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Introspection de natures douées de gémellité :

Lorsqu'il est question de la dualité d'un être,

"Aigle à deux têtes"[1],

Janus[2] autant tourné vers le passé que vers l'avenir

cultivant énigmes et paradoxes…

 

"Thème et variations" autour des figures gémellaires

d'Eusébius et Florestan[3]

sorte de miroir romantique des antiques Castor et Pollux[4],

"Nonne et bacchante"[5],"Neige qui brûle"[6]

Odette-Odile cygne blanc, cygne noir symboliques[7]

 

Dialogue dans un jardin secret

Ou Accords et désaccords en mode majeur, mineur




"Tout enfant, j’ai senti dans mon cœur deux sentiments

Contradictoires l’horreur de la vie et l’extase de la vie

C’est bien le fait d’un paresseux nerveux."

 

Charles Baudelaire [8]

 

 


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Copie du tableau de Léonard de Vinci : Leda et ses jumeaux Castor et Pollux dits les Dioscures 


       

                         "Qui n'a pas d'antithèse n'a pas de raison d'être", professe un écrivain français du XIXème siècle, tour à tour philologue, philosophe et historien[9], tandis qu'un sage, en plein cœur des "Années folles" européennes, libre de tout dogmatisme, tend à prévenir ses contemporains en leur adressant cette requête :

                        "Ami, ne vous préoccupez pas de savoir qui je suis, vous ne le saurez jamais." […]

                        "La Vérité est un pays sans chemins, que l'on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu'elle soit : aucune religion, aucune secte.[10]"

 

                         Cependant, il est de bon ton pour certains d'entre-nous, "Frères humains"[11] épris de lumière, de rayonnement solaire liés aux différents mythes fondateurs des civilisations antiques ayant revêtu les divinités phares[12] de leurs croyances et aspirations ancrées dans les mœurs, d'effectuer au cours de leur cheminement terrestre, une sélection opportune à leur gré ou plutôt, ce que je nommerai trivialement par un "tri sélectif", afin de se masquer l'évidence, pour le moins dérangeante à leurs yeux, refoulant dans leur inconscient, le fait, que chaque être vivant appartenant au genre "Hominien" est, suivant toute logique, constitué d'une essence ambivalente, d'une nature tissée de versatilité.

                        Aspects contradictoires prenant racine au cœur d'une étoffe nimbée de mystères, malaisée à deviner de prime abord, si ce n'est d'être un jour à même de la décrypter fondamentalement, fabriquée de deux versants majeurs réfléchissant une image un tantinet manichéenne, "clair-obscur", "pur et impur", antonymes[13] constitués à la fois de "brûlure" et de "naufrage", de "verdoiement" et de "desséchement", de "ris" et de "larmoiements", de "tendresse" et de "dureté", un peu dans la lignée du personnage mythique de Shakespeare, la blonde Ophélia non exempte de bipolarité, exaltation et désespoir développés au sein du célèbre sonnet amoureux de "la Belle Cordière lyonnoise" de la Renaissance, "Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie"[14], n'excluant guère, parfois, l'emploi de la demi-teinte, de la tempérance prônée par l'école platonicienne, sous la désignation d'ataraxie…

                        Réversibilité[15] d'un parcours embrassant le phénomène d'attraction-répulsion, alternance de Félicité et de Douleur préfigurant celle d'un romantisme exacerbé exhalant des troubles nervaliens[16] de "frèrie" avec force plumes exaltées de l'outre Rhin empreintes d'onirisme et d'ambivalence, qui auraient pu s'exclamer de concert avec le père de Sylvie, brillant traducteur de Goethe et de Schiller, entre-autres :

                       "Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible."

                      "Fleurs maladives" vénéneuses, nous conviant sous couvert d'un masque, à plonger en "Enfer" ou à nous conduire au "Paradis", déchirement, tentative d'échappatoire, "d'Élévation"[17] vers des cimes, qui constituent néanmoins la force et la richesse du commun des mortels, pourvu qu'il affectionne métaphysique et mysticisme, selon nos convictions profondes appuyées d'expériences personnelles !

                       Or, pourquoi vouloir à n'importe quel prix, soit au sacrifice d'une exploration intime de son idiosyncrasie, repousser cette notion indéniable de complexité d'un tempérament ? Oui, pourquoi se faire violence et ériger contre soi-même ainsi qu'à l'égard de son semblable, pareilles barrières, fruits d'un diktat inique, en exigeant de choisir parmi ces caractéristiques essentielles, complémentaires l'une de l'autre, sinon indissociables ?

                       Demande-t-on seulement à un enfant, où va sa préférence à l'endroit de ses parents ? Qui nourrirait, de nos jours, l'idée saugrenue et navrante d'un tel questionnement ! Cela ne revient-il pas, toute proportion gardée, à ordonner d'élire un seul et unique représentant botanique parmi le "Règne végétal" fleurissant Mère Nature, se prononçant en l'honneur d'un fleuron, d'un fruit exclusif, alors qu'une véritable Corne d'abondance, reflet du calendrier effeuillé, s'offre à nos cinq sens ? Et envers son inséparable pendant, la faune, nous faut-il adopter une attitude restrictive analogue ?

                       Demande-t-on seulement aux adultes dotés d'entendement que nous sommes censés être, en corrélation avec l'adage d'Aristote qui professe que "L'homme est un animal doué de raison", de se positionner en faveur des éléments naturels qui composent notre planète, distinguant l'un d'entre eux parmi l'air et la terre, l'eau et le feu, parmi le cycle immuable des quatre saisons ?

                      N'est-ce point une aberration que de vouloir nécessairement scinder, ces dits composants, opposant ainsi, le jour et la nuit, Hélios et Séléné[18], Gaïa et Ouranos, Amphitrite, Océan, Poséidon et le Titan Prométhée, instituant d'un côté le "Sacre du printemps" au détriment du bonhomme Hiver, injustement taxé de "villain" [19] ? …

                      Pour savourer pleinement l'éclosion des bourgeons et semences jouissant des auspices du verdoyant Primavera et de Flora, cette "belle Rommaine", ne faut-il point souffrir que ces heures florifères s'évanouissent en faveur d'un repos reviviscent salvateur dénommé hibernation placée sous l'égide du divin Hypnos[20], en étroite corrélation des membres composant l'humanité ?

                    "Car le sommeil, ayant fermé leurs paupières, fait oublier à tous les hommes les biens et les maux" nous chante le sage Homère par le truchement de son Odyssée.


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Les frères jumeaux Hypnos et Thanatos. de John William Waterhouse


                      Assurément, toute la difficulté réside à parvenir à les unir d'une façon équilibrée et non artificiellement en "couple", ces pôles double ou voire à multiple facettes émanant d'une personnalité singulière ; les nier, équivaudrait à notre humble avis, à mépriser notre engeance comme celle des autres espèces de créatures vivantes peuplant la planète bleue, impliquant qu'il nous faudrait nous priver d'une grande fortune, celle que la diversité génère !

                    Opérer une séparation, un cloisonnement drastique, en nous comportant face à autrui en parfaits égotistes, puisant dans son tempérament que ce dont nous avons "besoin", à l'instar des rayons libres-services de grands magasins, rejetant ce qui ne saurait nous tenter ou nous importuner au bénéfice de ce qui nous séduit, cela ne représente t'il pas un acte parfaitement egocentrique, avec en toile de fond, le dessein inavoué de se protéger des nuisances que les couleurs sombres produisent, imposant en l'occurrence, d'abaisser les défenses d'une citadelle que nous voulons imprenable, un peu comme s'il fallait nous défaire en chemin d'un fardeau handicapant ou d'un déshérité encombrant en diable…

                   La question étant, a-t-on le droit d'abandonner plus mal loti, un malheureux en état de vulnérabilité parce que frappé d'une phase d'accablement, sous prétexte qu'il est plus subtil d'accès, plus hermétique et plus "lourd" à gérer, que son jumeau à l'inclinaison antinomique s'élançant avec feu vers le faisceau incandescent, et puis, comment alléguer objectivement, en faisant montre d'un réalisme clairvoyant, que les épisodes sentimentaux des Hominidés sont colorés d'une seule teinte monochrome ?

                  Même la vision idyllique, soit les lyrics de la grande Édith, son hymne à la joie, la "Vie en rose" ne lui ont été insufflés que sous l'effet de son exultation amoureuse éphémère et chacun sait à quel point le périple de la "Môme" Piaf fut jalonné "d'horreurs diverses, de désespoirs" et que fors de sa bonne étoile et de ses aventures transcendantes d'intense jubilation, "Sa religion, son opium"[21], elle eut à maitriser quelques éclipses, ces émissaires de la Fatalité, en correspondance avec une pléiade d'humoristes cultivant le sens de l'autodérision afin de déguiser leurs "failles", ne serait-ce que par pudeur, bref, ce qu'il est communément convenu de nommer sous le terme "d'humour du désespoir", en adéquation du "Figaro"[22] de Beaumarchais qui profère :

                  "Je m'empresse de rire de tout, de peur d'avoir un jour à en pleurer" !

                   Devise proche de l'esprit de Sir John Falstaff qui, à la fin de l'ouvrage lyrique, s'exclame quant à lui :

                  "Tout au monde n'est que farce"[23] !!!

 

                   Oui, il nous faut bien l'admettre, à l'inverse de "l'Invitation au voyage"[24] baudelairienne, nous conviant à découvrir un "pays de cocagne", nous ne pouvons prétendre que dans une destinée, règne exclusivement "qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté", en dépit de "Flammes hautes", de "Vie ardente"[25] proclamées, ardemment désirées, n'est-ce pas ?

                  Quant aux contrastes de l'existence, cette "Ombre des Jours" noaillienne, ne participent ils pas à nous faire évoluer vers un mûrissement salutaire passant par des épreuves nous aidant à approfondir "l'Ennemi", "le secret douloureux qui nous faisait languir"[26], appréhendant une spiritualité, aboutissant à forger sinon à affiner notre intériorité ?

                   Loin de moi l'idée d'adouber la position radicale de notre cher Marcel Proust qui proclame par le biais de son corpus "Le Temps Retrouvé":

                   "Le bonheur seul est salutaire pour les corps",

                    mais c’est le chagrin qui développe les forces de l’esprit."

