Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

HISTOIRE COURTE 39.

 

LA PETITE DERNIERE...

Ma grande sœur,

Voilà que le mois d'avril prend possession du calendrier... et là, dans les premiers jours, une date si longtemps cochée pour ne pas l'oublier... celle de ta naissance.

Depuis bientôt quatre ans plus de voix au bout du fil, le silence s'est installé. Ton léger accent franglais qui me faisait sourire, je ne l'entendrai plus. C'est ça aussi être la petite dernière, c'est perdre l'un après l'autre les vestiges de l'enfance, de cette époque où tu étais déjà une femme et moi encore ce bébé qu'on n'attendait plus et qui surgit sur la pointe des pieds, redoutant de déplaire : ta petite sœur.

Je t'ai si peu connue, puisque très vite tu traversas l'atlantique y rejoindre l'amour de ta vie. Quelques lettres, quelques jouets envoyés, de rares visites et l'enfance est passée avant qu'à mon tour, l'espace de longues vacances, je traverse l'océan pour te redécouvrir et très vite te confier cette boule au creux de la gorge qui m'étouffait, cette blessure d'amour déçu.

Ton mari et toi, vous n'avez pas désiré et pas eu d'enfant. Nous étions si différentes, mais il y avait une telle tendresse dans ta phrase :"My baby! Je ne veux pas que tu sois triste!", qu'enfin je repris fois en moi-même.

Et les années passent, elles volent même avec une belle inconscience. Un mari, des enfants et la chance de vacances en Californie chez toi, chez vous, quelques pépites de vie...

Puis un jour la nouvelle de ton veuvage, ta peine, mais aussi ta vitalité, ta belle énergie. A ton tour, tu es revenue en Europe le temps de quelques vacances, car tu retourneras vers ce pays d'adoption auquel tu te sentais tellement attachée pour ce bonheur qu'il a su t'offrir.

De retour chez toi, surgit le rituel du téléphone, une fois chaque mois, et les dernières années, chaque semaine. Tu me disais : "Je vis trop vieille! Mais toi, pendant qu'il en est encore temps, profite de ta vie, ne te laisse pas étouffer par les autres, je veux te sentir enfin heureuse!".

Je crois que je t'ai entendue et pour ce conseil, je te dis mille fois merci! A quelques jours de la date anniversaire de ta naissance, tu me manques ma grande sœur... tellement!

La petite dernière.

J.G.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Merci chers ami(es) d'A et L, vos commentaires me touchent...

    Belle semaine à tous

    Amitiés

    Jacqueline

  • administrateur partenariats
    Chère Jacqueline.,
    Il est probable que cet éloignement, cette privation a donné une dimension supérieure à votre relation. Ce qui nous est facilement donné n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur. Même si cela fut contraignant, cette distance, la puissance de l'amour vous a permis de vous enrichir mutuellement et continue encore, dans les souvenirs, à apaiser la dureté de la vie. C'est une chance. Il faut entretenir cette flamme jusqu'au bout. Je t'embrasse.
    Liliane
  • Bouleversant, émouvant, cela me renvoie  à mon enfance - à  l'inverse, j'étais l'aînée de 8.....et je regrette beaucoup de n'avoir pas assez communiqué avec les cadets. Dommage! la vie passe et n'a pas permis de renouer les liens

    avant l'issue fatale pour certains de mes petits frères. Pleins de bisous ensoleillés à vous Jacqueline.

  • Très prenant

  • Une lettre très émouvante et pleine d'amour ... je m'y retrouve un peu Jacqueline.

    Tu as le même prénom que ma sœur " je ne suis sa petite que de trois ans " mais elle est aussi très loin de moi.

    Merci pour ce touchant partage.  

    Bisous 

    Danielle  

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles