Je suis mort cet été
Je préférais l’hiver, mais on suppose
Hélas, que l’on ne choisit pas. Clic «pause » !
Comme ça. Entêté
J’étais venu au monde
Sans avoir décidé. Et qui d’ailleurs
Ici, sauf moi, serait juge meilleur ?
Ô âme vagabonde.
Je ne vous en veux pas
Vous étiez préparés pour cette tâche
Obscure, non, mais ne soyez pas lâche
Nul regret. Vrai trépas.
C’est un départ superbe,
Lors, que demander au temps, franc soleil
Au zénith, un bel instant sans pareil,
Pas de parole acerbe.
Le silence se fait
Plus rien n’altère rien. La compagnie
Se retrouve entre soi, algolagnie
Eradiquée en fait.
Parfois je fus immonde
C’est qu’il est compliqué d’oser souvent
Dire le désaccord ou l’émouvant
Reproche à tout le monde.
Je suis mort cet été,
Soulagement sans larmes inutiles
De ces petits bonheurs légers, futiles,
Nulle contrariété.
Encor, je vous invite
C’est jour de grand festin, arborez vos
Atours ; osez, montrez-vous en dévots
Complimentez, et vite !
Je ne vous en veux pas,
De l’encensoir d’abord, puis de la trique
Ensuite. Une posture « ô excentrique ».
Savourez le repas.
Félicitez la veuve
Qui poursuit son chemin, un tantinet
Confuse. Une voilette et p’tit bonnet
La dernière épreuve.
A loisir, lâchez-vous
Là, respirez ! Plus d’humeur furibonde
Faux débat ou senteur nauséabonde
Honorez rendez-vous.
Je vois l’humeur coquine
Qui éclaire vos yeux, et l’on vous sent
Léger et libre, un bonheur indécent.
Et le trait qui taquine.
Je suis mort cet été
Là. Au-revoir, simple sortie de scène
Mon grand départ, en quoi est-il obscène ?
Buvez à satiété.
Que le rite commence
Que l’on joue et festoie, et que vos chants
S’élèvent à tue-tête. Adieu Méchant !
Et nulle véhémence.
Je ne vous en veux pas
Tristes larrons en foire. Il me soulage
Fort l’inopiné départ. Tourne page,
Il efface mes pas.
« DE ROUTES EN ART’
ISBN 979-10-90120-13-6
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