                   Non, en vérité, bien qu'il soit indéniable que "Tourment" contribue un tant soit peu à nous faire mûrir, je ne suis pas de ceux qui accréditent la thèse selon laquelle côtoyer "Abîmes et Ténèbres" est source de création infinie ! Loin de moi l'idée d'affirmer qu'il faut se complaire dans une atmosphère de dépérissement spleenétique[27] une once méphitique, vénérer un climat malsain délétère, assurant à l'égal des "poètes maudits", que seule Souffrance et Noirceur fécondent Pensée, intimement convaincue, que les "chants désespérés" sont nécessairement les plus beaux" !

                  Dieu me garde de proférer une sentence similaire, car je sais combien l'harmonie peut aussi être gage de "Fontaine de jouvence" ; mais pourquoi se voiler la face, dame Providence étant par nature, avaricieuse de bienfaits, grâces qu'elle délivre donc avec une infinie parcimonie que par intermittence, même au plus chanceux de nos congénères, il nous faut nous en accommoder, et nous efforcer, autant que faire ce peut, de faire croitre les "mauvaises herbes" ensemencées dans un substrat ingrat…en contournant, si possible, le terrain glissant de l'auto destruction !!!

                  Est-ce à dire qu'il faille épouser la devise de la "Fée d'Auxerre", cette "Neige qui brûle"[28], qui déclare ceci :

                    Comme si les enfants prédestinés au plus grand amour avaient besoin, pour grandir, du lait de la plus grande douleur"?


12272804469?profile=original"Le doute" de Louis Janmot,  Fusain et rehaut de gouache blanche sur papier, 1861 



                   Ainsi, la misère morale peut aussi se révéler un terreau "fertilisant" portant ses fruits, comme nous en témoigne, le plus important représentant de la désolation, puisant sa nourriture poétique en elle afin d'accéder à sublimer cette dernière[29] :

                  "Subir le spleen, mais savoir le peindre, c’est passer d’une extrême faiblesse à l’effort créateur" commente le chantre orphique de ces "Fleurs du Mal".[30]

                     Pour l'auteur passionnant, Tahar Ben Jelloun, lui aussi traversé de doutes, du binôme positif-négatif, nombre de "Chants de l'Aube"[31] s'élaborent " à partir de la nuit qui nous gouverne", d'après "un drame parfois inavouable".

                    Poursuivant son analyse, ce dernier rebondit sur ce sujet délicat touchant à l'état mental des disciples d'Apollon Musagète s'adonnant à l'art des belles-lettres. Selon sa perception :

                   "L’écriture devient alors une aventure où il nous est recommandé de choisir entre le chagrin et le néant. Comme William Faulkner je choisis le chagrin car je suis certain, malgré toutes les réticences que nous sommes en droit d’avoir à propos de l’humanité, que c’est l’homme qui l’emportera. Je choisis délibérément d’être optimiste sans me faire d’illusion sur ce dont est capable l’homme surtout dans sa capacité de détruire la planète et d’égorger son voisin."[32]

                    "Homo homini lupus est" nous clame une locution latine[33], qui traduite en français moderne signifie :

                    "l'Homme est un loup pour l'Homme",

                    entendant par là, qu'il constitue le plus redoutable ennemi de son espèce, ce qui d'ailleurs, n'est certes pas flatteur à l'égard de nos "amies les bêtes", chères à la "Faunesse de Saint-Sauveur en Puisaye," Colette, l'animal n'étant guère, ce me semble, dans son essence intrinsèque, pourvu de perversité, de cruauté gratuite, s'ingéniant à faire le mal pour le mal, comme nous nous plaisons à nous comporter, en despotes destructeurs participant à l'extinction au quotidien, de trésors émaillant herbier et bestiaire, puisant, selon notre bon plaisir de profiteurs nés, au cœur de ces mille et une merveilles… jusqu'à leur épuisement total !!!

                    Alors croire en l'homme au singulier, lorsqu'il se détache d'un flot de bourreaux, volontiers, dans sa globalité, que nenni !!!

                    Renchérissant de plus belle, le père de "la Nuit sacrée"[34], mentionne Georges Semprun à propos d'André Malraux :

                   "Je cherche la région cruciale de l’âme où le Mal absolu s’oppose à la fraternité ".

                    Annotant cette citation, il formule la repartie suivante :

                    "Je pense que le Mal absolu n’a pas besoin d’avoir une âme. Il est absolu justement parce qu’il est privé d’âme. C’est dans ce constat que la littérature puise ses ressources."

                     Il poursuit son développement, en invoquant à sa rescousse, Jean Genêt :

                      " On n’est pas artiste sans qu’un grand malheur s’en soit mêlé."

                     Adversité, calamité reçues en partage par la majorité des artistes, y étant encore assurément, davantage prédisposée que le premier quidam venu, grâce ou faute, c'est selon, à leur nature encline à l'hyperesthésie, tel l'initiateur des "Scènes d'enfants", né lui aussi sous le signe zodiacal des gémeaux, ayant été à maintes reprises confronté à cette "Mégère non apprivoisée".

                     En effet, il est à noter qu'en plus de son inclination d'hypersensible, Robert Schumann fut moult fois éprouvé dans sa vie personnelle, ayant notamment à déplorer la disparition brutale de sa sœur qui mis tragiquement fin à ses jours, dans un accès aigu de perte de raison, tandis qu'il ne comptait que seize ans.


