaures : monstrueux mais disparus ! Respirer, c’est ce qui nous attend demain, nous avons trop avalé de particules chimiques nocives diverses. Il va falloir se réhabituer aux choses simples. Cultiver son jardin comme Zadig, construire sa maison comme Robinson, parler ensemble comme quand nous avions le temps. Et à la tombée de la nuit quand le soleil rougit à l’horizon, nous nous coucherons tôt avec lui, l’esprit vide de toute envie tueuse, avec l’espoir de retrouver le sourire de notre voisin, qui lui aussi, victime de la crise, goûtera au plaisir de la convalescence en prenant son vélo.