Dans un de ces paisibles villages où il y a tant à dire
Vivait ma voisine, enfin paraît-il vivante, l'ayant ouï dire
Que tant d'arbres gigantesques, de fleurs sauvages, herbes de toutes sortes,
Masquaient une demeure si sinistre qu'une vivante n'y put qu'y être morte !
Mais le bruit courait bien qu'il y avait là une vieille dame,
Qu'on lui portait la soupe, qu'elle avait bon pied, fière sans plus état d'âme.
Les volets immenses, la haute grille de fer et le porche d'une entrée majestueuse
Ne laissaient pas courir de doute sur de vieilles années heureuses.
Elles avaient baigné ce château aujourd'hui délaissé,
Où seules quelques herbes fauchées témoignaient d'un passage forcé.
Je fus donc le voisin de cette demeure, ai bâti la mienne,
Et ne fus pendant longtemps en rien soucieux de la sienne.
Je vaquais aux occupations ordinaires d'un jardinier du dimanche,
Prenant l'air, m'activant à la taille d'une haie d'aubépines aux piquants de ses branches.
Pestant souvent sur cette relique n'ayant qu'un attrait odorant,
Grandissant trop vite et bourrée de souvenirs " égratignants ".
Alors, avant de décider de sa mise à terre
Ai voulu rencontrer sa fameuse propriétaire.
Trouvant une ouverture, arrachant ma chemise au passage,
Je me suis infiltré au pays d'un autre âge,
Et tombai subitement sur la dite châtelaine,
En rien étonnée d'un vilain, ébouriffé par une dure semaine.
Je fus transpercé par un regard en acier trempé
Dont je saisis la seule défense d'un seigneur avisé.
Elle pouvait avoir près de cent ans, m'invita à la suivre,
Me convia à l'intérieur où des poules partout l'aidaient à survivre,
Un grabat dans un coin fait d'une planche et d'un sac de jute pour couverture,
Et des meubles recouverts de draps et de vieilles poussières accentuaient cette torture.
Je n'obtins qu'un refus : son père avait planté la haie !
L'enfant qui vivait là n'avait pas vu les années.
Il n'y avait plus au château que le souvenir vivant d'une soeur
Qu'elle n'avait pu sauver à mettre fin à sa douleur.
S'en punissant par le dénuement le plus entier,
Et criant au ciel injuste sa vengeance par cette triste pauvreté !
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Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
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Commentaires
Surprenante découverte!
Merci Gilbert pour ce partage.
Bonne journée.
Amitiés.
Adyne