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Œuvre de source inconnue représentant le compositeur Robert Schumann            


Détresse engendrée par ce triste sire, le "Fatum" farouche adversaire de Dame Fortune,

que notre musicien de "l'Humoresque" et des "Fantasiestücke" pouvait ambitionner retranscrire à travers

ses fantasques et bouleversantes compositions fortement imprégnées de références littéraires [35]: 

                    "Florestan et Eusébius, c'est ma double nature, et je voudrais bien les concilier, comme le fait Raro [36]en un seul homme" confessait Robert Schumann.

                     Écoutons la pianiste Delphine Lizé, nous livrer ici ses impressions de schumanienne accomplie en analysant le fameux duo, frères de sang ou cousins germains de l'insolent farceur Vult et du timide Walt de Jean Paul, à partir des "Danses des compagnons de David", baptisées en langue originelle "Davidsbundlertänze"[37].

                    Fine psychologue et contrairement aux idées préétablies, la jeune musicienne nous souligne combien, pour elle, le poète compositeur fait se rejoindre les deux personnages, constatant que leur dichotomie n'est pas si étrangère l'une de l'autre, en opposition perpétuelle, à la manière des frères ennemis," de la Bible, géniture d'Adam et Ève, Caïn et Abel :

                  "Schumann a lui-même imaginé des figures, d'aucuns disent des masques, derrière lesquels il se serait caché. De mon point de vue, il ne se cache pas derrière ces figures, bien au contraire, il met en lumière divers aspects de sa personnalité. Par exemple dans ce cas précis, il montre divers rapports à la vie à travers Florestan, qu'il qualifie d'extraverti, et Eusébius, décrit comme un personnage introverti.

                   Mais lorsque alternent les discours d'Eusébius et de Florestan, dans les Davidsbundlertänze[38], on se rend vite compte d'une chose essentielle: le caractère n'influe pas vraiment sur les sentiments.

                   Les introvertis et les extravertis peuvent ressentir la même chose, mais le montrent différemment... La passion, la nostalgie, la tendresse, la sérénité, l'exaltation, par exemple, sont présentes à la fois chez Florestan et Eusébius. C'est ainsi que Florestan n'est pas forcément gai, et Eusébius pas continuellement au bord du suicide... On pourrait dire que Florestan a plus d'humour qu’Eusébius, mais son humour est parfois tellement grinçant qu'il rejoint et dépasse dans l'amertume les pièces les plus désabusées d'Eusébius.

                   De même que voir Florestan se perdre dans des pièces compliquées aux motifs variés, allant de la gaieté à l'ironie en passant par une sorte de cavalcade affolée, nous ramène naturellement à Eusébius, lequel plus calmement, admet en quelques lignes tristes être perdu... Les caractères, chez Schumann, sont finalement pour moi des instruments servant à éclairer à un moment donné, d'un angle différent, un même problème, un même sentiment, une même sensation..." conclue sur ce chapitre du "double", Delphine Lizé.

                 Nous parachèverons cet essai traitant de la gémellité des êtres, d'une façon laconique, en usant en premier, d'une recommandation paradoxale, signée justement de notre génie romantique allemand atteint de "Melancolia", impuissant qu'il fut nonobstant à la mettre en application, puisque rien ni personne, pas même l'amour des siens, et celui voué à l'art, ne purent le soustraire de son funeste dessein, résultante de sa psychose maniaco-dépressive que l'on nomme aujourd'hui par syndrome bipolaire :

 

              "En tout temps s'unissent joie et peine : demeurez pieux dans la joie et soyez prêts à accueillir la peine avec courage."

              En deuxième, d'un aphorisme de Charles Baudelaire :

 

             "La dualité, qui est la contradiction de l’unité, en est aussi la conséquence."[39]




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Deux hommes au crépuscule de Caspar David Friedrich

 




Valériane d'Alizée,

le 25 Avril 2012

 

 

"Thème et variations" autour des figures gémellaires

d'Eusébius et Florestan dédiés

à un ami des arts, Jean-Philippe Chabannaud,

en souvenance "d'Offrandes musicales" rares, jadis partagées,

de notre rencontre insolite "des Bucoliques du Pays de Racan",

 autour des suites pour violoncelle seul de J.S. Bach…

 

 



[1] : Emprunt au titre de l'œuvre légendaire de Jean Cocteau…

[2] : Dieu ambivalent à deux faces adossées, d'origine indo-européenne, de premier rang dans la hiérarchie romaine (diuum deus) de la mythologie, il a le privilège d'être invoqué avant toutes les autres divinités, Janus est l'un des plus anciens fondateurs de Rome. D'abord dieu des dieux, créateur débonnaire, il devint le dieu des portes, des transitions et des passages, marquant l'évolution du passé à l'avenir, d'un état à l'autre, d'une vision à l'autre. Il préside aux commencements : le premier mois de l'année lui est consacré (janvier, Janus, januarius : la porte de l'année) ainsi que le premier jour du mois. Il intervient au début de chaque entreprise, tandis que les vestales président à leur achèvement. Il dirige toute naissance, celles des dieux, du cosmos, des hommes et de leurs actions.

[3] : Figures mythiques du compositeur romantique allemand Robert Schumann, ayant adopté ce duo littéraire, après l'avoir rebaptisé, adapté selon sa propre fantaisie, grâce à sa lecture du roman "Flegeljahre," de Jean-Paul Richter dit Jean-Paul , auteur de ces deux héros jumeau, le blond et timide Walt, le brun et insolent farceur Vult, mais aussi et par une sorte de palimpseste codé, doubles eux-mêmes de Florestan et Eusébius ... et pour ces deux personnages dans lesquels il aurait vu un décalque de sa personnalité duelle et qui auraient fortement influencé la naissance des dits Florestan et Eusébius...

 [4] : Allusion au couple de légende doué de mérites complémentaires, les Dioscures ("jeunes de Zeus", rac. kouroi jeunes hommes, dios de Zeus) géniture de Léda  et Jupiter, frères de Clytemnestre et de la Belle Hélène…apparaissant comme les sauveurs des causes désespérées. Aussitôt, leur venue au monde, Mercure les enleva de leur génitrice pour les conduire à Pallène afin d'y être élevés, selon ses principes. Une amitié indissoluble devait se nouer entre eux. Ils accompagnèrent Jason en Colchide, et prirent grandement part à la conquête de la Toison d'Or. De retour sur le sol natal, ils enlevèrent leur sœur Hélène des bras  du ravisseur Thésée, en conquérant la cité d'Aphidna, et pacifiques, épargnèrent les habitants, hormis Éthra, mère de ce héros, qu'ils firent leur captive. Toutefois ils devaient chuter par amour, tombant dans une faute analogue à celle reprochée à Thésée. Sous l'emprise des attraits incomparables de Phœbé et Ilaïre promises à Lyncée et à Idas, les frères jumeaux se fédérèrent afin de les ravir. Les prétendants légitimes poursuivirent les assaillants jusqu'au mont Taygète. Il s'ensuivit une lutte opiniâtre où Castor fut tué par Lyncée, lequel à son tour tomba sous les coups de Pollux, blessé lui-même par Idas. Pollux, éperdu de chagrin devant la disparition de son frère, supplia Jupin de lui accorder l'immortalité. Ce vœu ne pouvant être entièrement exaucé, la dite immortalité fut partagée entre eux, de sorte qu'ils vivaient et mouraient alternativement, chacun d'eux passant à tour de rôle six mois aux Enfers, six mois au cœur de l'Olympe, ne se trouvant jamais ensemble en compagnie des dieux. Cette légende est fondée sur ce que les deux princes ayant, après leur mort, formé dans la voûte céleste le signe des Gémeaux, l'une des deux principales étoiles qui la composent se cache sous l'horizon, lorsque l'autre paraît.

[5]  : Formule de la poétesse Anna de Noailles tirée de son poème "Deux êtres Luttent" (Recueil "les Forces Éternelles, 1920) ; se reporter en fin du document afin d'en prendre connaissance…

[6] : Appellation métaphorique attribuée à Marie Noël par son biographe Raphaël Périé ; voir aussi "Connais-moi " de l'auteur. [7]  : Odette-Odile, protagonistes féminins du célèbre ballet Le Lac des Cygnes, extrait d'une légende ancestrale allemande, revu et corrigé à la mode russe : incarnation d'une personnalité à double facettes, d'une composante pleine de contrastes, pôle positif, pôle négatif, d'un côté l'épure, la transparence, la candeur virginale, de l'autre, la tourmente, le désir irrépressible d'envoûtement d'une séduction  ténébreuse, maléfique de femme fatale… Pour poursuivre la recherche, quelques sites traitent de cette thématique, dont celui-ci : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Lac_des_cygnes

[8]  : Adage tiré de Mon cœur mis à nu, Paris, Ed. Livre de Poche, 1972, p. 49.

 [9]  : En référence à la personnalité traversée d'ambivalences d'Ernest Renan.

[10]  : Aphorismes dus à la plume du Philosophe, essayiste d'origine indienne Jiddu Krishnamurti (1895-1986) 7ème camp d’Ommen- 1928, qui devait déclarer la deuxième citation mentionnée, un an plus tard, lors de la dissolution de l'organisation mondiale fondée en 1913 pour le soutenir, nommée "l'Ordre de l'Étoile du Matin".

 [11]  : Évocation de deux références, l'une issue des premiers vers de l'Épitaphe ou "Ballade des pendus" de François Villon : Frères humains, qui après nous vivez/N'ayez les cœurs contre nous endurcis/Car, si pitié de nous pauvres avez/Dieu en aura plus tôt de vous mercis. L'autre provenant de l'ouvrage-pardon d'Albert Cohen "Ô Vous, Frères Humains" daté de 1972, interpellant ses congénères sur leur réel désir de fraternité :"Ô vous, frères humains, connaissez-vous la joie de ne pas haïr ? Ainsi dis-je avec un sourire, ainsi dis-je en mon vieil âge, ainsi au seuil de ma mort.[…] Ô vous , frères humains et futurs cadavres, ayez pitié les uns des autres, pitié de vos frères en la mort, pitié de tous vos frères en la mort, pitié des méchants qui vous ont fait souffrir, et pardonnez-leur car ils connaîtront les terreurs de la vallée de l’ombre de la mort. Oui, frères, ne plus haïr, par pitié et fraternité de pitié et humble bonté de pitié, ne plus haïr importe plus que l’amour du prochain. Ô vous, frères humains, vous qui pour si peu de temps remuez, immobiles bientôt et à jamais compassés et muets en vos raides décès, ayez pitié de vos frères en la mort, et sans plus prétendre les aimer du dérisoire amour du prochain, amour sans sérieux, amour de paroles, amour dont nous avons longuement goûté au cours des siècles et nous savons ce qu’il vaut, bornez-vous, sérieux enfin, à ne plus haïr vos frères en la mort. Ainsi dit un homme du haut de sa mort prochaine."

 [12]  : Allusion aux principales  déités emblèmes de l'astre solaire : dans la mythologie égyptienne, il revêt les traits de Rê ou Ra (signifiant celui qui fait) le dieu du disque solaire, Rê synonyme de soleil,- de feu divin, Akhénaton en a fait son dieu unique sous le nom d’Aton ; tandis que pour la mythologie grecque, il est incarné par Apollon, Dieu de la lumière, doué de pouvoir de purification et de guérison en tant que dieu solaire, sa "bipolarité "peut le rendre vindicatif et violent sous l'effet de la colère ; sans oublier Hélios, personnification du Soleil lui-même. Chez les Romains de l'Antiquité, Sol est le dieu du soleil, de la lumière et de la chaleur. Frère de Luna, il symbolise le cycle des saisons, apportant sa racine au nom de la fleur du tournesol (Helianthus) ; enfin, en pays nordique, au royaume de Freyja, c'est à Sól que revient le privilège d'exprimer la personnification du Soleil, l'exact complément fraternel de Máni, la Lune…

[13]  : Une devise de Jean de La Bruyère énonce ce truisme : "L'antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l'une à l'autre."

 [14]  : Premier vers du Sonnet VII de Louise Labé provenant de l'œuvre composée de vingt-trois Sonnets publiée en 1555 ; se reporter en fin de document pour la lecture intégrale de la pièce.

[15]  : Allusion à la poésie  n°XL  issue de "Spleen et Idéal" de Charles Baudelaire, recueil "les Fleurs du Mal"

[16] : Troubles nervaliens portés à leur paroxysme dans la nouvelle inachevée cathartique que l'auteur tenait infiniment à coucher sur le papier afin de se délivrer de son ressenti, annonçant Albert Camus pour qui " écrire, c'est mettre en ordre ses obsessions", nouvelle nommée "Aurélia" que Gérard de Nerval nous relate avec une remarquable lucidité, preuve qu'à l'l'heure où il rédige celle-ci, il est parfaitement conscient des failles mentales obsessionnelles qui le traversent… 'Il y exprime son itinéraire spirituel, en particulier, la prompte transfiguration du réel associée au tragique désarroi qui envahit l'âme du poète, son émouvante sollicitude pour tous les êtres, ce don de compassion et de sympathie par lequel il ressent la souffrance universelle (souffrance incitant aussi au respect qu'il narra à nouveau dans son fameux sonnet " panthéiste issu des "Chimères", "Vers dorés") et enfin son inquiétude mystique, son désir pathétique de lutte, d'abolir un réveil menaçant de l'angoisse sous forme de la paix que lui a procurée une vision bénéfique. Se reporter au mini florilège de textes présenté à la fin de ce programme afin de tenter de cerner la pensée nervalienne…

[17]  : Titre du poème n°III "Spleen et Idéal "de Charles Baudelaire ; consultation de ces pièces en fin de dossier. Les "Fleurs du Mal" représentent l’image métaphorique de Baudelaire lui-même, où il surgit, lavé de ces souillures, malgré tous les malheurs et toutes les misères, rejaillissant comme le phénix renaissant de ses cendres…

[18] : Hélios, frère de Séléné, personnifie le Soleil ; Hélios est progressivement assimilé à la divinité des arts, Apollon musagète, "ce Délien de Délos à la Cithare dorée". Dans la mythologie romaine, il correspond à Sol. Tant qu'à Séléné, elle représente la Lune, précisément la pleine Lune, rejoignant Artémis (croissant de lune) et Hécate (nouvelle lune)…

[19]  : En référence au fameux rondeau du poète médiéval Charles d'Orléans : "Yver, vous n'estes qu'un villain"… (Villain, connoté ici, dans le sens paysan du terme)

[20]  : Hypnos est le frère de Thanatos, couple de jumeaux dans la mythologie grecque ; pour les peuples de l'Antiquité, le sommeil est une énigme, qui ne cesse de les intriguer. C'est la raison pour laquelle, les anciens grecs s'initient  à ses mystères en s'adressant à deux déités : Hypnos, divinité bienfaitrice du Sommeil, frère jumeau de Thanatos, figure moins féconde (dieu de la Mort opposé à Éros en psychanalise…) tous deux fils de Nyx, la Nuit. Pour Ovide, Hypnos/Somnus, joue le rôle de la personnification du Sommeil, fils de la Nuit et de l'Érèbe, et frère de Thanatos/Mort… Morphée, dieu des Songes, un des mille enfants d'Hypnos, apparaissant aux hommes sous les contours d’un être humain. Il entour de ses bras  protecteurs le dormeur, en lui instillant des rêves.

 [21]  : "Horreurs diverses, et  désespoirs" tout comme "sa religion, son opium" sont des expressions provenant du texte de la chanson de Claude Nougaro "La Vie En Noir" (album "Embarquement immédiat")

[22]  : Mention du héros de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, figure centrale charismatique de la pièce "le Mariage de Figaro" sous titrée "la Folle journée".

[23]  Emprunt au personnage central de l'opéra de G. Verdi, ultime opus comique du compositeur adapté des "Joyeuses Commères de Windsor" de William Shakespeare, fruit de la florissante collaboration avec  le librettiste Arrigo Boïto.

[24]  :En référence et au poème n° XLIX. portant ce titre issu des "Fleurs du mal" (http://www.pierdelune.com/baudel1.htm)

 et à la prose tirée de "Spleen de Paris" (http://baudelaire.litteratura.com/le_spleen_de_paris.php?rub=oeuvre&srub=pop&id=156

[25]  : En référence à Émile Verhaeren, titres de poème et de recueil

[26]  : Adaptation du dernier vers du Sonnet "la Vie antérieure" de Charles Baudelaire… tout comme" l'Ennemi", sonnet issu du corpus "les Fleurs du mal" de C. Baudelaire.

[27] : État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence. Le spleen Baudelairien dont l'étymologie anglaise nous indique qu'il s'agirait là d'un excès de bile, traduit l'angoisse qui étreint le poète, quand il constate les ravages du temps sur son organisme. "L'ennemi est en moi et se fait sentir au moment où je le crois endormi. Je crois que ce mal est proprement le spleen des Anglais, causé par un engorgement du foie " nous précise George Sand dans  Histoire de ma. Vie (t. 4, 1855, p. 299) Grâce à l'art, il met en forme ce malaise existentiel, ce qui constitue une manière de l'exorciser. L'écriture apparaît alors comme un remède à l'usure du temps et au dégoût de soi, elle permet d'opposer la résistance de l'intelligence à la force corrosive de la nature. Le poète survit alors par sa parole.

[28] : Allusion à la poétesse Marie Noël… à laquelle nous restituons la première partie de la citation : "Mais il est aussi exceptionnel pour le Fils de l'Homme de naître dans une étable et de mourir sur une croix

 [29]  : Au centre de l’expérience existentialiste et poétique de C. Baudelaire est le spleen, cette sorte de langueur de l’esprit qui empêche le poète de vivre la réalité dans sa consistance ordinaire. Le seul moyen de surmonter ce sentiment d’écœurement pour l’existence est d’écrire : Dans les Fleurs du mal, qui rassemble plus de cent vingt poèmes, Baudelaire évoque son expérience de la dualité entre divinité et enfer, le Spleen et l’Idéal, ses amours maudites Jeanne Duval la mulâtresse) ou platoniques (Madame Sabatier, sa muse et protectrice), l’expérience douloureuse ou spirituelle de la solitude, les paradis artificiels (vin, opium, haschich), la débauche et les voluptés interdites (homosexualité, plaisirs sadiques). Le poète parle encore de ses rapports avec la religion, qu’il exècre, de la tentation qu’il éprouve envers la mort. L’œuvre dans son romantisme exacerbé et sombre, située au seuil de la modernité poétique, expose longuement le déchirement d’un individu, pris dans le mouvement contradictoire entre le bien et le mal, la laideur et la beauté, Dieu et Satan, l’enfer et le ciel, la félicité et la douleur.

[30]  : Afin d'approfondir ce thème de la dualité, du "Spleen" et de "l'Idéal" chez notre écrivain un "rien misogyne", je vous suggère de vous reporter à l'excellent article  de Sahar Karimimehr : http://www.teheran.ir/spip.php?article1122

[31]  : Titre d'œuvre pianistique dû au compositeur romantique allemand Robert Schumann alors au crépuscule de son existence de créateur, qui signa là son dernier opus, avant de renoncer à toute forme de fécondité…

[32]  : Fragment du magnifique discours dit de T.B. Jelloun, intitulé "Que peut la littérature" prononcé pour l'ouverture officielle du Festival International de littérature de Berlin, le 7 septembre 2011 ; afin de consulter intégralement la publication http://www.taharbenjelloun.org/index.php?id=61&tx_ttnews[tt_news]=285&cHash=953cf703d451621edee5d47084295dd9

 [33]  : La première référence à cet euphémisme revient à Plaute dans sa comédie Asinaria (La Comédie des Ânes). Elle fut reprise par Érasme dans Adagiorum Collectanea, puis par F.Rabelais dans le Tiers livre, M. de Montaigne dans les Essais III, 5, par Agrippa d'Aubigné dans Les Tragiques (Livre I), par F. Bacon dans De Dignitate et Novum Organum, enfin par Hobbes dans le De cive (épitre dédicatoire). A. Schopenhauer la fit sienne dans Le Monde comme volonté et comme représentation et  S.Freud la mentionne dans Malaise dans la civilisation. D'un point de vue philosophique, cette locution porte une vision pessimiste de la nature humaine : l'Homme n'est pas le "bon sauvage" de J.J Rousseau mais "un loup pour l'Homme" ; un être mauvais et pervers, porté à réaliser ses intérêts au détriment des autres. De même chez Freud, l'homme est par instinct un être doté d'une forte somme d'agressivité.”"Concernant les défenseurs, amoureux de la faune, cette expression est une véritable offense, inique qui plus est ! Ce n'est pas Serge Bouchard,  qi à travers son ouvrage "Quinze lieux communs, Les armes, éd. Boréal, p. 177, nous contredira !!! Par opposition, Sénèque écrit que " l’Homme est une chose sacrée pour l’Homme. "

[34]  :Allusion à l'œuvre de Tahar Ben Jelloun, prix Goncourt 1987…

[35]  : Gardons nous d'oublier que Robert Schumann fut d'abord un littéraire, fils d'un libraire, éditeur également écrivain, du côté paternel, cependant que du côté maternel, il goûta aux rudiments d'Euterpe, hésitant à opter pour l'une des deux voies qui s'offraient à lui, littérature ou musique, d'où, en finalité, ce goût incomparable, sans précédent (?) pour les références issues de la poétique allemande…Son destin tourmenté au sens romantique du terme, fut marqué par une quête de l'infini, d'Influences littéraires …

Personnalité romantique aux multiples facettes, Schumann aimait à s'identifier à deux héros complémentaires: le vaillant Florestan et le rêveur Eusebius, dont il fit dans Carnaval (1835) le portrait pianistique. On retrouve ces deux caractères dans toute son œuvre, ainsi que dans ses écrits qu'il signait souvent par l'un ou l'autre de ces deux noms. Tout ce petit monde poétique et littéraire se mêle intimement dans son œuvre. Il devait du reste créer lui - même deux personnages, Eusébius et Florestan, dont on peut dire qu'ils personnifient les deux versants de son caractère. Autant Eusébius est calme, sage, pondéré et réfléchi, autant Florestan, dont le nom a été emprunté au héros de Fidelio de Beethoven, est impulsif, généreux et impétueux. Eusébius et Florestan, deux figures contradictoires pour un même être, qui ne cessèrent de hanter son journal intime, c'est-à-dire son plus proche confident, le piano, puisque des "Scènes d'enfants" aux "Kreisleriana", du "Carnaval opus 9," aux "Novelettes", tant de pages recèlent des caractères dépeints de cette personnalité gémellaire !

[36]  : Maître Raro dans les "Compagnons de David " (Davidsbund ) est l'incarnation de Friedrich Wieck, le maître de R. Schumann, Clara Wieck, sa fille est Zilia, tandis que le pianiste-compositeur est dédoublé dédoublé en Eusebius, rêveur introverti, et Florestan, passionné et combatif ; société fictive un rien caricaturale croquée par Schumann lui-même, au sein de la revue qu'il fonde la Neue Zeitschrift für Musik, où il bataille dur contre les "philistins ", gardiens d'un ordre musical rétrograde.

[37]  : Dans les Davidsbündlertänze op. 6 (danses des compagnons de David), R. Schumann se divertit à mettre en scène les personnages de cette comédie fleuronnant au cœur de la revue Neue Zeitschrift für Musik,. L'introverti et peu loquace Schumann se révèle un critique musical brillant, alternant l'humour, le sarcasme, l'éloge. Ses articles sur Schubert, Berlioz, Chopin… restent des modèles de critique poétique, d'autres comme ceux qu'il écrit sur Meyerbeer, sont d'un mordant  et d'une virulence rares. Pour bien comprendre l’importance des Danses des compagnons de David, rappelons le contexte dans lesquelles elles ont vu le jour, en 1837.

" David ", c’est Schumann. Les "compagnons " sont un regroupement de musiciens unis contre les Philistins de l’Art. On y trouvait entre autres Mendelssohn et Wagner. Ils forment le ciment de la revue créée par Schumann, la " Nouvelle revue musicale "et s’opposent au conformisme, au conservatisme ennemi de toute nouveauté. Le cycle de l’opus 6 est donc à considérer comme une œuvre de combat, une des plus osées et modernes de son auteur. La liberté à tous les niveaux y a la parole. L’idée de « danse » transparaît par l’utilisation presque obsessionnelle d’une mesure à trois temps, rythme de la valse ou du ländler allemand. Ce qui n’empêche pas l’alternance avec des pièces intérieures et rêveuses, voix intime du compositeur, incarnée par des doubles imaginaires : Florestan pour le désordre et la folie, Eusébius pour le calme et la poésie, ou l'un revêtissant les habits de l'autre…

 [38] :Le Manuscrit des Davidsbundlertänze ("danses des Compagnons de David") bien que n'étant pas officiellement offert à Clara Wieck, future Clara Schumann, suscite les confidences du compositeur qui lui avoue ceci : "Si jamais j’ai été heureux au piano, c’est bien quand je les ai composées" écrit Schumann en 1838, à sa fiancée très aimée, Clara … et encore : " Ce qu’il y a dans ces danses, ma Clara le trouvera, car elles lui sont dédiées plus spécialement que toute autre chose de moi. Ce sont de longues histoires excentriques, mais d'un seul mouvement d'âme… En général heureuses et ascendantes, sauf ça et là, quand j'ai touché le fond." C’est dire que le cycle des Davidsbündlertänze op. 6 valorisé ici,  composé entre 1834 et 1836 tenait au cœur de son auteur. L’un des plus riches et des plus émouvants, assurément, parmi les grands cycles schumanniens et, chose guère compréhensible, l’un des moins joués.

 [39]  : Aphorisme issu de " Curiosités esthétiques"(1868), De l’idéal et du modèle.



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Commentaires

  • Cette deuxième partie est non seulement de votre recherche de thème mais de votre propre plume

    et bien intéressante demande temps et approfondissement.

    Ainsi je vais y revenir demain car le devoir de Morphée m'appelle !

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